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http://www.archive.org/details/lechapitredenotrOOmeur
LE CHAPITRE
DE
NOTRE-DAME DE PARIS
EN 1790
rïTùGRAl'HIE FIRMIX-DIDOT ET Cle. — MF.SN1L (ECHE,).
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J. MEURET
LE CHAPITRE
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DE
NOTRE-DAME DE PARIS
EN 1790
Sceau du Chapitre
PARIS
LIBRAIRIE Alph. PICARD & FILS
82, RUE BONAPARTK
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AVANT-PROPOS
Après les vastes travaux, entrepris depuis vingt-cinq ans
surtout, sur V histoire de la Révolution Française, le rôle
de l'historien, reprenant ce même sujet, ne peut être que
fort modeste. Suivant, partout où il a passé, le torrent ré-
volutionnaire, les savants auteurs de la Collection des Do-
cuments relatif s à l'histoire delà Révolution Française, pu-
bliée sous le patronage du Conseil Municipal de Paris, ont
dû étudier son action jusque dans l'Église. Mais l'étendue
de leur sujet et l'immensité de leurs recherches ne leur
ont pas permis de s'arrêter à certains détails, que ceux
qui les suivent sont heureux de recueillir.
Plusieurs documents, se rapportant au Chapitre de l'Eglise
de Paris, ont été édités dans cette collection; ces documents,
joints à d'autres fort nombreux et pleins de détails restés
inédits, nous ont paru pouvoir être utilisés pour une his-
toire spéciale du Chapitre à cette époque si intéressante.
Le Chapitre de Paris était jadis un corps assez illustre et
puissant pour mériter qu'on racontât les derniers jours de
sa longue et brillante existence. C'est la tâche que nous
avons entreprise dans cet ouvrage.
Afin que le lecteur puisse mieux se rendre compte de
vi AVANT-PROPOS.
l'œuvre de destruction, exercée par le Décret de l'Assem-
blée Nationale du 12 juillet 1790, nous avons cru devoir
reconstituer la vie de l Église de Paris, telle qu'elle se ma-
nifestait les dernières années avant la Révolution. Nous
avons fait revivre tout le corps capitulaire ; nous le voyons
agir, remplir ses devoirs, user de ses droits et privilèges, régir
ses biens, exercer sa juridiction temporelle et spirituelle .
Cependant nous avertissons le lecteur qu'il ne trouvera pas
dans ces pages une histoire, même abrégée, du Chapitre;
elles sont plutôt, pour nous servir d'une expression que la
photographie a vulgarisée, un. instantané pris vers 1780.
Pour cela, nous avons étudié dans leurs moindres dé-
tails, les Conclusions capitulaires du xvme siècle, ainsi
que les documents, concernant le Chapitre, de la Série L aux
Archives Nationales. Parmi ces pièces, nous n'avons utilisé
que celles qui intéressaient directement l'époque que nous
étudions, ne rapportant que les règlements, usages, .tradi-
tions encore en vigueur. Ce qui nous a aussi beaucoup
aidé dans cette reconstitution historique, ce furent les Dé-
clarations, que le Chapitre, les chanoines, les bênèficiers,
dépendant de Notre-Dame, firent aux municipalités, selon
la teneur des Décrets du 13 novembre 1789 et 24 juillet
1790. Chacun y a résumé sa biographie, indiqué le dé-
tail de ses bénéfices tant à Paris qu'en province, énuméré
ses revenus et ses charges. (Archives Nationales. Série S,
n° 456 à 462; noa 7051 et 7052.)
Après la vie, la mort! La Révolution ne fit que réaliser
les idées tendancieuses de la seconde moitié du xvnie siècle.
Plusieurs Chapitres avaient déjà été supprimés quelques
années auparavant; tous se sentirent amoindris, lors de la
AYANT-PROPOS. vu
tenue des Chambres Electorales, puis menacés à l'Assemblée
Nationale le jour où Robespierre prononça à la Tribune
cette phrase, tranchante comme le couperet de la guillo-
tine : « Il ne peut exister dans la société aucune fonction,
qui ne soit utile. Devant cette maxime disparaissent les bé-
néfices, les cathédrales, les collégiales. » Les événements
vont vite, et le Décret du 2 novembre {789, mettant les biens
du Clergé à la disposition de la Nation, prépare la Cons-
titution civile, qui supprime dun seul coup tous les Cha-
pitres du Royaume.
Aussi l année 1790 est-elle comme l'agonie du Chapitre
de Paris ; il vit encore, mais il sent que sa fin approche. Les
opérations, dont il eut à s'occuper durant son cours, ressem-
blent de bien près à des dispositions testamentaires : il fait
le compte de sa fortune, le recensement de ses biens, la liste
de ses droits, le dénombrement de son personnel ecclésias-
tique et laïque. Les stalles, que la mort rend vacantes, restent
vides ; ses gagistes, ses enfants de chœur ne se recrutent
plus ; la musique se tait dans son église la veille du jour oit
le sinistre Jourdan Coupe-Tête parade sur le parvis. Depuis
que l Assemblée Nationale s'est installée en partie clans son
cloître, c'est la mort qui pénètre peu ci peu ses membres ; il
est condamné le 12 juillet et il meurt enfin, ou plutôt on
l'exécute, le lundi 22 novembre 1700, ci l'issue de la messe
canoniale, en pleine séance capitulaire ! Son secrétaire n'a
pas pu dresser son acte de décès ; les minutes des Conclu-
sions capitulaires s arrêtent au 19 novembre. C'est la Mu-
nicipalité qui a rédigé le procès-verbal du dernier chapitre.
(Bibliothèque Nationale. Manuscrits. Fonds français; nou-
velle acquisition : n° 27%.)
L'histoire du Chapitre de Paris est comme une forêt encore
VJ1I
AVANT-PROPOS.
presque inconnue. Trop peu sûr de nous-même, nous n en
avons exploré que la lisière. Si le public fait bon accueil à
notre premier essai, peut-être oserons-nous pénétrer plus
avant.
J. M.
10 août 1903.
LE CHAPITRE
DE NOTRE-DAME DE PARIS
EN 1790
CHAPITRE PREMIER
LES DERNIERS CHANOINES DE L'ÉGLISE DE PARIS
I. Les Chanoines. Leur nombre. Détails sur leur origine. Dignités qu'ils occu -
paient dans l'État, la Magistrature, l'Église. Comment ils sont entrés au Cha-
pitre de Notre-Dame. Les célébrités du Chapitre. Chanoines de Saint-Aignan. —
II. Dignités et charges. Doyen, Chantre et Sous-Chantre, Archidiacres, Chan-
celier, Pénitencier. Répartition des charges. — III. Les revenus d'un
chanoine. La Prébende. Le Légalement des gros. Distributions manuelles. Pain
capitulaire. Profits extraordinaires : vente des maisons canoniales, funérailles,
cire, l'Obit salé. Autres bénéfices ecclésiastiques possédés par les chanoines.
I
Les anciens chanoines de l'Eglise de Paris étaient an nombre
de cinquante et un. Certains autres Chapitres pouvaient se pré-
valoir d'un plus grand nombre de bénéfices; mais combien peu
avaient le lustre que donnaient à celui de Paris la célébrité de
l'Eglise qu'il desservait, ses rapports avec les grands corps de
1 Etat, l'importance des fonctions confiées à plusieurs de ses mem-
breset aussi l'étendue de ses domaines, qui le mettait au rang des
grands propriétaires terriens. Entrons de suite en connaissance
avec les chanoines : leurs personnalités, remarquables par le mé-
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS. 1
•2 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
rite, l'éclat de la naissance ou l'importance de leurs fonctions, in-
téresseront plus que des généralités. Nous verrons de quels élé-
ments, assemblés des quatre coins de la France, se composait
alors ce corps ecclésiastique, qui se disait « le premier du
Royaume ».
La dernière liste officielle [ des chanoines de Notre-Dame fut
dressée le 19 avril 1790 par leur receveur général, M. Barbie,
dans la déclaration qu'il fit des biens du Chapitre au Bureau de la
Municipalité de Paris. Elle comprend les cinquante et un derniers
chanoines, qui formèrent le corps complet du Chapitre et dont
nous donnons ici les noms :
Dignitaires.
MM. Flotard de Montagu, chanoine doyen;
Jean-Baptiste Robinault du Bois-Basset, chanoine chantre;
Jean-Baptiste Lecorgne de Launay, chanoine archidiacre de Paris;
Jean-Antoine-Benoît-Bruno de Malaret, chanoine archidiacre de Josas ;
Jean-Baptiste des Plasses. chanoine archidiacre de Brie;
Jean de Chillaud des Fieux, chanoine sous-chantre;
François-Charles Chevreuil, chanoine chancelier;
Pierre-François Papin, chanoine-pénitencier.
Chanoines-Prêtres.
MM. Charles-Guillaume Cardin Morin du Marais;
Jean-Lucien Lucas;
Jean-François Rivière, théologal;
Jacques-Antoine de Méromont;
Etienne Brémont ;
Charles de Lostanges;
Jean-Jacques Baillard du Pinet;
Jean Bochart de Champigny ;
Sébastien-Michel Camiaille, chambrier:
Jacques-Louis Radix;
François-Charles-Antoine de Beaumont d'Autichamp;
Emmanuel-René-François d*Eu de Montdenoix;
Xiste-Louis-Constant de Roux de Bonneval ;
Jacques Le Blanc";
Xicolas-Silvestre Bergier ;
1. Cette liste, augmentée du nom des Bénéficiera de l'Église de Paris, se trouve
en tète de la Déclaration des Biens du Chapitre, déposée au Département du Do-
maine de la ville de Paris le 10 avril 1799. Dans le cours de cet ouvrage, nous
nous sommes conformé à ce document pour l'orthographe, fort variable, du nom
des chanoines. Cfr. Archives Xationales. S. 160.
LES DERNIERS CHANOINES. 3
MM. Charles de Tilly-Blaru;
Jean-Pierre de la Fage ;
Jean Chevalier, chanoine de Saint-Aignan ;
Bernard de Beaumont;
Charles-Vincent de Balte ;
Mathieu de Reclesne;
Paul-Louis de Mondran ;
Pierre- Bernard Met ;
Louis-Joachim-Klisabeth Cochu de la Grange ;
Charles-Marie Patert;
Jean du Authier;
Claude-Marie Gatignon;
Charles-Antoine-Henry du Valk de Dampierre;
Jean-Pierre Sincholle d'Espinasse;
Jean-Baptiste Marie de la Bintinaye;
Jean-Mathurin Mazéas;
Joseph-Jean-François de la Grange Gourdon de Floirac;
Jean-Michel de Neuchèze;
Louis- Augustin Viet de Villers ;
Louis de Cours;
Jacques-Nicolas Duchesne, chanoine de Saint-Aignan;
Pierre Delon, chanoine, sous-diacre, ci-devant de Saint-Germain l'Auxer-
rois '.
Chanoines-Diacres.
MM. Joseph Riballier;
François-Marie Melon de Pradou.
Chanoines-Sous Diacres.
MM. Jean-Bernard de Vienne;
Jean-Louis Pey.
Chanoines-Mineurs 2.
MM. Étienne-François-Louis-Honoré de Sahuguet d'Amazie d'Espagnac;
Louis- Adélaïde Lemoine :J.
1. C'est évidemment par erreur que Barbie, auteur de la liste et de la Déclara-
tion du Chapitre, donne à M. Delon le titre de - chanoine cy-devant de Saint-
Aignan •-. Ibid.
2. C'estrà-dire qui n'étaient pas engagés dans les Ordres sacrés et n'avaient reçu
que les Ordn s mineurs.
3. Entre la date de la confection de cette liste, 19 avril 171)0, et celle de la sup-
pression du Chapitre, trois chanoines moururent : MM. de Méromont, de Champigny
rgier. Les détails, qui suivent, sont tirés des Déclarations des chanoines faites
en 1790 et 171)1 au Bureau de la Liquidation des Biens nationaux et des Pensions
ecclésiastiques, el des Lettres de canonicat insérées la plupart dans les minutes des
conclusions. Arch. Nat. S. 160, 7051, 7062, el I.L. 2322», 232".
4 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Presque toutes les provinces de l'ancienne France étaient re
présentées dans les stalles de Notre-Dame. Nous y trouvons peu
de gens du nord : un Picard, M. Patert; un Champenois, M. de
Dampierre. La Normandie est honorablement représentée : M. Le-
moine est de Bayeux; M. de Méromont,de Coutances; M. du Ma-
rais, de Rouen; M. Lucas, d'Evreux. Le Midi l'emporte! Etaient
venus de Toulouse : MM. de Malaret et de Mondran; de Montau-
ban, M. de Cours; de Toulon, M. Pey; d'Aix, M. de Bonneval.
Mais au Chapitre, l'accent de Marseille est dominé par l'accent
de Bergerac. Que de Gascons! Le doyen, M. Flotard de Montagu,
ainsi que MM. de Floirac et de Beaumont, sont de Cahors; le sous-
chantre, M. de Chillaud des Fieux, est d'Agen; M. de Lostanges,
de Périgueux; M. Melon de Pradou, de Tulle. Nous trouvons un
' Auvergnat, M. de Reclesne, et deux Limousins, MM. du Authier et
d'Espagnac.
M. Chevreuil était de Quimper, et, par conséquent, entêté
comme un vrai Breton dans ses démêlés avec l'Université à pro-
pos de ses droits de chancelier. La Bretagne s'honorait encore du
Grand-Chantre, M. du Bois-Basset, qui était de Rennes, ainsi
que M. de la Bintinaye; de l'archidiacre de Paris, AI. Lecorgne
de Launay, qui était de St-Brieuc, et de M. Mazéas, originaire du
pays de Léon.
La Franche-Comté avait envoyé MM. Bergier et Gatignon.
Entre ce dernier et M. du Pinet, de Lyon, c'était toujours la lutte
des âpres montagnes des Alpes contre l'orgueil des vieilles
cités impériales. Le belvédère de la maison de M. du Pinet était
aussi insultant pour M. Gatignon que le chapeau de l'Autriche pour
Guillaume Tel1 ! Plus paisibles étaient les fils des pays de plaines :
M. de Neuchèze est Berrichon, MM. de Bulté et de la Fage sont de
Blois ; MM. Viet, de la Brie; MM. Brémont et Camiaille, delà
Beauce2; MM. Riballier et Le Blanc, du Charolais. Enfin nous
rencontrons un Angevin, M. de Beaumont d'Autichamp.
1. Ces deux chanoines eurent entre eux de continuelles discussions causées par
le voisinage de leurs maisons. L^ belvédère, que M. du Pinet éleva sur la sienne
en 1784, provoqua toutes les colères de .son confrère et voisin. Cfr. Concl. cap.
■2. M. Camiaille était né à Chartres, paroisse Saint-Hilaire; M. Bivmont à Chà-
teaudun.
LES DERNIERS CHANOINES. :,
Après cotte longue émimération, on constatera que les Pari-
siens étaient peu nombreux au Chapitre : MM. des Plasses, Papin,
Rivière, de Champigny, Cochu de la Grange, de Tilly-Blaru, de
Montdenoix sont indiqués dans leurs Lettres de nomination comme
presbyteri parisini ou bien presbyteri diœcesis Parisiensis K
Le plus ancien chanoine de Notre-Dame était M. Delon, cha-
noine de Saint-Germain TAuxerrois, quand M. de Yintimille réu-
nit les deux Chapitres. Il était entré au chœur de Notre-Dame le
15 août 1744. Après lui prenaient rang d'ancienneté, M. du Marais,
chanoine depuis 1749, et M. Lucas, depuis 1750. Les autres nomi-
nations étaient de beaucoup plus récentes.
Nous ne trouvons donc à Notre-Dame aucun de ces fameux
chanoines-jubilés 2, qui faisaient l'honneur du Chapitre dans la
première moitié du xvme siècle et qui, au dire d'un auteur, après
cinquante ans d'exercice, ne se souvenaient pas avoir manqué une
seule fois à l'office 3 ! Le dernier, qui obtint les honneurs du ca-
nonicat à Notre-Dame, fut M. Jean-Louis Pey '*, neveu du célèbre
chanoine, Jean Pey, qui lui résigna sa stalle en 1789. Il était frère
du chapelain de Saint-Laurent à Notre-Dame, François Pey, qui
refusa l'offre de son oncle et préféra rester avec ses pauvres de
la paroisse de Saint-Landry, dont il était aussi vicaire.
En 1790, sur cinquante et un chanoines, quarante-quatre seule-
ment étaient prêtres. MM. de Pradou et Riballier reçurent l'ordre
du diaconat et M. Pey celui du sous-diaconat, quelques mois
seulement avant la suppression du Chapitre. MM. de Vienne et
1. M. de Méromont, quoique originaire de Coutances, était prêtre du diocèse de
Paris. Cfr. sa Déclaration. Arch. Nat. S. 7051-7062.
2. Quand les chanoines de Tours consultèrent, en 1788, le Chapitre de Notre-
Dame sur les prérogatives des chanoines- jubilés, celui-ci dans sa réponse dut se
reporter aux conclusions du 7 avril 1728, 11 mai 1731 et 20 juin 170'.». Arch. Nat.
Germain Brice, t. II, p. 238. L 521, n° 6.
3. Les chanoines-jubilés avaient cinquante ans de canonicat. Ils étaient dispensés
de la présence aux offices, mais ne touchaient pas les distributions des Matines,
auxquelles ils ne venaient pas.
1. Puisque nous parlons ici du plus jeune des chanoines, nous ferons remar-
quer que M. Bochart de Champigny entra au Chapitre presque au sortir de l'en-
fance. Quand son frère, Conrad-Alexandre, lui résigna sa stalle, il n'était âgé
que de treize ans et deux mois et dut obtenir du Saint-Père pour l'occuper un
bref apostolique le dispensant de defectù setatis. Cfr. ses Lettres de nomination.
Arch. Nat. LL. 232".
i) LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Delon, quoique chanoines depuis fort longtemps, n'étaient restés
que sous-diacres. Enfin MM. d'Espagnac et Le Moine étaient aco-
lytes. On les appelait chanoines-mineurs ; selon l'usage, ils
n'étaient pas admis comme capitulants et, au chœur, ils s'as-
seyaient sur de simples escabeaux au rang des enfants de
chœur. Qu'arrivait-il? c'est qu'aux fêtes solennelles, l'humble
soutane rouge de ces derniers voisinait parfois avec le costume
de pourpre d'un conseiller au Parlement : tel M. d'Espagnac!
Parmi les chanoines, plusieurs en effet occupaient de hautes di-
gnités dans l'Église, l'Etat et la Magistrature. L'archidiacre de
Brie. M. des Plasses, était conseiller du Roi au Grand Conseil;
MM . d'Espagnac et Radix étaient conseillers-clercs au Parlement * .
Les honneurs ecclésiastiques illustraient aussi le Chapitre. Nous
y voyons un aumônier du roi, M. de Beaumont2; un aumônier du
comte de Provence, M. de Reclesne; le confesseur de Madame, de
Mmc d'Artois et de Mme Adélaïde, M. Bergier.
On sait combien, à la fin du xviiic siècle, les évêques mul-
tiplièrent le titre de vicaire général3. Un grand nombre de cha-
noines en étaient honorés : MM. Chevreuil, du Bois-Basset,
de Floirac et de Dampierre sont vicaires généraux de M. de
Juigné; M. d'Autichamp est vicaire général de Toulouse; M. du
Authier, de Rennes; M. de Mondran, de Béziers; M. de Bon-
neval, de Màcon; M. de Reclesne, d'Autun; M. de Tilly-Blaru,
de Xarbonne
Les nominations aux bénéfices ecclésiastiques ne se faisaient
pas à la fin du xvme siècle d'une manière aussi uniforme que
de nos jours. Plus d'une porte donnait accès au Chapitre. En
examinant les Lettres des cinquante et un chanoines, que nous
avons eues toutes sous les yeux, on constate que vingt-quatre
l.M. delà Fage avait été aussi conseiller-clerc au Parlement, quelques années au-
paravant : il fut, avec MM. de Lucker et Radix, signataire des lettres adressées
au Chapitre, en 1772, pour demander le droit aux distributions manuelles.
2. M. de Beaumont ne devait plus exercer ses fonctions d'aumônier, car, les
dernières années, nous voyons seulement M. de Reclesne demander au Chapitre.
île lui conserver ses distributions de jour pendant le temps de son absence. Cfr.
Concl. capit. du 30 mars 1789.
3. Cfr. 31. Sicard, Les Évê/jucs avant la Révolution.
LES DERNIERS CHANOINES.- 7
seulement avaient été nommés directement par l'archevêque
de Paris, dont dix-neuf par M. de Reaumont et cinq par M. de
Jnigné. Dix avaient profité de la résignation ou permutation d'un
de leurs parents ou amis; M. de Dampierre, sans doute sur la
désignation de M. de Juigné, alors archevêque-élu de Paris,
« ! c .iit il était déjà vicaire général à Chàlons, fut nommé par le Roi,
pendant la vacance du siège, en vertu du droit de Régale;
MM. Patert,du Bois-Basset et de la Fage avaient été admis
par insinuation, et M. de Sincholle d'Espinasse désigné par
l'archevêque, mais en vertu de l'Induit placé sur lui par le Roi.
Enfin les deux chanoines dits de Saint-Aignan, dont nous ex-
pliquerons plus loin l'origine, MM. Duchesne et Chevalier, avaient
été, selon le droit, élus par le Chapitre 1.
Très variés aussi étaient les antécédents de nos chanoines :
M. Morin du Marais fut auparavant officiai et syndic du diocèse
de Paris; M. de Méromont, pénitencier; M. de Floirac, grand
vicaire de Ciiâlons ainsi que M. de Dampierre; M. Le Moine,
chapelain de Sainte-Anne; M. Rivière, chanoine de Saint-Merry;
M. Chillaud des Fieux, de Saint-Ilonoré; M. Chevalier, grand
distributeur du Chapitre; M. de la Fage, promoteur général
de Paris; M. Duchesne, chanoine-prêtre de Saint-Denis du Pas;
M. du Marais, curé d'Andilly. M. Delon était le dernier cha-
noine de Saint-Germain l'Auxerrois 2, dont le Chapitre fût uni
en 1740 à celui de Notre-Dame'1. M. Sincholle d'Espinasse
était un ancien jésuite, qui avait professé dans les Universités
de Perpignan et de Toulouse. En cette qualité, il dut signer,
1. Ces détails ont été pris dans les Lettres do nomination do ces chanoines,
conservées dans les liasses des Conclusions capitulair es.
■-'. Le Chapitre de Saint-Germain l'Auxerrois a été uni an Chapitre de l'Église lie
Paris, en vertu dos Lettres Patentes du Roi en date du mois do juillet 1740,
enregistrées au Parlement le 12 août 1711, sous l'archiépiscopal de M. de Vintimille.
Les deux Chapitres furent réunis pour la première fois au chœur de Notre-Dame
1'' r> août suivant.
:'.. La situation de M. Delon à Notre-Dame était toute différente de celle de
ses autres confrères, en raison de son titre d'ancien chanoine de Saint-Germain
l'Auxerrois. En cette qualité, il recevait 2.400 1. pour le revenu de sa prébende
éteinte et 2.200 1. comme revenu annuel et viager, sans assujettissement à la
pointe et sans pouvoir, en cas de résignation ou permutation, se réserver d'autre
pension que les 2.2001. Cfr. Déclaration. Arch. Nat. S. 460, fol. 105.
8 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
le jour de son installation, un acte dans lequel « il promet de
maintenir les libertés de l'Église Gallicane, notamment les quatre
Articles et la Déclaration du Clergé de France de 1682, qu'il a
dit bien connaître1 ». Un jésuite!
Le plus célèbre des derniers chanoines de Notre-Dame est
l'abbé Bergier. Il refusa longtemps la stalle, que lui offrait
l'archevêque de Paris : ses scrupules reposaient sur les fré-
quentes absences, que lui imposaient ses fonctions à la Cour et
qui ne lui permettaient pas d'observer à Paris une rigoureuse
résidence. Ce ne fut que sur de nouvelles et plus vives ins-
tances qu'il finit par accepter. Nous ne ferons pas ici l'his-
toire de sa vie ; les biographes l'ont donnée en détail ainsi que
la liste de ses nombreux et savants ouvrages.
Les mêmes principes touchant la résidence firent refuser, en
1789, à M. de Bonneval l'évêché de Senez, dont le titulaire,
M. de Beauvais, était mort le jour de Pâques delà même année
au Palais archiépiscopal de Paris 2. Nous verrons bientôt M. de
Bonneval se distinguer dans les Assemblées électorales et à la
Constituante.
Bien que M. Jean Pey ait résigné sa stalle à son neveu en
1789, nous devons le citer parmi les dernières illustrations du
Chapitre, dont il était toujours chanoine honoraire. Certains de
ses ouvrages ont mérité par leur orthodoxie cette désappro-
bation flatteuse du janséniste Camus : « Le livre de M. l'abbé
Pey, écrivit- il dans sa Lettre sur la Profession d'avocat, est
un des plus adroits et des plus savants que l'on ait composés
sur cette matière; c'est en même temps un de ceux où l'on porte
à un plus grand excès les prétentions ecclésiastiques. » Son
ouvrage De l'Autorité des Deux Puissances, auquel Camus
fait ici allusion, eut trois éditions.
1. Cfr. sa Déclaration. Anh.Xal. S. 7051,7052 et Concl. capil.
■2. M. de Bonneval fit valoir que 1rs rigueurs du climat ne permettraient pas à
sa santé une résidence assez continue. Cfr. Mémoires d' Au ri beau. Celui-ci dit de
lui : « Cet écrivain, qui a si bien mérité de sa patrie pour les ouvrages que la
France doit à son amour pour elle et à son zèle pour la Religion, est digne d'être
distingué parmi le petit nombre de Députés à l'Assemblée nationale, toujours
fidèle aux vœux de ses commettants. »
LES DERNIERS CHANOINES. 9
M. Brémont est moins connu, et cependant d'Auribeau le cite
dans ses Mémoires comme une des illustrations du Chapitre.
En 17cS7, il olïïit à la Bibliothèque capitulaire un de ses livres :
La Raison dans l'Homme. Il nous apprend lui-même que le
Clergé de France voulut bien, Tannée suivante, le recommander
au Roi, sans doute en raison des services que ses ouvrages
avaient rendus à la Religion, et que Sa Majesté lui accorda un
prieuré d'un revenu fort modique *.
Nous distinguons encore M. Mazéas, membre de la Société
Royale de Londres et de l'Académie Royale de Berlin2, titres
que lui méritèrent ses savants ouvrages, dont il fit hommage au
Chapitre quelques jours après sa réception. L'Astronomie était-
elle la science favorite de M. du Pinet? Il décora du nom d'ob-
servatoire le belvédère, qu'il fit construire en 1784 sur la façade
de sa maison canoniale et qu'il prétendait élever si haut que le
Chapitre s'en émut et le pria d'en diminuer les proportions.
Enfin M. Lucas était un des plus anciens membres de la Société
Royale d'Agriculture.
La Théologie surtout était en honneur dans le Cloître. Les
jeunes chanoines marchaient sur les traces de leurs aînés, dont
la plupart avaient reçu le bonnet de docteur ou étaient agrégés
aux plus illustres collèges, et la science sacrée pouvait espérer
conserver longtemps encore à l'ombre de Notre-Dame l'asile
sur et paisible, qu'elle y avait trouvé depuis tant de siècles. La
salle capitulaire, où Richelieu avait permis aux chanoines de
soutenir leurs thèses, retentissait encore des applaudissements
1. CiV. sa Déclaration au Comité dos Pensions Ecclésiastiques, il décembre 1790.
Arch. Nat. S. 460. Ce prieuré était celui de Saint-Barthélemy-des-Buissons, au
diocèse de Sens.
14. M. de Miordec de Kerdanet, dans ses . Notices sur les écrivains delà Bre-
tagne », dit que M. .Mazéas travailla au Dictionnaire des Sciences et des Arts et
qu'il a fourni quelques mémoires aux recueils des Académies, auxquelles il était
iié \Francc Littéraire). Voici la liste de. ses ouvrages: ln ■ Éléments d'Arithmé-
tique, d'Algèbre et de Géométrie» avec une introduction aux Sections coniques.
1 vol. in-8°; — 2° Abrégé de l'ouvrage ci-dessus. 1 vol. in-12. — 3° Instilutiones
philosophicœ seu elementa Logicx et Metaphysicœ nova facilique melhodo digesta.
'■'< vol. in-12. Cfr. Concl. capit., année 1763. Arch. Nat. LL. 2323i. M. Mazéas
était le livre de Guillaume Mazéas, secrétaire d'ambassade, correspondant de l'Aca-
démie des Sciences {France Li(lcraire).
10 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
que recueillirent, en 1788, MM. Melon de Pradou et Riballier
dans la soutenance de leur « Tentative » *.
Les travaux théologiques, littéraires et scientifiques étaient
d'honorables occupations pour les chanoines, que la discipline
fort sévère du Chapitre, touchant l'assistance aux offices, obli-
geait à une résidence presque continuelle'2. Nous verrons, dans
les pages suivantes, que sur ce point il ne transigea jamais.
Quatre chanoines seulement n'habitaient pas Paris : contrai-
rerement à ce qui se passait dans plusieurs Chapitres du
Royaume, où les prébendes étaient fort nombreuses, mais les
stalles presque toujours vides. Un autre chanoine, M. Cochu
de la Grange, est noté comme absent aux Chapitres généraux
avec cette mention « jussu régis ». L'ordre du Roi était un ordre
d'exil : le 14 février 1785, M. de Montagu, doyen, avait reçu
de M. Lcnoir un billet ainsi conçu 3 :
« J'ai l'honneur de vous informer, Monsieur, qu'il vient de
m'ctre adressé des ordres du Roi, expédiés par M. le baron de
Breteuil, pour exiler M. l'abbé Cochu dans la maison des Cor-
deliers de l'Isle Bouchard. Je vous prie d'autoriser l'officier de
police, porteur desdits ordres, à en suivre l'exécution. Signé :
Lenoir. »
M. le Doyen dut s'incliner devant la volonté royale, mais con-
formément à ce qui s'était fait sous Louis XV, lors des exils
successifs du Parlement, à l'égard des chanoines-conseillers,
le Chapitre décida de tenir M. Cochu comme présent et de lui
réserver toutes les distributions manuelles des offices du jour 4.
1. La soutenance des thèses au Chapitre n'était pas un fait ordinaire, car la
plupart des chanoines avaient déjà pris leurs grades avant leur entrée à Notre-
Dame. Nous ne trouvons que de bien rares exemples de ce fait, dans les trente
dernières années du Chapitre. Cfr. Concl. capitulâmes, années 1787 et 1788, passim.
2. Les chanoines auteurs se faisaient un honneur d'offrir au Chapitre leurs
ouvrages. M. Jean Pey fait hommage de son livre Le Sage dans la solitude,
(1787).
M. Brémont, La liaison dans l'Homme (1786).
Un simple machicot, François Guichard, fait hommage au Chapitre d'un ou-
vrage intitulé : Essai de nouvelles psalmodies ou faux-bourdons à une, deux ou
trois voix (1783).
3. Cette lettre est copiée dans les Concl. capil., année 1785. LL. 23239.
4. Aux chapitres généraux, 31. Cochu de la Grange est indiqué comme présent,,
avec la note excusalus. Il assiste au chapitre ordinaire du 9 septembre 1789.
LES DERNIERS CHANOINES. Il
M. Cochu resta en exil jusqu'en 1789; nous le verrons alors
reprendre pendant quelques mois son rang parmi ses collègues,
avant de repartir pour un autre exil, plus douloureux que le
premier!
Pour en finir avec les différentes personnalités qui composaient
en 1789 le Chapitre de Notre-Dame, nous dirons un mot des deux
chanoines de Saint-Aignan, auxquels nous avons déjà fait allu-
sion. Vers 1120, Etienne de Garlande, archidiacre de Paris, fit
(•(instruire dans le Cloître une chapelle en l'honneur de saint
Aignan, évêque d'Orléans. Pour la desservir, il partagea sa
prébende en deux parties, qu'il attribua, du consentement de
Gilbert, évoque de Paris, et du Chapitre, à deux chanoines aux-
quels il adjoignit deux vicaires '. Chacun des deux chanoines
n'avait donc qu'une demi-prébende et qu'une demi-part dans cer-
taines distributions, mais ils touchaient intégralement leurs droits
pour l'assistance aux offices canoniaux.
Leur fondateur obtint de Gilbert que les deux chanoines
sciaient à la nomination du Chapitre. Celui-ci profitait de cette
concession pour faire entrer dans son sein les ecclésiastiques qui
se signalaient par leurs mérites et les services rendus parmi le
clergé inférieur de Notre-Dame. Longtemps il réserva ces deux
stalles presque exclusivement au maître de chapelle2. Quand,
en 1791, M. Guilleminot-Dugué, dernier maître de chapelle,
demanda au Comité des Biens Nationaux de fixer sa pension
ecclésiastique , il fit valoir « que les bénéficiers-prètres de l'E-
glise de Paris avaient l'expectative certaine des deux cano-
nicats de Saint-Aignan, revenant à eux seuls exclusivement par
droit d'ancienneté ». L'espoir de M. Guilleminot pouvait bien
alors ne pas être un leurre : 1' « ancien des chanoines de Saint-
Aignan », M. Chevalier, était presque octogénaire. M. Guille-
minot avait plus d'un titre à la reconnaissance du Chapitre ; mais
celui-ci ne devait plus avoir la possibilité de la lui témoigner ;.
1. Cfr. Guérard, Carlulaire deVÉglise de .\otre-Dame de Paris, t. I. p. 328, nm.
'»'. Cfr. Chartier, L'Ancien Chapitre de Notre-Dame de Paris et ta Maîtrise^
p. 198-199.
3. Cfr. sa Déclaration au Comité des Pensions Ecclésiastiques. Arch. Xai . S. (60.
12 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Les chanoines de Saint-Aignan jouirent jusqu'à la Révolution
de la propriété des deux maisons canoniales, que leur fondateur
leur avait léguées. Elles étaient contiguës à la chapelle, sur
laquelle chacune avait une entrée : Tune s'appelait « clomus ad
diicis aulas »; l'autre, « domus adturrim » l. Nous les signale-
rons dans notre visite du Cloître.
Les vertus des chanoines, leurs talents , les dignités dont ils
étaient revêtus, le rang de leurs familles dans le monde, ne
pouvaient manquer d'attirer l'attention du Roi et du Ministre
chargé de la Feuille des Bénéfices. En 1780, nous avons compté
huit chanoines de Xotre-Dame dans les rangs de l'épiscopat :
MM. Moreau, évêque de Mâcon; La Luzerne, deLangres; de Cu-
gnac, de Lectoure; de Nicolaï, de Béziers; de Galard, du Puy; de
Fleury, de Tours ; de Bouin, d'Uzès, et de Fénelon, de Lombez 2.
Certains chanoines quittaient le Chapitre pour prendre un repos
bien mérité ou occuper un autre ministère, tel M. Melon de Pra-
dou, qui devint curé de Saint-Germain -en-Lave. Mais tout lien
devait-il se briser entre eux et leurs anciens confrères? Ceux-
ci leur conservaient, au moment de leur départ, le titre de cha-
noine honoraire, titre prodigué aujourd'hui que les prébendes sont
en fort petit nombre, mais très rare à la fin du xvm° siècle. Aux
noms que nous venons de citer, il faut joindre celui de M. Couet,
démissionnaire, ancien chanoine de Saint-Germain l'Auxerrois,
un des bienfaiteurs du Chapitre, et celui de M. Pey.
Le titre de chanoine honoraire était accordé par le Chapitre : les
intéressés lui adressaient une requête pour obtenir de conserver
leur rang au choeur et le privilège de porter le costume canonial,
pan nos ecclesiœ, quand ils venaient à Notre-Dame. Inutile de
dire que la requête était toujours bien accueillie et que le Cha-
pitre se plaisait à entretenir des liens fraternels avec des
ecclésiastiques dont la célébrité ne pouvait qu'illustrer une com-
pagnie à laquelle ils voulaient bien continuer d'appartenir3.
1. Cfr. Revue Archéologique, t. IV. année 1847. Bibl. Nat. 8V 684.
"-'. Les chanoines, nommés à des évèehés dans les trois première quarts du xvin*
siècle, sont indiqués dans un Manuscrit de la Bibliothèque Nationale. Fonds français.
Cérémonial de l'Église de Paris.
3. Comme gage d'estime et de reconnaissance, le Chapitre accordait à quelques
DIGNITÉS ET CHARGES. 13
II
A la tête des cinquante et un chanoines, il nous faut placer les
huit Dignités : savoir le Doyen, le Grand-Chantre, les trois
Archidiacres de Paris, de Brie et de Josas, le Chancelier, le Sous-
Chantre, le Pénitencier. Seuls, le Doyen et le Sous-Chantre
étaient à la nomination du Chapitre; les cinq autres dignités
étaient désignées par l'Archevêque.
Le Décanat avait presque toujours été confié à des ecclésias-
tiques remarquables par leurs talents, distingués par leur nais-
sance et considérables dans le monde par l'étendue de leurs
relations. Depuis le début du xvnr9 siècle, nous voyons se suc-
céder MM. de Gontaut, de Harcourt de Beuvron, de Saint-
Exupéiy, d'Agoult et Tudert. Le dernier doyen de l'ancien
Chapitre fut M. Flotard de Montagu, élu le 17 janvier 1780.
Cette élection avait été fort laborieuse : elle nécessita neuf tours
de scrutin et dura depuis sept heures du matin jusqu'à deux
heures et demie du soir. M. de Montaqn avait un concurrent
sérieux dans M. Farjonel, qui obtint au premier tour vingt-quatre
voix contre vingt seulement données à M. de Montagu; tandis
qu'au neuvième tour celui-ci en recueillait vingt-cinq et M. Far-
jonel vingt et une '.
Une circonstance donna à M. de. Montagu l'occasion de nous
apprendre lui-même ses sentiments sur l'excellence de sa nouvelle
dignité. Deux années après son élection, pendant la vacance du
siège archiépiscopal, il se rendait chaque dimanche à Versailles
pour assister au lever du Roi dans l'Œil-de-Bœuf et même il
, mires ecclésiastiques le privilège de porter au chœur de Notre-Dame pannos
Ecclesise, les draps de l'Église, comme on disait. Nous avons un exemple de cette
concession, faite en 1788, en faveur de M. Le Bou illier, curé de Valenton, qui avait
offert au Chapitre trois superbes livres pour servir à la consécration des Saintes
Huiles. Cfr. Concl. cap., année Uns.
1. M. de Montagu se souvint de ces lenteurs, et quelque temps après proposa
au Chapitre quelques modifications à apporter dans l'élection du Doyen, qui ne
furenl jamais sanctionnées.
14 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
lui était donné d'entrer jusqu'au prie-Dieu dans l'intérieur de la
balustrade du lit de Sa Majesté. Un jour, un huissier malappris lui
refusa l'entrée! « Il est singulier, proteste-t-il auprès de M. le
duc de Villequiers, que le premier ecclésiastique du Diocèse de
Paris reste à la porte tandis que les Prélats y sont admis. Le
Doyenné est une prélature, qui ne le cède en rien aux autres.
Ma place est remplie par des personnes qui peuvent être à côté
de tout le monde. »
C'était au Doyen à présider les réunions capitulaires, à main-
tenir les institutions et les usages, à représenter ses collègues,
à revendiquer leurs prérogatives et à porter jusqu'au pied du
trône, s'il le fallait, leurs plaintes et doléances. Le Doyen incar-
nait pour ainsi dire en lui toute la majesté du Chapitre! Dans
les cérémonies solennelles, il ne marchait que précédé de deux
bénéficiers et de deux enfants de chœur portant des lumières.
Le Doyen, en sa qualité, avait le droit d'administrer les sacre-
ments aux dignités et chanoines, aux bénéficiers et clercs du
bas-chœur de Notre-Dame et aux chanoines et chapelains des
quatre églises sujettes. Il était aussi en droit et possession
d'avoir un vicaire, qui administrait pour lui et en son nom les
bénéliciers et chapelains du bas-chœur de Notre-Dame et des
églises sujettes '.
Les revenus du Doyen étaient le double de ceux de ses con-
frères et atteignaient en moyenne la somme de 16.000 livres; il
avait deux prébendes, touchait deux parts dans toutes les distri-
butions manuelles et percevait les revenus du fief décanal de
Montreuil, qui s'étendait sur deux cents arpents, puis deux
cents bottes de paille sur la ferme d'Epiais, cent gerbes de fro-
ment sur la ferme de Tremblav et deux cents bottes de paille sur
la ferme de \,Yissous. Nous verrons plus loin, quand nous parle-
rons du costume canonial, que le Doyen revêtait aux grands
jours la robe rouge, honneur qu'il partageait avec le Chantre
et l'Archidiacre de Paris 2.
1. Réponse à la consultation du Chapitre d'Orléans, 22 mai 1756.
2. La mort du Doyen était annoncée par la cloche capitulaire. Les ordres men-
diants étaient tenus d'assister à son enterrement et son cercueil, en passant devant
DIGNITÉS ET CHARGES. 15
Lu seconde dignité, la Chantrerie, était occupée depuis 1784
par M. Kobinault du Bois-Basset. Elle lui conférait la direction
du chœur, la surveillance de la communauté des Chantres et la
juridiction sur « les Petites Ecoles de la Ville, Cité, Université,
faubourgs et banlieue de Paris ». Cette juridiction était exercée
par un Jugc-Collateur et Directeur des Petites Ecoles, un vice-
gérant, un promoteur, un greffier, un huissier et un clerc. Les
audiences se tenaient le jeudi à trois heures dans l'Auditoire
du Chapitre et l'appel des sentences allait immédiatement au
Parlement '.
Ses revenus étaient, sauf le produit du Fief Décanal, égaux
en tout à ceux du Doyen , à charge pour lui de fournir les livres
de chœur. L'insigne de sa dignité était le Bâton Cantoral, qu'il
portait aux jours solennels, quand il entonnait l'Introït, quand
il chantait en chape au milieu du chœur le cinquième psaume des
Vêpres, pendant les 0 de Noël et dans les cérémonies extraordi-
naires2. En son absence3, il était remplacé par le Sous-Chantre,
M. de Chillaud des Fieux, qui jouissait alors des mêmes préro-
gatives que le Grand-Chantre lui-même4.
Les Archidiacres étaient les délégués ou représentants de
l'évêque. C'était à lui qu'ils rendaient compte de leurs visites,
qu'ils faisaient régulièrement chaque année dans leur archidia-
coné respectif. Le Chapitre les chargeait d'inspecter, dans leurs
l'Hôtel-Dieu, était encense par les chapelains entoures des sœurs en habit de
chœur. Curiosités de l'Église de Paris, 1763, p. 425, 126.
1. Cfr. Curiosités, etc. p. 339. Nous reviendrons sur la juridiction du Chantre
qnand nous étudierons les rapports du Chapitre avec l'Instruction publique
Comme le Doyen, le Chantre pouvait avoir un vicaire qui, en 1790, était M. Levas-
seur, chanoine de' Saint-Denis du Pas.
2. Voir chapitre VI. la description du Bâton cantoral déposé au Trésor.
:!. Nous ferons remarquer que le diantre et le Sous-Chantre, le jour de leur ins-
tallation, faisaient serment d'assister, sans jamais manquer, à tous les oflices. Le
prédécesseur de M. des Fieux, M. Lucas, préféra, en 1785, donner sa démission
plutôt que de manquera son serment. On leur accordait cependant deux mois de
vacances.
1. Les revenus de la Sous-Chantrerie consistaient en deux redevances en argent,
Tune sur l'ancienne mense de 119 1. :! s. 9 d.; l'autre sur la Caisse des .Matines
de 1821. 10 s.: de plus, en unmuidde blé estimé 2401. Arch. Nat. Déclaration de
M. des Fieux, S. 560.
16 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
tournées, les nombreuses écoles établies sur ses domaines et
entretenues à ses frais : à cette condition, il consentait à faire
une exception en leur faveur et leur faisait remettre à leur retour
les distributions diurnes, qu'ils auraient gagnées pendant leur
absence. En 1790, M. de Launay était archidiacre de Paris;
M. des Plasses, archidiacre de Brie; M. de Malaret, archidiacre
de Josas. La déclaration que M. des Plasses fit au Bureau de la
Liquidation des Pensions Ecclésiastiques en 1791, nous indique
les revenus que touchait un archidiacre. Il jouissait : 1° du droit
de visite, qui consistait à recevoir à la visite d'une paroisse 50
sols du curé et 10 sols de la fabrique; 2° du droit de spolium;
à la mort de chaque curé, il avait le droit de prendre « son
meilleur lit garni, robbe ou soutane, ceinture, surplis, aumusse,
bréviaire, bonnet quarré, cheval ou mulet ». Lorsqu'il présidait
le service des funérailles, il percevait la somme de trois livres
avec les cires et oblations pour droit de sépulture; puis il tou-
chait, pendant toute la durée de la vacance, les revenus de la
cure à charge de faire desservir la paroisse l ; 3° dans le temps
de déport, c'est-à-dire depuis le mercredi des Cendres jusques
et compris le jour de la Trinité, l'archidiacre ne recevait qu'un
tiers des revenus des cures qui devenaient vacantes dans cet
intervalle ; le reste revenait à l'archevêque 2.
Ces droits avaient été plusieurs fois fort menacés, particulière-
ment en 1787; ils furent totalement éteints et supprimés le
4 août 1789. Aussi le Bureau des Liquidations ne les reconnut pas
et ne fit pas entrer en compte leurs produits pour fixer la pen-
sion des Archidiacres.
Le Chancelier de l'Eglise de Paris était, de temps immémorial,
de droit Chancelier de l'Université : c'était donc un personnage
fort en vue. Cette éminente dignité avait été conférée en 1780
par M. Christophe de Beaumont à M. Chevreuil, dernier succes-
seur des Pierre Lombard et des Gerson. Nous ne parlerons pas
1. Arrêt du Parlement. Arch. Nat. L. Ô17.
•,\ L'archidiacre de Brie jouissait d'une partie de la dîme de Géry, qu"il affer-
mait 1.000 1.
DIGNITÉS ET CHARGES. 17
ici de ses fonctions et de retendue de ses prérogatives; ces
détails appartiennent exclusivement à l'histoire de l'Université
de Paris. Un point cependant nous intéresse. En 1783, une
contestation s'éleva entre M. Chevreuil et l'Université, particu-
lièrement la Faculté de Théologie, au sujet de la nomination des
licenciés. Ses collègues de Notre-Dame, considérant les atteintes
portées aux droits du Chancelier comme si elles eussent été
entreprises contre le corps du Chapitre, se solidarisèrent avec
lui. « Ils ont unanimement approuvé, dit la Conclusion capitu-
laire, la résolution prise par mondit sieur le Chancelier relative-
ment au maintien et à la défense des droits et prérogatives de sa
place et lui ont promis en conséquence de lui accorder leurs bons
offices et de l'aider de tout leur crédit dans le cas où ladite af-
faire serait portée devant les tribunaux. » Ces paroles étaient
prononcées devant M. Riballier, chanoine et syndic de la Faculté,
qui par conséquent aurait dû pencher en faveur de celle-ci. Il se
souvint alors qu'avant tout il était chanoine; il fit passer en
second lieu son titre universitaire et promit à ses confrères
d'arranger l'affaire avec la Faculté1.
M. Chevreuil, en sa qualité de chancelier, était seigneur en
partie de Contlans-Sainte-Honorine et Chennevières : les deux
tiers des lods et ventes et des dîmes qu'il touchait sur ces deux
paroisses, lui valaient environ 1.100 livres. C'était un faible
dédommagement à ses labeurs et à la gestion de sa chancel-
lerie.
La huitième et dernière dignité était celle de Pénitencier; elle
était occupée par M. Papin2, qui en fut revêtu en 1783, un an
avant d'être chanoine, à la suite de la démission de M. de Méro-
mont. Les fonctions de Pénitencier, quoique partagées par un
sous-pénitencier et quatre pro-pénitenciers, étaient fort acca-
blantes. « Mes charges sont telles, déclare M. Papin, qu'elles
me mettent hors d'état d'assister aux Matines, d'où il résulte
1. L'arbitrage de M. Riballier n'aboutit pas; ce fut le Roi qui régla provisoi-
rement l'affaire. Cfr'. Concl. capit., année 1782. Arch. Nat. LL. J3838.
i. Précédemment M. Papin était supérieur dos Nouvelles-Converties.
HAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS 2
18 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
que le produit de cette dignité ne fait pas réellement pour le
Pénitencier un revenu supérieur à celui d'un simple canonicat l. »
Ces produits, auxquels fait allusion M. Papin, se composaient de
différentes redevances en nature et du fief de Bagneux. Ce fief
était de la mouvance du Chapitre; aussi le Pénitencier, s'il n'était
pas chanoine, devait-il rendre pour lui à genoux foi et hommage
entre les mains du Doyen. Son confessionnal était placé à Notre-
Dame dans la chapelle de Saint-Xicolas et ceux des pro-péniten-
ciers dans les quatre chapelles suivantes en revenant vers le bas
de l'église.
En plus de ces huit dignités, il y avait dans le sein du Cha-
pitre un certain nombre de fonctions que les chanoines se parta-
geaient entre eux à la réunion plénière de la Saint-Jean. La
dernière répartition en fut faite le 25 juin 1789; ce jour-là, le
Chapitre se doutait-il qu'il nommait ses exécuteurs testamen-
taires 2 ?
Officiai du Chapitre : M. de Malaret.
Théologal : M. Rivière3.
Promoteur de l'oflicialité : M. des Fieux,
Administrateurs de l'Hotel-Dieu : MM. de Montagu, des Fieux
et Chevreuil.
Chambrier : M. Camiaille.
Agent des affaires : M. de Champigny.
Inspecteur des Cens et Contrats de ventes : M. Lucas.
Inspecteurs des Bâtiments et des Forêts : MM. du Pinet, Le
Blanc, Gatignon et d'Espinasse.
Administrateurs de la Fabrique : MM. Radix et de Vienne.
Administrateurs de la sacristie de la nef et de la chapelle de
la Vierge : MM. de Montdenoix et Delon.
1. Cf. sa Déclaration. Arch. Nat. S. 7051, 7052.
2. Ce fut, comme nous le verrons, à chacun de ces Messieurs en charge que s'a-
dressèrent, pour ce qui lés concerna, les officiers municipaux chargés de liquider
les biens mobiliers et immobiliers du Chapitre.
3. Les fonctions de Théologal ne consistaient guère qu'à prêcher l'A vent et le
quatrième dimanche de Carême. Il était dispenséd'assister aux offices du jour, con-
cession exorbitante contre laquelle ses confrères, et particulièrement le Pénitencier.
s'élevèrent très souvent.
LES REVENUS D'UN CHANOINE. 10
Administrateurs du collège de Fortet : MM. de Malaret et
Mazéas.
Inspecteurs des Archives : MM. des Plasses et Bulté.
Inspecteurs du pain du Chapitre : MM. Pey et du Authier.
Inspecteur des balayeurs du Cloître : M. de Champigny.
Inspecteur du Terrain : M. Lucas.
La seule dénomination de ces charges indique suffisamment
leur objet; quand nous étudierons l'organisation du Chapitre,
son administration, la marche de ses affaires, nous retrouverons
chacun de ces chanoines dans l'exercice de ses fonctions.
III
Le premier revenu d'un chanoine consistait dans son gros,
c'est-à-dire dans une somme fixe évaluée 800 1., à prendre sur
les biens immobiliers que le Chapitre possédait à la campagne et
louait à des fermiers. C'est ce revenu qui constituait la pré-
bende, et les biens sur lesquels les gros étaient intabulés, s'ap-
pelaient lieux prébendiaux. D'après une succession de cir-
constances que nous ne pouvons rapporter ici, en 1780, époque
de la dernière répartition des gros (cette opération prenait le
imm de Régalement), il fallait constituer cinquante-deux gros
ainsi attribués : i° deux gros entiers à M. le Doyen et à M. le
Chantre « à cause de leurdignilé »; — 2° quatre demi-gros à
MM. de Launay, Camiaille et de Tilly et pour la demi-prébende
éteinte de M. de Harcourt; — 3° deux demi-gros à chacun des
deux Chanoines de Saint-Aignan, qui n'ont à eux deux qu'une
seule prébende; — 4° deux gros pour l'abbé de Saint- Victor et
l'Eglise de Saint-Jean le Rond ; — 5° quarante-trois gros entiers
pour MM. les chanoines prébendes de l'Eglise de Paris. Comme
les gros de l'abbé de Saint-Victor et de Saint-Jean le Rond
étaient payés directement par la Chambre, sans être intabulés
sur aucune terre, il ne restait que cinquante gros ou demi-gros à
colloquer sur les lieux prébendiaux.
Depuis les conclusions du 2 avril 1570, les gros étaient attri-
20 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
bués à MM. les Chanoines de vingt ans en vingt ans au Chapitre
général de la Saint-Jean, aux conditions suivantes * : « Mesdits
sieurs du Chapitre ne pourront rien prétendre dans les lods et
ventes, qui proviendront des seigneuries et terres sur lesquelles
ils sont prébendes soit pour un gros, soit pour un demi-gros ;
mais que le tout appartiendra au Chapitre ; — que les revenus des
gros et demi-gros, prébendes et demi-prébendes de MM. les Cha-
noines sont et seront premièrement et par privilège spécial affec-
tés au paiement des fermes et loyers que pourront devoir et devront
lesdits sieurs Chanoines à la recette du Chapitre, tant à cause des
terres, maisons, appartements et héritages qu'ils pourront tenir à
ferme et loyer dudit Chapitre, que pour raison de rentes et autres
choses qu'ils pourront devoir cy-après audit Chapitre ; — qu'après
l'option faite des prébendes et semi-prébendes, suivant le présent
Régalement, le Chapitre ne sera point garant d'icelles prébendes
et demi-prébendes, si ce n'est qu'au cas que le Chapitre fût évincé
des biens, sur lesquels elles sont assignées et colloquées; —
que le Chapitre ne sera point garant de l'insolvabilité des fer-
miers desdites prébendes et demi-prébendes après l'option d'i-
celles, mais sera auxrisques des sieurs prébendes; — que le Cha-
pitre ne profitera pas de l'augmentation du prix des baux des
lieux prébendiaux, quand elle arrivera pendant les vingt années
du présent Régalement, si ce n'est à proportion de la part qui lui
est réservée sur iceux, comme pareillement ledit Chapitre ne sera
point tenu des diminutions du prix, s'il en arrive pendant ledit
temps, si ce n'est à la même proportion de la part qui lui est ré-
servée, comme dit est; — et sera le tout régalé soit qu'il arrive
diminution ou augmentation entre les prébendes et les offices qui
auront été colloques avec eux et ce par contribution au sol la
livre sur le pied et à proportion de la part et portion qu'ils pren-
dront les uns et les autres dans ce qui leur aura été distribué. 2 »
D'après les clauses du Régalement, on voit que le Chapitre se
faisait reconnaître à l'égard de ses membres comme créancier
1. Areh. Nat. L. 473, n. 5G.
2. Ci', les clauses du dernier Régalement, établi en 1 780 au Chapitre de la Saint-
Jean.
LES REVENUS D'UN CHANOINE. 21
privilégié, et ses agents fiscaux, établis sur toute l'étendue de ses
terres, étaient à même de faire opposition sur le paiement du
gros, que le fermier devait verser directement entre les mains
du prébende '.
Le troisième paragraphe nous explique aussi pourquoi les
gros étaient mis en adjudication en Chapitre, d'abord chaque
vingtième année, qui était celle du Régalement, et aussi à la
mort ou à la résignation du prébende. La plupart des baux, vala-
bles pour six ou neuf ans, étaient par là même sujets à des varia-
tions dans le montant de leurs prix : aux chanoines de con-
naître l'état des terres du gros vacant et d'estimer si, à
l'expiration du bail, la location sera affermée plus ou moins cher 2.
L'inégalité dans le revenu du gros s'explique encore par l'inéga-
lité qui devait fatalement s'accentuer, pendant un laps de vingt
ans, dans le prix des loyers; aussi les chanoines de 1579 crurent
que, pour conserver autant que possible l'égalité des honoraires
entre confrères, le Régalement, fait de vingt ans en vingt ans,
empêcherait que des écarts exagérés s'établissent entre les béné-
fices de chaque stalle.
Comme nous l'avons vu, trois chanoines étaient demi-prébendés
et par conséquent ne touchaient qu'un demi-gros. Depuis le cha-
pitre général de la Saint-Martin de 17G2 jusqu'en 1787, le Cha-
pitre leur avait payé sur la mense de Saint-Germain une somme
de 400 livres par provision, pour leur tenir lieu du demi-gros
qu'ils ne percevaient pas sur les lieux prébendiaux. L'article VIII
1. Dans les cinquante dernières années du Chapitre, nous n'avons trouvé aucun
exemple d'opposition faite par le Chapitre sur le gros d'un chanoine.
2. Ainsi tel gros, estimé au prix commun de 800 1. l'année du Régalement, pou-
vait atteindre un taux beaucoup plus élevé dans le cours des vingt ans suivants.
Nous trouvons des exemples de ces changements avantageux en 1790. La mort de
Mil. Bergier et de Méromont, ainsi que la résignation de M. Jean Pey, occasion-
nèrent une dernière adjudication de leurs gros devenus vacants. M. Brémont aban-
donna son gros d'Andrésy, qui nevalait que 800 !.. pour opter en faveur du gros de
Viry. qui en valait 1.040; le gros de Bernes, d'assez modique revenu, puisqu'il fut
laissé au dernier chanoine, M. Jean-Louis Pey, appartenait à M. de Launay. qui
opta pour le gros de Belloy, estimé alors 1.244 1. Le gros de Sucy, qui revint à la Re-
cette générale après l'abandon qu'en lit M. de Dampierre, ne rapportait pas moins
eu espèces que le gros d'Ivry, pour lequel il opta; mais celui-ci avait des redevances
en nature qui le rendaient plus avantageux : quinze douzaines de pigeons et deux
cents de paille. Cf. Arch. Xat. S. 560 et Concl. capit., 179<», passim.
22 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
du décret d'union et d'incorporation du Chapitre de Saint-Ger-
main l'Auxerrois à l'Église de Paris portait que « après que les
susdites union, suppressions et extinctions seront effectuées et
consommées les gros de tous les canonicats, excepté des deux
canonicats de Saint- Aignan, seront rendus égaux ». En 1788, le
Chapitre estima les conditions remplies, supprima les alloca-
tions annuelles et colloqua trois nouveaux demi-gros sur les terres
de Bernes, de Lasrnv et d'Attainville1.
Le gros n'était qu'une part bien petite dans les émoluments des
chanoines. Par contre, leur casuel s'élevait à une somme considé-
rable, qui atteignait au moins six mille livres. Le casuel compre-
nait les distributions manuelles pour assistances aux offices, les
méreaux gagnés par les présences aux chapitres, les petits-vins,
les distributions de cire, les cérémonies extraordinaires, etc. Etu-
dions rapidement ces différentes sources de revenus.
Chaque année environ trois cent mille livres 2 étaient prélevées
sur les revenus du Chapitre ou sur diverses fondations pour ré-
tribuer, rien qu'aux chanoines, leurs assistances aux offices. 11
faut dire que cette somme était fort variable : les finances du
Chapitre étaient-elles prospères? on augmentait le taux des dis-
tributions manuelles, qui fléchissait aux époques de gêne et de
crise. Il est curieux de suivre dans les registres capitulaires ces
hausses et ces baisses intermittentes. Depuis l'union de la mense
de Saint-Germain l'Auxerrois à celle du Chapitre de Notre-Dame,
c'est-à-dire pendant la seconde moitié du xvme siècle, les finances
du Chapitre s'améliorant de jour en jour, on voit se manifester
le bon état de la caisse par l'augmentation presque annuelle des
distributions.
Des tables de distributions étaient dressées à époques fixes par
le Grand et le Petit Distributeurs, signées du Chambrier et émar-
1. A chaque changement de gros, l'abbé de Saint- Victor touchait la première
année du revenu en vertu de son droit d'annate.
2. Nous ferons remarquer que depuis plusieurs années ce chiffre grossissait tou-
jours, grâce à l'état florissant de la caisse capitulaire. En 174< ». d'après un mémoire
des vicaires perpétuels, rapporté au chapitre suivant, page 36, les distributions
manuelles pour un chanoine ne dépassaient guère 1.6001.; en 17? 1. elles montaient à
près de 3.0001. et à 5.0001. au moins en 1789.
LES REVENUS D'UN CHANOINE. 2:5
gées par chaque chanoine. Le travail des Distributeurs était fort
délicat et fort compliqué : ils devaient vérifier les présences, col-
lationner les billets d'excuse1, tenir compte des permissions ac-
cordées par le Chapitre, enfin se livrer à des comptes qui casse-
raient sûrement la tète à nos lecteurs si nous les rapportions en
détail ici, comme jadis ils devaient faire le cauchemar des comp-
tables du Chapitre 2.
Ces distributions manuelles peuvent paraître considérables,
mais nous devons rappeler avec quelle rigidité le Chapitre exi-
geait de ses membres une présence effective pour les gagner. Je
ne crois pas qu'il existât en France un seul Chapitre où la disci-
pline du chœur fût aussi sévèrement appliquée. Celui de Paris ne
manquait pas de s'en faire gloire, et certes c'était à juste titre!
Les distributions manuelles des offices de la nuit, c'est-à-dire Ma-
tines et Laudes de la fête et les Vigiles des Morts, n'étaient attri-
buées qu'aux présents 3. Sur ce point l'intransigeance était pous-
sée aux dernières limites. Même les chanoines-jubilés, dispensés
des heures diurnes dont ils touchaient toutes les distributions, ne
pouvaient se prévaloir de leurs longs services pour demander les
honoraires des Matines auxquelles leur âge avancé ne leur per-
mettait plus d'assister 4.
Plus tolérante était la coutume pour les distributions des offices
du jour. On admettait comme excuse, dispensant de l'assistance
sans entraîner la perte des fruits, les affaires, les vacances, les re-
traites spirituelles dans les séminaires pour la réception des or-
dres, etc. Mais le Chapitre se réservait de juger chaque cas
1. Nous avons retrouvé dans les minutes des Conclusions capitulaires quelques-uns
de ces billets d'excuse, adressés à M. le Chambrier.
2. De toutes petites sommes étaient divisées entre un grand nombre de personnes
el d'après une proportion établie selon la dignité ou l'office de chacun. Pouréviter
ces difficultés à ses comptables, le Chapitre depuis quelques années travaillait à réu-
nir plusieurs de ces fondations.
3. Pour encourager l'assistance aux offices de nuit, le Chapitre décida en 1781
qu'un chanoine, qui aurait assisté 200 fois à Matines, toucherait 290 présences. Arch.
Nat. L. 232".
I. Les chanoines, absents pour traiter les affaires du Chapitre, n'étaient pas non
plus réputés présents, et le Chapitre préférait les indemniser de toute autre manière
plutôt que de céder sur ce point même en faveur de ceux qui travaillaient pour
lui.
•24 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
particulier, au sujet duquel on devait lui adresser requête '.
La maladie était une excuse admise sans conteste. Le malade,
s'il était à Paris, envoyait un billet à M. le Chambrier, qui le
transmettait au grand distributeur, et, de ce fait, la distribution res-
tait acquise. Les affaires n'étaient pas toujours une excuse valable :
M. de Tilly-Blaru nous apprend lui-même qu'avant fait partiedela
commission intermédiaire de l'Ile-de-France et étant chargé de
tute les, il perdit de nombreuses distributions.
Le Chapitre refusait de regarder comme présents les grands
vicaires et les deux chanoines de comitatu, les étudiants en théo-
logie, les députés à la Chambre du Clergé; il ne voulut jamais
céder aux réclamations des conseillers-clercs au Parlement et il
resta sourd à une demande que Louis XVI lui fit transmettre à ce
sujet par l'intermédiaire de son ministre. L'entêtement du Cha-
pitre à ne pas vouloir excuser les quelques chanoines qui l'hono-
raient par leur présence dans le sanctuaire de la justice et par la
pourpre judiciaire dont ils décoraient le chœur de Notre-Dame,
s'explique difficilement, surtout quand nous le voyons assurer
leurs distributions à MM. Bergier et de Reclesne, pendant leur
séjour à la Cour. Mais, toujours un peu frondeur, le Chapitre
conservait ses bonnes grâces, et ce qui valait mieux encore, leurs
fruits aux chanoines conseillers-clercs, lors des nombreux exils
qu'ils durent subir, comme membres du Parlement, pendant le
xvme siècle. Ce qu'il leur refusait en temps de paix, il le leur ac-
cordait en temps de guerre : c'était de sa part une courageuse
protestation et une honorable fidélité à des confrères en disgrâce !
Dès la Pentecôte, nous voyons se multiplier aux chapitres par-
ticuliers les demandes d'autorisation pour partir en vacances :
« ut ruri commoretur » est la formule ordinaire. Les chanoines
se retiraient alors dans leurs abbayes ou prieurés 2, partaient pour
les eaux de Bourbon-i'Archambault, ou regagnaient le manoir
paternel. Mais la rentrée était impitoyablement fixée. Les registres
1. Cependant l'absence, même motivée et approuvée, empêchait de toucher les
distributions des petits obits.
2. M. du Marais nous dit, dans sa Déclaration, qu'il a fait reconstruire à ses frais
son prieuré de la Madeleine de Vernon. au diocèse de Rouen, pour en faire son habi-
tation de campagne. Arch. Nat. S. 7051, 7052.
LES REVENUS D'UN CHANOINE. 25
de 1771 nous offrent un exemple presque cruel de cette inflexibilité.
Le 4 décembre de cette année, M. du Pinet écrit à M. le Doyen
« qu'il a été attaqué dans son voyage, le mois d'octobre dernier,
d'une fièvre continuelle et opiniâtre et qu'en conséquence il n'a
pu jusqu'ici effectuer son retour qui avait été fixé au 25 du
mois d'octobre »; et il supplie ses confrères de vouloir bien
lui conserver depuis cette époque les distributions manuelles.
Le Chapitre refuse tout net, « retenu, dit-il, par la crainte
de donner en cela quelque atteinte à sa discipline et à ses
usages ».
L'assistance aux offices faisait encore erasrner aux chanoines
leur pain quotidien, appelé « pain capitulaire » '. Chaque année
leur Receveur faisait remettre au boulanger, désigné par le Cha-
pitre, une certaine quantité de blé pris sur la récolte précédente.
Un chanoine recevait par an un muid de blé soit en pain, soit en
argent, à son choix. Les conditions pour gagner ce revenu, établies
en 1757, étaient fort douces : «M. le Doyen a dit que Messieurs
en assistant à l'église une fois tous les quinze jours gagnent onze
septiers trois boisseaux de bled par chacun an; qu'il lui paraîtrait
que l'état actuel du Chapitre peut permettre d'ajouter neuf bois-
seaux aux onze septiers trois boisseaux, afin que chacun de Mes-
sieurs puisse gagner par chacun an un muid entier en assistant à
l'église suivant et ainsi qu'il plaira à la Compagnie de le régler.
Sur quoi Messieurs ayant remercié M. le Doven de son attention,
arrêtent que, à commencer du 1er janvier 1757, au lieu de quatre
livres de pain par jour que Messieurs gagnaient, chacun de Mes-
sieurs, en assistant à l'église une fois par chaque mois, gagnera
un septier de bled, et, en conséquence, en assistant aussi une fois
dans chacun des douze mois de l'année, gagnera un muid entier ».
La plupart des bénéficiers et des gagistes du Chapitre recevaient
aussi chaque jour une certaine quantité de pain, dont la qualité
était proportionnée à la dignité de la personne. Le receveur du
1. Ce pain devait être ■ optimx et purissimx farinai ». Il était attribué au bou-
langer un septier de froment pour cent trente livres de pain. Le 13 novembre 1789,
Messieurs du Chapitre passèrent le dernier marché au sujet de ce pain avec Laurian
Patrigeon, boulanger rue Neuve-Notre-Dame.
26 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Chapitre donnait en moyenne soixante-quatorze muids de farine
pour la provision de l'année !.
La présence aux chapitres généraux et particuliers était rétri-
buée sur les revenus seigneuriaux des biens qui étaient de la cen-
sive du Chapitre. Le règlement de répartition fut établi en 1783.
1° La table deslods et ventes pour le premier semestre était payée
au premier chapitre ordinaire de mai; pour le second semestre, au
chapitre général de la Saint-Martin. Il suffisait d'avoir assisté à
trois séances. — 2" La table des profits et droits des fiefs sera
payée au chapitre général qui suivra immédiatement la perception
faite par le receveur des censives lorsqu'ils seront au-dessous de
trois cents livres, et au second chapitre ordinaire qui suivra
ladite perception quand les produits seront de trois cents livres et
au-dessus 2. Les chanoines capitulants, tant aux chapitres géné-
raux que particuliers, se partageaient encore les profits des petits-
vins. Tous les locataires des maisons, dépendant de l'ancienne
Mense du Chapitre 2, de l'Office des Matines, des chapelles de
Saint-Denis et Saint-Georges et de la Fabrique devaient payer,
en passant leur bail ou en le renouvelant, le dixième d'une année
de loyer. Ce revenu était déposé entre les mains du Secrétaire du
Chapitre, qui en faisait lui-même la répartition.
Les chanoines avaient encore quelques profits extraordinaires,
tels que la vente d'une maison d'un chanoine « décédé en perte
de maison », les funérailles d'un chanoine, l'inhumation à Notre-
Dame d'une personne y ayant un tombeau de famille, la cire
offerte par les nouveaux licenciés lors de leur réception à l'arche-
vêché, celle donnée comme étrennes le matin du 1er janvier, et
enfin Vobit salé3.
Quand nous parlerons du Cloître, nous étudierons le premier de
1. Arch. Nal. S. 5Gn.
■2. Los lotis et ventes provenant de la Mense de Saint-Germain étaient intégrale-
nii 'lit employés aux distributions pour les offices du chœur, selon la teneur du Décret
d'L'nion. Arch.Nat. S. 450.
3. Parmi les distributions, les unes devaient être partagées seulement entre les
ecclésiastiques réellement présents; les fruits des absents revenaient alors à la Re-
cette: les autres devaient être intégralement distribuées, quel que fût le nombre
des absents: on disait alors que ces distributions <• accroissaient aux présents •>.
LES REVENUS D'UN CHANOINE. 27
de ces revenus éventuels. Les funérailles et les inhumations, célé-
brées ou faites à Notre-Dame, étaient l'occasion de distributions
extraordinaires payées par les familles des défunts et parta-
gées entre les présents. Plusieurs distributions de cire étaient
faites dans le cours de Tannée : les unes étaient liturgiques,
comme celle de la Purification et des 0 ou Grandes Antiennes de
Noël; d'autres étaient honorifiques. Ordinairement deux fois Tan,
à la Septuagésime et vers la fin de juin, Messieurs du Chapitre,
sur l'invitation du Chancelier, voulaient bien honorer de leur pré-
sence la séance solennelle dans laquelle l'archevêque recevait, en
son palais, les nouveaux licenciés. Ceux-ci offraient soixante livres
de cire blanche ; six livres étaient réservées pour l'archevêque, le
reste était partagé entre les chanoines *. Enfin, le matin du pre-
mier janvier, dans la réunion capitulaire où les chanoines s'offraient
mutuellement leurs vœux de bonne année, le Chapitre donnait
comme étrennes xeniorum in modum, une livre de cire à tous
ses membres, même honoraires ou in minoribus.
Le 4 janvier, le Chapitre célébrait YObit salé, pour le repos
de l'âme de Louis XII et de son père Charles, duc d'Orléans. Le
roi Louis XII, par Lettres patentes données à Etampes la pre-
mière année de son règne, fonda un obit solennel et perpétuel en
l'Eglise de Paris, pour la célébration duquel il donna aux Doyen,
Chanoines et Chapitre de ladite Eglise la quantité de deuxmuids de
sel à prendre par les mains des grainetiers et conseillers du Gre-
nier à sel de Paris en pavant le droit et le prix de marchand seu-
lement 2. D'où son nom d'obit salé. Depuis quelques années, le
receveur du Grenier à sel faisait difficulté de délivrer la provision
à de telles conditions et voulait exiger tous les droits imposés sur
le sel. Le Chapitre parvint à maintenir son privilège jusqu'en 1789,
1. Nous ne voyons pas que cette cérémonie et cette distribution aient eu lieu les
(li'ux dernières années du Chapitre.
2. Nous avons trouvé l'état de distribution de l'année 1778, qui nous indique
le partage des libéralités de Louis XII. Le Doyen et le Chantre recevaient chacun
1 minots de sel: les autres chanoines deux. seulement, sauf les chanoines de Saint-
Ai.ii.iii. auxquels un seul était attribué, ainsi qu'à trois officiers du Chapitre. Les
conseillers-clercs, quoique absents, avaient part à la distribution. Cfr. Concl.
tapit-, s février 1775 el Arch. Nat. L. 170, n. 50.
28 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
mais Tannée suivante le privilège ne l'ut plus reconnu et la fonda-
tion de Louis XII n'eut plus son effet.
D'après les tables des distributeurs et en se servant des in-
dications données dans les Déclarations individuelles des cha-
noines au Comité des Biens nationaux, on peut estimer qu'un
canonicat à Notre-Dame pouvait rapporter à un chanoine, assez
exact à assister aux offices du jour et de la nuit, une moyenne
de 7.000 1. '.
Presque tous les chanoines jouissaient d'autres revenus sur des
abbayes, prieurés, chapellenies, etc., qui constituaient à plusieurs
d'entre eux de véritables fortunes. Ainsi M. de Montagu recevait
près de 64.000 1. de ses différents bénéfices, M. de Bonneval
60.000 1., M. Morin des Marais 32.000 1., M. Bertrand de Beau-
mont 28.000 1. Le tableau suivant donne le détail des revenus
ecclésiastiques possédés par quarante chanoines 2 :
M. de Montagu. Abbaye de Frémy, ordre de Saint-Benoit, diocèse de
Cambrai : 48.321 1., 2 s. 4 d.
M. du Bois-Basset. Cbantrerie : G. 000 1. ; — pension sur l'abbaye de
Notre-Dame d'Oigny : 1.030 1.
M. de Launay. Archidiaconé : 1.000 1. ; — pension sur l'abbaye Saint-
Pierre de Vierzon : 1.000 1.
M. de Malaret. Archidiaconé : 1.000 1. ; — prieuré de Sainte-Rose de
Miradoux, diocèse d'Agen : 2.000 1. : — chapellenie de Fintrailles, près Tarbes :
000 1. ; — prieuré de Balagnier, diocèse de Vabres : 300 1.
M. des Plasses. Archidiaconé : 1.000 1.
M. Chillaud des Fieux. Sous-Chantrerie : 541 1. 13 s. 9 d.; — abbaye de
1. Les moins exacts aux offices touchaient au moins 6.5001. Cfr. leurs Déclarations.
Los revenus des chanoines étaient nets, sans charge de décimes. « Messieurs ont
arrêté que désormais le Receveur Général du Chapitre paiera sur les fonds do
Chapitre la part des impositions auxquelles Messieurs les Doyen, Chantre, Sous-
Chantre, Chanoines de l'Eglise de Paris, pourraient être imposés par tête poui
raison de leur dignité ou prébende, et pareillement que ledit Receveur payera
dorénavant sur les fonds du Chapitre les impositions, les taxes auxquelles pour-
raient être imposés les vicaires perpétuels, bénéficiers, chantres et gagistes,
pour raison de leurs bénéfices ou gages, soit que lesdites taxes soient imposées
par tète ou autrement à l'exclusion toutefois des cinq autres dignités, dont les
revenus ne sont point assignés sur le Chapitre, comme aussi de tous les chapelains,
tant delà Nouvelle que de l'Ancienne Communauté ». Concl. tapit., 25 avril 1757.
Arch. Nat. LL. -23-2 ".
2. Ces revenus étaient la plupart grevés de charges parfois fort lourdes. Nous
n'en avons pas reproduit ici rénumération d'ailleurs peu intéressante.
LtS REVENUS D'UN CHANOINE. 2f>
Saint-Sauveur de l'Etoile, ordre des Prémontrés, diocèse de Blois, paroisse
d'Authon-en-Vendômois : 2. 5821. ; — pension de 1.400 1. sur l'abbaye de Mo-
rigny, près d'Ktampes, diocèse de Sens: — cbapellenie de Notre-Dame des
Appâts, aucbâteau de Jaubertes, diocèse de Bazas, paroisse de Saint-Pardon,
près l.a Réole : 300 1.
M. Chevreuil. Abbaye de Langouët, diocèse de Quimper : 16.000 1.; —
chancellerie : 1.086 1. ».
M. Papin. Pénitencerie : 796 1.
M. Morin du Marais. Prieuré de la Madeleine de Yernon, paroisse de
Pressaigny-l'Orgueilleux, diocèse de Rouen : 700 1. ; — prieuré du Bourg-
Sainte-Marie, diocèse de Toul : 4.554 1. : — prieuré de Saint-Lupère d'Eauze
en Armagnac, diocèse d'Auch : 8.278 1. ; — abbaye de Sainte-Marie de Pairn-
pont, diocèse de Saint-Malo : 5.060 1. ; — pension sur le prieuré de Saint-Oyant
de Moutiers-en-Bresse, diocèse de Besançon : 400 1.
M. Rivière. Abbaye de Saint-Cheron, près Chartres : 6.661 1. ; — pension
sur l'Abbaye de Paimpont, diocèse de Saint-Malo: 560 1.
M. Brémont. Prieuré de Saint-Barthélemy-des-Buissons, diocèse de Sens :
2.200 1. (Plus 3 couples de chapons.)
M. du Pinet. Prieuré de Saint-Julien-la-Tourette, paroisse Saint-Pol-de-
Mons, diocèse du Puy 2.
M. de Champigny 3. Abbaye de Mondée, diocèse de Lisieux; — prieuré
ilf Margère, diocèse de Soissons; — prieuré de Saint-Hippolyte, diocèse de
Rodez ; — prieuré de Collimée, diocèse de Séez; — prieuré de Saron, diocèse
de Troyes.
M. Camiaille. Cbapellenie de Saint-Sébastien au château du village
d'Outrebois, près Doullens : 342 1. ; — les trois chapelles, dites de Fleury,
l'une dans la Cathédrale de Lodève, l'autre en l'église paroissiale de Saint-
Pierre de Lodève, la troisième en l'église Saint- Jean du village de Ceilhes,
diocèse de Béziers : 59 1. ; — supérieur de la confrérie de Saint-Augustin à
Notre-Dame : Mémoire.
M. Radix. Abbaye de Notre-Dame-de-la-Prée, diocèse de Bourges : 7.3331. ;
— prieuré de Juvardeil, diocèse d'Agen : 1.000 1.
M. d Autichamp. Abbaye de Saint-Basles, diocèse de Reims; — prieuré
de Saint-Pierre et Saint-Paul de Lierru.
M. de Bonneval. Prieuré de Saint-Jean de Touarcé, diocèse d'Angers :
3.000 1.: — prieuré de Saint-Pierre du Neufmarché. diocèse de Rouen:
2.050 1. ; — pension sur l'abbaye de Saint-Maurice, à Toul : 2.000 1. ; — abbaye de
Saint-Pierre et Saint-Paul d'Honnecourt : 45.000 1.
M. Le Blanc. Chapellenies de Saint-Simon et Saint-Jude et de Saint-
Barthélémy, à Baune.
I. Ces revenus provenaient des 3/4 des dîmes, lods et ventes des paroisses Sainte-
Honorine et de Chennevières, que le chancelier touchait en qualité de seigneur en
partie de ces localités. Cfr. Arch. Xaf.ù. H'>0.
•..'. Certaines déclarations n'indiquaient que les titres des bénéfices sans l'évalua-
tion dis revenus.
'■'<■ 11 était aussi seigneur de Champigny-sur-Marne. Arch. Xat. L- 591 a 593.
30 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
M. Bergier. Pensions de 1.630 1. sur l'abbaye de Fauve, en Ras-Lan-
guedoc; de 500 1. sur l'évêché de Verdun ; de 2.000 1. sur le clergé de
France; de 420 1. sur l'évêché de Mende; — traitement de 6.000 1. sur le
Trésor royal en qualité de confesseur de Madame et de trois autres per-
sonnes de la Famille Royale.
M. de Tilly-Blaru. Abbaye de Grestain, près-Pont-Audemer : 10.000 1. :
— pension de 5.000 1. sur l'abbaye de Mortemer, diocèse de Rouen.
M. de la Fage. Pensions de 2.100 1. sur les Économats et de 700 1. sur
l'évècliéde Rlois. — Prieuré de Saint- Jean de Pouzauges : 720 1.
M. Chevalier. Riens particuliers à 1* « Ancien » des chanoines de Saint-
Aignan : 2. 736 1. '.
M. de Beaumont. Abbaye du Lieu-Croissant : 17.820 I. ; — prieuré de
Saint-Hilarion de Du rave 1 et de Saint-Saturnin de Cases : 1.650 1.
M. de Reclesne. Prieuré de Saint-Hippolyte de Vivoin, diocèse de Meaux :
10.000 1. ; — pension de 2.800 1. sur l'abbaye de Loroux, diocèse
d* Angers.
M. de Mondran. Pension de 1.500 1. sur l'évêché d'Agen. — Chapelain
du château de Gagnac au diocèse de Toulouse : cette chapellenie était sans
revenus.
M. Viet. Prieuré de Sainte-Croix de Rroquier : 4.000 1.; — pension de
3.000 1. sur le prieuré de Saint-Ouen.
M. Cochu. Chapelain d'une des douze chapelles de Vincennes : sans
revenus.
M. Patert. Chapellenie à Saint-Rémy de Rlanzy, diocèse de Soissons.
M. du Authier. Prieuré de Saint-Thomas d'Epernon, diocèse de Chartres :
0.336 1. ; — prieuré de Nailhac, diocèse de Limoges : 1.003 1.;— chapel-
lenie de Saint-Jean-Raptiste d'Arc en Rarrois : 500 1. ; — pension sur l'abbaye
de Reaulieu, diocèse de Limoges : 1.050 1.
M. d'Espinasse. Pension sur les Economats en sa qualité d'ancien jé-
suite: 450 1. "2.
M. de la Bintinaye. Abbaye de la Vieuville, près Dol-en-Rretagne :
9.195 1.; — prieuré de Vesins, en Rouergue : 1016 1.; — prieuré de Saint-
Amand, diocèse de Ro.lez : 1.016 1.; — chapellenie de Lerre, à Rordeaux :
402 1.; — prieuré de Lervaud, près Lesparre : 150 1.
M. de Floirac. Abbaye de Saint-Pierre d'Orbois, diocèse de Soissons :
10.434 1.
M. de Neuchèze. Prieuré de Sainte-Jame de Reuvron, diocèse d'Avran-
ches : 5.775 1.
M. Viet de Villers. Expectative d'une pension de 3.000 1. sur le prieuré
de Saint-Ouen, dont son frère, M. Rernard Viet, a actuellement la jouis-
sance.
1. Ces biens comprenaient : 1° une pièce de terre à Ivry-sur-Seine, louée au Sr
Badé ; — 2° une autre pièce de terre située ruelle des Marais, faubourg du Temple.
■1. « Triste salaire, dit-il dans sa Déclaration, de douze années d'enseignement
public dans les Universités de Perpignan et de Toulouse. »
LKS REVENUS D'UN CHANOINE. 31
M. de Cours. Titulaire de deux chapelles situées à Barthes, diocèse de
Montauban.
M. Duchesne. Revenus de biens appartenant au second chanoine de
Samt-Aignan : 530 1.
M. Delon. Comme ancien chanoine de Saint-Germain lAuxerrois: 2.300 1.
de revenu annuel à prendre sur lacaissede Saint-Germain '.
Riballier. — Prieuré de Sainte-Catherine de la Millière-en-Poitou, près
Chaulnay.
M. Melon de Pradou. Chapellenie de Notre-Dame d'Amborie, près d'Es-
pagnac, diocèse de Tulle.
M. d'Espagnac. Prévôt de Saint-Laurent de Yillers-Landon, paroisse de
Prunay-sous-Ablis, diocèse de Chartres 2.
Qu'on ne se scandalise pas de ces grasses prébendes ! Un cha-
noine de Paris, surtout une Dignité, était un personnage au xviii0
siècie. Le Doyen, le Chantre, le Chancelier avaient un rang à
tenir et par conséquent des frais de représentation considéra-
bles. Une quinzaine de chanoines devaient avoir des carrosses,
qu'ils prêtaient volontiers à leurs confrères moins favorisés de la
fortune, quand le Chapitre rendait en corps quelque visite officielle.
Plusieurs étaient obligés de fréquenter la Cour, de figurer au
Parlement; doit-on leur reprocher de garder dans l'Eglise le
même rang que leurs familles occupaient dans la société, dans
la magistrature, dans l'armée? et, à une époque de formalisme exa-
géré, l'Église pouvait-elle imposer, à ceux qui la servaient, une
condition dont l'infériorité les eût mis au ban de la classe dont
ils étaient sortis? En ce temps-là, les peuples eussent été aussi
étonnés de voir un chanoine d'une grande église dans une situa-
tion modeste, qu'ils seraient aujourd'hui scandalisés de rencon-
trer dans nos rues un ecclésiastique en pompeux équipage.
1. Cfr. note 3, page 7. M. Delon n'avait pas droit dans les petits-vins, prolits el
maisons, lods et ventes; mais il prenait une somme équivalente sur les revenants-
bonde Saint-Germain. Concl. cap. 1775.
■J. Les Déclarations incliquent six chanoines n'ayant pas, à l'époque de la sup-
pression du Chapitre, d'autres revenus que ceux de leurs canonicats : .MM. de Mé-
romont, de I.ostangi's. Gatignon, de Dampierre. de Cours et Le Moine. Arck. Nat.
S. 160, 7051, 7052. Nous n'avons pu trouver les Déclarations de MM. Lucas, de
Montdenoix, de Bulto, Mazéas, de Vienne et Pey.
♦ »
CHAPITRE SECOND
LE CLERGÉ DÉPENDANT DU CHAPITRE
I. Les Vicaires perpétuels. Leur origine. Leurs revenus. Réclamations des
vicaires perpétuels. Projet de leur suppression. Martyre de M. Assy. —
II. Les Bénéficiers. Les vicaires de Saint-Aignan. Chanoines de Saint-Jean le
Rond et de Saint-Denis du Pas. Vicaires de Sainte-Catherine. Chapelains.
Ancienne ot nouvelle communauté. Clercs de Matines et Machieots. La classe de
musique. Personnel laïque. — III. La Maîtrise. Les enfants do chœur.
Leur costume. Attentions paternelles du Chapitre. Les maîtres de musique, de
latin, (récriture. Visite à la Maîtrise. Une journée à la Maîtrise. Formation
religieuse des entants. — IV. Le Cloître. Description générale. Différents
nmdes de mutations. Les immunités du Cloître. Améliorations matérielles ap-
portées dans la seconde moitié du xvm" siècle. Les portes du Cloître. Les mai-
sons canoniales et bénéficialcs. La Communauté. Le Terrain. Le Chapitre. Saint-
Denis du Pas.
On ne connaîtrait pas l'état de l'Église de Paris en 1790, si
nous ne parlions que des cinquante et un chanoines. Près de deux
cents personnes, dont cent quatre-vingts ecclésiastiques, rien
qu'à Paris, dépendaient immédiatement du Chapitre, vivaient de
sa vie, tenaient de lui leurs moyens d'existence et disparurent
en même temps que lui.
Le personnel ecclésiastique, bénéficiers et gagistes, se compo-
sait des vicaires perpétuels, des chanoines de Saint-Jean le Rond
et de Saint-Denis du Pas, des vicaires de Saint-Aignan, des cha-
pelains, des clercs de Matines, des machieots, des clercs de Fa-
brique, des prêtres attachés à la Maîtrise.
Nous allons présenter à nos lecteurs ces différentes personnes,
qui composaient le bas-chœur à Notre-Dame avant la Révolution :
nous dirons aussi un mot du personnel laïque, attaché alors au
service du Chapitre.
1 BUPITRE I)E NOTRE-DAME HE PARIS. :'.
M LE CHAPITRE DE NOTKE-DAME D2 PARIS EX 1790.
Entre les chanoines et les bénéficiers de l'Église de Paris, il
faut placer certains ecclésiastiques qui ne peuvent entrer dans
aucune de ces deux catégories. Ils ne sont pas chanoines, mais
ils représentent d'anciennes prébendes canoniales, jadis séparées
du Chapitre en faveur de quelques églises et abbayes et qui res-
tèrent grevées des charges y attenant, comme la célébration des
offices, l'assistance au chœur, aux processions, aux cérémonies,
etc. Les églises et les monastères, à qui ces prébendes avaient
été attribuées, en remplissaient les obligations par des ecclésias-
tiques qui étaient à leur nomination et que l'on appelait « vicaires
perpétuels ».
Primitivement, il y avait six vicairies perpétuelles à Notre-
Dame : celles de Saint-Maur les Fossés et de Saint-Germain
FAuxerrois furent réunies au Chapitre, la première en 1762, l'autre
en 1787 *. Les titulaires des quatre autres, qui subsistaient encore
en 1790, étaient M. de la Fresnaye pour Saint-Denis de la
Chartre 2, M. de la Fosse pour Saint-Marcel, M. Assy pour Saint-
Martin des Champs3 et M. Buée pour Saint-Victor4.
Ces prébendes canoniales étaient divisées ainsi que leurs reve-
nus : le monastère ou l'église qui possédait le titre, touchait le
gros; le vicaire, qui acquittait les charges, recevait le casuel.
1. Le dernier vicaire perpétuel de Saint-Maur les Fossés fut M. Berthod, décédé
le lu septembre 1762, et celui de Saint-Germain rAuxerrois, M. Grésil, décédé le
21 janvier 17s7.
•-i. M. de la Fresnaye fut nommé le 11 janvier 1743: il était auparavant prieur
de Saint-Martin de Cazouls, au diocèse de Béziers.
3. Il dut sa nomination à M. de Saint-Fane, vicaire général de Toulouse et
prieur commendataire de Saint-Martin des Champs; il était auparavant vicaire de
la paroisse d'Aubonne.
1. M. Buée fut présenté par M. de Juigné, prieur commendataire, et par les
Anciens de la Chambre de l'abbaye de Saint-Victor, conformément au traité passé
entre cette abbaye et le Chapitre en 1545. Il fut mis eu possession de son titre le
'.' mars 1789. Pris à la porte du Chapitre par MM. de Mondran et Delon, il fut par
eux conduit à la Maîtrise où on l'examina sur le chant et les cérémonies. Il prêta
le jour même serment sur l'autel de Saint-Denis à Notre-Dame et fut installé par
M. le Chantre pendant compiles. Arch. Nat. Concl. cap. LL. !£32 V1.
LES VICAIRES PERPÉTUELS. 35
Ces honoraires étaient en conséquence fort variables, selon l'as-
siduité du titulaire et aussi selon l'état plus ou moins florissant
de la caisse capitulaire. Les mêmes fluctuations que nous avons
signalées dans les distributions manuelles faites aux chanoines,
se constataient aussi dans celles des bénéfices moindres1. On
peut estimer qu'en 1790, le casuel des vicaires perpétuels s'éle-
vait en moyenne à plus de 2.000 livres qui se décomposaient
ainsi :
I. — Ancienne Mense du Chapitre.
Distributions manuelles de Matines à 7 sols 6 deniers. 136 1. 17 s. 6 d.
de Laudes à 10 s 182 10
de Primes à 2 s 36 10
— pour les Heures à raison de 1 s.
6 d 109 10
pour Messes (7 s.) et Vêpres
(5 s. 12 d.) 219
Ave ou stations journalières 7 12 6
Cinquante méreaux à 3 livres 4 s 100
Deux livres de pain mollet par jour 120 3 9
Bougies de Matines et O de l'Avent 03
II. — Mense de Saint-Germain.
Office de Laudes à 8 s 146 1
Cinq heures à 2 s. chaque : 10 s. par jour 182 10 s.
Soixante stations solennelles à 10 s 30
Cent quatre stations des dimanches et fêtes à 6 s. . . . 31
Processions 18 14
Messe, 10 s. et Vêpres, 7 s. = 17 s. par jour 310 T>
Petits obits et fondations 367 2 3 d.
Enterrements et services 9
Total : 2.131 1. 6 s.
Comme ce compte l'indique2, les vicaires perpétuels avaient
droit à la distribution du pain capitulaire, selon la teneur d'une
1. En 17Ss. vers la fin de l'année, il fut décidé que l'état des caisses serait vérifié
tous lis cinq ans pour connaître les augmentations possibles dans les distribu-
tions manuelles.
•-!. Ce compte très détaillé est extrait de la Déclaration du sieur de la Fosse. Les
déclarations de ses trois autres confrères diffèrent peu de la sienne : 31. Buée.
2.1 is 1.; M. Assy. 2.151 1.: M. de la Fresnaye, J . 1 ~>< » 1. Arch. Nat. S. 7051-7052.
36 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Conclusion de l'année 1757 : « Messieurs ont ordonné qu'à com-
mencer dudit jour, 1er janvier 1757, les vicaires perpétuels, en
assistant une fois par mois à l'église, gagneront les deux livres
de pain par jour qu'ils gagnaient cy-devant en assistant une fois
tous les quinze jours; comme aussi que chacun desdits vicaires,
en assistant comme dessus, gagnera à la fin de chaque mois
trois livres de pain de plus, en sorte que chacun desdits vicaires
aura trente-six livres de pain de plus par chacun an. » En
conséquence, ils recevaient 5 septiers 10 boisseaux et 14 litrons
de blé, ou 120 1. en espèces '.
Ces rétributions paraissaient exagérément modiques aux vi-
caires perpétuels. Prétendant qu'ils devaient être considérés
comme de véritables chanoines, ils ne cessaient plus de récla-
mer, surtout depuis que la Mense de Saint-Germain l'Auxerrois
avait été unie à celle de Notre-Dame sans grand profit pour eux.
Un mémoire présenté au Chapitre en novembre 1774 et signe
des quatre vicaires, parmi lesquels nous trouvons déjà MM. de
la Fresnave et de la Fosse, expose nettement leurs réclamations à
ce sujet. « Vous avez annoncé, Messieurs, en 1740, que chacune
de vos prébendes rapportait tout au plus 2.400 1. ; ce produit était
proportionnel au nôtre, puisque atous n'avez de plus que le gros,
qui est aujourd'hui de 800 1. : aujourd'hui ce même revenu passe
4.0001. Nos prébendes, d'après ce calcul, devraient donc pro-
duire plus de 3.000 1.; l'augmentation, que vous avez éprouvée,
ne peut frapper sur le gros, qui n'en est pas susceptible; elle
n'est relative qu'aux distributions manuelles, sur lesquelles nous
avons même droit que vous. Comment donc, Messieurs, a-t-il
pu se faire que vous éprouviez un bénéfice annuel de plus de
2.000 1., lorsque nous n'avons ressenti, nous, qu'une augmenta-
tion d'environ 200 1. Nous disons plus, Messieurs; c'est que,
dans la supposition où votre gros aurait été augmenté, les Cha-
pitres que nous représentons, au moins ceux qui n'ont pas fait
d'abonnement avec vous, seraient autorisés à vous demander la
1. M. Buée estime cette redevance 1001. seulement dans sa Déclaration; mais il
fait remarquer qu'elle lui en a valu 200 en 1789. Arch, Nal.
LES VICAIRES PERPÉTUELS. 37
même augmentation, parce que, comme nous l'avons déjà dit,
ils sont propriétaires de la totalité de la prébende, dont ils per-
çoivent le gros et nous le casuel '. »
Le Chapitre, par une suite d'indulgentes concessions, voulut
bien satisfaire en partie aux récriminations des vicaires perpé-
tuels, puisque au lieu de 200 1. qui leur revenaient sur la Mense
de Saint-Germain en 1774, ils en percevaient près de 1.000 1.
en 1790, comme l'indique le compte de détail, que nous avons
donné plus haut. Mais l'esprit frondeur et taquin des vicaires
perpétuels leur défendait d'agréer avec reconnaissance les bien-
faits du Chapitre. Si on leur refuse, ils font valoir l'égalité de
leurs prébendes et de leurs titres avec ceux des chanoines; est-
on généreux à leur égard , on les blesse ! « Cette rétribution
(de 4 sols d'augmentation nous a été commune à tout le bas-
chœur, écrivent-ils encore au Chapitre : et, obligés de nous
donner un rang dans votre église, vous nous avez mis dans
l'ordre des gagistes, ce que vous n'avez pu faire sans dénaturer
le principe de notre constitution2. » Aussi, pendant les quarante
dernières années, ces quatre ecclésiastiques sont animés à l'égard
du Chapitre des sentiments les plus hostiles. Un moment, la
lutte prit une tournure héroï-comique : pour taquiner les cha-
noines, ils se mettaient, au chœur, quand ils faisaient leur
semaine, aux places les plus incorrectes; en 1752, ils brillèrent
par leur absence au synode capitulaire ; ils n'avaient nulle envie
d'entendre à leur adresse les monita du Doyen. Un autre jour,
M. le Sous-Chantre se plaignit, au grand scandale de ses con-
frères, « que l'office a manqué par faute des vicaires perpétuels
et particulièrement de M. Le Roux3 ».
Ce dernier, vicaire perpétuel de Saint-Martin des Champs,
faisait le cauchemar de nos bons chanoines, contre lesquels il
soutenait une lutte déjà semi-séculaire. Il est toujours en mou-
vement, réclame sans cesse, joue tous les tours possibles au
Chapitre, qui, las de sa manière d'agir et de celle de ses con-
1. Arch. Nat. L. 521, n 119. Mémoires du 12 novembre 1774.
1. Ibidem.
3. Cfr. Concl. cap., passim.
38 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
frères, moins bruyants peut-être mais aussi férus de leurs pré-
tentions, promulgua en 1781 un règlement, dont la suscription
seule était une injure pour les vicaires perpétuels : « Aux vi-
caires perpétuels, bénéfîciers et gagistes de l'Eglise de Paris! »
Ce malheureux accouplement de mots provoqua un procès au
Parlement, dont nous ne raconterons pas ici les différentes
phases. M. Le Pioux mit une telle passion à soutenir sa cause qu'il
en devint fou : en 1785, un ordre du Roi le fit renfermer. Il
mourut quatre ans plus tard. M. de la Fresnaye et M. de la
Fosse étaient en 1790 les seuls survivants de ces combats,
dignes d'un nouveau Boileau; M. Assy, nommé en 1786 vicaire
perpétuel de Saint-Martin des Champs, vint ranimer l'ardeur de
ses confrères, que les malheurs du sieur Le Roux semblaient
avoir quelque peu refroidie. Le 10 août 1789, il présenta au
Chapitre un mémoire « d'après lequel il demande que le Chapitre
n'exige plus des vicaires perpétuels à l'avenir des fonctions con-
traires à la prééminence de leurs bénéfices ! »
Ces difficultés sans cesse renaissantes font désirer de plus en plus
aux chanoines la suppression totale des vicairies perpétuelles, déjà
commencée par celles de Saint-Germain l'Auxerrois et de Saint-
Maur. En 17G0, l'archevêque de Cambrai proposa au Chapitre
deux nouvelles extinctions, celles des vicairies de Saint-Martin
des Champs et de Saint-Denis de la Chartre, dont il avait la
nomination. Les conditions du traité étaient stipulées et accep-
tées, mais son exécution, pour un motif que nous ne connaissons
pas, ne put être menée à bonne fin, puisque M. de Saint-Farre
nomme en 1785 un vicaire de Saint-Martin des Champs en la
personne de M. Assy. Cependant le Chapitre se proposait
bien de saisir les prochaines occasions. En 1787, ce fut la vi-
cairie de Saint-Marcel qui fut menacée. M. de Juigné s'occupait
alors de la translation du Chapitre de Saint-Marcel à Sainte-
Croix de la Bretonnerie. « La circonstance serait favorable,
dit M. le Chambrier en une séance capitulaire de cette même
année, pour solliciter l'extinction du titre et la suppression
de la vicairie perpétuelle de Saint-Marcel, dont est titulaire
le Sr Augustin-François de la Fosse, attendu que le ser-
BÉNÉFICIERS ET GAGISTES. 39
vice du titulaire ayant souvent donné lieu à des plaintes, il
serait du bien de la paix et du service du chœur d'enlever
toute difficulté par la suppression de ce bénéfice, dont les fonc-
tions seraient attribuées aux bénéficiers-prètres. » Le réquisitoire
était dur et la mesure radicale! mais les moyens de la faire
agréer ne manquaient pas d'habileté. Les vicaires perpétuels, dé-
rogeant en cela fort mal à propos à leur prétendue préémi-
nence, ne se faisaient pas faute d'exciter le bas-chœur contre
les chanoines et lui demandaient de faire cause commune avec
eux. Aussi le Chapitre, pour diviser ses ennemis, décida-t-il que
les revenus des vicairies perpétuelles seraient attribués, ceux
de Saint-Maur et de Saint-Germain aux bénéficiers non prêtres,
ceux de Saint-Marcel aux bénéficiers-prêtres. L'archevêque entra
dans les vues des chanoines et Me Chappe, greffier du Cha-
pitre, fut chargé de commencer l'information du procès. La
Révolution ne tarda pas à mettre d'accord les deux parties, cha-
noines et vicaires perpétuels, en supprimant les uns et les
autres. Mais ces derniers eurent cette fois sur Messieurs du
Chapitre cette vraie prééminence de donner un martyr à l'Eglise
de France. M. Assy monta sur l'échafaud au 7 thermidor1 : ce
jour-là, un vicaire perpétuel porta la robe rouge de dignité!
II
Les bénéficiers de l'Église de Paris étaient au nombre de vingt-
deux : deux vicaires de Saint-Aignan, huit chanoines de Saint-
Jean le Rond, dix chanoines de Saint-Denis du Pas, un cha-
pelain sous-diacre de Saint-Aignan et un chapelain sous-diacre
de Sainte-Catherine.
Xous avons parlé déjà des deux chanoines de Saint-Aignan.
Pour les aider dans la célébration des offices à la chapelle du
saint, Etienne de Garlande leur avait adjoint deux vicaires,
1. Cfr. Arsène Houssaye, Notre-Dame de Thermidor, p. 367.
40 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
qui étaient, en 1790, MM. Pierre Larsonnier et Jean Mortier.
Ces quatre ecclésiastiques formaient un petit clergé à part
ayant une mense, qu'ils administraient eux-mêmes et dont ils
se partageaient les revenus d'après une proportion déterminée.
Elle comprenait : 1° le fief, dit de Garlande, dont la glèbe
consistait en soixante-quinze maisons ou dépendances, savoir
vingt-neuf rue Galande à partir de la portion de cette rue qui
fait face à celle du Fouarre jusqu'à la rue des Anglais; douze
dans la rue des Anglais du côté de la rue du Plâtre; dix dans
la rue des Noyers derrière celle du Plâtre; vingt-quatre dans
les deux côtés de cette rue à partir de la rue des Anglais. Ce
fief produisait en cens et rentes 234 1. 9 s. 6 d. et en lods et
ventes 2.131 1. 17 s. 8 d. ; — 2° deux parties de rentes de 165 1.
10 s. Ce qui faisait un revenu de 2.531 1. 16 s. 14 d. Comme
les charges ne s'élevaient qu'à 28 1. 18 s. pour les frais de la
fête de Saint-Aignan et 10 1. pour l'entretien de la chapelle,
il restait donc 2.503 1. 16 s. 14 d. que les quatre bénéficiers
se partageaient entre eux : les deux chanoines en prenaient
chacun un tiers, les deux vicaires chacun un sixième.
Les deux vicaires de Saint-Aignan avaient le droit d'assister
au chœur et par conséquent de toucher les distributions ma-
nuelles. Ils nous ont laissé chacun un compte détaillé des ho-
noraires, qui leur étaient versés par la caisse du Chapitre.
Nous reproduisons ici celui de M. Larsonnier; il nous donne
des renseignements intéressants sur les émoluments d'un béné-
ficier et en même temps sur les offices et cérémonies en usage
à Notre-Dame.
1 Honoraires des Offices du jour, à raison de 46 sols
par jour 839 1. 10 s.
2° Honoraires des Offices de nuit, à raison de 21 sols 6 d.
par Matines 392 1. 7 s. 6 d.
3° Loyer de la maison dépendant du bénéfice 360 1.
4° Produits du fief de Garlande 230 1.
5° Fondations au chœur de Xotre-Dame 180 1.
6° Six septiers du plus beau froment 144 1.
7° Pour tenir nuit et jour le chœur et chanter la grand"-
messe 41 jours par an 86 1. 13 s. 4 d.
BËNÉFICJERS ET GAGISTES. H
8° Pour assistance à 50 messes de Morts, dites messes
des Méreaux 80 1.
9° Stations des veilles, jours de fête et dimanches soir
et matin 39 1.
10° Honoraires pour assistance aux offices de la fête de
Saint- Aign an 24 1.
11" 24 messes basses acquittées annuellement 24 1.
\J 21 processions, pour lesquelles on reçoit 12 sols à
chacune; celle de Saint-Germain se payant double, il faut
compter 22 processions 13 1. 4 s.
13° Pendant les 0 de l'Avent, il y a chaque jour de la
bougie distribuée ainsi que le jour de la Purification, où l'on
donne un cierge; cette cire est fondée et monte au poids de
4 livres; la cire est la plus belle, on peut l'évaluer à 3 1.
4 s. ce qui fait , 12 1. lGs.
14° Le jour de Saint-Aignan, le Chapitre de ladite église
de Saint-Aignan est obligé de me donner une livre de
bougie 3 1. 4 s.
15° Chaque jour, à la grand'messe, il y a un Mémento de
fondé à raison de 8 s., ce qui fait par an 141") 1. Cette somme
se partage en neuf, dont j'ai le neuvième 15 1. 4 s. 3 d.
16° Il y a dans le courant de Tannée 5 Mémento, aux-
quels il y a 12 s. à chacun d'eux, indépendamment des 8
sols ordinaires : cette somme se partage aussi en neuf, ce
qui fait 3 1. 13 s. 3 d.
17" Les 27 et 28 septembre, il y a deux messes, l'une
de Saint-Côme, et l'autre des Morts (à prendre sur le trésor
de Notre-Damei 4 s.
18° 11 y a par an une messe de fondée à Saint-Jean le
Rond, trois à Saint-Denis du Pas et une à la chapelle
Sainte-Anne. Le vicaire de Saint-Aignan a droit d'y assis-
ter et chaque corps respectivement est obligé à lui donner
une rétribution; laquelle distribution pour les cinq messes
est de 5 1. 12s.
19° Tous les jours, avant la grand'messe, on chante
dans la nef Y Ave Regîna; au bout de l'année, chacun
reçoit du Chapitre 3 1. 1G s.
20° Tous les jours annuels et solennels mineurs, il y
a à prendre sur la Mense de l'Archevêque une somme
qui donne à cbacun 4 1. 15 s.
21° Tous les samedis, veilles des fêtes annuelles et de
la Vierge, on chante après Vêpres un De pnofundis de-
vant l'autel de la Vierge 61.
Total 2.813 1.19 s. 4 d.
C2 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Ces différents revenus, payés tant par la caisse du Chapitre
que perçus sur la Meuse de Saint- Aignan, s'élevaient à la
somme approximative de 3.000 1. A entendre M. Larsonnier, qui
voulut sans doute imiter les vicaires perpétuels dans leurs récri-
minations, le second vicariat de Saint-Aignan aurait été le plus
petit bénéfice. Il basait ses doléances sur ce fait que ce seul
bénéficier n'était pas logé. En 1765,- il se plaignit même si fort
que le Chapitre, pour le faire taire, dut l'envoyer au sémi-
naire. C'est lui-même qui nous le raconte l.
Les deux chapellenies de Saint-Aignan et de Sainte-Cathe-
rine2 étaient des bénéfices peu importants, attachés au Chapitre
et dont les titulaires sous-diacres pouvaient être assimilés aux
autres chapelains.
Ceux-ci étaient au nombre de cent cinquante-six; ils étaient
presque tous à la nomination du Chapitre 3 et avaient le droit
d'assister au chœur de Notre-Dame. De fait, comme leur
service était peu chargé et par conséquent compatible avec des
fonctions ecclésiastiques plus importantes1, ils étaient en fort
petit nombre aux offices canoniaux; en 1789, le Chapitre dut
même recourir au séminaire de Saint-Marcel pour avoir les jours
de fête les six induts réglementaires, office ordinairement rempli
par les chapelains 5. Cinquante-sept d'entre eux formaient une
confrérie, appelée l'Ancienne et la Nouvelle Communauté, qui
1. En 1790, M. Larsonnier était devenu premier vicaire de Saint-Aignan et pos-
sédait à ce titre une petite maison rue de la Colombe, qu'il louait 360 1. M. Lar-
sonnier était un original : dans la Déclaration de son bénéfice, il compte qu'il
lui rapporte par jour 7 1. 11 s. et il demande au Comité d'ajouter à son revenu
annuel le quart de cette somme pour compenser le jour supplémentaire des années
bissextile». Arch. Nal. S. 160.
-,'. Le chapelain de Saint-Aignan. M. Jean Quentin, recevait du Chapitre 110 I.
pour son gros et 1.100 1. pour assistances aux offices, et celui de Sainte-Cathe-
rine, M. Albert Varlet, de Soissons, recevait du Chapitre 36 1. pour son gros et la
même somme que son confrère de Saint-Aignan pour les assistances. Arch. Nat.,
S. 160, 7051 et 7052.
:!. M. le Trésorier de la Sainte-Chapelle nommait à la Chapellenie de Saint-Mar-
tin et Sainte-Anne et M. de Vilevault. maître des requêtes, à celle de Notre-Dame.
4. Certains chapelains n'avaient qu'une messe ou deux à acquitter par année:
d'autres n'avaient pas même de revenus, comme on le verra dans le tableau que
nous donnons plus loin.
ô. Concl. cap.. 3 janvier 1789. Arch. Xat. LL. 232 w.
rÉNÉFICIERS ET GAGISTES. U
datait de 118G, et à la tète de laquelle était placé un chape-
lain, appelé ('Ancien. Tous les vendredis et samedis de Tannée,
ils s'assemblaient, à sept heures du matin, dans la chapelle
de Saint-Barthélémy et de Saint-Vincent et ils y psalmodiaient
rOflice des Morts dans le temps qu'on célébrait deux messes
basses '.
Cette communauté avait des biens particuliers et une caisse
spéciale administrée par elle, mais sous la surveillance du Cha-
pitre 2.
I. Produits.
Biens fonds dans Paris :
Maisons en la Cité, rue des Canettes et Cocatrix 9~>0 1.
Biens fonds à la campagne :
Six arpents trois quarts de terre et de vignes au terroir
de L'Hay-Chevilly et Buissons 150 1.
Le fief de Solaire, sis àGrisy, de soixante-seize arpents 3. 2Ô0 1.
Rentes sur le Roi et le Clergé 719 1. 4 s.
Rentes foncières et sur particuliers
Sur maisons et héritages à Paris 107 1. 2 s. 2 d.
Sur les Offices de l'Église de Paris ô 1. 13 s. 0 d.
(Il est dû en outre à la Communauté par MM. les Cha-
pelains de la Nouvelle Communauté pour leur agréga-
tion à l'Ancienne 1 1. 5 s. par an pour chacun) Mémoire.
Dîmes, cens et droits féodaux :
Lods et ventes sur 41 arpents 2 perches à L'Hay. ... 30 1.
Droits sur cens 11 1. 19 s. 3 d.
Total : 2233 19 s. 2 d.
1. Curiosités deV Église de Paris, op. cit., p. 334, 335. Au-dessus de la portedecette
chapelle, l'avant-dernière du bas-côté droit, on lisait cou.' inscription sur marbre
noir : « Sacellum capellanorum antiquse et novae Communitalis Ecclesiœ Parisiensis-
Ftmdatum anno 1186. Restauralum anno 1751 •>. Ibid., p. 143. Pour l'inventaire du
Mobilier, Arch. Nat. s. 161-462.
2. Arch. Xat. S. 460.
3. Nous verrons un député des Chapelains, M. Béguinot, siéger, en raison de ce
lift', à la Chambre électorale de Paris hors les Murs.
44 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
II. Charges.
Acquit de 220 messes Mémoire.
Décimes 52 1. 19 s.
Quittance et frais de recettes 21 1. 16
Honoraire du pointeur, greffier et procureur 148 1.
Gages du Clerc et du frotteur 42 1.
Réparations 100 1.
Frais de justice, oppositions, assignations 50 1.
Total : 413 1. 35
Les Déclarations partielles, faites en 1790, en conformité avec
les Décrets de l'Assemblée nationale, nous font connaître dans
les détails les revenus et les charges, en môme temps qu'elles
nous indiquent les titulaires de cinquante-huit chapelles, faisant
partie de l'ancienne et nouvelle Communauté.
Chapelle Saint-Étienne. — Titulaire : M. Merle. — Revenus : 45 1.
payés annuellement par le Chapitre. — Charges : Acquit de Messes.
9 1. 15 s.
Chapelle Saint-Augustin. — Tit. : M. de Coglombis du Rivage. — R.
Un arpent et demi de terres au terroir de Fontenay-aux-Roses, lieu dit Mou-
lin-Piquet, 90 1.
Chapelle Saint-Eutrope. — Tit. : M. d'Audibert de la Yillasse. — R.
Trois parties de rentes sur l'Hôtel-de-Ville, 362 1. 13. — C. Acquit de cent
soixante-huit messes.
Chapelle Saint-Biaise, dite des Notaires. — Tit. : M. Clément. — R.
Douze arpents et demi et 25 perches de terres en onze pièces à Wissous.
Chapelle Saint-Jean. — Tit. : M. Gouenvic. — R. Rentes sur une mai-
son, rue des Écoutes : 700 1.
Chapelle Saint-Julien-le-Pauvre et Sainte-Marie-l'Égyptienne. —
— Tit. : M. Thomas.
Chapelle Saint-Jean-Baptiste et de la Madeleine. — Tit. : M. Rous-
sier. — R. Sur les fiefs et aumônes du Roi, 18 1. 14 s.
Chapelle Sainte Marie et Saint-Aignan. — Tit. : M. Picot. — R. 2 ar-
pents 1/4 à Épône, 60 1. ; 6 sacs de blé du receveur du Chapitre, suivant le
taux du premier marché à Épône après la Saint-Martin, 1441. — Ch. 104
messes.
Chapelle Saint-Eustache. — Tit. : M. Attiret. — R. 1 arpent de terre à
Passy, 25 1. ; redevance payée par le Chapitre, 16 s.
Chapelle Saint- Jacques. — Tit. : M. Poitevin. — R. Sur fiefs et aumônes
du département de Paris, 15 1. 12 s. 6 d. — Ch. Une messe.
Chapelle Saint-Michel. — Tit. : M. de Vareilles. — R. Redevance d'uni
muid de blé par le Chapitre, 240 1. — Ch. Messes, 31 1. 12 s.
BEiNEFICIEKS FT GAGISTES.
Chapelle Notre-Dame '. — Tit. : M. Bégart. — R. Rente payée par la
Fabrique de la Madeleine-en-la-Cité, 201. — Ch. 89 messes.
Chapelle Saint-Pierre et Saint-Paul. — Tit. : M. Aumont. — R. Rentes
sur le domaine du Roi, 32 1. 10 s. et sur le Chapitre, 18 1. 10. — Ch. 12
messes.
Chapelle Saint Eutrope. — Tit. : M. Colin. — R. Rentes sur le Roi,
37 1. 15.
Chapelle Saint-Michel. — Tit. : M. Yot. — R. Rente perpétuelle, 221. 10.
— Ch. 15 messes.
Chapelle Saint-Géraud. — Tit. : M. Greuzard. — R. 3 quartiers de pré
à Gentilly et 7 à Arcueil. 200 1. — Ch. 15 messes.
Chapelle Saint- Augustin. — Tit. : M. Michelin.
Chapelle Saint-Remy, dite des Ursins. — Tit. : M. Bottée. — R. 20
arpents de terres et 2 de pré à Oysserie, 450 1; 10 arpents 1/2 de terres la-
bourables au terroir de Saint-Marcel à Paris, 148 1 ; G quartiers de terres à
Ivry. 20 1. ; 2 parties de rentes sur l'Hôtel-de-Ville, 54 1. ; rentes sur le Cha-
pitre, 8 1. 15. — Ch. 150 messes.
Chapelle Saint-Michel et Sainte-Anne. — Tit. : M. Cochon. — R.
( .ris à prendre sur la Fabrique de Saint- Yves, 4 1. 7 s. 9 d.
Chapelle Saint-Michel et Saint- Antoine. — Tit. : M. Loyauté. — R.
sur la Fabrique de Saint-Yves, 4 1. 7 s. 9 d.
Chapelle Saint-Léonard. — Tit. : M. Le Pelletier.
Chapelle Saint-Martin. Tit. : M. Pingot. — R. Rentes par les proprié-
taires des boucheries de l'apport de Paris et de celles du cimetière Saint-
Jean, 3001. — Ch. 52 messes.
Chapelle de Saint Siméon. — Tit. : M. Chapuis. — R. Rente payée par
le Chapitre. 31 1. 10. — Ch. Une messe le premier vendredi de chaque mois.
Chapelle Sainte-Marie et Saint-Aignan. — Tit. : M. Courtier. — R. 3
arpents de prés et terres à Epône, 54 1. ; 0 septiers de blé méteil par le Cha-
pitre, 120 1. — Ch. 50 messes.
Chapelle de la Sainte-Famille. — Tit. : M. Giraudet — R. Payé par le
Chapitre. 44 1. — Ch. 24 messes par an.
Chapelle Saint-Paul. — Tit. : M. Chambry. — R. Payé par le Chapitre.
300 1. — Ch. l'ne messe tous les jours.
Chapelle Saint-Julien-le-Pauvre et Sainte-Marie-l'Égyptienne. —
Tit. : M. de Chavigny.
Chapelle Saint Georges et Sainte-Marguerite. — Tit. : M. Thomas.
— R. Payé par le Chapitre, 300 1. — Ch. Une messe tous les jours.
Chapelle Saint-Barthélémy et Saint-Vincent. — R. Par des particuliers.
17 1. 10s.
Chapelle Saint-Eustache. —Tit. : M. Béguinot. l'Ancien de la Com-
munauté. Il a droit à l'installation des nouveaux confrères et aux distri-
butions manuelles attachées cà ladite Communauté.
1. Cette chapellenie, unie à la chapelle 'le Sainte-Anne à Notre-Dame, était aupa-
ravant dans l'Église de Saint-Christophe. Cfr. Concl, rnji. 1785.
il LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
Chapelle Sainte-Foy. — Tit. : M. Bose. — R. 7 arpents 1/2 de vignes à
Sucy. 1121. 10.
Chapelle Sainte-Catherine. — Tit. : M. Fréchon. — R. 14 septiers de
blé méteil et 6 septiers d'avoine payés en nature par le Chapitre sur la dimc
de Yilliers-le-Sec. — Ch. Une messe par semaine.
Chapelle Saint-Étienne. — Tit. : M. Rousseau. — R. Rente payée par le
Chapitre. 45 1. — Ch. 12 messes.
Chapelle Saint-Rémy des Ursins. — Tit. : M. Séjournée. — R. Rente
de 300 1.
Chapelle Saint Georges et Saint-Biaise. — Tit. : M. Martinvart. — R.
Rentes sur l'Hôtel-de-Yille. 601.; petitpré à Arcueil, 30. — Ch. 12 messes.
Chapelle Sainte Euphémie. — Tit. : M. de Roye. — R. Payé par le tré-
sorier de Notre-Dame. 206 1. — Ch. 104 messes.
Chapelle Saint-Louis. — Tit. : M. Thouvonet. — R. Maison appelée « la
Tour » ; sept quartiers de vignes ; cinq quartiers de prés et trois autres quar-
tiers de vignes; 44 sous de menu cens pour lods et ventes à Savy. — Ch.
2 messes par semaine *.
Chapelle Saint-Julien du Mans. — Tit. : M. La Colley. — R. Maison
dans le Marché aux Poires, 900 1.; rente sur une maison rue Saint-Denie,
12 1. 10 s. — Ch. 100 messes.
Chapelle Saint-Augustin. -- Tit. : M. Lemousin. — R. 126 1. en rente
foncière. — Ch. 1 messe par semaine.
Chapelle de l'Assomption. — Tit. : M. Clouet. — R. Payé par le Chapitre
de Notre-Dame, 12 1. — Ch. 4 messes par an.
Chapelle Saint-Nicaise. — Tit. : M. Goût des Périmières. — R. 10 ar-
pents 1/2 de terres labourables, près Gonesse, 460 1.; 3 arpents 3/4 d'autres
terres. — Ch. 8 messes par semaine.
Chapelle Sainte-Madeleina. — Tit. :l'Archevèque d'Embrun2 et M. Vil-
liers. — Ils se partageaient la moitié du produit des dîmes de la paroisse
d'Epiais. le quart estimé 112 1. 10 s. 3.
Chapelle de la Décollation de saint Jean-Baptiste. — Tit. : M. de
Cagny. — R. 2 arpents de terre sur le territoire de Bellevue, 100 1.; sur le
lief de Pirot, paroisse de Farges, près Limours, 1001.
Chapelle Sainte-Anne. — Tit. : M. Hutteau '*.
Chapelle de la Décollation de saint Jean-Baptiste. — Tit. : M. Du-
1. Dans sa Déclaration M. Thouvenet a ajouté cette note : •- Le titulaire n'a pas
touche de revenus et n'a appris que depuis peu de temps qu'en 1539, il existait ce
qui vient «l'être détaillé. -■ L'oncl. cap.
■±. Pierre-Louis de Leysaire.
3. Les quatre chapellenies qui se partageaient la dinie d'Epiais, s'appelaient
les quatre Marguilleries cléricales. Les quatre marguilliers étaient les deux chape-
lains de cette chapelle et ceux de la chapelle Notre-Dame, dont les titulaires
étaient M. Pierre, nommé plus loin, et M. Barthélémy de la Borie, qui ne faisait
pas partie de la communauté.
1. Le titulaire déclara en 1790 qu'il ne connaissait pas les revenus de sa chapel-
lerie, étant en litige à leur sujet avec M. l'Archevêque. Ibid.
BÉNLTICISUS ET GAGISTES. 47
peiner. — R. Rentes sur le Roi. payées par les Domaines, 57 1. 10. — (h.
12 messes.
Chapelle Saint-Pierre et Saint-Étienne. — Tit. : M. Douville.
Chapelle Saint-Thomas de Cantorbéry. — Tit. : M. Dumesnil.
Chapelle Sainte Foy — Tit. : M. Varin.
Chapelle Saint-Nicolas. — Tit. : M. Durand.
Chapelle Sainte Anne et de la Trinité. — Tit. : M. Fauvel.
Chapelle Saint-Léonard. — Tit. : M. Chevillard.
Chapelle Saint-Martial. — Tit. : M. Le Gorgu.
Chapelle Saint-Jean-Baptiste et Sainte-Madeleine. — Tit. : M. Gos-
siiune et M. Lair de Beauvais. — R. 157 arpents à Grand'Paroisse, près Mon-
tereau, 300 1.
Chapelle Saint-Michel. —Tit. : M. Cochelin. — R. Payé par le Chapitre,
25 1. — Ch. 3 messes par semaine.
Chapelle Sainte-Catherine. — Tit. : M. Viez. — Les revenus sont aban-
donnés au Chapitre; ils consistent en 25 1. 10 s. parisis de rentes foncières
sur six maisons dans Paris. — Ch. 6 messes par semaine.
Chapelle Saint-Jacques. — Tit. : M. Crespin. — R. Sur l'Hotel-de-Ville,
25 1. et sur les Domaines et Bois, 11 1. 18 s.
Chapelle Notre-Dame. — Tit. : M. Pierre. — R. Un quart de la dîme
d'Epiais, 112 1. 10 s. 2.
Chapelle Saint- Jean l'Évangéliste et Sainte-Agnès. — Tit. : M. Le
Court.
Le Chapitre possédait en plus deux chapelles en dehors de
Paris, celle de Saint-Lazare de Larchant, dont le titulaire était
M. de Frétel d'Hauterive, et celle de Saint Michel en l'église de
Chevilly, attribuée à M. Jean Le Roux.
Les bénéficiers-prètres, qui n'avaient pas de maison attenant
à leur bénéfice, pouvaient louer dans le Cloître tel appartement à
leur convenance. Les autres étaient obligés de résider dans la
Communauté, dite des Chantres, et d'y prendre leurs repas en
commun avec les six Clercs de Matines et les huit Machicots.
Ceux-ci étaient chargés de l'exécution du chant et étaient rangés
dans la classe des Gagistes. Ils devaient connaître la musique et
le plain-chant, porter la soutane même en ville, assister à tous
les offices, et garder le célibat. Le mariage contracté était un
cas de renvoi immédiat [. La même obligation était imposée aux
1. Nous trouvons un exemple de l'application de ce règlement en 1790, à l'égard
de Nicolas Prévost, clerc de Matines : « Ilenuntiato Dominis Magistrum Nicolaum
Prévost, clei'icum Matutinarum, uxorem postremis hisce diebus duxisse, insuper
attento legibus Eccleske Paiisiensis alienum esse ut is, qui inatrimonio junctus
48 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Machicots vétérans, qui recevaient une pension du Chapitre et
avaient obtenu la permission de rester dans le Cloître J.
Pour perfectionner ses chantres dans l'exécution du chant, les
chanoines établirent en 1786 une classe de musique, qui se
faisait trois fois la semaine dans une salle de la communauté. Ils
en chargèrent M. Dugué, alors maître de chapelle de Notre-Dame
et qui, après sa démission donnée et acceptée, dut en 1789 re-
prendre son bâton. Les Clercs de Matines et les Machicots que le
Grand-Chantre jugeait insuffisamment exercés, étaient obligés de
la suivre sous peine de mulcte. A ces musiciens ordinaires, le
Chapitre décida, cette même année, d'adjoindre, pour les fêtes
de Pâques, de la Pentecôte, de l'Assomption, de la Toussaint et
de Noël, un plus grand nombre de symphonistes et il vota à cet
effet un crédit de 2.400 1. à prendre par quartiers. Mais il posa en
même temps ces deux conditions : 1° que le nombre des sym-
phonistes ne sera jamais assez multiplié pour gêner les céré-
monies ; 2° que l'accès du chœur sera sévèrement interdit à tout
chanteur de théâtre et qu'aucun ne pourra y être admis sous
quelque prétexte 2.
Nous avons encore à nommer, parmi les ecclésiastiques attachés
au Chapitre, le Secrétaire, les grand et petit Distributeurs, les
prêtres attachés à la sacristie des messes et enfin les cinq clercs
de la Fabrique.
Le Secrétaire du Chapitre était M. Adrien-Quentin Buée, le frère
du vicaire perpétuel de Saint-Victor, dont nous avons déjàparlé; il
était aussi chargé de la Bibliothèque et recevait 1.1101. comme
traitement. Les distributions manuelles, payées par les Receveurs
est, clioro addictus maneat, Domini statuerunt illum pannos Ecclesio? deinceps iri
choro non esse gestaturum. » Quelques jours auparavant le Chapitre, ignorant
sans doute ses intentions, lui avait permis d"aller passer quelques jours à la cam-
pagne; il sut bien en profiter. Concl. capit. 1790. Arch. Nal. LL. 232*2.
1. ■• Magistro Francisco Guichard, a die sexto Julii 1708, Ecclesiaî Parisiensi
inacicoto, Domini concesserunt ut inter macicotos per reliquum vitœ remanere,
lionoraria assueta percipere possit, quamdiu tamen vitam egerit cœlibem... »
Ibid,, an. 1787.
2. La sévérité du Chapitre sur ce point était extrême; elle alla jusqu'à interdire
aux organistes de faire entendre sur l'orgue pendant l'Aventles airs « dits noëls ».
BÉNÉFICIAS ET GAGISTES. »■•
aux grand et petit Distributeurs, MM. Le Bault et Levasseur ',
étaient ensuite par eux attribuées à chacun des chanoines, béné-
ficiées et gagistes : ils étaient aussi chargés de dresser les listes
pour les fonctions à remplir à tour de rôle. Les deux frères Thou-
venel étaient chargés de l'administration de la sacristie des
messes, appelée aussi sacristie de la nef : elle était complètement
indépendante de la sacristie du Chapitre et était établie dans
une partie du transept méridional et dans la première chapelle
du bas côté. Les intentions de inesses étaient confiées aux deux
piètres-sacristains par le receveur général, les chapelains et les
particuliers; ils les notaient sur un registre spécial, dont chaque
page était partagée en cases juxtaposées, tracées au trait rouge.
Dans celle de gauche était indiquée l'intention à acquitter; dans
l'autre, signait le prêtre qui avait dit la messe et qui en recevait
l'honoraire des mains du prètre-sacristain. Celui-ci devait pour-
voir aussi aux besoins journaliers de la sacristie 2.
Les cinq clercs de la Fabrique étaient le Trésorier, M. Mortier,
chargé de la sacristie du Chapitre et de l'entretien du Trésor; il
remplissait aussi les fonctions de maître des cérémonies; — le Chef-
cier, M . Loyseau, qui préparait le chœur pour les offices canoniaux 5:
— le Sous-Garde Revestiaire, M. Martin, qui était comme le
second de M. Mortier; — le Grand Sonneur, M. Gilbert 4, et le Petit
1. Tous les deux chanoines-prêtres de Saint-Denis du T'as.
2. En l?iS2, M. de Méromont constitua on faveur do la sacristie dos Messes une
rente de 1.680 I. pour l'élévation à 15 s. do l'honoraire do toutes les messes fondées
a Notre-Dame; il posa les doux conditions suivantes : ■■ 1" que ces messes devraient
se dire do préférence à l'autel de la Sainte Vierge; — -2° que les messes dites par
les vicaires dos paroisses, dont le Chapitre est seigneur, seront rétribuées au même
taux ». A quatre reprises différentes, le Chapitre avait voté dos secours annuels
pour élever les honoraires des messes, qui étaient une part importante du traite-
ment dos bénéficiers et gagistes. — Bibl. N'at. mss. n. ac. IV. 2796.
3. Comptes de laChefcerio en 1790: 1" Cire Manche employée annuellement pour
les offices, 3.000 1. — 2° Il est distribué annuellement aux bénéûciers et gagistes
en bougies jaunes pour les offices de nuit, 1.2821. — :>" Bougies aux cinq clercs de
la Fabrique, 72 1. — 1' Au cheicier, pour sa distribution. 21 1. lo s. — Le chefeier
possédait une petite maison situéeréa côté de l'archevêché, au pied de la tour
méridionale. Il confessait dans l'église et disait chaque jour la messe de fondation
a la chapelle d'Harcourt. Concl. cap. 1787. Il couchait dans une petite chambre à
côté de la porte latérale droite du chœur.
4. 11 lui fallait deux hommes par jour et trente selon les tètes. 11 louait à son
CHAPITRE DE SOTRE-DA1IE DE PARIS. 4
bO CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Sonneur, Fauveau ' : ces deux derniers n'étaient pas dans les ordres,
bien que dans quelques oflices ils aient eu à remplir certaines
fonctions liturgiques. Ils formaient comme la transition entre le
personnel ecclésiastique et le personnel laïque.
Celui-ci était assez restreint. Nous voyons à Notre-Dame, en
1790, quatre marguilliers-lais, huit francs-sergents, dix petits-
huissiers, quatre organistes et leur souffleur, le garçon du Tié-
sor, Joseph Durand, le frotteur de l'Eglise, Jean Durand, enfin le
trotteur et balayeur du chœur et concierge du jardin, Baron-
Piron2. Nous dirons un moi desmarguilliers, des francs-sergents
et des petits-huissiers.
Les quatre marguilliers-lais '■'• étaient à proprement parler les
bedeaux du Chapitre; ils portaient la robe, toga fore n sis, et le
bonnet carré. Les deux premières basses stalles du chœur, du
côté du sanctuaire, leur étaient attribuées. Jusqu'en 1755, ils
étaient à la nomination de l'archevêque : cette année-là, M. de
Beaumont transmit ses pouvoirs au Chapitre, qui devait les
exercer in continu ni.
Les dix francs-sergents, dont l'institution remontait à 1249'',
énuméraient de la manière suivante les oflices qu'ils avaient à
remplir à l'égard du Chapitre : « Ils sont tenus d'assister au
service divin, aux services, aux obits, aux funérailles des Rois,
des Reines, des Princes et des Seigneurs de marque, à ceux de
nos seigneurs les Prélats et de messieurs les Dignités, chanoines
profit la galerie de la nef du côté du Cloître et les calories extérieures dos tours.
Il avait 1.0001. Anh. Nat, D. XIX. n. 753.
1. Le petit sonneur cumulait les quatre fonctions de geôlier, huissier, mesureur
des blés et distributeur du pain du Chapitre. Ibid. Ces deux fonctions étaient
primitivement confiées à des prêtre?; c'est ce qui explique la présence du petit
sonneur dans certaines fonctions liturgiques.
2. « Il balaie le chœur, le tour du chœur, la nef, la salle du Chapitre, la biblio-
thèque, les archives, le secrétariat ; il est chargé do la chapelle d'IIarcourt et aussi
du grand époussetage avec les mouffles et le panier do toutes les voûtes de l'église,
chapelles et galeries, lave les vitres avej huit hommes pondant quinze jours, r.u
risque de sa vie, entretient les marbres, descente de Croix, Sainte Vierge, Louis XIII
et Louis XIV. ■• Arch., Nat., ibid.
3. Les marguilliers-lais furent établis en 1201 par l'évêque Eudes de Sully. Cfr.
Guérard, Cartulaire de Voire-Dame, t. I, p. 88.
4. Cfr. Guérard, Cart. Noire-Dame. III, 412-113.'
BENEFICIERA ET GAGISTES. :;i
et bénéficiera de notre Eglise, aux prières des Quarante Heures,
aux processions solennelles et particulières, aux autres prières,
pompes et cérémonies, qui s'y font pendant le cours de Tannée,
et enfin dans toutes les occasions où vous êtes et où vous marchez
en corps, pour vous préserver de la foule et de l'oppression des
peuples et pour empêcher les désordres et les tumultes, qui peu-
vent arriver en pareilles occurrences '. » Ils avaient aussi le privi-
lège de porter les corps des chanoines depuis la grande porte de
Notre-Dame jusqu'au catafalque et ensuite à leurs tombes. Leur
place était à l'entrée du chœur.
Les six petits-huissiers avaient été établis en 15G8 en raison
des absences fréquentes des francs-sergents. Ils faisaient le ser-
vice quotidien pendant les offices ; ils se tenaient ;mx portes laté-
rales du chœur. L'animosité qui régna longtemps entre les petits-
huissiers et les francs-sergents 2, parait apaisée à la fin du
xvme siècle; rien n'indique dans les papiers du Chapitre qu'il
y ait eu quelque discorde entre ces deux corps, qui constituaient
comme la Garde Palatine de nos vieux chanoines.
L'orgue '■'• était tenu par quatre organistes, qui faisaient
chacun leur trimestre *. Les quatre organistes étaient Gouperain,
Balbâtre, Séjan et Charpentier. Le 3 février 1789, Gouperain, tué
par une voiture, est remplacé par son fils, qui meurt vers le 17
mars 1790. A sa place, le Chapitre nomme M. Desprez. Coupe-
rain, père, était en môme temps organiste du Roi en sa chapelle
de Versailles, en sa Sainte-Chapelle du Palais, de l'Eglise de Pa-
ris, des églises Saint-Barthélémy, Snint-Gervais et Sainte-Mar-
guerite.
Enfin nous citerons encore les deux suisses, l'un de l'Église
1. Bibl. Nat. LK- G. 900.
>. Ibid.
'■'<. Restaura par Cliquot, il fui inauguré aux premières vêpres de l'Ascension
L787.
I. Eu 1755, le Chapitre régla connue il suit tes devoirs ri 1rs profits des orga-
nistes" qui dictum offîcium exercebunt alternatim per 1res menses. habebit unus-
quisque eorum pro stipendiis sui trimestris summam 200 libenarum in Une cu-
jtislibet trimestris per clericum seu reeeptorem fabriese, cum uno pane capitûlari
quolibet die*. En 1783, le Chapitre vota 100 livres d'augmentation à chacun des
quatre organistes.
o*2 CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
et l'autre du Cloître; ils avaient droit, tous les deux ans, à Un
baudrier neuf pour la fête de Pâques. Quand nous étudierons
l'administration judiciaire et financière du Chapitre, nous ver-
rons le personnel qui y était attaché *.
III
Nos vieux chanoines nous en voudraient si nous ne ressusci-
tions pas en même temps qu'eux les gentils angelots qui chan-
taient au chœur de Notre-Dame et voletaient par les rues du
Cloître. Au bas de leurs stalles replaçons leurs enfants de
chœur, et, parmi les maisons claustrales, recherchons et visi-
tons ce joli nid de rossignols, ou, si vous voulez que nous nous
servions du langage écolier, cette cage où s'apprenaient à ga-
zouiller nos petits chanteurs et qui s'appelait la Maîtrise, « fa-
milia et domus Puerorum chori ».
Cette modeste famille se composait de douze enfants ou jeunes
gens, qui étaient nourris, vêtus, entretenus aux frais du Cha-
pitre. Les derniers mois de 1790 avaient laissé deux vides dans
les rangs des enfants de chœur : Gabriel Pottier fut rendu à sa
famille, le 18 août, pour raison de santé 2 et, le soir de la Nati-
vité de la Sainte Vierge, Ambroise Pottier, son frère, quitta la
Maîtrise pour faire sa philosophie \ Les événements, qui se
1. Pour n'oublier personne dans cette résurrection, nous dirons que les pains
d'autel étaient achetés à la veuve Grébude; que la demoiselle de Vitry blanchis-
sait le linge tin. et la femme Dumoulin le gros linge: enlln qu'il y avait à la sa-
cristie un garçon du nom de Robert et •• le petit servant de messe ». Bibl. Nat.,
mss. n. a. fr. 2796.
2. Ilétait de Belleville; il entra à la Maîtrise en 1782, à l'âge de 7 ans. Arch. Nat.
LL. 232 3S. Son renvoi est décidé dans les Concl.du IN août et du G septembre, mal-
gré Tavis du médecin qui demandait encore six mois pour se prononcer. Il reçut
une gratification de 100 écus. Arch. Nat. LL. 2:12 '*-.
3. Conclusion du 10 septembre 1790. Le Chapitre devait lui servir pendant deux
ans une pension annuelle dp 450 livres, à prendre sur les revenus de la fondation
de M. de.Mondran. Cfr. infrà, chapitre iv. Le Chapitre aurait désiré donner la place
vacante à un enfant de la famille Pottier: il en fit part aux parents qui refusèrent.
Concl. du 6 septembre.
LA MAITRISE. :s:j
précipitèrent à l'époque de la rentrée, empêchèrent les chanoines
de combler ces vides ' .
Au chœur, les jours de grandes fêtes, les enfants étaient re-
vêtus de leurs soutanes rouges « en raz de castor », de l'amict et
de l'aube fine en batiste, relevée par une ceinture de fil blanc :
les jours moins solennels, la soutane était en drap noir, l'aube
était de simple toile, et, durant l'hiver, c'est-à-dire depuis le 17
octobre jusqu'à Pâques, ils portaient en plus un camail pointu
avec capuchon sur une large chape de drap noir. Ouand ils
étaient d'office à l'autel, ils étaient parés de a tuniques de velours
cramoisi à orfrois en moires, broderies et galons d'or », ou de
« tuniques avec orfrois de tapisserie de différentes couleurs bor-
dées d'un passe-poële (sic) d'or ? ». Le spé, qui était le pre-
mier et le chef des enfants de chœur, revêtait la chape pour
1. Le Chapitre remit en effet au 3 lévrier 1791 la nomination aux deux places va-
cantes à la Maîtrise. Nous avons trouvé aux Archives Nationales, F. 19, n° 612, un
document datant des dernières semaines de 1790, qui nous donnent des détails
biographiques intéressants sur les dix derniers enfants de chœur de l'ancien Cha
pitre, que le clergé constitutionnel trouva à Notre-Dame et auxquels il offrit de les
attacher au service de la paroisse. Nous les avons complétés de quelques renseigne-
ments, recueillis dans les Conclusions capitulaires. 1. Le premier est Jean-Fran-
çois Guérin, né à Paris le 22 février 1773; il était fils de Louis-Pierre Guérin, an-
cien serviteur de M. Despeignes, payeur de rentes et demeurant vis-à-vis la Grille
du Palais. Depuis le départ de René-Nicolas de Guérie (Concl. cap. 1789), il était
spé des enfants de chœur. Le 29 janvier 1790, il présenta requête au Chapitre
pour être autorisé à laisser croître sa chevelure, demande qui indiquait son in-
tention de quitter bientôt la Maîtrise. Les chanoines s'alarmèrent à la perspective
de ce départ prématuré, qui allait les priver d'un spé des plus experts dans les cé-
rémonies, et d'office ils obligèrent Guérin à rester jusqu'au 8 septembre 1791.
— 2. Pierre-Jean- Valéry Varet, né à Soissons le S juin 1773. Son père demeurait chez
M. Desplasses, quai de Miramionnes, n°20.— 3. Nicolas-Jean-Denis Hène, né à Pa
ris le 10 janvier 1775. Il était orphelin : feu son père était cuisinier chez M. deMon-
tagu, qui se disait son protecteur. — 4. Louis-Germain Lallemant, né à Paris
le 2 août 1770. 11 était fils d'un artisan ambulant. Une demoiselle prenait soin de
lui. —5. Jean-Louis Peutat, né à Avallonle 21 octobre 1775. Son père était maître de
musique à la collégiale de cette ville. —0. Jean-Denis-Ignace Baudron, né à Paris, le
9 octobre I77(i; son père, modeste marchand, demeure rue de Charonne chez un
pâtissier. — 7. Pierre-François Giroust, né à Versailles le 30 mai 1777; fils d'un
maître de musique chez le Roi. — 8. Jean-Marie-Joseph Le Rèche, né à Paris le :\
mai 1779; il est fils d'un sergent-major des (iardes Françaises. —9. Marie-Louis-Au-
guste Houeherat, né à Paris h' 8 mai 1781; fils d'une coiffeuse, dont le domicile
était inconnu. — 10. Louis-Antoine-Henri de Segrave, né à Dole en Franche-
Comté le 16 novembre 1781. Son père mourut chevalier de Saint-Louis et breveté
colonel. Sa mère habitait rue des Marmouzets.
2. Inventaire du 22 novembre 1790. IL N. mss. n. ac,ir.2790.
54 LE CHAPITRE DE NOTRE DAME DE PARIS EN 1790.
porter la croix et se couvrait « d'un soc l » pour tenir la patène
pendant la grand'messe. L'insigne de son autorité sur ses jeunes
collègues consistait en une baguette dorée ~.
Nous connaissons aussi leur uniforme laïque , assez coquet
du reste : culotte bleue, gilel d'espagnolette et veste bleue. Leur
coiffure consistait en un modeste bonnet de laine :|. Mais ce qui
devait être le plus sensible même à des enfants, à une époque
où les cheveux étaient un ornement indispensable du visage et
presque une partie du costume, c'était de sentir chaque mois le
rasoir du médecin se promener impitoyablement sur leurs tètes et
les rendre chauves comme des vieillards prématurés'1.
Hâtons-nous de dire que le Chapitre savait, par de paternelles
attentions, tempérer pour ses pupilles les rigueurs de la coutume.
L hiver surtout, il craignait que le froid glacial, qui régnait à l'é-
glise pendant les offices de la nuit, ne privât ses chanteurs de leurs
voix angéliques. Aussi, pendant les grands froids qui signalèrent
les débuts de Tannée 1789, leur permit-il de faire croître leur
chevelure et de porter, même le jour de l'Epiphanie, les habits
de chœur d'hiver, interdits les jours de fête :\ Sont-ils malades .'
1. La forme de ce soc était assez étrange. Paris une gravore du Cabinet dos Es-
tampes à la Bibliothèque Nationale, signée I!. Picard, et ayant pour sujet « Messe
solennelle célébrée par Monseigneur V Archevêque au Maître Autel de V Église de Notre-
Dame de Paris ». on voit au milieu du sanctuaire 1<' spé revêtu de son soc et
quatre entants portant des flambeaux el parés «les tuniques dont nous avons parlé.
Ce soc a la forme d'une chape coupée au milieu du dos de bas en haut et dont les
deux parties sont réunies par quatre bandes brodées.
2. Le Cérémonial de M. de Noailles (1703) décrit ainsi cette baguette : « Bacu-
lum argenteum deauratum. liliis ejusdem métal li ubique sparsis ornatum, longum
duospedes, cujus linea diametralis ad très cirçileraut quatuor lineas extenditur, in
eu jus siimma parte est imago argentea Beatae Virginis suum Filium gestantis, in
imà capui serpentis ex eodem métallo. »
:!. Cfr. Inventaire du 30 novembre 1790.
4. Les enfants étaient rasés la veille du premier dimanche de l'Avent. la surveille
de l'Epiphanie après les Vêpres, la veille de la Purification après la messe, le pre-
mier samedi de carême après compiles, pour Pâques, le samedi avant les Rogations,
la veille de la Fête-Dieu après la messe, la veille de la Visitation après les Vêpres, la
surveille de l'Assomption, la veille du 8 septembre, la surveille de Saint-Denis et la
surveille delà Toussaint. Areh. Xal. L. 528, passim.
5. Les chanoines craignaient que le froid n'incommodât leurs enfants de chœur
au point de faire à l'économe la recommandation suivante : « Il aura attention de
présenter en hiver les chemises devant le feu avant de les distribuer », Règlement.
Arch. \<if.. I... 528, n. 27.
LE SPE m ENFANTS DE CHŒUR
Soutenant la patène pendant la grand'Messe à Notre-Dame.
(Extrait d'une gravure de B. Picard : Monseigneur l'Archevêque célébrant la grand'Messe au Màitre-
Autel de Notre-Dame. Bibliothèque Nationale. Cabiuet des Estampes. Topographie.)
LA MAITRISE. ns
rien n'est épargné pour le rétablissement de leur santé. Le chi-
rurgien se fait chaque année payer des notes qui indiquent que ses
visites ne sont pas espacées : il est vrai qu'il est chargé non
seulement de soigner les enfants, mais encore de les tondre, de
les saigner, de les visiter : « pro visitationibus, tonsuris, vense
sectionibus et aliis sine artis operibus ' ». Messieurs les Inspec-
teurs obtenaient pour eux des bains de rivière, qu'ils prenaient à
rétablissement du Terrain2, même aussi d'être envoyés aux eaux
de Bourbon-l'Archambault :{, si renommées alors. A la belle
saison, les enfants de chœur étaient conduits en promenade l'après-
midi à Saint -Victor, aux Chartreux, aux Invalides, et le Chapitre,
pour ne pas abréger la partie de plaisir, consentait à avancer
d'une heure l'office de Xone. Le pèlerinage annuel à la basilique
de Saint-Denis était la grande sortie de l'année; cette fois, la
journée entière y passait 4.
Deux chanoines appelés Inspecteurs ou Intendants de la Maî-
trise, et désignés chaque année au chapitre général de la Saint-
Jean, étaient spécialement chargés des enfants de chœur. MM. de
Mondran et Delon furent les derniers qui remplirent cette tâche
si intéressante. Ils devaient veiller au maintien de la discipline,
présenter les requêtes des enfants de chœur, pourvoir à leur re-
crutement, examiner ceux qui sollicitaient des bourses au col-
lège de Fortet et surtout régler les dépenses. Celles-ci s'élevaient
chaque année à la somme de 15.000 1. environ5.
La direction effective de la maison était laissée au maître de
musique de Notre-Dame; c'est à lui qu'incombait la lourde
charge de l'instruction et de l'éducation des enfants. M. Guil-
leminot-Dugué, ayant repris en 1788 le bâton de maître
1. Clï. Concl. capil., passim.
2. Le mercredi 24 juin 1790, le Chapitre accorde semblable permission à Pierre-
Jeaa-Valère Varet. .1. .V., LL. 232".
'S. A. X., LL. 23226, l?r>5.
I. En 1788, le ôseptembre, ils furenl conduits au château de Meudon. Le jeudi,
les enfants allaient jouer sur le Terrein, <'t, pendant les vacances du mois de sep-
tembre, la classe du soir ('tait supprimée. A. A'., L. 5-28, n. -27.
5. C'est le chiffre indiqué par M. Barbie dans sa Déclaration des biens et des
Charges «lu Chapitre. .1. A'., S. I0U.
56 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
de chapelle ', dut reprendre aussi ses fonctions de directeur de
la Maîtrise. Mais ses forces étaient bien épuisées; en 1790,
lors de la liquidation de sa pension, il faisait valoir auprès
du Comité des Biens Nationaux « que l'éducation fatigante des
enfants de chœur, continuée pendant plus do quarante ans,
avait affaibli sa santé- ». Quand le Chapitre lui confia de
nouveau la Maîtrise, il ne pouvait plus suffire seul à cette charge.
On lui donna un aide en la personne de M. Buée, secrétaire du
Chapitre et excellent musicien, dont la Maîtrise avait déjà ap-
précié les services. Il devait enseigner « la musique et la com-
position s ». Le maître de grammaire, appelé aussi maître de
latin, était chargé d'apprendre aux enfants la grammaire fran-
çaise, l'orthographe, le style, la grammaire latine et de faire
les cours d'instruction religieuse. M. Jean-Pierre Egasse, prêtre
de Séez, avait succédé en 1788 à M. Desmarets, que nous
voyons mériter les éloges du Chapitre à la suite d'une séance lit-
téraire donnée par ses élèves''. Le maître de grammaire était
nourri à la Maîtrise, et recevait une certaine somme pour son vin
et son dessert \ Enfin le maître d'écriture était M. Ansoine qui,
depuis quarante ans (i, venait a la Maîtrise chaque jeudi et cha-
que dimanche, de une heure à deux heures, diriger la main des
enfants et inculquer aux plus grands les éléments d'arithmétique.
Ses appointements étaient fort modestes : il touchait 75 1. par
an.
La santé délicate de M. Guilleminot et les occupations de
M. Buée ne leur permettaient pas d'exercer sur les enfants, tant
1. Cfr. les détails biographiques sur le dernier maître de musique de Notre-Dame :
F.-L. Chartier, op. cit., p. 120 et seq. M. Guilleminot-Dugué reprit son bâton, après
le refus de M. Woillemont, maitre.de musique à la cathédrale d'Angers. Arch. Xoi.,
LL. 282* '.
-„'. .1. V., S. 160, 7051-7062.
3. A. X., LL. --.'3-J41. 1788.
I. «M. Desmarets. dit une Conclusion capkulaire de 1787, méritait par ses qualités
personnelles, par son attention à instruire dans la religion et la latinité les enfants
chacun suivant sa partie et par la résolution où il annonçait être de se consacrer
à cette oeuvre pénible et assujétissante. ••
5. A. X., LL. 232?9, 1784.
6. Il succéda en 1710 à son oncle, M. Froment. Il habitait chez un débitant de
tabac, rue des Petits-Carreaux, vis-à-vis le Lion-d'Or. .4. X., F. 19, n. 612,
LA MAITIUSK. 51
a la Maîtrise qu à la sacristie et au chœur, une surveillance suf-
fisante. Celle-ci fut confiée, on 1788, au maître de grammaire et
au S' Martin, sous-garde revestiaire ', à qui on adjoignit quel-
ques semaines après un des machicots, le Sr Berlin, acolythe
de Houen. 11 fut logé et nourri à la Maîtrise et, pour le récom-
penser de ses bons services, le Chapitre lui accorda en 178U,
quand il eut reçu le sous-diaconat, la chapellenie hénéficiale de
Sainte-Catherine •'.
Los efforts des enfants, leur régularité, leur bonne conduite et
leurs progrès, constatés chaque jour par MM. les Inspecteurs,
par leurs maîtres et leurs surveillants, ne restaient pas sans en-
couragement et sans récompense. Depuis six ans, les séances aca-
démiques (celles de 1782 et 1783 furent particulièrement bril-
lantes :1 étaient supprimées; elles furent remplacées par deux
distributions de prix qui se faisaient chaque année, la première
à la Ouinquagésime, l'autre le dimanche après l'Assomption. Les
récompenses consistaient en ouvrages d'histoire et de littérature
accordés aux enfants « qui avaient le mieux satisfait à tous les de-
voirs qu'ils ont à remplir soit à l'église, soit à la Maîtrise, suivant
les notes qui en auront été données par les maîtres et l'examen
que MM. les Intendants jugeront à propos de faire personnel-
lement '' » .
Entrons maintenant à la Maîtrise : la visite en est intéressante.
La maison, telle qu'elle existe encore aujourd'hui rue Mas'sillon,
n° 6, a grand aspect avec sa façade Louis XV, ses hautes fenêtres,
ses frontons délicatement sculptés •'.
Pénétrons sous le porche : nous y trouvons immédiatement une
preuve que les enfants n'y sont pas nourris de l'air du temps 6.
1. Concl. cap., année L788. A. N., LL. 2321».
■,'. Il entra en fonctions le 1er novembre 1788.
:'». Lire le compte rendu de celle <lu 13 novembre 17s.! dans F.-L. Chartier,
p. 243, en note.
I. Concl. cap., année 1786. .1. .V.. LL. 232*°.
5. Le somptueux local, dont la nouvelle Maîtrise de Notre-Dame a hérité de son
ainée, lut solennellement inauguré le 14 décembre 1740. Cfr. Chartier, op. cit.,
p. 51 et ^. .V.. LL.259, p. 125.
»5. Les détails de la distribution et de l'aménagement de la Maîtrise, sauf avis
58 LE CHAPITRE DE NOTRE DAME DE PARIS EN 1790.
La bonne mère Catherine', cuisinière de l'établissement, utilise
le courant d'air du vestibule pour conserver sa viande qu'elle sus-
pend « à un croc de fer, garni de toille autour de sa poulie ». De
suite, à main droite, nous trouvons la cuisine. L'inventaire de son
mobilier, tel que le dressèrent les officiers municipaux en 1790, vaut
un tableau de genre. Nous y voyons des casseroles à queue, un
petit chaudron, une marmite de cuivre rouge; ici la poissonnière,
là un coquemard; sur la cheminée, onze flambeaux et un bougeoir
de cuivre jaune; suspendus d'un côté, la bassinoire et les poêles,
dont une percée pour faire griller les marrons ; de l'autre, la ma-
nivelle, les poids de plomb et la corde du tourne-broche. N'oublions
pas les « lèche-frites ». Plus loin, la tourtière, la râpe, un pom-
mier, les plats « pour faire les œufs sur le plat », un marabout
du Levant, la boule à -riz; à côté de la table de hêtre, le billot,
fait d'un tronc d'orme, et son couperet. Le saloir, fermé à clé,
voisine avec le baril au vinaigre; enfin, bien rangés, douze ra-
soirs, trois plats à barbe et un cuir à rasoir.
Au rez-de-chaussée, se trouvent encore le réfectoire et le re-
vestiaire, où les enfants prennent leurs habits de chœur. Cette
pièce servait aussi d'oratoire : un autel, surmonté d'un tableau
de l'Assomption, y était dressé. Les trois étages supérieurs étaient
occupés par l'infirmerie, où un clavecin servait à charmer les loi-
sirs des convalescents, la lingerie, le dortoir meublé de treize lits
« chacun enfermé dans une chambiette particulière », les appar-
tements des maîtres de musique et de grammaire, la garde-robe
et la classe, dont les murs étaient ornés de plusieurs tableaux,
parmi lesquels on remarquait les portraits de M. de Colbert, ar-
chevêque de Rouen2.
Avant de quitter la Maîtrise, vous serait-il agréable d'y passer
une journée? vous constaterez que, pour des enfants, c'était près-
contraire de notre part, sont tous extraits de l'inventaire dressé, le o0 novembre
L790, par les officiers municipaux. B.X.-inss. nouv. ac. l'r., n. 2796.
1. Catherine Gaudron, âgée de quarante-cinq ans, était cuisinière de la Maîtrise
depuis 1788. Jean Pierret en était l'économe depuis 1784. A. .Y., F. If», n. 612.
2. Bibl. nat., mss. déjà cité.
LA MAITRISE. :, g
que une journée de bénédictin1. Bien souvent, réveilles une
première fois un peu après 11 heures 1/2 du soir, ils partaient à
Matines et ne regagnaient leurs couchettes que vers deux heures
du matin. A (i heures 1/2, réveil général : un quart d'heure est
consacré à la toilette, et, à 6 heures 3/4, ils descendent, « rangés
sur deux colonnes en la manière et Tordre accoutumés », dans l'ora-
toire pour prier Dieu. Chacun d'eux fait par semaine la prière a
son tour, môme les plus petits dès qu'ils savent assez bien lire :
« Ils se mettront à l'étude du latin à 7 heures précises et n'en sor-
tiront qu'un quart d'heure avant qu'on sonne Prime. Estant sortis
de l'est ude, ils iront déjeuner, après quoy ils se prépareront à
assister à l'office. Ils auront soin de nettoyer leurs souliers, se pa-
reront les uns les autres et observeront que l'aube de chacun soit
à un pouce de terre. Un moment avant de partir pour assister à
Tierce, ils se rangeront deux à deux sous la grande porte de la
Maistrise, sortiront tous ensemble dans le mesme ordre, suivis du
Maistre de musique, qui donnera une attention singulière pour les
contenir dans une grande modestie, les fera marcher d'un pas
uniforme et réglé et observera qu'ils soient décemment parés.
Arrivés dans l'église, ils feront un demy-cercle autour du béni-
tier de la Porte-Rouge pour recevoir l'eau bénite de la main du
maistre ; ils iront de là au revestiaire par les bas-costés, descen-
dront dans la sacristie basse pour attendre le moment d'entrer au
chœur : le maistre leur recommandera et leur fera observer un
silence régulier et punira sévèrement celuy qui le romproit pour
parler à MrB les Bénéficier s ou Gagistes; ils entreront dans le
chœur avec une grande modestie, les yeux baissés et se range-
ront suivant l'ordre qu'ils auront prévu avant de sortir de la Mais-
trise.. L'office étant fîny, ils retournent à la Maistrise suivis du
Maistre de musique... Dès qu'ils seront arrivés, ils quitteront
leurs habits d'église, se mettront à dix heures et demie (mesme à
onze, si l'office avait duré plus longtemps , à l'estude de la mu-
sique jusqu'à midy. Ils dîneront à midy précis, se rangeront à
table après avoir chanté le Bénédicité, chacun suivant son rang;
1. Ce règlement manuscrit est date de 1733. Il était encore observé à la lettre en
1790. .1. .V., L. 528, n. ■>:.
60 LE CHAPITRE DE NOTRE DAME DE TARIS EN 1700.
le spé fera les parts et nul ne pourra s'absenter des repas que
pour cause de maladie. La classe de musique commencera à une
heure précise et durera jusqu'à deux, après quoy ceux des enfants,
qui devront des versets à Vespres, les chanteront et les rendront
par cœur. Quand on commencera à sonner le pénultième coup de
Vespres, ils iront se ranger sous la porte cochère pour attendre le
moment de partir, d'abord qu'on sonnera les petites cloches... Les
Vespres étant finies, ils retourneront à la Maistrise; un quart
d'heure après qu'ils seront rentrés, on leur donnera à goûter. La
classe de latin commencera à quatre heures précises et finira à six
heures et demie. Les enfants emploieront le reste du temps jus-
qu'à souper tant à prévoir et à répéter les leçons qu'à chanter les
versets et répons qu'ils devront à Matines. On sonnera le souper
à sept heures... Ils auront récréation depuis le souper jusqu'à huit
heures et demie; on fera la prière; laquelle finie, les enfants mon-
teront sur-le-champ dans leur dortoir. »
Le Chapitre veillait aussi avec zèle à ce que ses petits clercs
fussent formés convenablement à la piété. Il chargeait de ce
soin le maître de latin, qui leur faisait des cours d'instruction
religieuse et les préparait à la digne réception du sacrement de
Pénitence. (Tétait ordinairement M. le Grand Pénitencier qui
recevait leurs confessions pour les quatre grandes communions
générales, qui se faisaient au Maitrc-Autel de Notre-Dame; mais
les enfants étaient engagés à se confesser et à communier pour
le premier dimanche de chaque mois. Monseigneur l'Archevêque
leur administrait le sacrement de la Confirmation, le jour de
la Pentecôte, dans une chapelle de Notre-Dame et même quelque-
fois au chœur pendant le chant de Tierce '. Enfin, si la mort
trop hâtive venait frapper un de ses chers enfants de chœur, le
Chapitre faisait célébrer, pour le repos de son âme, une messe à
la chapelle de la Vierge 2.
1. Conrl. cap., passim.
2. Le Chapitre fait chanter une messe de requiem pour le repos de l'àme de
Louis-Pierre Guérin, mort la veille de la petite vérole, hors du Cloître. .4. X., LL.
232«>, annc;e 17g7.
LE CLOÎTRE. i,l
IV
La plupart des ecclésiastiques et des officiers laïques, attachés
au service du Chapitre, habitaient à l'ombre de la vieille basilique,
dans le Cloître. Ce quartier a presque totalement disparu ; il ne
subsiste plus que quelques maisons ' des quarante-six qu'il ren-
fermait en 1790, et encore chaque année en voit disparaître quel-
ques-unes. Nous avons essayé de reconstituer autant qu'il est
possible le Cloître de Notre-Dame; plus que cela, nous l'avons
repeuplé. Nous espérons que cette étude intéressera ceux qui
aiment à revivre par la pensée dans le Vieux Paris.
Le Cloître avait presque exactement la forme d'un quart de
cercle. La base s'étendait en ligne droite depuis la première travée
du bas côté gauche de Notre-Dame, allait jusqu'à la rue des
Marmouzets (aujourd'hui rue Chanoinesse), et se continuait sur
toute la rue de la Colombe pour aboutir à la rue d'Enfer. La
ligne courbe remontait, en se confondant avec la rue d'Enfer,
dont quelques maisons à gauche faisaient partie du Cloître, jus-
qu'au carré du Pont-Rouge. A partir de ce point et passé le pont,
la courbe de la Seine était la limite naturelle du Cloître jusqu'à
l'abreuvoir qui se trouvait entre le Terrain et la dernière maison
canoniale; puis la rue du Terrain, l'archevêché, la moitié de l'ab-
side et le bas côté gauche de Notre-Dame en complétaient le dessin
jusqu'à la grande porte.
On comptait dans le Cloître quarante-six maisons, dont trente-
six canoniales, c'est-à-dire qui ne pouvaient appartenir qu'à des
chanoines ou au Chapitre, et neuf- bénéficiales, possédées ou ha-
bitues par des bénéficiers.
Un chanoine pouvait devenir propriétaire d'une maison de deux
manières, par achat ou par résignation. L-ne sévère réglementa-
1. Nous on avons compté exactement vingt-quatre an printemps de 1903 : une
était en 'démolition, celle de .M. Rivière, à l'angle de la rue Massillon et de la
rue du Cloître.
2. (.'"est par erreur que M. Barbie dans la Déclaration Générale des Biens du Cha-
pitre compte dix maisons bénéficiales; d'ailleurs lui-même n'eu indique que neuf,
suus 1,., ir< \>. Il, L2, 13, 11, 2 î. 24. 27, 28.
62 CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
tion s'appliquait à ces deux modes de mutation. Quand un cha-
noine voulait se défaire de sa maison, il en avertissait le Cha-
pitre, qui la faisait estimer par deux chanoines délégués à cet effet
ainsi que par l'architecte et MM. les Intendants des Bâtiments;
puis le Cbambrier la mettait au Chapitre en adjudication d'après
le prix de l'estimation. Chacun de ces Messieurs, selon Tordre de
la table, même les chanoines mineurs, pouvaient mettre des su-
renchères, « qui n'étaient reçues, dit le Règlement de 1766, le
plus récent touchant cette matière, que jusqu'à concurrence du
dixième du prix auquel elles avaient été mises en vente sur le
Bureau ». Le chanoine vendeur touchait le montant de l'adjudi-
cation sans aucune retenue; l'adjudicataire devait payer 5 1.
seulement pour les petits-vins.
Le cas de vente volontaire était assez rare et ne se présentait
guère qu'à la suite d'une résignation qui rendait un chanoine
propriétaire de deux maisons : le règlement, cité plus haut, lui
faisait une obligation de s'en défaire par vente ou par résignation
dans le délai de six mois.
La plupart des chanoines préféraient résigner leurs maisons
seulement au moment de la mort, in c.rtremis, selon le terme
consacré. La dernière mutation qui eut lieu dans le Cloître avant
la Révolution, nous donne un exemple des formalités à remplir
dans ces circonstances. Le 9 juin 1700, M. le Chantre informa
le Chapitre que M. de Champigny était gravement malade dans
le Cloître et qu'il désirait résigner sa maison; en conséquence, il
priait Messieurs de déléguer envers lui des commissaires témoins
de sa résignation. On nomma MM. de Floirac et de Launay, qui,
accompagnés du secrétaire du Chapitre, se rendirent auprès du
malade, entendirent et firent enregistrer la résignation de sa mai-
son canoniale et claustrale en faveur de M. de Beaumont d'Au-
tichamp et revinrent au Chapitre, où la résignation fut agréée.
M. d'Autichamp était alors absent : ce fut M. Radix qui versa sur
le Bureau les 5 livres pour le petit-vin. M. de Champigny .mourut
le lendemain; M. d'Autichamp rentra immédiatement à Paris et,
dans la séance capitulaire du 11, il déclara qu'il entendait garder
la maison de M. de Champigny, consentait à payera Messieurs le
LE CLOITRE. 63
dixième qui leur est du sur le prix de la maison et ce d'après l'es-
timation que le Chapitre en fera faire. Les commissaires estimè-
rent que la maison pouvait rapporter 0.200 livres; elle fut classée,
selon le règlement, dans la troisième catégorie des maisons cano-
niales, et son prix, sur le pied du denier douze, fut porté à 110.400
livres. M. d'Autichamp dut donc verser le dixième à la Recette
générale, à savoir 11.040 livres.
Un troisième cas pouvait se présenter : celui « d'un chanoine
décédé en perte de maison », c'est-à-dire qui mourait sans avoir
vendu ni résigné sa maison. Les maisons, devenues vacantes par
suite de semblables circonstances, « devaient être vendues en
Chapitre et, quoique de droit et suivant l'usage immémorial observé
jusqu'à présent, le prix entier en doive être distribué à Messieurs,
néanmoins le Chapitre, voulant rendre plus facile l'acquisition des
maisons et donner un peu plus de sûreté aux sommes qui seront
employées à en acquérir la jouissance, ne retiendra sur le prix de
l'adjudication que le cinquième pour être verse dans la caisse
générale * ». Malgré cette retenue, le cas échéant était une bonne
aubaine pour les chanoines !
Les maisons bénéficiâtes comprenaient les deux maisons des
chanoines de Saint-Aignan ainsi que celles des chanoines-prêtres
de Saint-Jean le Rond et de Saint-Denis du Pas. La commu-
nauté des Chantres, où devaient loger les bénéficier s et gagistes
qui n'étaient pas prêtres, appartenait au Chapitre. Les bénéticiers-
prétres, à qui les neuf maisons dont il est ici question étaient
attribuées selon leur droit d'option, n'en avaient que la jouissance ;
aussi les voyons-nous moins soucieux que les chanoines d'entre-
tenir leurs maisons en bon état. Ils les laissaient même parfois
dans un tel délabrement que le Chapitre se vit dans la nécessité
de conserver vacant tel bénéfice à la mort de son titulaire, jusqu'à
ce que ses revenus aient suffi à payer les réparations. Vers 1700,
l'excès du mal provoqua un règlement que nous voyons encore
exécuter à l'époque qui nous occupe : « 1° Chaque année, après le
chapitre de la Chandeleur, Messieurs les Intendants des Bàti-
1. Cfr. RègltMnont «lu 16 avril I7di rapporté tout au long par M. Chartier dans
son ouvrage : /" \ncien Chapitre, etc., p. 13 >'t sq.
64 CHAPITRE DE NÔTRE-DÀMÊ DE PARTS EN 1*90.
ments visiteront les maisons bénéficiâtes et feront leur rapport
au chapitre général de Pâques ; 2° dans le cas où il se trouverait
des réparations à faire auxdites maisons, lesquelles lesdits Béné-
ficiers n'auront pas faites en suite de ladite visite et que le Cha-
pitre en aura reconnu la nécessité, le Chapitre fera faire lesdites
réparations et en avancera les frais en retenant au fur et à mesure
sur les distributions des Bénéficiers, auxquels lesdites maisons
appartiendront, les sommes nécessaires pour le paiement des
réparations 4 ».
Jusqu'à la Révolution, le Cloître conserva toutes ses immu-
nités et ses franchises, un moment compromises sous Louis XÏV,
mais sauvegardées par Colbert. Cependant, en 1787, une
exception fut admise; par l'intermédiaire de M. de Breteuil, le roi
demanda au Chapitre d'accorder au lieutenant de police toute
autorisation pour qu'il pût, môme dans l'intérieur du Cloître,
exercer librement ses fonctions « à l'égard des faiseurs de faus-
ses lettres de change et autres effets commerçables ». Le
Chapitre accéda volontiers au désir du roi2. Nous parlerons
plus loin du droit de justice que le Chapitre exerçait dans le
Cloître en la personne de son Bailli.
Le Cloître avait bénéficié considérablement des améliorations
matérielles que le xvme siècle introduisit dans les habitudes de
la vie. La plupart de ses maisons jouissaient de la concession
d'eau accordée par la Ville en 1734; un réservoir, édifié aussi
à ses frais en 1750 entre les contre-forts de la première travée
de l'église, était alimenté par la pompe Notre-Dame et desservait
le Cloître3. Les chanoines s'empressèrent de profiter de cet avan-
1. Chapitre général de la Saint-Jean, 25 juin 17iKi. A. .Y.. LL. 2322'.
i. Cfr. Concl. caj>.. année 1787, LL. 232 '"'. Pour éviter dos descentes de police,
toujours désagréables et qui semblaient léser les immunités du Cloître , le Cha-
pitre avait défendu à ses habitants d'élever et de lâcher dos pigeons. Année \Î10,
LL. 23232.
3. « Retulit camerarius sententiam Caméra circa locum eligendum ac destinan-
(Unu receptaculo aquae(en marge : oliin ad reservationem aquae) nonnullis claustri
domibus dividende, magnam turrim inter et ecclesiam S. Joannis Rotundi per
Dominos Prapositum et tediles Urbis a?difieato Audito camerario, Domini
censuerunt dietum aquse receptaeulum jam aedificandum esse non quidem ad
ralicera lateris dicta? Magna? Turris, sed versus claustrum in spatio interjecto
LE CLOITRE. 65
tage et nous voyons plusieurs d'entre eux établir des robinets
dans leurs demeures, quand, en 1752, on fit réparer les rues du
Cloître.
L'éclairage était aussi l'objet des soins du Chapitre : dix-huit
lanternes, dont l'entretien était donné chaque année à un adju-
dicataire, répandaient une clarté suffisante1. De plus, quatre
réverbères devaient brûler jusqu'à trois heures du matin pour
permettre aux chanoines sortant de Matines, de regagner
sans encombres leurs demeures. Ces allées et venues nocturnes
exigeaient, surtout l'hiver, une grande surveillance dans les
rues. M. le Chambrier était chargé de la police et deux autres
chanoines, appelés Inspeclores scopariorum claustri, devaient
veiller au balayage, à l'enlèvement des boues et de la neige et
surtout, pour éviter les chutes, au cassage de la glace2. Enfin,
dernier détail, depuis 1760 l'Administration des Postes avait fait
poser une boîte aux lettres chez le suisse pour l'usage des habi-
tants du Cloître.
A l'époque qui nous occupe, les chanoines n'étaient pas sans
inquiétude au sujet de leur Cloître. En 1786, le Pont-Rouge
ayant besoin de réparations, on demanda au Chapitre de prendre
une partie de la maison des Chantres pour en modifier les abords.
En même temps on lui soumit le projet d'une rue qui traver-
serait le Cloître dans sa longueur et aboutirait à un pont nou-
veau entre la cité et la rue de l'Ile-St-Louis. Ce projet n'était
pas nouveau puisque sur le plan de l'abbé de la Grive, dressé
en 1751, le tracé de la rue est déjà indiqué. Cette fois, le Chapitre
s'émut; il fit valoir qu'une telle mesure « entraînerait la subver-
sion du Cloître par la suppression de plusieurs maisons cano-
inter duas pilas, quœ parietem Ecclesia? sustentant ac novae pila?, per quam o
parvisio aditus est ad dictani turrim. » .4. X. Concl. du -Jfl avril 1750. LL 232 3*.
1. Cet éclairage, d'après les clauses du dernier marché passé avec le Sr Saugrain
en 1779 pour douze années, devait être <• parfaitement semblable et conforme
en tout à l'illumination des grandes rues de la ville de Paris ».
2. Le dernier marché est passé au mois de janvier 1790 avec Edme Bourret,
laboureur, demeurant dans la Grande-Rue de la Chapelle St-Denis et entrepreneur
de l'enlèvement des boues de Paris pour le quartier de la Cité, conjointement et
solidairement avec sa femme, Geneviève Cottin, pour l'année commencée au
Ie* juillet dernier, moyennant la somme de 100 1.
CHAPITRE DE NOTKE-PAME DE PAHIS. 5
60 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1190.
niales les plus importantes des bâtiments indispensables pour
l'administration du Chapitre et notamment de ses greniers ,
comme aussi par le renversement de l'ordre et de la police qui
s'observent de tout temps dans le Cloître ».
Quatre portes donnaient accès dans le Cloître : la Grande
Porte, celle des Marmouzets, celle donnant sur le carré du
Pont-Rouge au bout de la rue d'Enfer; une dernière mettait en
communication le Cloître avec l'Archevêché, juste à l'extrémité
«le l'abside de Notre-Dame.
La Grande Porte, élevée à gauche et un peu en arrière de la
tour septentrionale, occupait en partie l'emplacement de la vieille
église de Saint-Jean le Rond. Elle fut édifiée en 1751 d'après
les plans de l'architecte Bofîrand. Sa façade était décorée par
quatre colonnes d'ordre dorique et dominée par quatre brùle-
parfums en pierre. Dans l'épaisseur de la construction était
ménagé le logement du concierge1. La porte, dite des Mar-
mouzets, donnait sur la rue de la Colombe. Elle avait conservé
son caractère moyenâgeux avec son arc surbaissé et son toit en
forme de pyramide. En 1788, on avait décidé de la démolir, ou
plutôt de la décintrer « pour que le grand dais de la Fête-Dieu
puisse passer ». Le projet ne fut pas mis à exécution puisque,
l'année suivante , la procession de la Fête-Dieu dut sortir de
Notre-Dame et y rentrer par la rue Neuve-Notre-Dame pour
éviter de passer sous la porte des Marmouzets « à cause de la
hauteur du dais ». En plus des portes dont nous venons de
parler, on pouvait encore pénétrer dans le Cloître par le quai
de l'abreuvoir, qui se trouvait au bas entre le Terrain et la de-
meure de M. de Tilly-Blaru, ainsi que par les portes de quelques
maisons canoniales, qui donnaient rue de la Colombe et rue
d'Enfer. On allait du Cloître à la cathédrale par la porte sep-
tentrionale et surtout par la Porte-Rouge, qui était d'un usage
commun.
1. On trouve plusieurs dessins de cette porte. Cfr. B. \.. Cabinet des Estampes,
Topographie.
PLAN DU CLOITRE M, U 1790
Ce plan, calqué sur celui que l'abbé de La Grive offrit au Chapitre en 1752,
indique les maisons des chanoines et bénéficiers sous le numéro qu'elles por-
taient en 1790.
(Archives Nationales, n. 2. Seine. 62.)
LE CLOITRE. o:
Au moyen des indications données dans les Conclusions capi-
tulaires et mentionnant les mutations opérées dans le Cloître,
nous avons pu retrouver l'emplacement de l'habitation de chaque
chanoine en 1790. Nous ferons remarquer qu'un chanoine n'oc-
cupait pas toujours en personne la maison qui lui appartenait
et qu'il louait à des particuliers1. Il faudra donc faire une dis-
tinction entre la propriété de tel chanoine ou bénéficier et l'ap-
partement que de fait il habite. Disons aussi que onze chanoines
ne résidaient pas dans le Cloître : MM. de Méromont, de Floirac
et de Dampierre étaient logés à l'archevêché : M. de Mondran
habitait Carré du Pont-Rouge, en dehors du Cloître; M. Le Moine,
au collège de Lisieux, rue Saint-Jean de Beauvais: M. de Sahu-
guet d'Espagnac, rue d'Anjou-Saint-Honoré; M. de Beaumont,
rue de Grenelle-Saint-Germain. Enfin M. de la Bintinaye était
ordinairement à Cicé près Rennes; M. de Lostanges à Toulouse,
M. de Cours à Moissac, M. d'Autichamp à Cambrai.
La première maison à gauche (n° 39), après avoir franchi la
Grande Porte, appartenait à M. Cochu de la Grange2. Le long
de la petite ruelle qui la longeait à l'est, habitaient M. de
Malaret (n° 37) et M. de Neuchèze (n° 36;; au fond de l'impasse,
on entrait dans la maison de M. Viet (n038j. En remontant la
grande rue du Cloître, nous voyons, toujours à gauche, les
maisons de M. de Launay (n° 35) , de M. de la Fage (n° 34), de
M. Rivière (n° 33) 3. Cette dernière faisait l'angle de la rue du
Cloître.
En prenant à gauche la petite rue 4, qui conduit à la rue des
Marmouzets, nous trouvons, à côté de la maison de M. Ri-
vière, la Maîtrise (n° 32); puis nous passons devant chez M. Bré-
înont (n° 31) 5, M. d'Espinasse n" 30 . et devant la maison dih>
1. Exemple: M. Delon, chanoine, avait en propriété la maison n° 6 et habitait
l'appartement dit du Petit-cloitre, n° 45.
'-'. Otte maison s'appelait •• le fief du Poirier », et son propriétaire devait 108 1.
(is. lld.de rentes constituées sur les Aydes et Gabelles, par contrat liquidé en vertu
de l'édil de 1 7t'.4. — M. Papin, chanoine, habitait chez M. Cochu de la Grange.
:i. Elle a été démolie en 1903.
1. Aujourd'hui rue Massillon.
5. La maison de M. Brémont était contiguë à la Maîtrise puisque le Chapitre ui
permit d'ouvrir une fenêtre sur la cour des enfants do chœur.
C8 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1190.
de Périgny (n° 29), du nom du chanoine qui l'abandonna au Cha-
pitre, et qui était louée alors à différentes personnes. En descen-
dant ensuite vers la porte des Marmousets, nous avons à gauche
les deux maisons bénéficiales des curés de Saint-Jean le Rond
(n° 27 et n° 28) *, derrière lesquelles se trouvait celle de M. du
Pinet (n° 26) ; enfin, la dernière sur le même côté avant la porte,
celle de M. Gatignon (n° 25). On était souvent en querelle sur ce
côté de la rue des Marmouzets : la maison de Périgny logeait des
poules et des coqs, dont les voisins avaient souvent à se plaindre,
et nous avons dit les difficultés soulevées entre M. du Pinet et
M. Gatignon à propos du belvédère, du mur mitoyen, etc.
En nous éloignant de la porte des Marmouzets, sur notre
srauche dans la même rue, nous trouvons d'abord les deux mai-
sons d'Etienne de Garlande, attenant à la petite chapelle de Saint-
Aignan. Ces maisons, rangées parmi les maisons bénéficiales,
parce qu'elles ne pouvaient être séparées des bénéfices de Saint-
Aignan, étaient la propriété de chacun des chanoines du même
titre : le n° 24 appartenait à M. Duchesne et le n° 23 à
M. Chevalier. Puis nous passons devant les maisons de M. Viet
de Yillers (n° 22), de M. Radix (n° 21), de M. Camiaille (n° 20), de
AI. du Authier (n° 19), de M. des Plasses (n° 18) 2, de M. Lucas
(n° 17), de AI. du Alarais (n° 16).
Le grand bâtiment, situé au fond d'une étroite ruelle à gauche,
et donnant sur le Carré du Pont-Rouge (n° 15), était appelée la
Communauté des Chantres. Une vraie cité ! Nous y trouvons logés
les clercs de Matines, les Machicots, les bénéficiers diacres et
sous-diacres, un chanoine de Saint-Aignan. AI. Chevalier, le
sous-agent des affaires, M. Le Roy, différents locataires aux qua-
trième et cinquième étages. Le Grand Chantre qui a la surveillance
de la Communauté, a fort à faire pour régenter cette petite répu-
blique. On apprenait souvent que, à la Communauté, il y avait
1. Nous ne pouvons admettre comme emplacement de ces maisons celui indiqué
sur la carte publiée par M; Chartier dans son ouvrage L'Ancien Chapitre de
Notre-Dame et sa Maîtrise.
2. A la maison de M. des Plasses étaient annexés cinq arpents de terre à Orly.
Cfr. Arch. Xat., S. 160. Attestation de François Halle, laboureur, du 14 octobre
1790.
LE CLOITRE. 69
eu des disputes, des rixes, des prises de corps, qui parfois néces-
sitèrent l'intervention de la Garde.
Afin d'éviter les excès et les occasions de conteste, on avait
impose au cuisinier-traiteur, M. llanquetin, un règlement des plus
restrictifs. 11 devait exercer en personne sa profession, servir
aux bénéfîciers et gagistes, logés ou non dans la Communauté,
des portions aux prix en usage, depuis onze heures et demie
jusqu'à deux heures pour le dîner et depuis sept heures jusqu'à
dix heures pour le souper. A cette heure, le réfectoire devait
être régulièrement fermé. Il était interdit d'y chanter et d'y tou-
cher des instruments. Le traiteur ne pouvait faire crédit au delà
de 24 livres; il s'engageait par écrit à ne pas poursuivre les bé-
néfîciers et gagistes, qui lui devraient une somme supérieure.
Par la rue des Chantres on accédait à une petite place située
dans le Cloitre et donnant, par la porte dite de l'Ane-Royé, sur le
Carré du Pont-Rouge. Elle était fermée, du côté de la rivière, par
les maisons bénéficiales de Saint-Denis du Pas, affectées aux
chanoines-prêtres de cette église.
L'autre côté de la rue des Chantres, c'est-à-dire à gauche en
revenant vers l'intérieur du Cloitre, était occupé par la maison
de M. de Montdenoix (n° 10)1, puis par la maison de M. Couet
(n° 9) , laissée au Chapitre par le chanoine de ce nom et admi-
nistrée comme la maison de Périgny. Cet immeuble, dont le
plan est conservé aux Archives Nationales, était fort impor-
tant; il se composait de quatre grands corps de bâtiments, d'au-
tant de cours et allait jusqu'à la rivière. A l'angle de la rue des
Chantres, on voyait une tourelle en encorbellement d'un fort joli
aspect. M. Couet, ancien chanoine de Saint-Germain l'Auxerrois,
puis successivement chanoine titulaire et honoraire de Notre-
Dame, était encore survivant en 1790 : le Chapitre lui payait
pour sa maison une rente viagère de 5.000 livres et devait verser
1.500 livres à ses héritiers. Nous trouvons dans cette maison
1. La maison de M. de Montdenoix devait être en face la maison n° '.). car, dans
une Conclusion de 1782, nous voyons le Chapitre se plaindre que l'eau du comble
de la maison de M. de Montdenoix. située dans la rue conduisant à la Commu-
nauté, détériore la façade de la maison de M. du Marais.
70 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
plusieurs personnages connus : MM. Gatignon, de Montdenoix,
frère du chanoine, l'évêque de Babylone, le fameux Mirodon,
M. de la Fresnaye, Mlle de Dampierre, M. Pringot, chanoine de
Saint-Merry et chapelain de Notre-Dame.
Toutes les maisons, qui continuent à gauche la rue dite Chanoi-
nesse, ont sur la Seine de superbes jardins, qui en font les de-
meures les plus agréables du Cloître; elles appartenaient à M. de
Champigny (n° 7), M. Delon (n° 6), M. de Vienne (n° 5), M. de Bon-
neval (n°4), M. de Montagu (n° 3), et M. de Tilly-Blaru (n° 1 bis).
Cette dernière était d'un accès assez difficile; aussi obtint-
il du Chapitre qu'un réverbère serait allumé dans la rue jusqu'à
trois heures du matin pour lui permettre de rentrer chez lui de
Matines. Devant cette maison et non loin du chemin qui con-
duisait à l'abreuvoir *, se trouvait la quatrième maison béné-
fieiale de Saint-Denis du Pas (n° 2) ; elle était louée à M. Du-
ehesne, chanoine de Saint-Aignan.
A l'extrémité sud-est du Cloitre se trouvait un jardin appelé le
Terrain 2 : nous verrons plus loin qu'il était le chef-lieu d'un fief
jadis fort célèbre. Le Terrain, dont les arbres dépérissaient depuis
longtemps, avait été replanté en 1770, et son jardin fut, la même
année, dessiné par M. Magu. C'était un square charmant pour
les habitants du Cloitre et pour les enfants de chœur, qui chaque
jeudi venaient y prendre leurs ébats. Il était gardé par un con-
cierge, qui avait en même temps la manutention des bains publics
qui se trouvaient au bas de la terrasse : « il doit maintenir la plus
exacte décence et empêcher la natation et supprimer toutes les
dispositions qui pourraient la faciliter)).
Entre la rue Chanoinesse et la rue du Chapitre se trouvait un
groupe de maisons, qui formaient comme un îlot au milieu du
1. L'abreuvoir fut rétabli en 1787.
1. Vers 1784, les terrasses de ces cinq dernières maisons menaçaient ruine ; le Cha-
pitre décida de les faire rétablir à frais communs avec leurs propriétaires, comme
c'est l'usage pour les maisons qui font clôture. Une conclusion capitulaire de cette
même année nous donne de précieux renseignements sur cette partie extrême du
Cloitre : « Sur le rapport fait que M. Moreau, architecte de la ville, serait venu en
lad. qualité pour projeter sur le lieu même l'alignement demandé au Bureau de la
Ville pour la reconstruction du mur de terrasse de M. le Doyen ; que d'après examen
LE CLOITKE. Tl
Cloître. Il comprenait cinq maisons, du n ' 40 au n° 44, appartenant
respectivement à MM. Le Blanc, du Bois-Basset, de Beaumont
d'Autichamp, Chevreuil et Riballier '.
Notre visite du Cloître se terminera par l'étude d'un ensemble
de constructions, accolées au côté gauche du chevet de Notre-
Dame et comprenant le Chapitre, le Petit-Goitre, le cimetière et
l'église de Saint-Denis du Pas, et un petit logis habité par M. De-
lon, chanoine (n° 45).
Le « Chapitre » était un grand corps de bâtiment dans lequel
étaient centralisés tous les services de l'administration capitulaire.
Le rez-de-chaussée se composait de deux grandes salles : la pre-
mière, donnant directement sur le Cloître en face du puits, s'ap-
pelait l'Auditoire. C'est là que le Chapitre exerçait ses droits de
justice par son Bailli ou Chambrier-lai et que le Grand-Chantre
jugeait les cas ressortissant à sa juridiction. On y entrait par
une porte donnant sur la rue du Cloître, en face l'entrée princi-
pale et auprès du Puits. La seconde pièce était la salle capitulaire,
appelée spécialement « le Chapitre ». Pour y accéder du Cloître, on
franchissait une petite porte à droite de l'entrée de l'Auditoire, on
entrait dans une cour entourée d'un cloître, appelée Petit-Cloître,
on montait un perron à gauche, on passait sur la tombe du cha-
bien réfléchi, il aurait représenté que la ligne circulaire qui formait led. mur avant
B8 chute était beaucoup moins solide et en même temps beaucoup plus dispen-
dieuse qu'une ligne droite, ce serait le cas pour le Chapitre de solliciter cette der-
nière forme pour la construction dud. mur, et que, comme celui delà terrasse du
jardin delà maison de M. de Tilly déjà très renfonce'' le deviendrait encore davan-
tage puisqu'il laisserait une surface inutile et perdue de 2G toises environ de ter-
rais extérieur, dans lequel les eaux resteraient stagnantes: ce serait donc une
occasion essentielle de demander et obtenir que l'alignement qui serait donné à
M. le Doyen fut commun à mond. Sr de Tilly. de telle sorte que commençant au
l'as de la face antérieure du mur de terrasse du jardin de la maison canoniale de
H. de Bonneval et se prolongeant en ligne droite et ensuite retournant en pan
coupé, il se redresserait définitivement jusqu'à l'angle du mur actuel du jardin du
Sr de Tilly sur l'abreuvoir du Cloître; qu'un pareil alignement procurerait aux deux
jardins une augmentation de 70 toises de superficie de terrain et formerait une
figure d'autant plus agréable qu'elle répondrait à celle du jardin du Chapitre. >
Cfr. Concl. cap., Arch. Nat. LL. 23239.
1. Parmi les habitants du cloître, nous comptons plusieurs conseillers au Par-
lement : MM. les abbés Terré de Barnay, Tandeau de Mai-sac et Foulon, ainsi
que de nombreux avocats. MM. Oudet, Giroult, Poulet. Ferey, Rémy de Méry et
Houard.
72 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
noine Fumée, enterré auprès des marches, et on se trouvait alors
au seuil de la salle du Chapitre, dont nous donnons plus loin une
minutieuse description. A côté, le Chapitre avait aménagé les
écuries pour remiser les attelages des fermiers, et le sous-sol était
occupé par le magasin aux seaux à incendie, par la loge du portier
de la Recette et par la salle des Francs-Sergents. Le premier étage
comprenait la bibliothèque, les appartements du Receveur géné-
ral, le Bureau de la Recette, au milieu duquel pendait une balance
pour peser les espèces que les débiteurs du Chapitre y venaient
verser, et la salle d'assemblée, dite « la Chambre » *. Les
archives étaient conservées au second étage, sous la garde de
l'archiviste Pavillet. Le Chapitre logeait encore dans le même
immeuble son secrétaire, M. Buée; le garde du Trésor, M. Mortier,
et le receveur de l'Archevêché.
Le Petit-Cloître, auquel nous avons déjà fait allusion, était aussi
appelé « le charnier ». Le Chapitre y avait fait dresser plusieurs
croix de fer et de cuivre provenant du cimetière des Innocents,
lors de sa suppression. C'est là aussi que l'on transportait les
cadavres des personnes, dont la mort violente ou accidentelle
devait être juridiquement constatée par le Bailli et le chirurgien
légiste. Le Petit-Cloître était séparé de l'église de Saint-Denis
du Pas par un jardin et par le cimetière de la paroisse. On y
enterrait les personnes décédées dans le Cloître : les plus riches
demandaient la sépulture dans l'église même; mais elle devint
insuffisante et le Chapitre permit d'établir une cave 2 sous la sa-
1. Cfr. Inventaire de 1790. — Cabinet du Receveur général : un bureau, une
caisse de bois de chêne, un trumeau de cheminée «l'une seule glace de 2 pieds 9
de haut sur 2 pieds 3 de large, surmonté d'un tableau représentant un paysage;
le tout dans un parquet de bois peint en gris avec ornements de bois doré; plu-
sieurs corps de tablettes; un morceau de tapisserie; un fauteuil de bois de hêtre
couvert de tapisserie à l'aiguille; un fauteuil et une chaire. — Bureau de la Recette :
deux bureaux l'un devant l'autre; pupitre double au-dessus et armoire à rayons:
une table de chêne; au-dessus sont suspendus par une potence de fer des balances
de cuivre à fléau de fer poli. — Salle d'Assemblée, dite la Chambre : dans la
niche, au-dessus de la tablette de la cheminée, un buste en marbre du cardinal de
Richelieu; deux tableaux dans la boiserie, représentant le cardinal de Noailles el
le Maître-Autel de Notre-Dame de Paris; un bureau ; deux tables; quatre fauteuil
et huit chaises.
2. Cette cave fut établie sous le charnier, contigu à l'église, et sous la sacristie en
1779. Concl. cap.
I.K CLOITRE. 73
cristie où Ton continuerait d'enterrer moyennant un droit de
100 livres.
Depuis la démolition de Saint-Jean le Rond en 1750, cette église
est devenue la paroisse du Cloître. Les deux curés de Saint-Jean
le Rond, dont le titre fut alors transféré à Saint-Denis du Pas, y
font les baptêmes, mariages et enterrements; les chanoines de
chacune des deux églises y acquittent séparément leurs fonda-
tions et y célèbrent leurs offices. Nous verrons que le Chapitre
de Notre-Dame venait souvent en procession à cette église.
CHAPITRE TROISIEME
LE CHAPITRE
I. Le Chapitre. Les deux cléments des décisions capitulaires : la tradition et
la délibération. Chapitres ordinaires : une séance; la salle capitulaire; la Cham-
bre. Chapitres extraordinaires à la Porte-Rouge, au Revestiaire. Convocations.
Chapitres généraux. Le Synode. — II. Le Chœur de Notre-Dame. Magni-
ficence des cérémonies. Description du chœur. Les stalles. L'habit canonial. La
messe de l'Assomption en 1780. Les tours de semaine. Cycle liturgique. — III. Ju-
ridiction du Chapitre. Juridiction temporelle : la barre; les justices sei-
gneuriales ; officiers de justice; droit de Commitlimus. — Juridiction spirituelle :
exemption de lajuridictionépiscopale; exercice de la juridiction capitulaire sur
les chanoines, les habitants du Cloître, le clergé des ('.dises sujettes. — Juridic-
tion quasi spirituelle; nomination aux bénéfices. — IV. Rapports du Cha-
pitre avec l'archevêque, le diocèse, le roi, la famille royale, les grands person-
nages, la ville.
I
Un corps vivant ne se compose pas de membres épars : peut-on
connaître la vie rien qu'à étudier ces membres, séparés du corps
qu'elle anime? Dans les pages précédentes, nous avons considéré
seulement les individualités du Chapitre ; il nous faut mainte-
nant les grouper, les réunir, avec ces membres reconstituer le
corps, lui rendre sa vie propre, ranimer son organisme, étudier son
tempérament. Jusqu'ici nous avons vu des chanoines, pas encore
le Chapitre.
Deux principes constituaient la vie capitulaire : la tradition et
la délibération. La tradition d'abord, qui maintient les bons
usages, garde au corps sa physionomie personnelle, sert à éviter
des innovations téméraires de la part du Chapitre ou blessantes
à son égard. Elle est l'élément conservateur. Aussi les chanoines
ont-ils soin de faire écrire en détail dans les registres capitu-
76 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
laires tout ce qui peut servir à la conserver intacte, à la maintenir
ou même à l'établir pour l'avenir. Une difficulté surgit, une pré-
tention veut prévaloir, une réforme s'impose : immédiatement une
commission compulse les archives, étudie les précédents, recherche
les circonstances analogues, et fait un rapport au Chapitre, qui
statue toujours dans le sens de la tradition1. Elle est si respec-
tée que, même quand une délibération vient la contredire pour un
cas particulier, les chanoines entendent la sauvegarder par cette
formule qui revient à chaque page des Conclusions : sine in pos-
tent m consequentiâ. Avec elle, ils ont raison du Roi, de l'Ar-
chevêque, du Parlement et surtout du relâchement ; elle les aide
à maintenir une discipline rigoureuse au milieu d'un siècle, qui
n'était que trop accommodant.
La rigidité de la tradition était adoucie par la délibération.
Le Chapitre était une assemblée délibérante, presque parlemen-
taire. Des chanoines auraient -ils été vraiment chanoines s'ils
n'eussent pas été « capitulants ? » et, Dieu sait pourtant, s'ils
aimaient à capituler ! On ne s'étonnera donc pas de voir le Cha-
pitre se réunir fort souvent; il faut dire que la multiplicité
des affaires l'exigeait au moins autant que le besoin, d'autres
diraient la manie, de délibérer. Il y avait les chapitres ordinaires,
les chapitres extraordinaires, les chapitres généraux et le
Synode annuel.
Les chapitres ordinaires se tenaient à l'issue de l'office du matin,
trois fois la semaine, les lundi, mercredi et vendredi 2; en ca-
rême, à cause de la station, le chapitre du vendredi était remis
au lendemain. Nulle convocation n'était faite pour ces sortes de
réunions, qui étaient annoncées seulement par la cloche capitu-
laire; à l'heure marquée, les chanoines se réunissaient en habit
1. Los Chapitres du Royaume, connaissant cet attachement inviolable de l'Église
de Paris à ses traditions, lui demandaient souvent des consultations sur différents
points de discipline. Les réponses du Chapitre nous ont été fort utiles pour con-
naître los usages et les traditions en vigueur. Arc/i. Xat. Série L. 544645.
2. En carême, les chapitres ordinaires se tenaient pendant None. Quand la pre-
mière messe était commencée au chœur, le spé entrait au chapitre et, après plu-
sieurs révérences, il se mettait à genoux et disait : Domini mei, missa incepta
est. Les chanoines quittaient la salle capitulaire et se rendaient à l'office. I\oles
mss. du maître des cérémonies. — A. N. L. 528.
LES RÉUNIONS CAPITULAIRES. 77
de chœur dans la salle d'assemblée '. Elle était située au rez-de-
chaussée d'un grand immeuble situé non loin de la Porte-Rouge,
dans lequel le Chapitre avait groupé les services de son adminis-
tration : bibliothèque, archives, auditoire, recette générale, secré-
tariat. Cette salle était fort somptueuse. Des tapisseries d'Aubus-
son, à fond bleu et semées de fleurs de lis, garnissaient les sièges,
les dossiers, les tables; les murs étaient ornés de trente-sept bas-
reliefs « d'un genre gothique » ; cinq tableaux de Philippe de
Champagne, représentant la Naissance delà Sainte Vierge, l'An-
nonciation, sa Présentation, son Mariage et son Assomption,
alternaient avec quatre figures de grandeur naturelle, saint Denis,
saint Marcel, sainte Geneviève et Notre-Seigneur, « peintes en
grisaille, dans le goût de Natoire ». Un superbe crucifix de bronze,
œuvre de Girardon, surmontait le fauteuil du Doyen. La salle,
occupée de trois côtés par les sièges des chanoines, était partagée
par la « barre du Chapitre » , limite que ne devaient pas franchir
les ecclésiastiques, attachés au chœur de Notre-Dame, quand ils
avaient à comparaître aux chapitres généraux 2.
Après que les chanoines avaient pris séance, le secrétaire notait
les capitulants 3, pour qu'ils pussent, à l'époque voulue, toucher
leurs droits de présence 4, et de suite commençait l'expédition des
affaires. Si une fête solennelle, des obsèques, un anniversaire,
une cérémonie extraordinaire devait avoir lieu dans la semaine,
on désignait le célébrant, le diacre et le sous-diacre, puis le
1. Los détails do l'ornementation t\o la Salle capitulaire ont été roconstitués d'a-
près los documents suivants : pour los tapisseries, Concl. cap., année 1754; —
pour los peintures et tableaux : « Procès-verbal d'inventaire à Notre-Dame fait par
Bernier(pour les peintures) et lïoard {pour les sculptures) », publié dans los Nou-
velles Archives de l'Art français, 3e sério, G. 1890. B. X. 8* V, 234; — pour les bas-
reliefs, los tableaux de l'h. de Champagne et los figures on grisaille, G. Brice,
Descriptions de Paris, 1713, t. III. p. 269. Ces cinq tableaux furent exécutés on l(i:!ti;
ils serviront de carton à cinq dos quatorze tapisseries données au Chapitre par
M. Le Masle des Roches, grand chantre, et que l'on tendait dans le chœur au-dessus
des anciennes stalles. — L'inventaire do 1790, fait par Vigner et Hardy, signale
aussi une belle carte géographique de la Ville de Paris. B. X. niss. n. a. fr. n. •,'7'.h;.
2. Cfr. Concl. cap. Séance extraordinaire du '-'0 avril 1789.
3. Les chanoines, qui n'étaient que minorés, n'étaient pas capitulants; ils nassi.-
taiont donc jamais aux délibérations du Chapitre.
4. Concl. cap., 24 juin 1781.
78 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Chapitre approuvait les locations, les baux, le taux des lods
et ventes, nommait aux bénéfices, dont il était le collateur, apu-
rait les comptes des différentes caisses, approuvait les tables
de distribution, écoutait les rapports de Messieurs en charge,
choisissait ses baillis, procureurs fiscaux, prévôts, appariteurs,
gardes-pêche, gardes-chasse, geôliers, donnait parole au notaire,
citait et réprimandait les ecclésiastiques bénéfîciers du Chapitre,
et, à la dernière réunion de la semaine, il désignait le chanoine,
qui « entrait en tour » pour présenter aux bénéfices qui viendraient
à vaquer pendant la semaine suivante et auxquels le Chapitre ne
nommait pas in connu uni.
Les chanoines prenaient garde que la délibération, ou la déci-
sion qui la suivait, ne blessât la délicatesse à l'égard de leurs
confrères en cause. Le chanoine, qui présentait requête au Cha-
pitre sur un sujet le concernant, devait sortir pendant la discus-
sion du cas, et, si quelque obligation était imposée à quelqu'un,
on se servait dans la rédaction d'un mot composé fort poli :
« Monsieur N. est chargé-prié de... comniissus-rogatiis. »
Les affaires plus importantes soumises au Chapitre étaient
auparavant préparées, examinées et étudiées par « la Chambre ».
La Chambre était par rapport au Chapitre ce qu'est aujourd'hui
dans nos Conseils de Fabrique le Bureau des Marguilliers, ou
une Commission dans nos Assemblées parlementaires. Elle était
présidée par le Chambrier, nommé chaque année au chapitre
général de la Saint-Jean, et se composait de quelques chanoines,
choisis parmi les plus compétents sur les matières à étudier : par-
fois on y appelait encore l'architecte ou l'avocat-conseil du Cha-
pitre. La Chambre préparait les baux et les contrats, conduisait
les négociations, s'occupait de l'état des domaines, des terres,
des plantations, surveillait les constructions nouvelles, etc. Aussi
le Chambrier était-il l'homme le plus occupé du Chapitre. M. Ca-
miaille remplissait depuis plusieurs années cette charge avec un
zèle et un dévoùment que ses confrères lui reconnurent en le main-
tenant jusqu'à la fin dans ces difficiles et délicates fonctions. A
Paris, il examinait les devis, mémoires, plans, et les affaires l'obli-
geaient à des absences fréquentes et prolongées. Bien faibles étaient
LtS RÉUNIONS CAP1TULAIRES.
les dédommagements à tant do peines : le fermier de l'Hay-
Châtenay lui devait cinquante gerbées de froment; celui du Mes-
nil-Amelot, deux cents bottes de paille; celui du Tremblay, cin-
quante gerbes de froment; celui de Villiers-le-Bel, cent cinquante
gerbes de paille '.
C'était encore dans les chapitres ordinaires que les nouveaux
chanoines étaient reçus par leurs confrères avant d'être installés
dans le chœur de Notre-Dame. Quand un ecclésiastique avait
reçu les Lettres de l'Archevêque lui conférant un canonicat, il
choisissait un de ces Messieurs, qui lui servait comme de parrain,
et tous deux, en manteau long, rendaient visite à chacun des
chanoines « précédés de l'huissier du Chapitre qui portait les bil-
lets ». Puis au chapitre suivant, le récipiendaire se tenait à la
porte de l'Assemblée, revêtu de la soutane, togâ academicâ, ou
de l'habit de chœur d'hiver, s'il était déjà attaché par quelque lien
à l'Église de Paris; là il attendait qu'on lui permît d'entrer. Ce-
pendant, ses lettres sont lues par le secrétaire; la porte lui est
alors ouverte, il s'avance vers le bureau placé devant le Doyen,
s'agenouille et prête serment sur le livre écrit en caractères
gothiques, ouvert à la page « du Crucifix et du saint Evangile »,
sur laquelle il étend la main. Prêtaient encore serment au Cha-
pitre : l'Archevêque, les Dignités, les marguilliers-clercs, les
niarguilliers-lais, les francs-sergents et les petits-huissiers. Les
vicaires perpétuels et les chapelains le prêtaient à l'autel de Saint-
Denys, à l'entrée du chœur.
Les chapitres extraordinaires variaient beaucoup en impor-
tance. Quelques-uns se tenaient à la fin des Laudes, près la
Porte-Rouge, où nos bons chanoines aimaient à bavarder un
peu en se disant bonsoir, ou plutôt bonjour : il était alors entre
deux et trois heures du matin! D'ordinaire les sujets traités à
cette heure indue n'étaient pas fort sérieux : le ciel est maussade,
la procession du matin sera supprimée; on s'y communique
les nouvelles : la maladie du Roi, la délivrance de la Reine, la
mort d'un personnage. Très pittoresques ces chapitres impromptus
1. Cfr. Déclaration des Biens du Chapitre à la campagne. .I..V. S. 560, patsim.
80 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
ad Portant Rubeam! D'autres fois, les chapitres extraor-
dinaires se tenaient à la sacristie après un office : la mort d'un
confrère, une décision liturgique à prendre, un scandale pro-
voqué dans le chœur à punir, un nouveau Mandement de l'Ar-
chevêque, tels sont les sujets consignés dans les procès-verbaux
de ces sortes de réunions.
On doit surtout donner le nom de chapitres extraordinaires
à des séances, solennellement annoncées, tenues dans la salle
capitulaire, dans des circonstances tout à fait exceptionnelles.
Les convocations se faisaient de deux manières, ou bien per
domos, ou bien ad aquitain cliori. La première, que nous
verrons employer en 1789, lors de la nomination des élec-
teurs aux Etats généraux, était la moins solennelle : le se-
crétaire faisait parvenir à chacun des chanoines un billet indi-
quant le jour et l'heure de la réunion. Le Chapitre, comme le
Concile œcuménique, avait ses cursitores! La seconde n'était
plus guère pratiquée que pour l'élection du Doyen. A la fin de
la grand'messe, le Bailli du Chapitre, revêtu de son costume
de Palais, entrait dans le chœur, s'avançait jusqu'à l'Aigle,
y lisait la lettre de convocation appelée Manda tum, laissait
la minute sur le pupitre, en même temps qu'une double copie
était affichée aux portes de Notre-Dame. C'était la forme la plus
solennelle.
Les chapitres généraux se tenaient quatre fois l'an : le len-
demain de la Chandeleur, le lundi de Pâques, le lendemain de
la Saint-Jean et de la Saint-Martin d'hiver. Il arrivait quel-
quefois qu'ils se continuaient pendant les jours suivants. Les
chanoines partaient en procession du chœur de Notre-Dame,
accompagnés du clergé de leur église : tous étaient en habits de
chœur, mais les machicots, clercs de Matines et autres officiers-
clercs portaient le surplis plié sur le bras; arrivés à la salle capi-
tulaire, les chanoines entraient immédiatement en séance, laissant
à la porte tout leur clergé. Les affaires à traiter dans ces chapi-
tres étaient d'ordinaire fort nombreuses et fort importantes :
celui-ci attendait donc là parfois très longtemps; et, quand la
délibération était terminée, on lui faisait savoir que la multi-
LES REUNIONS CAPITULAMES. 81
plicité des affaires empêchait les chanoines de le recevoir et on
le congédiait. C'était de tradition.
Les chapitres généraux étaient en effet fort importants : c'est
alors que Ton traitait les questions plus graves, réservées dans
les chapitres ordinaires. Les absences y étaient rares; les cha-
noines s'y trouvaient toujours au grand complet. Ils avaient
d'ailleurs gros prolit à ne pas manquer, puisque les revenus
des lods et ventes et ceux des petits-vins étaient distribués aux
présents l. Le chapitre de la Saint-Jean s'appelait « le chapitre
des Mœurs » ; on s'y occupait surtout des abus à réformer, de la
conduite du clergé, de l'ordre du chœur; on y nommait aussi
chaque année ceux de Messieurs qui devaient être en charges.
Les grandes assises capitulaires se tenaient lors de la célé-
bration du Synode. En plus des ecclésiastiques qui devaient as-
sister aux chapitres généraux, les prêtres de l'Hôtel-Dieu, tous
les chapelains, le clergé de Saint-Jean le Rond et de Saint-Denis
du Pas, les vicaires perpétuels, les quatre fdles de Notre-Dame, y
étaient convoquées pour le mardi de la seconde semaine de ca-
rême. Un chanoine adressait à l'assistance un discours assez
étendu sur les devoirs imposés aux ecclésiastiques, dont le ré-
sumé et l'éloge se trouvent dans le procès-verbal de chaque
année. Le dernier de ces discours, prononcé le 2 mars 1790, par
M. de Mondran, était tout de circonstance : « Quantum in adim-
plendis muniis et in defendendà Religionis causa, suum ergà
ipsam ardens studium ostendere debent viri ecclesiastici2. » En-
suite M. le Doyen, remplissant alors les fonctions d'official du
Chapitre, lisait les Monùa, qui rappelaient à chacun ses obli-
gations, les règlements à observer, les abus à réprimer '.
1. Rien que pour les deux chapitres généraux de la Saint-Martin 1789 et de lu
Chandeleur 1790, les capitulants avaient à se partager la somme de 10.856 1. Cfr.
Concl. cap., "20 juin 1780, 7 novembre KSI. 12 novembre 1783, 7 mai 1790.
2. M. de Mondran avait prononcé aussi le discours de l'année précédente :
« Quantum sacerdotio dignitatis afferunt doctrina et misericordia quas sibi vin-
dicat. - Concl. cap., 1780. lu mars.
3. Le promoteur du Chapitre, dont l'office était ordinairement rempli par le
secrétaire, avait le droit de requérir eontn' les bénéficiera, qui. dans la quinzaine,
ne donnaient pas une excuse légitime de leur absence au Synode.
CHAPITRE DE NOTRE-DAME LE PARIS. 6
82 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
Après avoir assisté aux délibérations des chanoines, allons
au chœur de Notre-Dame : nous les retrouverons à leurs stalles,
remplissant la principale fonction de leur ministère : la célébra-
tion de l'Office Divin. Aujourd'hui que les chœurs de nos vieilles
églises sont plus qu'aux trois quarts vides, qu'un clergé fort
restreint est chargé de les desservir, que l'uniformité dans les
rits, les ornements, les costumes, engendre presque la mono-
tonie; que les cérémonies s'accomplissent avec beaucoup de di-
gnité, mais peu de magnificence, on se fait difficilement une idée
de la pompe avec laquelle se développaient dans des chœurs, 'comme
celui de Notre-Dame, les manifestations du culte catholique. Un
Chapitre nombreux, assisté d'ecclésiastiques plus nombreux en-
core, des costumes opulents, des ornements d'une richesse inouïe,
les chefs-d'œuvre du Trésor chargeant les autels ou portés par
les officiants, parfois la Cour étalant ses splendeurs royales
jusque dans le sanctuaire : un tel spectacle devait produire sur
l'esprit des peuples une impression de grandeur et de majesté,
que nous ne connaissons plus. Plus théâtrale que symbolique était,
il est vrai, la liturgie parisienne : on peut dire d'elle ce que l'on a
dit de beaucoup d'œuvres d'art nées en même temps qu'elle :
trop vantée jadis, trop décriée plus tard. Etudions-la (n'est-elle
pas une manifestation de la vie capitulaire ?) non pas dans la
lettre morte des livres, mais ressuscitée dans le chœur même
où elle naquit en 1703 et où elle vécut pendant plus de cent
cinquante ans.
Le chœur de Notre-Dame était, en 1790, à peu près tel qu'il
est aujourd'hui. Les deux grandes stalles à baldaquin se trou-
vaient à l'autre extrémité, près le sanctuaire; la suite des stalles
se continuait dans les trois travées et, derrière les chapelles
de la sainte Vierge et de saint Denis, se fermait en un demi-
cercle, coupé au milieu par la grande porte en fer forgé donnant
sur la nef. On comptait alors soixante-six stalles supérieures
et quarante-huit stalles basses. La grande stalle, placée à gauche,
c'est-à-dire du côté de l'Epître, servait de trône archiépiscopal;
l'autre en face, établie pour garder la symétrie, n'était utilisée
que pour les discours synodaux. Depuis 1782, année où l'on
LES RÉUNIONS CAPITULAIRES. 83
supprima la distinction entre les stalles * ordinaires et les stalles
de dignité2, le Doyen occupait toujours la première stalle près
de la porte de fer du même côté que la stalle archiépiscopale,
le Chantre la première stalle à gauche de la même porte ; le
Chancelier la première à côté de l'Archevêque, le Pénitencier la
première à côté de la chaire synodale. Les autres chanoines se
rangeaient ensuite juxta reùeptionis ordinem. Si Ton se plaçait
au chœur online inverso, ce qui arrivait quand les cérémo-
nies se faisaient à la chapelle de la Sainte- Vierge ou dans le
haut de la nef, les plus anciens chanoines se plaçaient dans le
sens contraire, c'est-à-dire que M. le Doyen se trouvait dans
la première stalle, à côté du trône, à droite; M. le Chantre
dans la première stalle en face, et MM. les Dignitaires et cha-
noines à leur rang de dignité et d'ancienneté en gardant le côté
qu'ils occupent au chœur. A la suite des derniers chanoines
dans les ordres sacrés, quel que soit l'ordre tenu au chœur,
venaient les vicaires perpétuels, les chanoines de Saint-Jean le
Rond et de Saint-Denis du Pas; les stalles basses étaient oc-
cupées par les ecclésiastiques des églises sujettes, quand ils
assistaient aux offices, les bénéficiers, chapelains, gagistes; puis
in piano étaient rangés les escabeaux des enfants de chœur
et des chanoines mineurs. Au milieu du chœur, était placée la
Banque des chantres, devant laquelle l'Aigle déployait majes-
tueusement ses ailes.
L'Aigle tenait une trop grande place dans l'ancienne liturgie 3
pour que nous ne disions pas un mot de ce chef-d'œuvre du
fondeur Du Plessis, qui l'exécuta au Louvre en 1755. Voici la
description qu'en donne M. le chanoine de Montjoie, dans son
livre des Curiosités de l'Eglise de Paris '*. « L'Aigle qui est
1. A Notre-Dame, on disait et on écrivait « un stal ».
2. Pour les places au chœur, cfr. Concl. cap., ll'ù et 1782; Curiosités de l'Église
de Paris, et différentes notes. .4. X. L. 527. Quand MM. les Dignitaires étaient
i leurs stalles ordinaires, les assistants, voyant les stalles de Dignités inoccupées,
s'imaginaient que les titulaires étaient absents. Pour éviter ces inconvénients, on
supprima la distinction.
:!. Cfr. les Rubriques du Missel de M. de Vintimille, particulièrement sur le mode
de chanter le Graduel, le Trait etPAUeluia.
1. Page 76. Utn* Conclusion capitulaire de 1753 nous apprend que le Chapitre
84 LE CHAPITRE DE .NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
au milieu du chœur est d'une forme triangulaire et a sept pieds
et demi de haut; il est posé sur un bloc de marbre de bleu
turquin : les trois Vertus Cardinales, qui sont assises sur sa
base avec leurs attributs, sont de bronze; la tige est d'un cuivre
poli, représentant à chaque face une lyre en relief, ornée de
guirlandes de fleurs; au-dessous sont des têtes ailées de ché-
rubins : sur cette tige est posé un Globe terrestre, sur lequel
on voit les différentes parties du monde, représentées en relief;
et au-dessus s'élève un Aigle déployé pour soutenir le Livre.
L'art et la délicatesse s'y font admirer et surpassent la na-
ture. » Il fut offert au Chapitre par M. Charles de la Grange-
Trianon, chanoine, abbé-baron de Saint-Sevère et conseiller
au Parlement. Ses armes étaient représentées sur le pied de
l'Aigle ainsi que celles de M. Raguier, qui avait donné l'ancien
lutrin.
L'été, c'est-à-dire depuis Pâques jusqu'à la Saint-Cerboney,
17 octobre *, les chanoines portaient le surplis à larges manches,
l'aumusse grise et le bonnet carré2; le reste de l'année, ils se
revêtaient de l'habit de chœur d'hiver, qui se composait du
rochet, de la chape en drap noir et d'un camail avec capuchon
se rabattant sur la tête. Quelques usages peu convenables s'é-
taient introduits, vers la fin du xvnP siècle, dans la tenue du
chœur : pour se garantir l'hiver de la rigueur du froid, les pru-
dents chanoines n'avaient trouvé rien de mieux que de venir
à Matines en bonnet de nuit. Le Chapitre comprit le ridicule
d'une telle coiffure ; mais l'interdire radicalement aurait pu effa-
roucher quelques tempéraments trop délicats. On suspendit
l'usage des bonnets de nuit seulement pendant les fêtes de Noël,
à cause du plus grand concours de peuple.
Tous les dimanches, les fêtes chômées et dans les circonstances
demanda qu'on donnât à l'Aigle <• un vernis couleur or ». En 1780, quand M. de
la Fage le fit réparer à ses frais, oh lui donna une teinte gris-vert. Cl'r. Concl.
capit.
1. Le peuple de Paris avait fait sur ce saint un curieux calembour. Voyant
dans toutes les églises les ecclésiastiques laisser le jour de sa fête le bonnet carré
pour le remplacer par le capuchon du camail, il l'appela saint Serre-Bonnet !
~. Voir l'image d'un chanoine de Paris, placée entête de cet ouvrage.
OFFICES ET CEREMONIES. 80
extraordinaires, le Chapitre apparaissait aux offices dans toute
sa majesté. Le Doyen, le Chantre, l'Archidiacre de Paris et les
chanoines conseillers-clercs au Parlement revêtaient la robe
d'écarlate; les autres Messieurs, la soutane violette avec pare-
ments rouges1. La question des robes rouges souleva bien des
différends au Chapitre et revenait périodiquement animer les dis-
cussions. En 1674, un chanoine2 pour les apaiser proposa tout
simplement de les donner à tous les Messieurs et écrivit à ce
sujet un curieux mémoire. En voici le préambule : « Il y avait
dans l'antiquité des jeux publics qu'on ne célébrait que de
cent ans en cent ans. Tous ceux qui s'y trouvaient ne les avaient
jamais veus et apparemment ne les devaient jamais revoir. C'est
pourquoy, avant que de les commencer, on criait : « Yenite ad
ludos sseculares quos nemo vidit unquam nec visurus est. » Je
ne sais, Messieurs, ce qui arrivera dans la suite du temps de
l'affaire des robes rouges pour laquelle vous êtes présentement
assemblés. Mais c'est une chose assez remarquable qu'il y a
aujourd'hui justement cent ans que la même question fut proposée
dans cette compagnie et qu'elle y fut agitée durant trois mois
avec beaucoup de chaleur et de contestation. » Malgré les bonnes
raisons de l'érudit chanoine, les choses en restèrent là et la
distinction fut maintenue.
Si nous pouvions revoir le chœur de Notre-Dame un jour de
fête, par exemple le jour de l'Assomption de l'an 1789! Nous
possédons assez de documents pour photographie/-, à cent
quinze ans de distance, la cérémonie qui va se dérouler majes-
tueusement devant nous.
L'archevêque, M. de Juigné, est à son trône, drapé de pentes
et de rideaux en velours cramoisi à crépines d'or'; ses vi-
caires généraux, chapelains, officiers, écuyers sont autour de
lui pour le servir. La croix archiépiscopale domine ce groupe
place au haut du chœur, à droite. Dans les stalles, de nom-
1. Ces robes étaient en soie l'été, en drap l'hiver. Cfr. Inventaire de M. Le-
moine. Arch. Nat. Z- 3133.
•2. Rapport de M. Gaudin. A. X. L. 521-134.
3. A la mort de l'archevêque, la garniture de son trône appartenait à l'église.
86 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
breux chanoines étalent leur costume d'apparat : soutanes
rouges et violettes, fins surplis, aumusses de petit-gris. A côté
d'eux et au-dessous, sont tous les bénéficiers de l'Eglise avec
leurs aumusses noires. M. le Bailli du Chapitre1, le Procureur et
les Officiers de Justice, revêtus de la robe du Palais, occupent
leurs stalles respectives, ainsi que les quatre marguilliers-lais.
A la grande porte du chœur, vous êtes arrêtés par la compagnie
des Francs-Sergents, tandis que la garde des deux portes laté-
rales est laissée aux Petits-Huissiers.
Puis quel cadre pour la cérémonie qui va commencer! Le
chœur de Notre-Dame est encore enrichi des libéralités de
Louis XIV et de Louis XV. Les bronzes des pilastres, de l'au-
tel, des balustres, redorés aux frais de M. de la Fage en 1780,
brillent encore de tout leur éclat2; le maître-autel, en marbre
d'Egypte, est chargé de sa merveilleuse garniture, due au cé-
lèbre Caffiéri. Une petite statue de Notre-Dame, en vermeil,
placée au bas de la croix, sourit avec sa grâce moyenâgeuse
au milieu de ce somptueux décor de style grec. Deux grands
lampadaires brûlent de chaque côté sur la balustrade du sanc-
tuaire. Enfin six tapis de la manufacture royale de la Savon-
nerie 3 couvrent le riche pavé depuis l'autel jusqu'au bas du
chœur.
Les plus beaux vases sacrés, nécessaires à la cérémonie, sont
sortis du Trésor. Pour la procession, qui doit se faire avant la
messe, on a préparé la grande croix d'or, rehaussée de pierreries
de différentes couleurs, et dont une partie, disait-on, était l'œu-
vre de saint Éloi. La riche médaille d'or émaillé, représentant
saint Michel et donnée par le duc de Rerri en 140G, y a été
suspendue. Près de Faute], sont déposés les deux livres d'Epî-
tres et d'Évangiles. Le premier est de vermeil, ayant d'un côté,
1. La stalle de M. le Bailli était ù main droite en entrant, au-dessous de celle
du Doyen. Concl. cap. 1705.
2. Cette même année. M. de la Fage fit réparer encore l'aigle et le pavé de la
nef et du sanctuaire et blanchir <■ toutes les parties extérieures et visibles de l'église.
excepté les bas-côtés et les chapelles du chœur ». Cfr. Concl. cap.
3. Cinq de ces tapis avaient été donnés par Louis XV au Chapitre de Notre-
Dame en 1771: le sixième fut payé en partie par le roi Louis XVI et en partie par
les chanoines. Cfr. Inventaire de ill'O.
OFFICES ET CÉRÉMONIES. 87
dans le milieu la naissance de la sainte Vierge et, de l'autre,
son couronnement ; aux quatre coins de chaque côté sont repré-
sentés les Pères de l'Église, saint Augustin, saint Ambroise,
saint Jérôme et saint Jean-Chrysostome. Le livre des Evangiles
est aussi de vermeil; sur un côté, on voit le Christ au Calvaire,
et, sur l'autre, Notre-Seigneur montant au ciel. Les angles
sont décorés du buste des quatre évangélistes et le dos d'orne-
ments fort délicats. Sur la crédence est posé le calice dit de
Noailles, l'instrument de paix en or ainsi que le bassin et les
burettes de vermeil, donnés en 1G97 par M. le chanoine Petit-
pied. Sur la table de l'autel sont dressés les canons de vélin
enrichis de miniatures admirables et placés dans des cadres d'ar-
gent avec ornements dorés.
L'archevêque s'avance vers l'autel pour commencer la messe,
assisté de MM. Lucas et de Reclesne qui remplissent l'office de
diacre et de sous-diacre; les six induts leur font cortège; le spé
porte son soc pour soutenir tout à l'heure la patène devant l'au-
tel; quatre enfants de chœur, revêtus de tuniques, tiennent des
flambeaux. Les officiants sont parés de l'ornement dit < de la
Ville », qui fut offert à Notre-Dame par les Echevins en 1765 à
l'occasion du baptême de la cloche, nommée Thibault. Il est en
drap d'or avec bouquets de soies nuancées. Il ne sert qu'aujour-
d'hui1. Pendant que la fonction se poursuit à l'autel, M. Du-
gué, le maître de chapelle, entraîne ses musiciens dont les
mélodies, jugées trop théâtrales par les contemporains, alternent
avec le grave plain-chant, que modère M. le Grand-Chantre, assis
à la « Bancque », revêtu d'une chape précieuse, tenant en main
son bâton cantoral et assisté de deux bénéficiers.
11 faut dire que le Chapitre apportait un soin jaloux à l'accom-
plissement exact de toutes les cérémonies : les moindres détails
étaient réglés d'avance2 et un tableau, suspendu dans le sanctuaire,
selon l'usage immémorial de l'Eglise de Paris, rappelait à chacun
1. Cfr. infn'i, page 270.
-'. Tout un carton, aux Archives Nationales, est rempli de notes prises parles
maîtres de cérémonie en prévision des offices. Les moindres détails y sont notés.
.1. V. L. 528.
88 LE CHAPITRE DE NOTRE DAME DE PARIS EN 1790.
des membres du clergé les fonctions qu'il aurait à remplir pen-
dant la semaine1. L\>ilice de chaque semaine, dite commune, était
attribué aux ecclésiastiques qui devaient une semaine à Notre-
Dame, d'après un ordre qui était ainsi établi : « Tous les chanoines
prêtres, diacres et sous-diacres ; les deux vicaires de Saint-Aignan ;
les deux curés de Saint-Jean le Rond; Saint-Denis de la Chartre;
Saint-Victor; les chanoines-prêtres de Saint-Denis du Pas; Saint-
Martin des Champs; Saint-Marcel et, en dernier lieu, les deux
vicairies de Saint-Eloi et de Saint-Magloirc, unies depuis à l'ar-
chevêché. Saint- Victor et Saint-Martin des Champs faisaient par
un de leurs religieux, qu'ils députaient à cet effet, l'eau bénite,
la station du matin et la messe canoniale; pour le reste, ils s'en
remettaient à leurs vicaires perpétuels. L'archevêque se faisait
remplacer par son vicaire. Pour les grandes semaines de Noël,
Pâques et la Pentecôte, les chanoines devaient l'office les trois
premiers jours; les vicaires perpétuels et les bénéficiers-prètres,
les derniers. » L'archevêque, comme tel, était tenu, sauf per-
mission du Chapitre, à célébrer pontificalemcut aux fêtes sui-
vantes : la Circoncision, l'Epiphanie, la Purification, l'Annon-
ciation, le Jeudi-Saint, le jour de Pâques, l'Ascension, la
Pentecôte, la Trinité, la grande Fête-Dieu, la Saint-Jean, la
Saint-Pierre et Saint-Paul, l'Assomption, la Nativité, la Saint-
Denis, la Toussaint, la Saint-Marcel, lTmmaculée-Conception
et Noël2.
11 était de principe à Notre-Dame « que l'office ne doit jamais
manquer ». Pour le maintenir, on édicta en 1770 un règlement,
soi-disant provisoire, et qui survécut jusqu'à la fin : les cha-
noines pouvaient oflicier par eux-mêmes ou par les bénéficiera-
prêtres, qui sont en tour de les suppléer; les autres ecclésias-
tiques devront se faire remplacer de gré à gré, et, afin de
pourvoir aux cas imprévus, tout pouvoir était donné au vicaire
1. <• Tabula, quae per quamlibet tiebdomadam conficitur ad praescribendas func-
tionos, quœ tum a beneficiatis tum a macieotis sunt adimplendae. •> Concl. cap.,
année 17*7.
2. Au chœur, un chanoine de Paris était presque un prélat ; là, il ne saluait un
évêque <■ que par une simple inclination de côté et en coulant sans se retourner ».
Concl. cap., 1760.
OFFICES ET CEREMONIES. 89
de M. le Chantre, pour désigner sur-le-champ un remplaçant
d'office. Ce règlement passait pour si important aux yeux du
Chapitre, qu'il le fit afficher, dune manière permanente, à
l'Aigle du chœur. Le Chapitre poussait même si loin ses pré-
visions sur les détails des cérémonies, qu'il faisait intabuler
chaque semaine quatre Clercs de Matines, à qui il imposait
l'obligation de se trouver au chœur avant l'heure de l'office « pour
soutenir et continuer le Deus in adjutorium ' ».
D'après les indications des Missel, Bréviaire, Processionnal
et Cérémonial de l'époque et un grand nombre de notes manus-
crites, rédigées par les maîtres de cérémonies, surchargées de
remarques et entrant dans les dernières minuties, nous avons
pu refaire le calendrier liturgique du Chapitre. Il nous est im-
possible d'entrer dans le détail de cérémonies, parfois fort inté-
ressantes : nous voulons seulement donner une idée de la mul-
tiplicité des manifestations religieuses tant goûtées de nos
pères, et montrer comment à Xotre-Dame le cycle liturgique se
développait vers la iin du XVIIIe siècle.
icr janvier. — La Circoncision. Fête d'Archevêque. 11 n'y a
pas de Bâton2. Après la messe, Messieurs vont présenter leurs
vœux à M. l'Archevêque; ensuite réunion à la salle du Chapitre
de tous les chanoines, même honoraires et mineurs, pour s'oiïrir
mutuellement leurs souhaits. Distribution de la cire comme étren-
nes. Quelques chanoines sont délégués pour faire, au nom de leurs
confrères, les visites accoutumées.
3 janvier. — Fête de Sainte-Geneviève. La veille, les Matines
se chantent à 4 heures du soir. Le jour de la fête, procession so-
lennelle à l'abbaye de Sainte-Geneviève.
6 janvier. — L'Epiphanie. Fête d'Archevêque et fête à Bâton.
A la messe. le diacre annonce la Pâque.
20janvier. — Saint Sébastien. Procession avec le Tableau,
donné par Jean duc de Berry.
2 février. — La Purification . Fête d'Archevêque et fête à
1. Cfr. Concl. capit., année 1780.
■J. 11 s'agit i'-i 'lu Bâton de M. le Chantre.
00 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
Bâton. Station solennelle après les premières vêpres. Le jour,
procession à Saint-Denis du Pas, où Ton bénit les cierges. Pen-
dant l'octave, station après les vêpres au chant du répons :
Gaude Maria. Après la Purification jusqu'au samedi, veille de la
Passion, on reprend au chœur roffice de la Vierge.
22 mars. — Fête de la Réduction de Paris par Henri IV. Pro-
cession aux Grands- Augustins, où Ton porte la châsse de la
Vierge et le tableau de saint Sébastien au milieu des archers
de la ville. L'officiant, qui doit être une dignité, est invité au
dîner par le Prévôt des Marchands et occupe à table la première
place à côté de M. le Président à mortier, qui conduit le Par-
lement.
Septuagésime. — A Matines, M. le Chancelier chante la pre-
mière leçon qui est la Préface de saint Jérôme sur la Genèse.
Après Sexte, sermon par M. le Théologal. A toutes les fêtes de-
puis la Septuagésime jusqu'à la dernière avant la Quinquagésime,
on va, après Matines, chanter Y Ave Regina devant la chapelle de
la Vierge.
Sexagésime. — Après Sexte, sermon par M. le Théologal.
L'après-midi, présentation des nouveaux licenciés au palais
archiépiscopal.
Quinquagésime. — Jusqu'à dix heures et demie, les proces-
sions des églises de la ville arrivent à Notre-Dame pour la dis-
pense d'user de lait et de beurre pendant le carême. Ellçs font
leur station dans la nef et passent autour du chœur. Le Chapitre
fait ensuite sa procession sur le parvis par-devant la fontaine,
dans le Cloître le long des bornes, dans le cimetière de Saint-
Denis du Pas, par l'archevêché. La vraie croix est exposée sur
le maître-autel. Lundi gras. Messe des Anges. Mardi gras.
Messe de la Vierge, selon l'usage immémorial.
Mercredi des Gendres. — On tend entre le sanctuaire et la
nef « un grand rideau de taffetas cendré, encadré par le tour d'une
étoffe bleue et cendrée1 ». Ce rideau restait étendu pendant les
Heures jusqu'au mercredi-saint. Messe du Saint-Esprit. Absoute
1. Bibl. Nat. Inventaire de 1790. Bibl. Nat., mss. déjà cit<;.
OFFICES ET CEREMONIES. 91
donnée par l'Archevêque. Bénédiction des cendres et procession
à Saint-Denis du Pas.
Carême. — Chaque jour, on célèbre deux messes, Tune de la
fête après Tierce, l'autre de la férié, après None. Messieurs, les
jours de chapitre, ne viennent au chœur que quand la première
messe est commencée. Avant de commencer chaque Heure, les
chanoines baisent leurs stalles, les autres la terre. 11 y a sermon
par le Prédicateur, deux fois la semaine, le mardi et le ven-
dredi'.
Dimanche des Rameaux. — La veille, Matines à 4 heures
du soir. Le jour, l'office commence vers six heures; la proces-
sion part en silence, vers sept heures, pour Sainte-Geneviève.
On porte la châsse de la Sainte Vierge. A l'église de l'abbaye,
le clergé de Notre-Dame occupe les stalles de droite. Bénédiction
des Rameaux par l'Archevêque. Sermon par le Prédicateur du
Carême. Retour à Notre-Dame par la rue Saint-Étienne-des-Grez,
la rue Saint-Jacques, le Petit-Pont et la rue Neuve-Notre-Dame.
Il y a reposoir au collège des Chollets. Au coin delà rue de la Bû-
cherie, Monseigneur entre dans la maison à l'enseigne de La
Tête Noire pour y prendre les habits pontificaux. Depuis la
suppression du Petit-Chàtelet, où se chantait l' Attollite portas,
cette cérémonie se fait a la porte de l' Hôtel-Dieu nouvellement
construite et dite par le passé Salle du Légat. Cette porte donnait
sur le Petit-Pont.
Mercredi Saint. — A la Messe, après le chant du Trait, on
ferme le grand rideau du sanctuaire, qui s'ouvre subitement
qnand, dans le chant de la Passion, le Diacre arrive à ces paroles :
« et vélum templl scissum est médium ». A quatre heures, l'Ar-
chevêque donne l'absoute du haut d'une estrade construite à cet
effet. Ténèbres'2 et absoute par M. le Doyen.
Jeudi Saint. — Fête à Bâton. Après Sexte, sermon dans la
1. Le Prédicateur était choisi par le Chapitre d'entente avec l'Archevêque; tous
les deux partageaient la dépense des honoraires. Cfr. Concordai entre le Chapitre
et M. de Gondy du 20 septembre i644 dans les « Cond. cap. ».
•2. A Ténèbres, les Lamentations étaient jadis chantées par un enfant de chœur;
depuis 1 ?ô-2, les bénéficiers les exécutaient « cum symphonià, <jallice basse continue ».
Concl. cap.
92 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
nef par M. le Pénitencier. Messe solennelle et consécration des
Saintes Huiles. A deux heures, ablution de l'autel du chœur, de
celui de la Sainte-Vierge et de Saint-Denis. Les enfants de chœur
vont chanter le Mandatant de l'Archevêque. A la sacristie, le
Doyen bénit les échaudés et le vin, qui doivent servir au clergé
pour sa collation du lendemain. Au chœur, chant de l'Evangile de
la Cène. Sermon par le Prédicateur. Réunion de tout le clergé
au chapitre pour la cérémonie de la Cène. D'abord le Doyen lave
les pieds aux enfants de chœur, puis il bénit du pain, coupé en
petits morceaux dans une corbeille, et du vin dans une coupe,
formée d'une calebasse antique montée en argent. Le clerc de M. le
Chantre présente à chacun un morceau de pain « gros comme
une fève », et un bénéficier passe la coupe à laquelle tous boivent,
pendant qu'un lecteur lit le chapitre XIIIe de saint Jean, à partir
de ces mots : « non est servus major ». Ténèbres à quatre
heures.
Vendredi Saint. — Office à sept heures et demie. La céré-
monie de l'adoration de la Croix est fort solennelle, presque dra-
matique.
Samedi Saint. — Le soir, motet à l'autel de la Sainte-Vierge,
qui attire à Notre-Dame une afiluence considérable '.
Pâques. — Fête d'Archevêque et fête à Bâton. A deux heures,
sermon et compliment du Prédicateur à M. l'Archevêque. Vêpres,
procession à Saint-Denis du Pas. Pendant les fêtes de Pâques,
quatre bénéficiers en aubes assistent aux offices, ils sont appelés
les Maries ou les Alléluia .
Lundi de Pâques. — Fête de M. le Chantre. A dix heures,
le Prédicateur clôture sa station et fait ses compliments à Mes-
sieurs du Chapitre.
"Vendredi de Pâques. — Fête de l'expulsion des Anglais. Messe
solennelle, chantée à la chapelle de la Vierge par le clerc de
M. le Chantre.
1er mai. — Procession à l'église de Sainte-Madeleine de la
Ville-l'Evêque.
1. Les frais de ce motet s'élevèrent jusqu'à 4001. en 1785. Concl. cap.
OFFICES ET CEREMONIES. 93
Les Rogations. — Le jour de saint Mare, station à Saint-Paul
et messe à Saint-M erry ; — le lundi, Prime à quatre heures du
matin; à six heures, départ pour Montmartre. En passant sur le
Pont-au-Change, le semainier entre dans une maison pour bénir
la Seine; — le mardi, station à Notre-Dame des Champs, qui se
fait en la chapelle des Carmélites du faubourg Saint-Jacques;
— le mercredi, Prime à cinq heures ; stations à Saint-Victor et à
Saint-Marcel; messe à Sainte-Geneviève.
L'Ascension. — Fête d'Archevêque et fête à Bâton. Un des
jours précédents, Messieurs les Orfèvres demandent au Chapitre
l'autorisation de descendre et de porter la châsse de saint Marcel.
La veille, Matines à quatre heures. Le matin, à huit heures, pro-
cession générale autour de la Cité; les quatre églises, filles du
Chapitre, et les quatre églises, filles de l'Archevêque, y assistent
en chapes. On sort la châsse de la Sainte Vierge, les orfèvres
portent celle de saint Marcel.
Pentecôte et samedi de la Trinité. — Fête d'Archevêque.
Fête-Dieu- — A huit heures, la procession fait un tour dans
la cité sans se reposer '. En 1789, elle suivit l'itinéraire sui-
vant : rue Neuve-Notre-Dame, du Marché-Pallu, de la Barillerie,
de la Vieille-Draperie, de la Juiverie, rue Neuve-Notre-Dame. Le
jour de l'Octave, procession à l'intérieur de l'église.
Processions de l'Été. — Le troisième dimanche après la
Pentecôte, au Saint-Sépulcre; le 29 juin, à Saint-Pierre aux
Bœufs; le 30 juin, à Saint-Paul; le 4 juillet, à Saint-Martin des
Champs ; le il juillet, à Saint-Benoit ; le 21 juillet, à Saint-Victor;
le dimanche après le 22 juillet, à la Madeleine en la Cité; le
31 juillet, à Saint-Germain l'Auxerrois; le 3 août, k Saint-Etienne
des Grez'2; le 10 août, six bénéfîciers vont chanter la messe à
Saint-Laurent; le 24 août, procession à Saint-Barthélémy; le
1. Depuis 1788, aces deux processions, le dais était porté par les prêtres du sé-
minaire des Lombards. En remerciaient, le Chapitre lit verser à M. d'Argent, vi-
caire général et commissaire pour les Prêtres lombards, la somme de 300 1. pour
contribuer à la souscription ouverte en faveur de leur collège. A . .\ . Reg. cap., 1788.
-.'. Cette procession fut fondée en 1050 par le roi de France, Henri Ir, qui donna à
Notre-Dame trois arpents de vignes contigus à Saint-Etienne pour payer les frais de
la cérémonie. Cfr. Necrol. Eccl. Parisiensis ad Aug. et Lebœuf, t. I. p. 232. La sta-
tion à Saint-Benoit datait de la même époque. Ibid., p. 211.
94 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
27 août, à Saint-Merry; le 27 septembre, procession dans la cité
avec les châsses de saint Corne et saint Damien.
L'Assomption. — 1~> août. Après Tierce, procession dans
l'église et, en rentrant au chœur, chant ad aquilam du psaume
Deus judicium tuum regida. Après Complies, procession dans
la cité avec la châsse et la statue de la Sainte Vierge ; à cette
procession assistent le Parlement, la Cour des Comptes et des
Avdes, Messieurs de la Ville et les quatre églises sujettes; au
retour, station à la chapelle de la Sainte Vierge *.
Nativité. — 8 septembre. Fête d'Archevêque et fête à Bâton.
Saint-Michel. — 29 septembre. A l'offertoire, encensement
solennel- de l'autel par deux bénéficiers-prètres et deux enfants
de chœur.
Toussaint. — Fête d'Archevêque et fête à Bâton. Après les
Vêpres, procession avec le tableau de saint Sébastien.
Les Morts. — Avant la messe, procession au cimetière de
Saint-Denis du Pas.
Avent. — Le premier et le quatrième dimanche, à 9 heures 1/2,
sermon par le Théologal.
O de Noël. — Pendant le chant de l'O, le Chantre tient son
Bâton; le chefcier distribue des chandelles à tout le clergé
présent.
Noël. — L'Archevêque officie aux trois grand'messes. A la
messe de minuit, le chœur est éclairé par deux torches en fer-
blanc doré et l'église par 28 bras de lumière 2.
Saint- Etienne. — ■ Le premier chanoine-diacre entonne les
antiennes.
Saint-Jean. — Fête de M. le Doyen. Il donne à chaque clerc
du chœur 5 sols.
Saints-Innocents. — Deux petits enfants de la Maîtrise
portent chape, aumusse et bonnet carré. Ils font choristes aux
oilices 3.
1. Cérémonial de M. de NoaUles, 1703. Bibliothèque municipale de la cille de
Paris.
■2. Cir. Inventaire de 1790. Bibl. Xat. mss.
3. En 1751, le Chapitre prit une conclusion abolissant cet usage. Mais la coneki-
siona été depuis biffée dans le registre, ce qui fait supposer que Tusage a été main-
LA JURIDICTION DU CHAPITRE. 9b
111
Le Chapitre, étant un corps ecclésiastique et en même temps
le propriétaire d'immenses domaines et de fiefs nombreux, jouis-
sait de la double juridiction temporelle et spirituelle.
La juridiction judiciaire du Chapitre s'appelait la Tempora-
lité. A Paris, son premier tribunal, auquel tous les autres, lui
appartenant, ressortissaient, était la Barre du Chapitre, sise
au Goitre Notre-Dame en l'Auditoire '. Ce tribunal, ayant haute,
moyenne et basse justice, possédait dans son ressort le Cloître,
le Terrain, le Parvis2 et l'intérieur de l'Eglise. Le Chœur de Xotre-
Dame offrait cette particularité, que, pour la juridiction, il était
divisé en trois parties. Depuis le fond avec le maître-autel et son
circuit, jusqu'au bas des marches, il appartenait à la juridiction
de l'Archevêque; depuis les mêmes marches jusqu'au trône de
l'Archevêque d'un côté et à la chaire synodale de l'autre, il y avait
prévention entre la justice de l'Archevêque et celle du Chapitre,
et, en cas de concurrence, ces deux justices agissaient de con-
cert; enfin la troisième partie, c'est-à-dire depuis la grande porte
du chœur, du côté de la nef, jusqu'au bout des stalles du Chance-
lier et du Pénitencier, appartenait à la juridiction capitulaire.
Les officiers de justice de la barre du Chapitre sont indiqués
comme il suit sur YAlmanach royal de 1790 :
M. Douet d'Arcq, Bailli :i, avocat au Parlement, Cloitre Notre-
Dame;
M. Cothereau, avocat-lieutenant, Cloitre Notre-Dame ;
M. Doulcet, avocat procureur fiscal, Cloitre Notre-Dame;
M. de Gaulle, greffier, rue Saint-Jacques;
tenu. .4. A'. LL. 2322*. l>aus l'ornement donné par le roi. en 1768, sonl comprises
deux petites chapes rouges pour les enfants de chœur, Cet ornemenl servait le
Jour des Saints-Innocents, Cfr. infrà page 271.
1. Cfr.chapitre II, p. 71.
•..'. Quand on réédifia la Grande-Porte du Cloitre <'ii 1751, le Chapitre recommanda
à M. l'Agent des Affaires de bien veiller ;ï la conservation des pavés, servant à in-
diquer les limites de sa juridiction,
o. Appelé aussi Chambrier-lai.
96 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
M. Crofly, huissier-priseur, rue Froidmanteau ;
M. Fauveau, huissier-appariteur, Cloître Notre-Dame.
Les audiences se tenaient tous les lundis, à trois heures de rele-
vée, en l'Auditoire, Cloître et près le puits Notre-Dame.
En plus de la barre du Chapitre, les chanoines possédaient une
autre justice à Paris, la Prévôté de la Villette-Saint-Laurent ', et
vingt-six bailliages, prévôtés et justices dans les localités dont les
noms suivent :
Bailliages d'Aubergenville et d'Ayencourt.
Prévotés d'Andrézy, Epône en partie2, Bagneux,-Belloy et Fon-
tenelles, Chevilly et Bourg-la-Reine en partie 3, Corbereuse, Damart
en partie 4, Fontenay-aux-Roses en partie5, Herblay, Itteville, Lar-
chant, Machaut ,;. Mézières, Mons-sur-Orge, Ablon, Orly, Outre-
bois, Rosoy-en-Brie, Sucy, Touquin, Viry-Noureuil et Sénicourt,
Vitrv-sur-Seine en partie et \Yissous ".
Justices à Compans et Epiais.
Dans ces chefs-lieux, la justice était rendue, au nom du Chapitre,
par un prévôt 8, sauf à Aubergenville et Ayencourt, où l'officier
avait le titre de bailli, qui prononçait son jugement sur les réqui-
sitoires du procureur de justice, procurator ad lites ou pro-
curator judicii et du procureur fiscal0. Ces deux emplois n'étaient
1. La Prévôté de la Villette-Saint-Lazare appartenait aux Prêtres de la Mis-
sion. La geôle était commune aux deux prévôtés.
2. La Prévôté d'Epône sur les fiels de Saint-Nicaise, Bréval, Velannes et la Ville-
neuve appartenait à M. Hérault. Cette Prévôté, ainsi que celle de Mézières, était
unie au Bailliage d'Aubergenville. Arch. Nat. Z2.
3. L'autre partie de lajustice de Bourg-la-Reine appartenait au marquis de Livry
et à M. Le Comte, notaire et secrétaire du Roi. Ibid.
4. Avec les abbé et religieux de Lagny. Ibid.
5. Le Bailliage était à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et les deux autres justices
aux abbayes de Sainte-Geneviève et de Saint-Germain des Prés. Ibid.
6. Le prévôt de Machau était aussi prévôt de Vernon et de Villaroche. Ibid.
?. Nous rappelons qui' M. le Doyen possédait la prévôté du fief décanal à Mon-
treuil-sous-Bois. situé à la Pissotte.
8. « Le prévôt est juge ordinaire civil, criminel et de police de la Prévôté de N...
pour Messieurs les Doyen, Chanoines et Chapitre de l'Église de Paris, seigneurs haut-
justiciers desdits lieux. » Cl'r. Concl. cap. 1703.
9. En 1763, les procureurs fiscaux demandent au Chapitre des poids de cuivre pour
LA JURIDICTION DU CHAPITRE. 97
pas toujours séparés, et, dans la plupart des prévôtés, le pro-
cureur fiscal remplissait aussi les fonctions de procureur de jus-
tice. Les honoraires de ces magistrats étaient payes par les fer-
miers des domaines du Chapitre et par une partie des amendes
infligées aux délinquants l.
Comme nous l'avons dit, les parties pouvaient en appeler do
jugements rendus par ces justices secondaires à la barre du Cha-
pitre : si elles poursuivaient l'affaire, celle-ci était ensuite portée
directement à la Grande Chambre du Parlement. Quelquefois le
Chapitre, en séance capitulaire, usant personnellement de son
droit souverain de judicature, confirmait les jugements, diminuait
les amendes, relaxait les prisonniers 2. Mais ceux-ci n'attendaient
pas toujours, pour sortir de prison, les bonnes grâces de Mes-
sieurs ; si l'on en juge par les faits relatés dans les Conclusions
capitulaires, les geôles du Chapitre n'étaient pas des plus
sûres et les évasions fréquentes des détenus étaient moins aventu-
reuses que d'autres évasions célèbres de cette même époque :!.
Le Bailli du Chapitre faisait la police de la foire aux jambons,
qui se tenait alors sur le parvis Notre-Dame. Accompagné de
maîtres-charcutiers, qu'il s'adjoignait pour la circonstance, il
visitait les étaux et confisquait les viandes gâtées, qu'il fai-
sait couper et jeter à la Seine, sans préjudice de l'amende qui
pouvoir vérifier ceux dos marchands épiciers, boulangers, bouchers et autres où ils
doivent se présenter. Cfr. Concl. capit.
1. Les redevances étaient ordinairement de 20 I. pour le prévôt et de 15 1. pour le
procureur fiscal. Cfr. Décl. générale du Chap. Arcb. Nat. S. 160. Les amendes, infligées
parle jug<', servaient non seulement à payer le casuel des officiers de justice, mais
une parti.' était employée au soulagement des pauvres et à l'entretien des audi-
toires. Cfr. Concl. capit., 1763.
2. En 1787, le Chapitre réduità 2 livres l'amende prononcée pari.' Bailli d'Ayencourt,
contre sept hommes pour port d'armes illicites. Le 1" septembre 1790, M. de Willat.
vice-président du Directoire de Saint-Germain-en-Laye,écrit au Chapitre pour deman-
derremise d'une amende de :jû 1. au Sr Robe, entrepreneur des Ponts et Chaussées,
condamné par sentence de la Prévôté d'Andrésy pour avoir fait travailler au che-
min d'Andrésy à Glatigny le 28 mai 1789, jour de Saint-Germain, fête patronale de
la paroisse d'Andrésy. Usant une dernière fois de son droit de grâce, le Chapitre
fait reluise de l'amende. Cfr. Concl. capit.
3. En 1786, évasion d'un voleur des geôles de Bagneux; en 1787, la prison de Cor-
bereuse est jugée si peu sûre (pie deux cavaliers sont réquisitionnés pour y garder
une fille. Cfr. Concl. cap.
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS. 7
98 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
s'en suivait. Le 7 avril 1789, il dressa sept contraventions '.
Nous devons dire un mot d'un droit juridique, dont les chanoines
et bénéliciers de l'Église de Paris étaient en possession depuis
l'année 1544, appelé droit de Committimus.
Le roi François 1er, au mois de mai de cette même année, leur
accorda de pouvoir « intenter, poursuivre, faire sentencier et défi-
nir tous et chacun leurs procès et différends, tant en demandant
qu'en défendant, quelque part qu'ils soient ou assis ... par devant
ses amis et féaux conseillers, les gens tenant les requêtes en son
palais ». Cette concession, il i'étendit non seulement aux cha-
noines et bénéficiers en général, mais il spécifia les privilégiés « et
autres sujets et as trahit s à dire les grandes messes, évangiles et
épîtres au grand autel d'icelle Eglise, comme ils ne pourraient
bonnement poursuivre leurs droits et biens en particulier par
devant les juges ordinaires, sans diminution, retardement et dis-
traction dudit service d'icelle église ». Henri II, Louis XIII et
Louis XIV confirmèrent à quatre reprises le droitde Committimus,
particulièrement à l'endroit des chapelains de l'ancienne Commu-
nauté, auxquels il était contesté2.
Au spirituel, le Chapitre était absolument indépendant : il ne
relevait que du Pape. La suscription de ses Mandements et de
ses Lettres faisait sonner assez haut cette honorable prérogative.
Capîtulum lnsignis Ecclesiœ Parisiensis ad Romanam Ec-
clesiam immédiate variante : sine ullo medid pertinens. C'é-
tait, au point de vue spirituel, comme le pendant du droit de
Committimus. Le Chapitre savait user de cette indépendance;
lui-même présentait aux Ordres les Ecclésiastiques, qui étaient
de gremio Ecclesiœ :!, sans qu'ils aient à obtenir des Lettres
testimoniales de leur Ordinaire; il se disait le maître absolu du
chœur de Notre-Dame : les évoques ne pouvaient s'y faire sacrer
sans son autorisation et l'Archevêque de Paris n'y était nulle-
ment chez lui. Rome elle-même devait s'étonner des prétentions
d'un Chapitre, qui se glorifiait de ne relever que d'elle, quand
1. Arch. Nat., IJ 3097.
2. Cfr. Arch. .Xat., L. S.
3. Voir le cas de M. de Bonneval. Concl. cap., 1761. Arch. Xat., LL. 231 -■'.
LA JURIDICTION DU CHAPITRE. 99
elle le voyait apposer son visa sur les provisions qu' elle donnait
pour les bénéfices, mémo à charge d'âmes, dont il étaitle collateur '.
Cette indépendance le faisait son propre curé. On le trouve,
presque à chaque séance capitulaire, dans l'exercice de cette au-
torité curiale. Le cas le plus curieux de cette juridiction se pro-
duisait aux approches du Carême. Les chanoines de constitution
délicate et qui ne pouvaient supporter les rigueurs de la Sainte
Quarantaine, adressaient requête au Chapitre pour obtenir au-
torisation d'user d'aliments gras. On délibérait sur le cas de
Monsieur N. et le Chapitre décidait in communi s'il y avait
lieu d'accorder la dispense. Il en usait d'ailleurs avec parci-
monie. Xous ne voyons pas qu'il Tait jamais donnée à la Com-
munauté des Chantres et aux enfants de chœur; les comptes
des provisions de bouche indiquent que l'abstinence était rigou-
reusement observée : pas un sou à payer au boucher! En 1789,
furent autorisés à « juscula et carnes in cibum sumere »
MM. Rivière, Brémont, de Bonneval, Chevalier, Pev, du Authier,
Gatignon, d'Espinasse, de Dampierre, Mazéas, de Xeuchèze,
Duchesne, Riballier et Melon de Pradou2. On peut juger ainsi
de l'état sanitaire du Chapitre : trente-six chanoines se portaient
donc merveilleusement bien !
Cette juridiction spirituelle, le Chapitre ne la gardait pas tout
entière pour lui : il la déléguait aux deux curés de Saint-Jean
le Rond, établis, nous l'avons dit, depuis 1740, à Saint-Denis
du Pas, qui l'exerçaient sur les personnes habitant le Cloître.
Mais il se la réservait dans toute son intégrité sur le clergé de
son église et sur celui des quatre églises sujettes; ces quatre
églises, appelées « filles de Notre-Dame » ou « filles du Chapitre »,
étaient : Saint-Etienne des Grès, Saint-Benoît, Saint-Merrv et
le Saint Sépulcre3.
1. Les derniers cas de ce genre se présentèrent à propos de la cure de Saint-Merry
on 1757 el de celle de Saint-Benoit en 1762. Arch. Xat.. L. 4?:!. Oï. à ce sujet fond.
cap. du 11 décembre 1776.
2. Concl. cap. 23 fév. 1789.
'■'>. L'Archevêque avait aussi ses quatre « filles ». Saint-Marcel, Saint-Honoré,
Sainte-Opportune et Saint-Germain l'Auxerrois, réuni depuis 1 7 1 1 au Chapitre de
Notre-Dame. Cfr. Curiosités, etc., op. cit., p. 355 el 360.
100 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
Le chapitre de Saint-Etienne des Grès se composait d'un chef-
cier et de onze chanoines ; ces canonicats étaient à la nomination
de deux chanoines de Notre-Dame. Le chapelain, attaché à
l'église, était nommé par les chanoines de Saint-Etienne. Le cha-
pitre se disait « la première des églises sujettes » de Notre-
Dame.
Le chapitre de Saint-Benoit, dit le Bétourné, comprenait six
canonicats, auxquels nommaient six chanoines de Notre-Dame.
11 y avait en outre un semi-prébendé, la vicairie perpétuelle ou
cure de Saint-Benoit, la communauté des douze chapelains et
les vingt-sept chapelains dits forains.
Le chapitre de Saint-Merry comptait un chefcier, qui avait
une préhende à laquelle la cure était attachée, six chanoines et
onze chapelains, tous nommés par deux chanoines de Notre-
Dame.
Le chapitre du Saint-Sépulcre était composé de douze cha-
noines et de onze chapelains, tous à la nomination alternative de
deux membres du Chapitre de l'Église de Paris, qui avaient ce
droit attaché à leur prébende
Ces filles n'étaient pas toujours fort respectueuses à l'égard de
leur mère et elles pouvaient se vanter sur ce point de damer le
pion aux vicaires perpétuels. Depuis quelques années, la paix
semblait conclue et persévérait. Il faut dire que le Chapitre
tenait ses quatre filles dans une étroite dépendance. Il alla,
en 1756, jusqu'à leur interdire de prendre le nom de capitulum,
laissant seulement à chaque membre celui de chanoine. Le seul
Chapitre, c'était lui! Les quatre églises portèrent plainte au
Parlement, qui finit par leur donner gain de cause1, mais con-
firma en même temps tous les privilèges du Chapitre. Il avait le
droit « d'exercer tous actes de juridiction immédiate et correc-
tionnelle sur les chanoines, chapitres et bénéficiers desdites
quatre églises, de faire installer les chanoines desdites quatre
églises dans les basses stalles du chœur de l'Église de Paris et
de les faire ensuite installer par le secrétaire du Chapitre dans
1. En 1702 seulement.
LA JURIDICTION Dl CHAPITRE. 101
l'église de leur résidence, de les mander au Synode de l'Église
de Paris, de visiter leurs églises et d'y faire tous règlements
pour la célébration du service divin , la correction des mœurs
et le maintien de la discipline ecclésiastique, comme aussi de
faire tels règlements qu'il appartiendra pour l'administration
des biens et revenus temporels desdites quatre églises, de pré-
sider aux comptes qui seront rendus ». En même temps le
Parlement maintenait le Doyen dans ses droit et possession
d'exercer tant par lui que par ses vicaires toutes fonctions
curiales sur les chanoines et bénéficiers des églises sujettes1.
La réponse à une consultation du Chapitre d'Orléans, en date
du 22 mai 1756, nous indique la manière dont le Doyen exerçait
ses fonctions curiales. « M. le Doyen, en sa qualité, administre
les Sacrements aux dignités, chanoines, chapelains et clercs du
bas-chœur de l'Eglise de Paris, ainsi qu'aux chanoines et cha-
pelains des quatre églises sujettes. M. le Doyen est en droit et
possession d'avoir un vicaire, appelé pour ce vicaire de M. le
Doyen, lequel vicaire administre pour M. le Doyen et en son
nom les bénéficiers, chapelains et clercs du bas-chœur de l'Eglise
de Paris, ainsi que le chanoines et chapelains des quatre églises
sujettes; mais, par l'usage, M. le Doyenne commet point pour
administrer les sacrements aux dignités et chanoines; en son
absence, le premier de Messieurs in ordifie chori, qui se trouve
présent remplit ce ministère. On n'assemble pas la Compagnie;
mais on sonne la cloche des sacrements, qui est sonnée par
l'ordre de celui qui doit faire l'administration. »
Le Chapitre déléguait chaque année plusieurs chanoines char-
gés de vérifier et d'apurer les comptes des églises sujettes.
Longtemps inexact à exercer cette surveillance, il eut à s'en
repentir, car, lorsqu'il voulut la reprendre en 1785, il trouva
les finances de ses églises dans le pire état. Pour remédier à
cette situation, il dut les aider de ses propres deniers-'.
1. C'étaii au Chapitre a transmettre a ses quatre « filles •> les Mandements de
l'archevêque.
■,'. Ainsi, en 1?*;. le Chapitre l'ait remise à Saint-Étienne des Grez de la somme
de 1.500 1. que cette église lui devait sur une dette de 3.500 1.. pour l'aider à ache-
ter l'orgue de Saint-Nicolas du Chardonnet, qui était à vendre. Quelques mois
102 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
La juridiction quasi spirituelle du Chapitre s'exerçait par la
présentation et la nomination à un grand nombre de bénéfices
et d'emplois. 11 usait de cette prérogative de trois manières :
in communi, par partition, et enfin adturnum.
1° Dans le premier cas, tous les chanoines capitulants émet-
taient leurs votes; c'était, à proprement parler, une élection.
Etaient élus de cotte manière : les dignités à la nomination du
Chapitre, les deux chanoines de Saint- Aignan, tous les employés
oii serviteurs du Chapitre, tels que les secrétaire, agent des
aifaires, archiviste, ofliciers.de justice, et les titulaires des bé-
néfices qu'il conférait pendant la vacance du siège.
2° Les bénéfices de Paris ou de la campagne, auxquels le Cha-
pitre avait, comme tel, le droit de nommer, étaient divisés en
autant de parts ou partitions qu'il y avait de chanoines; à cha-
que stalle était attachée une de ces partitions et le chanoine
qui l'occupait, s'il était capitulant, avait le droit de présenter
le candidat de son choix. Même, absent de Paris , il pouvait
passer procuration à un de ses confrères.
3° Chaque semaine, le dimanche à minuit, en suivant l'or-
dre du chœur, un chanoine capitulant « entrait en tour », et
avait le droit de présenter son candidat aux emplois de mar-
guillier-lai1, de franc-sergent, de petit-huissier, aux bénéfices non
compris dans les partitions et aux bénéfices inscrits dans les par-
titions attribuées aux stalles des chanoines non-capitulants.
IV
Le premier personnage, que nous voyons en relation directe
avec le Chapitre, était l'archevêque de Paris. Mais le Chapitre
après, le Chapitre l'acquitta encore de -2.000 1. L'année précédente, les vérificateurs
des coin]ir<'s île cette église découvrirent une malversation qui atteignait 50.000 1.
Cfr. Concl. cap., année 1786, 1787.
1. Si la place de marguillier-lai est vacante par décès: autrement elle est conférée
parle Chapitre in commuai. Concl. cap., année 17ô5. « Quoties matriculariorum-
laïcorum officia vacaMint per resignationern in favorem aut per simplicein dimis-
sionem atque aliter per obitum, toties eorum nominatio libère fiet per capituluin
LE CHAPITRE ET L'ARCHEVÊQUE. 103
jouissait d'une si grande autonomie, sa juridiction était si bien
déterminée et si indépendante, que les points de contact avec
celui-ci étaient assez rares. Depuis le Concordat, intervenu
entre Léon X et François Ier, les chanoines avaient perdu leur
droit antique d'élire l'évêque de Paris; ils ne conservaient plus,
en la personne de leur Doyen, que celui de l'installer ' . De son côté ,
l'archevêque possédait peu de droits à l'égard du Chapitre. Il
avait, il est vrai, la nomination de toiH les chanoines et de six
Dignités; mais les résignations, les permutations et les vacances
ouvertes dans les mois réservés aux gradués, le frustraient le
plus souvent de ses prérogatives sur ce point. Ainsi, en 1790,
nous ne comptons que cinq chanoines nommés par M. de Juigné
sur les treize, qui vinrent, depuis sa promotion à l'archevêché
de Paris, occuper une stalle à Notre-Dame. C'étaient MM. de
la Bintinaye, Mazéas, de Floirac, de Neuchèze et de Cours.
Ses autres droits étaient presque des devoirs. Il devait officier
au chœur de Notre-Dame à dix-sept grandes fêtes de l'année,
mais à la condition qu'il ait présidé les offices de la nuit, sinon
il devait humblement présenter requête au Chapitre pour pouvoir,
dans ces conditions, chanter seulement la grand'messe et les
vêpres". Il avait au chœur de Notre-Dame un clerc ou vicaire3,
qui était M. Duclos, chanoine de Saint-Denis du Pas : c'est par lui
que l'archevêque acquittait les deux semaines ' et les deux sous-
semaines, qu'il devait par an, et se faisait remplacer aux petites
heures des fêtes pontificales.
Pendant tout le XVIIIe siècle, le Chapitre vécut en bonne intelli-
gence avec les archevêques de Paris ; on doit môme dire qu'il se
collegialiter Quoties vero dicta matriculariorumdaïeorum officia per obitum
vacabunt, toties prœsentatio officii ità per obitum vacantis ad canonicum inheb-
domada existentem ad nominandum et praesentandum pertinebit, nominatio et
institutio fiunt in capitulo et per capitulum. «
1. Voir au Ion- les détails de cette installation dans Les Curiosités de F Église
île Paris.
2. En 1789 et 1790, M. de Juigné présente semblable requête pour les fêtes.
:i. Le clerc de l'Archevêque recevait comme honoraires 130 1. de la caisse de
l'archevêché. Cfr. Déclaration de M. Duclos au Comité <Ijs Biens Nationaux. A. X.
S. 7051-52.
4. L'Archevêque devait ces deux sem unes au Chapitre depuis que les deux vi-
cairiesde St-Éloi et de St-Magloire et tient unies à l'archevêché. Cfr. Conel. capit.
104 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
montra profondément épiscopalien. 11 est janséniste et appelant
avec M. de Noailles ; il retire son appel le lendemain de l'installation
de M. de Yintimille1; M. deBeaumont,lors de ses exils successifs,
reçoit de lui de précieux encouragements et les marques les plus
indéniables d'attachement et de fidélité2. •
Quand le Chapitre apprit par un billet de l'évêque d'Autun, qui
tenait en 1781 la Feuille des Bénéfices, la nomination de M. de
Juigné à l'archevêché de Paris, il put en toute sincérité faire valoir
auprès de l'élu les bons sentiments qu'il avait eus à l'égard de ses
prédécesseurs et qu'il promettait de lui continuer : « Monseigneur,
le Chapitre, en apprenant votre nomination à l'Archevêché de
Paris, a remercié la Divine Providence de lui avoir donné un aussi
digne successeur du Prélat qu'il regrette. Le refus, que vous avez
déjà fait de l'un des premiers sièges du Royaume est une preuve
éclatante de votre désintéressement et de votre modestie. Nous ne
doutons pas qu'en acceptant celui de Paris, vous ne sacrifiez votre
satisfaction personnelle au bien général de la Religion. Des vues
aussi pures vous assurent, Monseigneur, tous les cœurs d'un
grand diocèse ; les vertus épiscopales, qui vous caractérisent,
feront notre bonheur. Vous trouverez aussi le vôtre dans l'union
qui a toujours régné entre le Chapitre et ses archevêques.
Vous devez être persuadé que nous nous efforcerons de l'entre-
tenir et de mériter vos bontés par les sentiments d'amour et de
respect, qui sont gravés dans nos cœurs. »
Ces sentiments étaient réciproques et l'archevêque ne resta pas
en retour à l'égard de son Chapitre. « Si quelque chose peut di-
minuer le poids du fardeau qui m'est imposé, répondit-il à M. de
Montagu dès le lendemain de son arrivée à Paris, 4 janvier
1782, c'est la confiance et l'attachement d'une compagnie, qui
tient le premier rang dans le clergé de la capitale et qui est
distinguée par les vertus et les talents des membres qui la com-
posent3. » Cette réponse parut si flatteuse aux chanoines qu'ils
décidèrent d'aller sur-le-champ présenter en corps leurs félicita-
1. Laffiteau, Histoire de la Bulle Unigenitus, t. IV.
2. Cfr. Concl. capit., 1754 (décembre).
3. Cfr. Concl. capit., années 1781 et 1782.
LE CHAPITRE ET L'ARCHEVÊQUE. 10b
tions à l'archevêque. Le 7 janvier, quatorze voitures, précédé is
de deux cavaliers du guet, les transportèrent au Marais, rue de
Thorigny, à l'hôtel du Marquis de Juigné, qui y donnait hospi-
talité à son frère ; et, le 28, M. le Doyen fit ordonner dans la salle
du Chapitre un splendide repas de soixante-huit couverts, auquel
il invita, en l'honneur de l'archevêque *, Messieurs du Chapitre
ainsi que les cardinaux de la Rochefoucauld, archevêque de Rouen,
et de Rohan, grand aumônier de France, M. le Nonce, M. l'ar-
chevêque de Lyon, M. l'évèque de Senlis, premier aumônier du
Roi, MM. les évêques de Metz, d'Autun, d'Arras, de Langres,
de Lombez, de Lectoure, les deux frères et les deux neveux de
M. de Juigné 2.
Ces témoignages mutuels n'empêchèrent pas le Chapitre de
sauvegarder pour l'avenir ses privilèges et ses prérogatives. Le
20 mars, il fit, selon l'usage, dresser devant notaire et signer
par le nouvel archevêque un acte en bonne et due forme, qui le
garantît de toute atteinte. Nous reproduisons ici cette pièce, qui
est comme la charte des immunités capitulaires : « Par devant
les conseillers du Roi, notaires au Châtelet de Paris, fut présent
Illustrissime et Révérendissime Seigneur Monseigneur Antoine-
Eléonore-Léon Leclerc de Juigné de Neuchclles, duc de Saint-
Cloud, pair de France et, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège
Apostolique, Archevêque de Paris; lequel a déclaré et déclare
par ces présentes tant pour lui que pour ses successeurs arche-
vêques de Paris, Messieurs les Vénérables Doyen, Chanoines et
Chapitre de l'Église de Paris [ici les noms des chanoines pré-
sents, tous chanoines stipulant et acceptant pour le Chapitre
de ladite Eglise, que par ses Bulles dudit Archevêché de Paris,
adressantes au Chapitre de ladite Eglise , données à Rome à
Sainte-Marie Majeure le cinq février dernier, ni parles clauses
1. L'archevêque se souvinl de ce bon accueil quand il paya son droit de Chapelle,
qui n'étail pas tarifé. 11 Ht don au Chapitre d'une somme de 30.000 I. pour les
embellissements de l'Eglise.
2. Un de ces neveux se maria quelque temps après avec M'"" la comtesse de
Souàtre, dame de Remiremont. Le Chapitre permit que la bénédiction nuptiale
ïùt donnée dans le chœur de Notre-Dame et il y assista en robes de cérémonies.
Concl. cap.
iOG LE CHAPITRE DE NOTRE DAME DE PARIS EN 1790.
insérées en icelles, il n'entend prétendre sur l'Église de Paris,
Doyen et chanoines, bénéficiers et officiers, églises en dépendant,
ni sur les bénéficiers et olficiers desdites églises, soit en général
ou en particulier, ni sur tout le corps dudit Chapitre, membres
et personnes en dépendant, plus de droit que ses prédécesseurs,
tant évêques qu'archevêques de Paris, ont eu sur ladite Eglise
de Paris, Chapitre et personnes en dépendant, mais consent mon-
dit Seigneur Archevêque que mesdits Sieurs dudit Chapitre
soient conservés et maintenus en l'ancienne possession de leurs
droits, juridiction, franchises, libertés, privilèges, immunités,
exemptions, coutumes et usages, dont ils ont cy-devant joui et
jouissent encore à présent, sans que les clauses, qui sont apposées
aux susdites Bulles et même en icelles d'érection d'évêché en
archevêché, soit dérogatoires ou autres, desquelles il n'entend
s aider ni prévaloir, puissent nuire ni préjudiciel' à leur dite
Eglise, Chapitre et membres en dépendant, sur lesquelles Bulles
d'érection d'évêché en archevêché auraient été obtenues Lettres
patentes en forme de charte du mois de février 1723, vérifiées en
Parlement le 8 août suivant. Dont et de ce que dessus, mesdits
Sieurs Doyen, Chanoines et Chapitre ont demandé acte auxdits
notaires soussignés, qui leur ont octroyé le présent pour leur
servir et valoir en temps et lieu ce que de raison '. »
Le même jour, l'archevêque, revêtu de l'habit canonial, se pré-
sente au Chapitre. Messieurs s'asseoient et se couvrent, et lui,
agenouillé devant le Doyen, jure sur les saints Evangiles de main-
tenir « les droits, libertés, immunités, privilèges, exemptions et
coutumes de l'Eglise de Paris- ». Alors seulement le Chapitre
1. .1. A". L. 171, h" 7.
2. Le serment, signé de M. de Juigné, est conservé aux Archives Nationales.
L. 171. Il est manuscrit sur parchemin et esl ainsi conçu : « Ego Antonius Eleono-
riusLeo Le Clerc de Juigné, archiepiscopus Parisiensis, dux et par Francité, juro
ad hœc Sancta Dei Evangelia, Me servaturum jura, libertates, immunitates, privi-
légia, exemptiones et consuetudines Ecclesiae Parisiensis et compositiones alias
habitas inter episcopos et archiepiscopos parisienses et Decanum et Capitulum
Ecclesiae Parisiensis et omnia contenta in instrumente declarationis coram Peron
ejusque socio in Castelleto Parisiensi notariis regiis per me t'actie hodie vigesima
mensis Martii. anno Domini millesimo septingentesimo octagesimo secundo*.
f Ant. E. L., Archiepiscopus Parisiensis ».
LE CHAPITRE ET LE DIOCÈSE. 107
consentit à l'installation de l'archevêque, qui eut lieu le lendemain.
Ce fut M. Rivière qui monta au Jubé et présenta au peuple les
bulles pontificales avec la formule traditionnelle : t« Monseigneur
l'Illustrissime et Révérendissime Antoine-Eléonor-Léon Le Clero
de Juigné est présentement en possession de l'Archevêché de
Paris et voici ses bulles '. »
Cependant cette entente parfaite entre l'archevêque et son
Chapitre sembla un moment compromise. M. de Juigné avait
préparé en 17<S<> une nouvelle édition du Rituel diocésain, sans
que le Chapitre eut été appelé à donner son avis. C'était blesser
évidemment ses droits. Le Chapitre protesta et ordonna que le
Rituel de M. de Nouilles, édité avec son consentement, serait seul
en usage à Notre-Dame. La question s'envenima quand, cette
même année, l'archevêque publia un Mandement, qui dispensait
de jeûner les deux premiers samedis de l'Avent. Cette pièce ren-
fermait une allusion au nouveau Rituel et ne faisait aucune men-
tion du Chapitre. Celui-ci regarda le Mandement comme non
avenu et refusa de le transmettre, selon l'usage, à ses églises
sujettes. L'archevêque fut fort affligé d'avoir ainsi mécontenté
son Chapitre; il ne tarda pas à lui écrire que désormais il res-
pecterait ses droits : « Je suis toujours disposé, écrivit-il, à
prendre tous les moyens de conserver la paix, l'union, la con-
corde avec une compagnie à laquslle je suis très sincèrement
attaché et dont je ne veux en aucune manière blesser les droits. »
Le Chapitre de son côté protesta de ses bonnes intentions « à
répondre aux vœux d'un Prélat auquel il reste inviolablement
attaché ». La paix fut signée ce jour-là; elle ne fut plus troublée.
Nous verrons le Chapitre garder à son archevêque, surtout aux
mauvais jours qui vont venir, un attachement filial, et l'archevêque
assurer jusqu'à la lin ses chanoines d'une protection courageuse,
mais hélas ! impuissante.
Le Chapitre n'avait que de bien rares rapports avec le diocèse
de Paris, dont il se vantait d'être le premier corps ecclésiasti-
1. Selon l'usage, l'archevêque invitait les chanoines à dîner le jour de son ins-
tallation.
108 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
que. Il n'avait aucune part dans son administration; aussi la
formule, usitée dans les Mandements archiépiscopaux : « après
en avoir conféré avec nos vénérables Frères, Chanoines et Cha-
pitre », n'était bien, comme aujourd'hui, qu'une formule. Pour
sauvegarder les apparences quelque peu compromises sur ce
point en 1780 par l'avocat trop bavard du Chapitre de Xoyon,
celui de Notre-Dame envoya le sien faire entendre à son confrère
que, à Paris, « les conférences de l'archevêque avec le Chapitre
sont réelles et effectives » ; mais l'avocat ne put préciser qu'un
seul fait, celui de la suppression des fêtes, pour lequel la formule
eût été une réalité.
La vacance du siège était donc à peu près la seule occasion
qu'avait le Chapitre d'agir sur le diocèse. A la mort de M. de
Beaumont, il nomma six vicaires capitulaires, tous pris au sein
du Chapitre, MM. de Montagu, Chevreuil, Rivière, du Bois-
Basset, d'Autichamp et de Bonneval, auxquels s'adjoignirent de
droit les trois archidiacres. Le chambrier, M. Delon n'étant pas
prêtre, fut exclu de ces fonctions, et l'on fit remarquer à M. le
Grand Chantre que sa dignité ne lui conférait aucun droit au
titre de vicaire capitulaire.
Dans ces conjonctures, le Chapitre réorganisait les officialités
diocésaine et métropolitaine, dont il confiait les charges d'ofhcial,
de vice-offîcial et de promoteur à des chanoines; il maintenait
aussi leurs pouvoirs aux vicaires-forains ou doyens ruraux. Quant
à la collation des bénéfices, elle ne pouvait se faire qu'en cha-
pitre. Le Chapitre nommait de plein droit à la première cure
vacante; la seconde, qui venait à vaquer, était dévolue aux ar-
chidiacres, mais la manière dont ceux-ci devaient user de leurs
pouvoirs itait sujette à contestation. En 1780, on consulta les
précédents : ils étaient contradictoires. Les parties, ne pouvant
s'entendre, s'en rapportèrent à la décision arbitrale d'un tiers.
Le 18 février 1781, on se mit d'accord sur la transaction sui-
vante : « Chaque premier bénéfice-cure qui viendra à vaquer
depuis l'ouverture de la vacance du siège dans chaque archidia-
coné sera conféré par le Chapitre in commuai, et le second aussi
dans chaque archidiaconé sera conféré par le Chapitre, sur la pré-
LE CHAPITRE ET LE ROI. 109
sentation toutefois de l'archidiacre dans le district duquel ce
second bénéfice aura vaqué, et ainsi de suite alternativement
entre le Chapitre et Messieurs les Archidiacres, soit que les
dites vacances aient lieu en mois libre ou dans les mois affectés
aux gradués. »
( )n peut constater combien la coutume de l'Eglise de Paris
s'écartait des règles du droit commun, qui fait passer dans le
corps capitulaire les droits de l'évêque, mais qui l'oblige en même
temps à les condenser le plus tût possible dans une seule per-
sonnalité, celle du vicaire capitulaire. Ici nous voyons au
contraire conserver et exercer in communi, selon l'expression
consacrée, toutes les prérogatives de l'Ordinaire.
Lors de la dernière vacance du siège en 1781, M. le Grand
Prieur de Saint-Germain des Prés essaya, selon l'usage immé-
morial, de restreindre sur le faubourg, avoisinant l'abbaye, la
juridiction du Chapitre. C'était de tradition. Mais celui-ci, jaloux
de droits d'autant plus appréciables qu'il n'avait que rarement
l'occasion de les exercer, sut se garantir de telles entreprises;
et, quand bientôt nous le verrons se débattre contre un sup-
pression, dont le motif était son inutilité, il mettra en avant pour
sa défense qu'il a la charge d'administrer le diocèse pendant la
vacance du siège. Et, de fait, le vrai vicaire capitulaire, c'était
bien lui !
Les sentiments des chanoines à l'égard du roi nous paraissent
très bien exprimés dans cette antique formule en usage à Notre-
Dame au temps de Henri II ; « Très-illustre et très-magnifique
prince Roy très-chrestien, vos très-humbles et très-obéissants su-
jets, orateurs et chapelains, les évêque, doyen, chanoines et
clergé de l'Eglise de Paris vous présentent le salut en grande
exultation de votre très-désirée venue en vostre paroisse et l'é-
glise principale de vostre royaume ». Le roi, chéri des chanoines,
fut Louis XV. Celui-ci, en effet, ne cessa durant son règne de
leur donner des marques constantes de sa protection et les com-
bla de ses. libéralités. Dans sa reconnaissance, le Chapitre avait
décidé, en 175G, que chaque année, le jour de Saint-Louis, une
110 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
messe serait célébrée avec le rit annuel, c'est-à-dire le plus élevé,
« pour la conservation d'un monarque si cher à la Nation ».
Ces sentiments, il avait eu, en 1783, une occasion de les renou-
veler à la personne de M. l'abbé de Bourbon, fils naturel de
Louis XV, et de la demoiselle de Romans, quand celui-ci de-
manda au Chapitre l'honneur d'être compté parmi ses membres.
En mémoire des bienfaits du père, on lui accorda unanimement
le titre de chanoine honoraire, et, le jour de son installation,
M. de Montagu lui adressa un charmant discours, que nous ju-
gerons aujourd'hui peut-être trop courtisan, mais qui indique bien
quelle place le roi Louis XV tenait encore dans le souvenir re-
connaissant des chanoines : « L'Eglise de Paris, qui est spécia-
lement l'Église de nos rois et qui a eu la gloire de compter
parmi ses membres Philippe de France, fils de Louis le Gros,
se félicite aujourd'hui de vous avoir offert une adoption unique
dans ses fastes et qui fera époque dans ses annales. C'est un tribut
de respect et de reconnaissance que nous rendons à la mémoire
et aux bienfaits du feu roi, au grand nom que vous portez et à
vos qualités personnelles, qui justifient l'intérêt qu'inspire votre
naissance. Nous vous verrons avec joie mériter et obtenir
parmi nous les places éminentes, qui vous attendent, et nous vous
prions de regarder avec confiance tous les membres de cette
Compagnie comme autant d'organes de votre renommée ». Les
souhaits et les espérances du Chapitre ne se réalisèrent pas;
l'abbé de Bourbon mourut à Naples de la petite vérole le 28 fé-
vrier 1787.
Louis XVI devait avoir des rapports moins resserrés avec le
Chapitre de Notre-Dame. D'après les documents, que nous avons
eus sous les yeux, il semble même qu'il ne régnait pas une pro-
fonde sympathie entre le monarque et les chanoines. Nous avons
fait remarquer que M. de Montagu eut à se plaindre de la ma-
nière, dont il fut un jour reçu à Versailles; mais déjà la déléga-
tion que le Chapitre, innovant en cela, crut devoir envoyer vers
le roi pour le féliciter de son sacre, avait reçu un accueil peu cha
leureux. Au nom du roi, M. de Maurepas répondit à la demande
d'audience, adressée par le Chapitre, que Sa Majesté voulait bien
LE CHAPITRE ET LE ROI. Ili
recevoir la délégation annoncée « pourvu qu'elle ne soit pas trop
nombreuse et à condition de prendre un jour qui ne soit pas de
ceux où Sa Majesté va à la chasse ». Ce n'était déjà pas trop
aimable! Qu'on lise ensuite le compte rendu de la journée des
députés. « Le jeudy, trois août (1775), jour donné par le Roy
pour recevoir la députation, Messieurs sont partis pour Versailles
entre sept heures et demie et huit heures du matin en man-
teaux longs. M^r l'Archevêque eut la bonté de mener deux de
Messieurs, et M. le Doyen les trois autres dans son carrosse
attelé de ses quatre chevaux. Arrivés à Versailles vers les dix
heures, Messieurs sont descendus dans la cour des Princes avec
Mgr l'Archevêque, qui les conduisit dans son appartement où
ils attendirent jusqu'à l'heure dn lever du Roy. Vers les onze
heures, ils furent introduits dans l'Œil-de-Bœuf, où ils attendi-
rent qu'ils pussent entrer dans la chambre du Roy. Dans le
moment qu'on appela la chambre, Messieurs entrèrent dans
la chambre et se placèrent près la porte de la Chambre du Con-
seil. Lorsque le Roy eut fini sa prière et qu'il voulut passer de
sa chambre à son cabinet, M. l'Evêque de Senlis, premier au-
mônier du Rov, eut la bonté de les présenter à Sa Majesté, qui
s'arrêta à la porte de son cabinet devant M. le Doyen, qui avait
à sa droite Mgr l'Archevêque et à sa gauche MM. les dépu-
tés rangés de suite. Le Roy écouta avec beaucoup de bonté le
discours de M. le Doyen, et, quand celui-ci eut fini, le Roy lui
répondit : « Vous pouvez compter sur ma protection. » Après
quoy Messieurs se retirèrent et allèrent se placer dans la gale-
rie avec M?r l'Archevêque sur le passage du Ro}^, qui allait à
la Messe. Ils se placèrent aussi sur le passage de la Reine, qui
eut la bonté de les saluer en allant et en revenant de la Messe.
Ils allèrent aussi avec M81 l'Archevêque au dîner de la Reine,
où était aussi le Roy, pour faire leur cour. Après quoy, ils se
retirèrent avec Mgr l'Archevêque et allèrent chez le curé de
Notre-Dame de Versailles, où Mp l'Archevêque leur donna un
très beau repas, pour lequel il avait fait venir ses officiers de
Paris. Messieurs repartirent de Versailles avec Mgl l'Archevê-
que sur les quatre heures et demie et arrivèrent ta Paris vers
112 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
les six heures et demie du soir. » Au chapitre, qui se tint le
lendemain, les chanoines délégués ne tarirent pas en éloges et
en remercîments à l'égard de l'Archevêque, du Doyen, de l'E-
vêque de Senlis : pas un mot du Roi ! Peut-être avaient-ils trouvé
la réponse royale par trop laconique l.
Le Chapitre fut mieux accueilli, quand, en 1780, il se présenta
à la Cour à l'occasion de la naissance du Dauphin. M. de Mon-
tagu complimenta le Roi, harangua le nouveau-né et put, ainsi
que ses collègues, présenter ses devoirs à Madame Marie-Thérèse,
iîlle aînée de Louis XVI. Faut-il faire remarquer un incident
consigné dans les registres capitulaires? Au Te De uni, chanté
à l'occasion du baptême du duc de Normandie, l'infortuné
Louis XVII, une des grosses cloches de Notre-Dame se brisa.
Était-ce un présage ?
La famille royale tout entière partageait les honneurs que le
Chapitre rendait aux souverains eux-mêmes. Quand un de ses
membres se rendait à Notre-Dame pour y satisfaire sa dévotion,
les chanoines le recevaient avec les honneurs dus à son rang.
En 1775, la réception du comte d'Artois, frère de Louis XVI, fut
l'occasion d'une cérémonie, dont la partie musicale avait été parti-
culièrement soignée. Pour cette circonstance, M. Dugué composa
en musique le psaume In exitu. Ce jour-là, le comte d'Artois
prit-il les paroles sacrées pour une prophétie sur ses lointaines
destinées?
La Maison d'Orléans fut aussi de la part du Chapitre l'objet
de respectueuses attentions : celui-ci autorisa M. de Juigné
à conférer, le jeudi 20 octobre 1788, le sacrement de confirma-
tion, au maître-autel de Notre-Dame, aux princes et princesses,
enfants du duc d'Orléans, et pour donner à cette Maison un gage
de leur attachement, Messieurs assistèrent à la cérémonie en
robes rouges et violettes.
Les hautes fonctions de l'Etat étaient aussi révérées comme
il convient par les chanoines de Notre-Dame. Chaque fois que le
1. Après son sacre, comme don de joyeux avènement, le roi avait le droit de
nommer à la première stalle vacante. Cfr. Concl. cap., année 1775.
LE CHAPITRE ET LA VILLE. H3
choix royal honorait un personnage, le Chapitre se faisait un
devoir de lui transmettre ses compliments. 11 envoie des députa-
tions, chargées d'exprimer ses félicitations verbis officiosissi-
mis, en 1787, à M. de Lamoignon, nommé garde des sceaux, et
à M. de Fourqueux, trésorier; en 1788, à M. de Yilledeuil, se-
crétaire d'état au Département de Paris; en 1789, à M. de Sa-
ron, premier président au Parlement '.
Les meilleurs rapports régnaient aussi entre le Chapitre et
« la Ville ». Celle-ci avait décidé, en 1782, de faire déposer au
trésor de Notre-Dame un exemplaire de chaque médaille, qu'elle
ferait frappera l'occasion des événements importants2. Xous
avons vu que le Prévôt des Marchands invitait à dîner le chanoine
célébrant le jour de la procession aux Grands-Augustins et lui
attribuait la première place à côté de M. le Premier Président. En
1782, à l'occasion de la naissance du Dauphin, M. de Montagu
assista à l'Hôtel de Ville au banquet et au feu d'artifice.
Le Chapitre tout entier aimait à prendre part aux allégresses
nationales : non seulement il faisait illuminer le Cloître, sa Grande-
Porte et la façade de l'église avec des ifs, garnis de lampions,
mais les chanoines eux-mêmes, accompagnés des enfants de
chœur, montaient volontiers « sur la plate-forme au haut de l'es-
calier de l'horloge », pour voir les feux d'artifice tirés à l'Hôtel
de Ville.
1. Concl. capit., mêmes années.
2. MM. les orfèvres, au nom des quatre corps des Marchands, offrirent aussi au
Chapitre la médaille qu'ils avaient fait frapper à l'occasion de la naissance du
Dauphin.
CHAPITRE L>E NOTRE-DAME DE PARIS.
CHAPITRE QUATRIEME
L'ADMINISTRATION CAPITULAI!!!-;
I. Biens du Chapitre. Les départements de l'Administration capitulaire :
l'ancienne Mense; la Mense de Saint-Germain l'Auxerrois : l'Office des Matines;
les chapelles Saint-Denis et Saint-Georges el des Paresseux; la Fabrique. —
t Biens a Paris .- maisons et fiels. — Biens à la campagne : seigneuries, fiefs,
domaines, fermes, bois, dîmes et terres. — Administration de ces biens par
l'Agent des affaires, le Chambrier, l'Architecte. — Droits seigneuriaux. — II.
Administration financière. Receveur général et Receveur des censives.
— Distinction des caisses. — Comptes du Chapitre en 1789. — III. Le Chapitre
et l'Instruction publique. Le Chancelier, le Chantre et les Petites Écoles :
droits du Doyen el du Pénitencier; fondations Delaître, d'Eaubonne, le Masson et
de Mondran. — IV. Le Chapitre et l'Assistance publique. L'Hôtel-Dieu.
— Souscription pour les hôpitaux de Paris. —Secours aux pauvres. — Troncs.
Il est important de montrer que le Chapitre n'était pas seule-
ment un corps illustre et puissant dans l'Eglise de Paris, un justi-
cier unissant les juridictions spirituelle et temporelle; c'était aussi
un grand seigneur, chargé de titres, pourvu de biens. Ses ri-
chesses lui permettaient des aumônes qui lui donnaient une place
dans l'Assistance publique, et de nombreuses fondations l'inté-
ressaient à la direction des plus illustres collèges et à l'instruc-
tion donnée dans les Petites Ecoles. Les pages qui suivent,
contiennent quelques documents peut-être un peu arides, mais
nécessaires pour bien établir la situation sociale du Chapitre
de Paris en 1790.
I
Pour bien posséder l'intelligence de l'administration temporelle
et financière du Chapitre à la veille de la Révolution, quelques
explications préliminaires sont indispensables. Cette administra-
116 LE CHAPITRE DE NOTRE DAME DE PARIS EN 1790.
tion, dirigée par l'agent des affaires, M. de Champigny, et le
sous-agent, dont nous verrons plus loin les fonctions, se parta-
geait en six départements : l'ancienne Mense du Chapitre, la
Mense de Saint-Germain l'Auxerrois, l'office des Matines, les
chapelles Saint-Denis et Saint-Georges et des Paresseux, la Fa-
brique, les Fondations pour écoles.
L'ancienne Mense comprenait tous les biens que le Chapitre
possédait comme tel, avant 1740, et dont il avait la libre disposi-
tion. En 1740, quand M. de Vintimille supprima le Chapitre de
Saint-Germain l'Auxerrois et l'unit à celui de Notre-Dame, le
décret d'union transféra à ce dernier tous les biens du Chapitre
supprimé et leur assigna telles affectations, qui devaient être res-
pectées. Jusqu'en 1784, M. Delon, le dernier chanoine de Saint-
Germain subsistant à Notre-Dame, administra séparément les
biens de cette Mense. Quand ses forces ne lui permirent plus de
se livrer à ce travail, le Chapitre le confia à ses receveurs ordi-
naires, qui devaient dans leurs comptes maintenir la distinction
entre les produits de chacune des deux Menses.
Les revenus de l'office des Matines étaient en partie affectés
aux rétributions du clergé, gagnées surtout par l'assistance aux
offices delà nuit. Ces rétributions furent considérablement aug-
mentées grâce aux libéralités de MM. les chanoines PaA*en,
Couet et de Périgny. Au commencement du xvine siècle, les dis-
tributions, revenant au bas chœur pour ces offices, étaient fort
modiques, et le Chapitre voyait avec peine l'usage de chanter
les offices la nuit, si respecté par l'Eglise de Paris et si recom-
mandable à la piété, sur le point de cesser faute de ressources. M. le
cardinal de Noailles, fort zélé pour le maintien et la décence du culte
dans sa cathédrale, supprima les titulaires de deux chapelles riche-
ment dotées, celle de Saint-Denis et Saint-Georges et celle dite des
Paresseux1 , et unit leurs revenus au Chapitre pour augmenter les
distributions du bas chœur. Les biens de la Fabrique servaient à
1. La chapelle des Paresseux, du titre de Sainte-Madeleine, était à l'autel de la
Sainte- Vierge^ à droite en entrant au chœur: elle fut fondée en 1303 par le cha-
noine Jean Le Moine. Cfr. l'inscription jadis placée dans la chapelle de la Made-
leine à Notre-Dame. Curiosités, op. cit.. p. 110.
LES BIENS DU CHAPITRE. 117
payer les frais généraux du culte, à subventionner l-s clercs et
les employés nécessaires aux cérémonies et à l'entretien du mobi-
lier et de l'église. Nous parlerons des fondations pour écoles,
quand nous étudierons les rapports du Chapitre avec l'Instruc-
tion publique.
Un travail, exécuté par M. Barbie, receveur général du Cha-
pitre, en conformité au décret du 13 novembre 1789 touchant
les Biens ecclésiastiques, nous a été fort utile pour connaître
les possessions du Chapitre. Xous avons consulté aussi à cet
effet les affiches des cent cinquante-trois déclarations partielles,
faites devant les Municipalités des Communes et indiquant les
biens situés à la campagne, qui ne sont que résumés dans le
travail de M. Barbie '.
I. Biens dans Paris.
1" Ancienne Mense du Chapitre.
Dans le Cloître, quatre maisons dont deux seulement sont de quelque
rapport 2.
Droits d'étaux à boucherie, rue de la Harpe, près celle du Four; — vis-
à-vis Saint-Séverin ; — rue du Faubourg-Saint-Jacques, près Saint-Jacques
du Haut-Pas; — rue Galande. près celle des Anglais3.
Maison au cloître Saint-Benoit; le moulin Croulebarbe, près les Gobelins,
faubourg Saint-Marcel; maison faubourg Saint-Laurent, près l'ancienne
foire.
Deux places aux deux portes collatérales de l'église du côté du Parvis.
Quatre maisons au Parvis.
Une maison, place de Grève.
Une boutique, carré du Pont-Rouge, attenante à la Communauté des
Chantres.
Une maison et une échoppe, au même lieu.
Cinq maisons et différents locaux, rue d'Enfer.
Maisons rue aux Fèves, rue Bourg-l'Abbé, rue Cocatrix. au coin des rues
1. Le l" juin L790, l'archiviste Pavillet offrit au Chapitre une notice intitulée :
Relevé alphabétique des terres et seigneuries, fiefs, dixtnes, moulins, bois, etc., ap-
partenant au Chapitre de l'Église de Paris, avec les renvois de chacune de ces pièces
aux terres principales dont elles dépendent el un précis historique de celles-
Cfr. Arch. Nat. LL. 232 ''- Concl. du l« juin 1790. Nous n'avons pas trouvé dans
te fonds du Chapitre de Paris ce travail qui devait être fort intéressant.
•,'. Ces quatre maisons étaient :1a Maîtrise, le Chapitre, les maisons Couetetde
Périgny; ces deux dernières seules étaient de rapport.
3. La position de ce quatrième étal n'était pas déterminée.
118 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1700.
de Gèvres et Planche-Mibray, rue de la Juiverie, rue delà Mortellerie; deux
maisons réunies, rue de la Vieille-Monnaie et rue Marivault; une autre
maison, rue delà Vieille-Monnaie, rue des Barres; trois maisons, rue des
Marmouzets; une, rue du Marché-Palu et rue Galande ; deux places vagues,
rue Perpignan: autres maisons, rue Saint-Denis, rue Saint-Jacques, rue
Sainte-Marine, rue Saint-Martin, au coin de la rue aux Ours; trois maisons,
rue Saint-Pierre aux Bœufs, dont une attenant à l'église.
2° Mense de Saint-Germain l'Auxerrois.
Trente-une maisons au cloitre Saint-Germain et plusieurs échoppes * ;
quatre maisons, rue des Fossés-Saint-Germain: quatre, rue des Poulies:
une, rue Jean-Tison; une. carrefour de l'École; une, quai de l'École; deux,
quai de la Mégisserie; une, rue Trop-va-qui-dure ; une, rue de la Joaillerie,
adossée au Grand-Châtelet ; une, Faubourg-Montmartre 2; une place à
moulin sur la Seine, entre le Pont-Neuf et le Pont-aux-Changes; un grand
bâtiment isolé 3 entre la rue de la Ferronnerie et le Marché des Innocents *.
3° Office des Matines.
Une maison, rue des Marmouzets.
4" Chapelles Saint-Denis et Saint-Georges et des Paresseux.
Une maison, parvis Notre-Dame ; deux maisons réunies, rue de la Pel-
leterie 5.
5° La Fabrique.
Une maison, parvis Notre-Dame: trois petites maisons adossées à la tour
méridionale ; maisons, carré du Pont-Rouge, rue Saint-Christophe, rue Saint-
Pierre aux Bœufs ,;.
1. Plusieurs maisons et échoppes ont été abandonnées au Roi. suivant Arrêt de
son Conseil d'État du 13 novembre 1784, moyennant le paiement d'une rente de
815 septiers de blé-froment par année, représentative des loyers des maisons,
places et échoppes, appréciable en argent sur les Mercuriales du marché de
Paris et à prendre sur les domaines de Sa Majesté. — Arch. Nat., S. 460.
2. A cette maison était attenant un terrain, qui servait autrefois de dépôt des
ossements provenant du cimetière des Innocents. Ibid.
3. Ce bâtiment, qui occupait précédemment la place de vingt-deux maisons.
fut complètement refait par le Chapitre ces dernières années et avait été pour
lui l'occasion de grandes dépenses. Cet immeuble, loué en totalité, aurait pu
rapporter 80.000 1. Il était occupé, le 19 avril 17'.MJ, par cent deux locataires. En 1786
et 1787, en exécution d'Arrêts du Conseil d'État, le Chapitre concéda au Roi,
moyennant une rente de 4.000 1., deux emplacements aux extrémités de l'immeuble
pour y établir deux arcades, faisant communiquer la rue de la Ferronnerie et
Marché des Innocents.
4. Alors appelé Marché de Crosne.
5. Ces trois maisons étaient condamnées à disparaître; le Bureau de la Ville avait
entamé avec le Chapitre des négociations pour acheter celle de la rue de la
Pelleterie. — Arch. Nat., S. 460.
6. Cette maison, dont la moitié appartenait à l'église de Saint-Pierre aux Bœufs,
LES BIENS DU CHAPITRE 11!»
II. Fiefs, lods et ventes dans Paris.
1° Ancienne Mense du Chapitre.
Fief de la Barre du Chapitre, dont le chef-lieu était dans le cloître
Notre-Dame à l'endroit appelé la Motte-aux-Papelards, dit le Terrain. Toutes
les mouvances île ce fief se trouvaient hors Paris '.
Censive de l'Ile Notre Dame, comprenant l'Ile et la paroisse Saint
Louis. Lods et ventes; cens annuel, à raison d'un denier par toise de
superficie. La Fabrique de Saint-Louis doit au Chapitre une rente de
266 1. 13 s. 4. d. sur une maison lui appartenant, comme représentative
d'indemnité.
Fief en la Cité de Paris. Censive d'un fief d'ancienne fondation, se
tendant sur différentes maisons au Port 2, rue du Port, rue d'Enfer-Saint-
Landry, rue Sainte-Marine, rus Cocatrix ou des Hermites, rue des Trois-
Cannettes, rue Perpignan, rue de la Lanterne.
Aval du Pont-au-Change. Censive au Pont-au-Change sur les mai-
sons et échoppes du côté d'aval, et par moitié sur celle de la pointe de
l'échaudé 3.
Fief de Tiron, situé rue des Murs, dite d'Arras, au coin de la rue
Clopine, sur une partie des rues de Versailles, du Bon-Puits, Traversière,
Saint-Victor, rue Galande du coté de la rue Saint-Jacques.
Fief de la voirie de Fontenay. s'étendant sur diverses maisons, rues
Saint-Jacques, du Petit- Pont, Saint-Séverin, cul-de-sac Saillembien. rues de
la Parcheminerie, d'Enfer. Saint-Michel.
Fief des Arcis, sur diverses maisons rues des Arcis, Saint-Bon, Jean-
Pain-Mollet. Saint-Martin, des Ménestriers et des Marivaux.
Fiefs du Cens Commun et du Mandé ou de la Folie-Regnault, situés
rue Saint-Denis, vis-à-vis Saint-Chaumont, s'étendant rues du Faubourg-
Saint-Denis, des Petites-Écuries-du-Roi, Poissonnière, Grand'- Rue, du Fau-
bourg-Saint-Martin, à la Villette, terroirs et paroisses de Charonne, Saint
Laurent. Belleville, Faubourg-du-Temple. terroir et paroisse Sainte-Margue-
rite. Pantin, etc. v.
Cens Gauthier et autres, à cause du fief du cens Gauthier de Neauphle.
des Coquilles et de la Folie-Regnault, s'étendant sur quelques maisons,
rues de la Verrerie, des Coquilles, Barre-du-Bec, de la Tixanderie, du
était louée au iHs 'lu fameux Le Vieil, qui relit au xviu« siècle presque toutes les
verrières de Notre-Dame.
1. Les fiefs, dépendant de la Barre du Chapitre, étaient les fiefs d'Itteville en
Gâtinais, de Moncivry près Villejuif, de l'Épine, et le fief de la Barre du Cha-
pitre, àChevrigny, pressentisse. La Barre du Chapitre avait aussi des redevances
sur la ferme de la Barre, près Chevreuse. — Arch. Nat. S. 160.
2. Port Saint-Landry, situé non loin du Pont-Rouge.
:;. Les droits de Censive avaient été diminués depuis l'acquisition par la Ville
des maisons et échoppes qui ont été abattues.
1. Les droits de Cens étaient de 10 deniers-tournois par arpent, payables aux
octaves de Sa int-Oenis.
120 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Mouton, de la Mortellerie, quai des Ormes, de la Vannerie et de l'Ecor-
cherie.
2° Mense de Saint-Germain l'Auxerrois.
Fief de Montmoyen, dont la glèbe s'étend sur diverses maisons, terres,
terroir et paroisse de Montmartre, rues Saint-Lazare, de Rochechouart.
de la Rochefoucauld. Royale, de Clichy. des Portes-Blanches, aux Percherons,
Poissonnière, etc. L
Fief de Saint-Germain, s'étendant rues Saint-Honoré, des Poulies,
Bailleul, Jean-Tison, de l'Arbre-Sec, des Prêtres et des Fossés-Saint-Ger-
main, quai de l'École, rue des Lavandières-Saint-Germain, quai de la
Mégisserie, rues de la Vieille-Jaaillerie. des Arcis. Marivaux, de la Cou-
tellerie, de la Basse-Vannerie, Saint-Landry, d'Enfer Saint-Landry, cul-de-
sac de l'Oratoire, cloitre Saint-Germain, rues Saint-Antoine, du Roi-de-
Sicile -.
III. Biens immobiliers a la campagne.
I. Seigneuries.
Seigneurie d'Andrésy, avec maison seigneuriale au fief de Villette. Cette
seigneurie s'étendait sur les fiefs de Boury. de Chennevières, de Brussol, de
Villette, de Mortemer et de Colleville, situés respectivement sur les pa-
roisses d'Andrésy. Moreourt, Jouy-le-Moutiers. Achèreset Vauréal. Aux droits
de dîme, qui s'étendaient sur 2.763 arpents :i. s'ajoutaient le droit de chance'
au lieu dit Fleu-Fosse, près Conflans, et les droits de port, passage, bac et
pêche sur la partie de la rivière dite Fin-d'Oise, où les deux rivières se réu-
nissent.
Seigneurie d'Aubergenville (province de Beauce ), dont relèvent les
fiefs d'Acosta et de Nézel. Elle s'étend sur les paroisses d'Aubergenville,
Épône, Mézières et Flins. Elle comprend les droits d'un tiers de ladime sur
1.581 arpents 45 perches et le droit de péage sur le Pont-Gallon 5.
1. A ce fief était attaché le droit de dîme de grains à percevoir dans retendue
des paroisses de la Ville-l'Évêque, Montmartre et Clichy-la-Garenne, et le droit
de dîme en argent à raison de 30 sols par arpent sur les terres sujettes au droit
de dîme en grains.
2. En 1790, les droits de seigneurie sur l'ancien cimetière des Innocents étaient
disputés entre le Chapitre et le Domaine du Roi. Le procès ne fut pas terminé.
Arc h. Nat. S. 160.
3. La dîme d'Andrésy était percevable, savoir celle des blés et tous autres grains
à raison de 8 gerbes sur 100; celle des pois, fèves, lentilles et autres mêmes graines
à raison de 8 bottes sur 100 et les pois vert- de 1 panier sur 12; la dîme du vin a
raison de 3 pintes 1/2 par muid, mesure de Saint-Denis, celle des agneaux et co-
chons est de treize-un.
4. Le droit de chance consistait anciennement à percer cinq pièces de vin en
chaque bateau de trois pilles et trois pièces eu iliaque pille où il y a cinq pilles et
y prendre 30 pintes de meilleur vin, mesure d'Andrésy.
5. •• Sur l'exposé fait par M. du Pinet, chanoine, l'un de Messieurs les Intendans
des Bàtimens, que des gens mal intentionnés ont fait une ouverture de trois pieds
LES BIENS DU CHAPITRE. 121
Seigneurie d'Auteuil (province d'Ile-de-France) avec grande dimeresse'.
Seigneurie d'Ayencourt (province de Picardie). Manoir seigneurial, dont
relèvent les fiefs de CIaroy,de la Motte et autres. Droits utiles sur la rivière de
Dons. Moulin à eau banal. 188journaux 71 perches surMontdidieretAyencourt
Seigneurie de Bagaeux (province d'Ile-de-France). Manoir seigneurial,
auditoire et prison. Elle a dans sa mouvance les fiefs de Garlande, de la Lui-
sette et une partie de la seigneurie de Chàtillon. Une partie de la seigneurie
n'étant pas décimable dans sa nature ou dans la dime du Chapitre, les
droits de dime ne s'étendent que sur 1.125 arpents. Les terres, situées sur
Bagneux, Sceaux et Chàtillon, comprennent 125 perches 2.
Seigneurie de Belloy (province d'Ile-de-France). Ferme seigneuriale
au domaine de Belloy, dit le Vieil, dont relèvent les fiefs de Ruchambre.
d'Aulny, de Fontenelle, de Croulavoine, de la Petite-Ferme, de Saint-Ro-
main de Carnaux et de Philippe-de-Belloy, dit Pillon. Le Chapitre parta-
geait les droits de dîme avec les Religieux Feuillants sur 1.132 arpents 98
perches et avait le droit de demi-dime sur 72 arpents 22 perches. La sei-
gneurie de Belloy s'étendait sur les paroisses de Belloy, Luzarches, Viarmes.
Villaine, Yilliers-le-Sec, Franconville, Saint-Martin- du-ïartre. Ses terres cou-
vraient 228 arpents 99 perches.
Seigneurie de Bourg-la-Reine en partie (province d'Ile-de-France).
Les revenus de cette seigneur'e étaient confondus avec ceux de la seigneurie
de l'Hay et Chevilly.
Seigneurie de Corbereuse i province de Beauce). Ferme seigneuriale,
garenne, auditoire, geôle, grange dimeresse. Elle s'étend sur les paroisses de
Corbereuse, Saint-Martin-de-Betincourt, Auton et Attainville. La dime couvrait
2.290 arpents Les terres contenaient 541 arpents 90 perches :i.
Seigneurie de Damart (province d'Ile-de-France). Manoir seigneurial et
ferme. Les fiefsdeRoussy et de Bataille étaient dans sa mouvance. 855arpents
05 perches étaient décimables. Les terres de la seigneurie s'étendaient sur
144 arpents 11 perches 4.
et demi de longueur sur deux pieds de large au pont appelé le Ponl-Gallon, qui
traverse la rivière de Mauldre à la suite du grand chemin de Paris, et que cette
rupture intercepte lf passage des hommes et des bestiaux. Messieurs ont chargé-
prié M" les Intendans des Bâti mens de faire mettre promptement les ouvriers
aud. pont. » Concl. en/*.. 1 nov. 1789.
1. Le Chapitre avait abandonné aux curés d'Auteuil et de Boulogne la dime de
cette seigneurie pour augmenter leurs portions congrues et en constituer en faveur
«le leurs vicaires. En 1787, pour améliorer le sort du curé d'Auteuil, il lui accorda
encore la grange dimeresse, moyennant la modique rente de 20 1. Cette grange
pouvait être louée 700 1. par le curé. Cl'r. Concl. cap.
■2. M. le Pénitencier, s'il n'était pas chanoine, devait rendre hommage à genoux
au Chapitre pour son fief de Bagneux.
:5. Le Chapitre touchait lô 1. de eens sur le Moulin de la Ville et 6 1. sur le
Moulin-Neuf. L'abbé de Saint-Benoît-sur-Loire payait au seigneur de Corbereuse une
redevance de 24 septiers de grains, moitié en blé, moitié' en avoine.
L En 1790, le Chapitre était en litige avec les Bénédictins de Lagny qui refu-
saient de payer une redevance eu grains.
122 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 17S0.
Partie indivise de la seigneurie d'Épiais province d'Ile de-France).
Manoir et ferme. 288 arpents 89 perches de terres sur Épiais, Chennevières,
Mauregard, Roissy et Tremblay. Dime sur 12 arpents 29 perches.
Seigneurie d'Épône (province de Beauce). Sa mouvance comprend
les fiefs de Saint-Béat, de la Couronne-des-Prés à Cocheret, de Bréval, de
Saint-Martin, de Saint-Nicaise et de Villame. Elle s'étendait sur les paroisses
d'Épône, de la Falaise, de Maulc. de Mézières et de Villeneuve. Les droits
de dime étaient fort nombreux : 1° dime des laines, agneaux et cochons de
lait ; _ 2° dime des Antes-aux-Millions ; — 3° dime de la Garenne; — 4° dîme
de la Porte de la Ville; — 5° dime du Ligneu; — 6° dime de la Vallée et du
Paulou ; — 7° dime du vin ; — 8° grande dime ; — 9° dime des Débats, sur
la paroisse de Maule; — 10° dime de la Couche, sur Mézières; — 11° dime du
Muret. Moulin et four banaux.
Seigneurie de Fontenay-aux Roses (province d'Ile-de-France). Geôle et
3 arpents.
Seigneurie de Grand-Paroisse (province de Brie), appelée ancienne-
ment de la Celle, comprenant maison seigneuriale, dite de Rubrette, 72 ar-
pents de terres, d'où dépend le fief des Appentis et de Machecourt. — Dîme
sur toute l'étendue de la seigneurie.
Seigneurie de Marangis (paroisse de Grand-Paroisse i. Maison seigneu-
riale, moulina eau et 127 arpents 54 perches de terres.
Seigneurie d'Herblay (province de Beauce!. Manoir, auditoire et pri-
son, et 2.700 arpents décimables. Cette seigneurie ne possédait qu'un arpent
de terre '.
Seigneurie de l'Hay et Chevilly (province d'Ile-de-France;. Dime sur les
deux paroisses ainsi que le droit de la quille au Bâton les jours de Patron.
Colombier, grange dimeresse et pressoir. Les terres s'étendent sur 155 ar-
pents 43 perches.
Seigneurie de Larchant (province du Gàtinais. i Elle s'étendait sur les
paroisses de Larchant, de la Chapelle-la Reine et de Guercheville. Cette sei-
gneurie possédait manoir, ferme, audience, grange dimeresse, four banal.
Les droits de dime sur la paroisse de Larchant et les fiefs de Bonneau, Vil-
lechasson, Blomons, sur les cantons des Bons-Enfants et du Cardinal-Lemoine
et encore sur les fiefs du Buisson et de Fargeville, comprenaient 4.500 ar-
pents et les terres de la seigneurie 665 arpents 90 perches 2.
Seigneurie de Mons sur-Orge (paroisse d'Athis). Elle comprend les fiefs
de Roussigny ou de Maison-Rouge, de Saint- Fargeau, de Villiers, de Soisy-
sous-Étiolles, de Chailly, de Moncivry, mouvant ainsi que ceux dTtteville,
dans le Gàtinais, et de l'Épine, du fief de la Barre du Chapitre. Hôtel sei-
gneurial, ferme, colombier, deux pressoirs seigneuriaux, un moulin appelé
Moulin-le-Roy sur l'Orge; droits de bac, port et péage sur la Seine au port
nommé Courcelle, et droit de pèche dans l'étendue de la Haute-Justice du
1. Elle avait ineoro 4 1. do rentes sur le moulin à vent de Pierre à Ilerblay et
différentes redevances en grains et argent.
•2. Le Chapitre possédait à Larchant. sur le fief Mont-Saint-Mathurin, une pièce
de triche appelée le « Bois de Messieurs ».
LES BIOS DU CHAPITRE. 12:;
Chapitre. Terres : 21G arpents 04 perches .mit les paroisses de Moi -
Noisy-sous-Vigneux, Villeneuve-le-Roi, Viry et Grigny.
Seigneurie d'Ablon. Toutes les terres sont réunies à la ferme de Mons.
Seigneurie d'Orly dle-de-Francei. Ferme, granges et pressoirs ba-
naux. Les terres sur Orly, Vitry et Para y contiennent 443 arpents. Dime de
vin sur Orly et Grignon, et dime ordinaire sur 1.350 arpents *.
Seigneurie d'Outrebois province de Picardie). Moulin à eau sur la ri-
vière d'Authie, 25 arpents de terres.
Seigneurie de Rosoy (province de Brie). La plus importante des sei-
gneuries appartenant au Chapitre. Maison seigneuriale; un moulina eau
banal, dit le Grand-Moulin; deux moulins à eau, dits l'un moulin de Choiseul.
l'autre moulin de Coudray; deux moulins à vent. La seigneurie possède
encore deux fermes, le fief de Comporte et un château à Voinsles ; la dime
sur Rosoy, Voinsles, Villeneuve-la-Henri et Nesle-la-Gilberte, comprend
4.375 arpents. Terres : 704 arpents 57 perches 2.
La seigneurie de Rosoy avait dans ses dépendances : 1° le franc-aleu
noble, nommé la Cour de Pécy. qui possède un hôtel seigneurial avec dépen-
dances et 220 arpents 74 perches de terres; 2° la seigneurie de Grand-
Fontaine, sur la paroisse de Touquin, comprenant château, dépendances,
moulin de Grand-Fontaine, droit de pèche sur rivière d'Hierres exclusive-
ment à tous autres depuis le Pont-Arnaud jusqu'au Pont-d'Eteau et conjoin-
tement avec le seigneur de Touquin. depuis le Pont-d'Eteau jusqu'au
moulin de Crussol, droit de banc à l'église de Touquin et 155 arpents de
terres: — 3° la seigneurie de Plessis-Maitre-Henry ou Plessis-Mallet sur la
Chapelle-Iger, manoir. 200 arpents 45 perches de terres et dîmes sur 215
arpents dont 15 sur la paroisse de Bernay.
Seigneurie de Rungis (province d'Ile-de-France). Manoir seigneurial.
351 arpents de terres et dime sur 00 arpents 70 perches ;t.
Seigneurie de Sucy (province d41e-de-France). Manoir, ferme, 374 arpents
1. Dans la dîme d'Orly est comprise ladime dite « Taille de Saint-André », éta-
blie en vertu d'une transaction passée entre le Chapitré et les habitants d'Orly le
19 juin 1412: elle consistait à prendre sur les terres, qui ne payaient pas de lods
et ventes, une gerbe sur onze.
%. Les droits de la seigneurie de Rosoy étaient considérables. Ils comprenaient :
1° en la halle, le droit de ffalage, qui est une redevance de '-'sols, tous les samedis
et jours de marché, pour chaque grand liane, et 1 sol seulement pour chaque petit
banc; — 2" une redevance de 2 sols pour chaque banc (pie le fermier de ce droit
fournit tant les jours de marché que de foire; pour le petit marché, une redevance
de 6 s. pour chaque mannequin ou hotte et de 3 s. pour un panier à bras: —
3» droits d'étaux pour les bouchers; — 1° droit de minage, qui consiste à prendre
la sixième partie du boisseau par chaque septier composé de 8 boisseaux sur tous
les grains du marché, à l'exception de l'avoine, dont le droit est d'un pareil
sixième, mais sur six boisseaux, en observant que la mesure pour l'avoine est
comble et celle pour les autres grains presque racle; — 5° le droit de tatixement
ou de faitage à prendre à la Saint-Martin d'hiver sur toutes les maisons de Rosoy
et de Voinsles, à raison de 5 1. par chaque laite ou travée de maison.
3. Dans cette dime est comprise la dime. dite de Saint-Julien-le Pauvre, à perce-
voir sur les terres de la seigneurie de MM. de Sainte-Geneviève.
124 LE CHAPITRE DE NOTRE DAME DE PARIS EN 1700.
de terres, dîme sur 850 arpents. La seigneurie de Sucy a dans sa mouvance
le fief de la Haute-Maison.
Seigneurie de Vernon (province du Gâtinais). Manoir, deux moulins à
eau, celui de Serpes et celui de la Roche. Dime sur 800 arpents.
Seigneurie de Machau (province du Gâtinais). Maison seigneuriale,
deux arpents de terres, dîme sur 200 arpents.
Seigneurie de Viercy province du Gâtinais). Cette seigneurie est éta-
blie sur la paroisse de Montereau-sous-le-Jard, avec manoir, fermes. 295 ar-
pents 56 perches de terres, dont 14 arpents de pré en fief sur la paroisse de
ifoissy-Cramoyet.
Seigneurie du Châtelet de Villaroche (province du Gâtinais). De cette
seigneurie relèvent les trois fiefs de Gallande, la Motte-aux-Rinettes, la
Chintre et Renodon. Elle possède 278 arpents 40 perches de terres.
Seigneurie de Vïry-Noureuil et de Sénicourt (province de Picardie |.
Avec six fiefs, manoir seigneurial; 193 septiers, 10 verges de terres : droits
de Ruverie, de Sous-Manant et de Canardière '.
Seigneurie de Wissous (province d'Ile-de-France). Manoir et ferme,
dont relève de fief de Vilmilan ; 414 arpents 50 perches de terres sur Wissous
et 1 arpent 64 perches sur Chilly; dime sur 1.992 arpents 64 perches 2.
II. Fiefs.
Fief de Saint-Germain i province de Picardie). s*étendant sur Bernes.
Morangles. Persang, Mesnil-Saint-Denis, et contenant 58 arpents 39 perches.
Fief du Vieux-Château (province du Gâtinais), à Moret. contenant 7
arpents 50 perches de prés, sis à la Celle sur le bord de la Celle, au lieu dit
Port-Villiers.
Fief des Mazures, à la Villette et ès-environs. Redevances et dîmes et
plus 4 arpents 1 2 de terres au lieu dit Coin des Morts.
Fief de la Motte, à Lisy-sur-Ourcq (province de Rrie), dont les terres,
de la contenance de 121 arpents 16 perches, sont situées sur les paroisses de
Lizy, Morry, Yillers-les-Rigault. Cougis.
Fief des Trois-Pierres et du Petit-Savigny , sur Louvres (Ile-de-
France), avec ferme ayant 255 arpents 95 perches de terres sur les pa-
roisses de Louvres. Marly-le-Roi, Fontenay-les-Louvres. Goussainville, Chen-
nevières, Roissy, Yilleroy.
Fief des Métairies ou de Notre-Dame, au Mesnil-Amelot (province de
Brie), 204 arpents 51 perches de terres sur le Mesnil-Amelot, Mitry et le
Tremblay.
1. Le droit de Buverie consiste à prendre un pot-de-vin, mesure de Chauny, pour
chaque trente verges de prés dans les pièces avoisinant le domaine ; le droit de
Sous-Manant était payable par chaque particulier qui tient maison à loyer; le droit
de Canardière consiste à étendre filets et tirer à canards et autres oiseaux de
rivière.
2. La dime de Wissous était percevable de la manière suivante : celle des blés,
seigles, avoines et orges, 8 gerbes sur 100; des luzernes, 8 bottes sur 105; des pois
et haricots, 40 sols par arpent; du vin, à raison de o pintes par demi-queue,
jauge d'Orléans.
LES BIENS DL" CHAPITRE. 12:;
Fief décanal de Montreuil-sous-Bois, 20 arpents.
Fief de Mory province de Brie), 352 arpents 7 perches sur Mory. Com-
pans et Gressy. Dime de 1.937 arpents 40 perches sur Mory et Compans.
Fief de Mitry province de Briei, 163 arpents 49 perches de terres sur
Mitry et Mory.
Fief de Chevrigny (province de Beauce», paroisse de Senlisse, près Che-
vreuse. Sans produits.
Fief de Jouvence (province du Gâtinais), paroisse de Sordun : 20 arpents
12 perches.
Fief de Souilly-la Tillière (province de Brie), près Claye :51 arpents.
Fief du Puits aux-Chiens dle-de-France), sur la paroisse du Tremblay
inon affermé).
Fief Bégault dle-de-France), 29 arpents 68 perches, sis à Yilliers-le-Bel.
Fief de Vitry-sur-Seine, dit de Notre-Dame. (Ile-de-France i. Manoir
seigneurial, terres sur Vitry. Thiais et Villejuif ; 221 arpents 46 perches de
terres.
III. Dîmes ne dépendant d'aucune seigneurie.
Blanc Mesnil et Aulnay (province d* Ile-de-France). — Droits de demi-
dîme sur 1.121 arpents/Ces droits s'exerçaient même sur les terres du sei-
gneur du lieu.
Ballainvilliers (province d'Ile-de-France . — Droits de dime sur 47>
arpents déterres sises au territoire de Quincampoix et Épinay-sur-Orge1.
Bonneuil province d'Ile-de-France). — Cette dime s'étendait sur le
terroir de Bonneuil-en-France, de la contenance de 998 arpents 28 perches,
et sur celui de Gonnesse, de la contenance de 11 arpents 90 perches. Le Cha-
pitre avait aussi une demi-dîme sur certaines terres chargées envers le sei-
gneur de Bonneuil du droit de plein champart.
Chennevières (province d'Ile-de-France). — Deux tiers de la dîme sur
600 arpents.
Fresne (province d'Ile-de-France). — Dime sur Fresne et Rungis : 707
arpents.
Goussainville (province d'Ile-de-France). — Dime sur 1.717 arpents 2J
perches.
Guyancourt (province d'Ile-de-France). — Demi-dime sur 800 arpents.
Leudeville (province d'Ile-de-France). — Dime sur 1.400 arpents.
Macy province d'Ile-de-France ). — Un tiers des dîmes sur 900 arpents.
Moussy-le-Neuf (province d'Ile-de-France). — Un tiers de la grande
dime sur 720 arpents.
La Norville province de Beauce). — 1.100 arpents décimables sur la
Norville et Mondonville.
1. Le Chapitre avait précédemment droit de censive sur 69 arpents aux terroirs
de Quincampoix, Charretterie el la Croix-Taron. Cette censive fui commuée en fief
au profit de M. Noblet, conseiller au Parlement, moyennant une redevance aa-
Inuellc d'environ 160 livres. Cfr. Déclarations partielles. Arch. Nat. S. 1 56 à 159.
126 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Passy (province d'Ile-de-France). — Droit de dime sur 90 arpents au
terroir de Passy et sur le fief de Torval à Chaillot.
Précy (province de Picardie). — Le sixième de la dime sur 600 arpents.
Soignolles (province d'Ile-de-France). — Un quart et demi de dime sur
657 arpents.
Vaudoué (province du Gàtinais). — Demi-dime sur 250 arpents.
Villeron (province d'Ile-de-France). — Un tiers de la dime '.
Villiers-le-Sec (province dTle-de-France). — Dime sur 763 arpents.
IV. Fermes et Domaines.
Brégy (province de Rrie). — Ferme de la contenance de 304 arpents
38 perches. Les terres sont situées sur Brégy, Condé, Oisery, Bouillancy et
Doury.
Allainville (province de Beauce). — Domaine de la contenance de 102
arpents 30 perches de terres labourables et 50 perches de bois.
Ferrières (province d'Ile-de-France). — Ses terres, de la contenance de
159 arpents 81 perches, s'étendent sur les paroisses de Ferrières, Bussy-
Saint-Georges et Faviùres.
Gentilly (province d'Ile-de-France). — La ferme, avec manoir seigneurial,
avait 77 arpents 2 perches de terres.
Ivry-sur-Seine (province dTle-de-France). — Les terres, sises sur Ivry,
Vitry et Villejuif, contenaient 105 arpents 23 perches.
Froide-Fontaine seigneurie de Grand-Paroisse). — Ferme de 105 ar-
pents 23 perches de terres.
V. Pièces de terre isolées.
Le Chapitre possédait encore des pièces de terre isolées, louées séparé-
ment ou rattachées aux fermes de ses seigneuries et domaines, dans les
paroisses suivantes : Aunet et Yarennes, Arcueil et Cachan, Attainville, Bal-
lainvilliers, Creteil, Ver, Fresne, Lagny. Saint-Denis-du-Port, Saint-Thibault,
Torcy, Roissy, le Tremblay, Arnouville, Écoaen, Villiers-sur-Marne. Ces
terres s'étendaient environ sur 300 arpents.
VI. Bois du Chapitre.
Andrésy.
25
irpents
9 perches
Revenus 552 1.
Bois -UÉvêque.
97
—
70 —
1.164 1.
Sénart.
d°
330
219
—
49 —
4'J —
1 5.6S0 1.
Ceruelle.
50
—
—
847 1.
Bois Valois et
Pécy.
64
—
—
764 1.
Blandureau.
200
—
—
— trop jeunes.
Souilly.
64
—
—
632 1.
Favières.
16
—
37 -
Bail de Ferrières.
1. L'étendue du terroir décimable n'était pas arpenté' en 1790.
ADMINISTRATION TEMPORELLE. 127
Marangis. 4 arpents 25 perches Revenus : Bail de Grand-Paroisse.
Outrebois. 133 — — — Bail d'Outrebois.
Récapitulation.
Bois en coupes réglées. 006 arpents 11 perches.
Réserves. 298 — 56 —
Rois non encore en coupes réglées. 220 — 62 —
Total : 1.125 arpents 29 perches.
Pour résumer ce long inventaire des biens du Chapitre, nous
avons compté qu'il possédait en 1790, à la veille de sa spoliation,
quatre-vingt-une maisons dans Paris, trente et une seigneuries,
soixante-quatorze fiefs, six fermes séparées, treize moulins à eau,
quantité de fours, moulins à vent, granges dimeresses, pressoirs,
droits utiles sur plusieurs rivières, tels que péage, pèche, droit
de bac, etc. Enfin il était décimateur sur près de dix-sept mille
hectares et propriétaire de plus de trois mille hectares de terres
labourables, prés, bois, friche, aunaies, cours, jardins, etc. Ses
propriétés étaient situées sur cent cinquante-trois paroisses.
II
Deux chanoines étaient placés à la tète de l'administration
de ces biens : l'Agent des affaires, qui était M. de Champigny
et le Chambrier, M. Camiaille. Ces deux fonctions, quoique très
voisines l'une de l'autre, ne se confondaient pas cependant.
L'Agent des affaires était chargé de la conservation des biens;
le Chambrier de leur administration. Celui-ci préparait les
baux, présidait aux adjudications, faisait les rapports; celui-là
s'occupait surtout des constructions, de l'amélioration des pro-
priétés, de la sauvegarde des droits seigneuriaux, des procès à
soutenir ou à intenter, des plantations à faire, etc. Cette charge
exigeait des aptitudes spéciales, occasionnait de fréquents dépla-
cements et des fatigues considérables; c'est pourquoi le Cha-
pitre avait adjoint à l'Agent des affaires un Sous- Agent, qui
était, en 1790, le S1' Le Roy. Il s'occupait des démarches plus
128 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
pénibles, des besognes matérielles, des négociations parfois
incompatibles avec la dignité sacerdotale et de la tenue des
livres. Les fonctions du Sous-Agent sont portées en détail dans
les conditions passées entre le Chapitre et le Sr Bézard, prédé-
cesseur de Le Roy.
« Il rendra compte à M. l'Agent des affaires' de l'état des
écritures et procédures actives et passives. Il tiendra registre
exact, au fur et à mesure que les contestations naîtront, de leur
commencement, de l'espèce, des noms, du tribunal, des parties
adverses et de leur avocat et procureur, ainsi que des progrès
et de la fin desdites affaires contentieuses Il fera le tableau
par ordre alphabétique des différents justiciers du Chapitre avec
les noms des officiers, des justices et même des gardes avec la
date de leur nomination et fera note des changements à chaque
mutation.
« Ledit officier tiendra un registre en forme de journal de toutes
les affaires soit contentieuses soit en compromis ou arbitrage, soit
en négociation, soit en projet, tentative ou information. Il inscrira
exactement et journellement leur naissance, leur état actuel, leur
interruption ou leurs progrès; il fera mention desdits obstacles
qu'elles éprouvent ou des moyens de les faire réussir et n'omettra
de noter aucune des démarches actives ou passives, qui pour-
ront v être relatives. Ce journal devant servir de renseignement
général de toutes les affaires quelconques du ressort de l'agence,
de la chambrerie ou des commissions particulières du Chapitre,
autres que celles des Intendances, pour quoi Messieurs les Cham-
brier, Agent des affaires, commissaires particuliers sont priés
et le sociétaire tenu de fournir à cet officier les notes et ren-
seignements qu'ils croiront devoir entrer dans ce registre.
« Le même registre ou journal contiendra les frais tant ordi-
naires qu'extraordinaires, dits frais de l'agence, comme les
étrennes et gratifications, les voitures de visites, compliments
ou sollicitations, ou voyages à la campagne, les frais d'impres-
sion, les honoraires d'avocat, les frais de justice, les copies
multipliées ou trop pressées et tous autres objets de dépenses
nécessaires et imprévues, de tous lesquels frais ledit officier sera
ADMINISTRATION TEMPORELLE. 120
remboursé par le Receveur des Gensives pour les objets qui le
concernent ou par le Receveur général pour tous autres d'après
Yallocetitr qui sera obtenu du Chapitre à ce sujet par M. le
Cliambrier ou Agent »
Le Chapitre, ayant étendu le champ d'action du Sous- Agent
au delà des affaires contentieuses, le travail de ce dernier deve-
nait d'autant plus compliqué et absorbant : depuis 1770, ses
émoluments furent élevés à 900 1. par an, payables par tiers
par les Caisses Générale, des Censives et des Matines. On lui
accorda aussi le logement et le pain du Chapitre.
Les affaires, exigeant des connaissances techniques, étaient
confiées à l'architecte, appelé aussi Inspecteur des bâtiments.
En 1782, M. Parvy de la Renardière succéda à son père dans
cette fonction. Le Chapitre rédigea à cette occasion un règlement
qu'il imposa à son architecte, et dont nous rapportons ici les arti-
cles principaux. L'architecte devra habiter dans le Cloître ou tout
près1; — faire les plans et devis des constructions; — suivre.
L'exécution des ouvrages; — faire la visite au mois de mars
avec MM. les Intendants de la Fabrique, de toute l'église tant
au dedans qu'au dehors; — visiter les bois, suivre les nouvelles
plantations2; — dresser les plans, coupes, devis des travaux
et des domaines du Chapitre. On ajouta plus tard l'obligation
de visiter aussi chaque année les maisons canoniales et bénéfi-
ciâtes du Cloître.
Vu l'importance et l'étendue des biens du Chapitre, l'architecte
était presque toujours par monts et par vaux. M. Parvy père,
dans une requête adressée au Chapitre, décrit fidèlement ses
chevauchées perpétuelles à travers la campagne : « Je vous re-
montre très respectueusement que la dépense tant pour luy que
pour un cheval, qu'il est obligé de faire journellement pour rem-
1. M. Parvy habitait une maison du Chapitre, sise au fond du cul-de-sac de
Sainte-Marine, adossée au Goitre et donnant sur le Parvis.
2. Le Chapitre veillait à améliorer ses propriétés; en 1785, il ordonna qu'une
somme de 1.200 1. serait employée chaque année à planter d'arbres les endroits
vagues de ses terres et seigneuries. M. Yiet fut chargé de veiller sur ces planta-
tions.
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS. 9
130 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
plir ses devoirs avec fidélité et exactitude, excède de beaucoup le
montant de ses appointements ; qu'il a fait plusieurs voyages à
Mory pour faire la visite et estimation de la coupe de vos bois
de la Tillière, dépendans de votre ferme dudit Mory; à Larchant,
pour, avec le Sr Thierriet, examiner un mémoire donné par Mon-
seigneur le Duc d'Orléans sur votre moulin appelé le Moulin-
Rouge ; qu'il a fait plusieurs procès-verbaux de visittes de
fouilles de pierre dans vos terres de Bagneux et de Gentilly;
que, par extraordinaire, il a été employé aux règlements des
Mémoires de Menuiserie, Gharpenterie, Serrurerie et Vitrerie
faite l'année dernière de neuf vitraux refaits à neuf à votre église
de Notre-Dame; qu'il est la plus grande partie du temps à
cheval pour aller faire les devis, vérifications, toisés et arrestés
des mémoires d'ouvriers tant pour Paris que pour la campagne
à des distances très éloignées1. »
Comme les travaux de l'architecte profitaient aux biens des
différentes caisses, toutes contribuaient pour leur part respective
à constituer ses émoluments, qui s'élevaient à 3.000 1. ; la Recette
générale donnait 1.500 1., la Fabrique 300 1., la Caisse des Ma-
tines 300 1., la Chapelle Saint-Denis et Saint-Georges 150 1.,
la Chapelle des Paresseux 150 1. Ses frais de déplacements lui
étaient payés en plus; avant de partir, il recevait à cet effet du
Receveur général des billets de voycige que signaient en Cha-
pitre ceux de Messieurs en charges que regardait l'objet dudit
voyage et à son retour l'architecte les représentait pour se les
faire rembourser.
Le Chapitre conservait avec un soin jaloux les droits hono-
rifiques annexés à la possession de ses domaines. Quelques
années avant la Révolution , il avait fait rétablir par son ar-
chitecte, dans les paroisses dont il était seigneur, le banc
seigneurial2 surmonté de ses armoiries, qu'il suspendait aussi
au Poteau dressé sur la place du village 3. Dans ces mêmes
1. Arch. Nat. LL. 232 27, année 1756.
2. Grand émoi au Chapitre, quand on apprit que le curé de Sucy avait réduit
à 1 pieds le banc seigneurial large de 6 pieds 4 pouces. Concl. cap., année 17.Ï2.
o. En 1764. les habitants de Fontenay-aux-Roses, voulant faire faire à leurs frais
ADMINISTRATION TEMPORELLE. m
paroisses, on le nommait personnellement an prône de la messe l,
et Tlionneur d'être parrain des nouvelles cloches lui était presque
toujours dévolu-'.
La conservation de ces droits exigeait de sa part une surveillance
constante et de fréquentes réclamations contre les usurpateurs. Le
droit de chasse surtout lui occasionnait maints désagréments.
On sent que le 4 août 1789 approche! Les registres capitulaires
nous ont conservé les détails d'une contestation fort plaisante
entre le gens du comte de Clermont, prince du sang, et les
fermiers du Chapitre à Wissous. « Quand je chasse, écrit-il aux
chanoines en 1764, et qu'un de vos fermiers se promène à cheval
pour voir ses terres, il ne s'arrêterait pas un moment pour me
laisser passer et traverse communément devant moi ma chasse,
la trouble en faisant partir le gibier. On a beau leur crier d'at-
tendre un moment, ils ne font pas semblant d'entendre et n'otent
pas même leur chapeau!... Il y a quinze jours, Latromière, mon
garde, avait rencontré plusieurs femmes cueillant des pois sans
avoir averti et par conséquent donner le temps d'enlever les
nids3. Il s'adressa à la première qu'il rencontra et lui demanda
pourquoi elle cueillait des pois sans avoir averti. Elle lui dit
qu'elle n'avertissait jamais et qu'elle était la maîtresse de ses
pois. Latromière lui demanda à qui ils appartenaient. Elle lui
répondit qu'ils appartenaient à M. Auboin4 et ajouta : « Et quand
ils appartiendraient à d'autres ? » et avec le ton impertinent, qui
est le ton du pays 5. »
L'étendue des possessions du Chapitre était plus que suffi-
la place publique, demandent au Chapitre We vouloir bien faire ordonner le trans-
port du Poteau aux armes du Chapitre. Concl. cap., année 1764.
1. Le Chapitre actionna le curé de Corbereuse « quod preces nominales in pro-
nao, uti aiunt, non faciat pro Capitulo et quidem contra decessorum morem et
contra jus capituli indubitatum ». Concl. cap., 13 janvier 1751.
2. En 1787. M. de Montagu fut parrain des cloches de Vauréal avec la mar-
quise de Caumont.
3. Quelques fermiers s'adressaient directement au Chapitre pour ces sortes de
permissions. En 175<">, les habitants de Viry et de Sénicourt demandèrent au Cha-
pitre de faucher blé, seigle et orge plutôt que de les couper à la faucille. Concl.
eapit., même année.
•1. Fermier du Chapitre.
o. Lettre autographe conservée dans les Conclusions capitulaires.
132 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
saute pour satisfaire les goûts cynégétiques de MM. les cha-
noines ' ; aussi la plupart des chasses étaient bénévolement
concédées à des personnages de distinction ou à quelque cha-
noine, grand chasseur devant l'Eternel. Les conditions de la
concession étaient les suivantes : « 1° que ledit sieur N. établira
un garde-chasse, à qui il donnera des gages suffisants pour
bien et fidèlement faire son devoir; — 2° que ledit garde por-
tera la bandoulière aux armes du Chapitre; — 3° qu'il fera
recevoir led. garde à la Table de Marbre, en la manière accou-
tumée, et en la Prévôté de ; — 4° que ledit garde iera ses
rapports et les affirmera au nom et comme garde du Chapitre;
— 5° que s'il arrivait que, pour raison de ladite chasse, délits
ou dégâts à l'occasion d'icelle, il y eût procès entre le Chapitre
et les délinquants, mondit sieur N... sera tenu de les poursuivre
à ses frais, risques, périls et fortune; — 6° que chacun des
Messieurs sera toujours le maître d'aller chasser dans l'étendue
de ladite terre quand il le jugera à propos. 2 »
Les seigneuries étaient souvent l'occasion de grosses dépenses
pour le Chapitre, en raison des charges dont elles étaient
grevées. En qualité de décimateur ou de gros propriétaire, il
était tenu à contribuer à la restauration des chœurs et cancels
des églises, des clochers et des presbytères. Les registres ca-
pitulaires renferment de précieux renseignements sur les res-
taurations et embellissements qu'il fit exécuter à ses frais dans
les nombreuses paroisses de ses domaines 3. Les curés savaient
aussi qu'il accueillait toujours favorablement les demandes de
1. M. do Montagu était concessionnaire do la chasse à Claye, Souilly et Mory:
M. Rivière à Ayencourt; M. du Bois-Basset à Epiais; M. de Champigny à Sucy;
M. Brémont à Larchant ; M. Lucas à Corbereuse; M. Dolonà Viercy et à Villaroche;
M. de Vienne à Belloy. Los gardes-chasse ne devaient pas chasser et tirer en
plaine, mais seulement « sur les bêtes puantes dans les bois et sur los étangs ».
Concl. cap., année 1757, M. du Marais péchait dans la Mauldre à Aubergonvillc
et à Epône. Ibid., année 1775.
•2. Conditions de la concession faite à M. de Caraman, chanoine, en 1758. Ces
conditions sont identiques dans toutes les autres concessions.
3. Les registres capitulaircs renferment de précieux documents pour les auteurs
des Monographies paroissiales. Malheureusement ses documents sont perdus au
milieu de nombreuses conclusions qui forment plus de soixante liasses rien que
pour la dernière moitié du xvm* siècle.
ADMINISTRATION TEMPORELLE. 133
secours, qui lui étaient adressées pour l'achat de vases sacrés,
d'ornements, de mobilier. Nombreuses arrivaient, sur le Bureau
du Chapitre, les lettres telles que celle-ci : « « Le Pasteur et
Les Urebis, animés d'une ferveur nouvelle, que leur inspirerait
la décence de leur église, redoubleraient leurs vœux et leurs
prières pour la conservation de vos jours, Messieurs, et l'ac-
croissement, s'il est possible, de la gloire de votre auguste
Chapitre i ! » Comment résister à de si pompeux éloges ? Le
Chapitre, malgré tout, faisait-il la sourde oreille ? certains curés
avaient une étrange manière de se faire écouter : ils refusaient
le secours des derniers sacrements à ses fermiers. C'est le pro-
cédé qu'employa le curé de Valances, au diocèse de Sens 2 !
Une autre charge était imposée au Chapitre en sa qualité de
propriétaire terrien et de gros décimateur : il avait à constituer
et à payer les' gros, demi-gros, portions congrues, redevances
de nombreux prêtres de villages. Xous avons relevé les noms
des paroisses, dont le clergé était rétribué par le Chapitre.
Gros et partie de gros : Andrésy, Jouy-le-Moustier, Chennevières. la
Madeleine de la Ville-l'Evêque, Clichy, Bauneux, Bonneuil, Corbereu.se.
Damart, Herblay, Fresne-les-Rungis, Grand-Paroisse, la Xorville, Goussain-
villc, Chevilly, Mory, Aubergenville, Mézières, Epône, Sucy, Leudeville et
Wissous.
Portions congrues: Blanc-Mesnil, Vauréal, Boulogne, Auteuil, Larchant
Villiers-le-Sec.
Redevances : Epône, Mézières, Montdidier, Bonneuil, Goussain ville, Guyan-
court, Guercheville, Mory, Compans,L*Hay, Moussy-le-Neuf, Orly, Voinsles. la
Chapelle-Iger, Rungis, Wissoiis, Sucy, Noiseau, Vaudoué, Saclay, Soignolles,
Villeron, Vernon et Machau.
Nous avons dit que les cinquante-deux gros ou demi-gros
des chanoines étaient intabulés sur les fermes et domaines du
Chapitre, comme il est porté au dernier Régalement de 1780
et dans une conclusion capitulaire de l'année 1787.
1. Lettre du cure de Grand-Paroisse, annexée aux Conclusions capitulaires,
19 novembre 1705.
2. Cfr. Concl. capil., 2 avril 1750.
134 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
III
L'administration financière des biens du Chapitre était pa-
rallèle à l'administration temporelle : les six départements, que
nous avons énumérés plus haut, encaissaient séparément les
produits de leurs biens par les soins de deux receveurs : le re-
ceveur général, M. Barbie, et le receveur particulier ou des
censives et droits seigneuriaux, M. Bézard l. Ceux-ci éta-
blissaient leurs comptes par année capitulaire, dont l'exercice
courait du 1er novembre au 31 octobre de chaque année. Aux
époques voulues, ils remettaient aux grand et petit Distribu-
teurs les sommes à partager entre les membres du clergé
pour leurs assistances aux offices ou aux réunions capitulaires.
C'était le receveur général qui payait toutes les dépenses du
Chapitre sur un « allocetur » délivré par lui; le receveur par-
ticulier touchait les lods et ventes ainsi que le produit des fiefs;
et il distribuait aux chanoines tout ce qu'il percevait, à l'excep-
tion des produits de la Mense de Saint-Germain, qu'il versait
annuellement à la recette générale , pour être employés par
M. Barbie en distributions d'honoraires pour assistances aux
offices, conformément au Décret d'Union des deux Chapitres 2.
On se rendra un compte exact de l'état financier du Chapitre
en parcourant les différents articles de son budget, tel qu'il était
équilibré en 1789, la dernière année où il put faire rentrer tous
ses revenus.
1. Depuis 1741 jusqu'au Ie' janvier 1784. la Mense de Saint-Germain avait été
administrée séparément par M. Delon, ancien chanoine de Saint-Germain.
i. M. Barbie, receveur général, touchait 4.600 1. plus 614 pour frais de comptes et
3001. pour honoraires sur les écoles dont le Chapitre est administrateur. Il dépo-
sait 80.000 1. de consignation. — M. Bézard recevait 1.8001., plus le cinquantième
des lods et ventes et une part égale à Messieurs dans les profits et fiefs montant,
année commune, à 2.800 1.
ADMINISTRATION FINANCIÈRE.
PREMIERE PARTIE
13a
RECETTES
Article 1. — Ancienne Mense du chapitre
Biens à Paris.
1. Maisons et autres objets affermés
2. Objets loués et revenus éventuels
Foire au lard (1)
Etaux a boucherie
Droits d'impression et de distribution du
Bref de Paris
Location de deux places aux portes latéra-
les de l'église
3. Rentes foncières sur maisons sises àParis
et autres redevances
4 . Droits de liefs dans Paris et ses faubourgs,
lods et ventes
5 . Rentes sur le Roi
« sur le Clergé
« sur les Etats de Languedoc
Biens à la campagne.
6. Riens affermés
7. Rois
8. Redevances et rentes
9. Riens, rentes, redevances seigneuriales
non affermées
10. Lods et ventes non affermés
Total des Recettes de l'ancienne Mense.
Article 2. — Mense de St-Germain
l'Auxerrois. Biens à Paris.
1 . Maisons et autres objets loués
2. Rentes foncières
3 . Lods et ventes
4 . Rentes sur le Roi
Biens à la campagne.
5. Riens affermés
6. Redevances et rentes
7 . Redevances seigneuriales
Total des liecettes de la Mense de St-
< rermain l'Auxerrois
56.522
8
2.'i00
350
120
763
30.460
19.561
280
070
195.600
9.639
2.852
1.675
20.300
3'i0.810
151.426
1.461
16.564
31.634
5.664
377
9
1.758
S
208.891
10
12
17
11
17
6
10
II
136
LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Article 3. — Office des Matines.
Biens à Paris.
1.
2.
3.
1.248
25
4.008
18
6
9
4
Biens à la campagne.
4 .
5.
6.
7.
8.
Lods et rentes
Droits de cens, rentes et redevances sei-
Total des Recettes de l'OlTice des Matines.
8.237
3.063
30
3.110
15
18
1
3
19.740
4
4
Article 4.
Administration des deux maisons cano-
niales noS 9 et 29, les deux maisons louées
ensemble
8.614
Article 5.
Chapelle St-Denis-St-Georges.
1.
2.
1
Maisons dans Paris
Redevances sur biens à la campagne . . .
Total des Recettes de la Chapelle St-
Denis-St-Georges
1.500
360
1.860
»
»
Lrticle 6. — Chapelle des Paresseux.
Maisons dans Paris
3.500
Article 7. — La Fabrique.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Maisons dans Paris .
5.395
1.865
5.547
13
34
8.424
44
5.062
7
12
19
18
Rentes foncières sur différentes maisons.
Riens affermés à la campagne
Rentes et redevances
Lods et ventes
Location des chaises à l'église all'ermée.
Rentes sur le Clergé
Rentes sur le Roi
Total des Recettes de la Fabrique. . . .
26.389
6
ADMINISTRATION FINANCIÈRE.
13"
Article 8. — Fondation Payen
1. Rentes sur le Roi
2. Seigneuries à la campagne
Total des Recettes de la fondation Payen.
Récapitulation des Recettes.
Article 1. — Ancienne Meuse du Chapitre...
Article 2. — Meuse de St-Germain F'Auxer-
rois
Article 3. — Offices des Matines
Article 4. — Administration de deux maisons
canoniales
Article 5. - Chapelle St-Denis-St-Georges.
Article 6. — Chapelle des Paresseux
Article 7. — La Fabrique
Article 8. — Fondation Payen
Total général des Recettes
4.778
1(58
,946
340.810
(il 4. 750
208.891
2
19.740
4
8.614
1 . 860
3 . 500
211.389
6
4.946
9
11
47.090
DEUXIEME PARTIE
DEPENSES
Article 1er.
Ancienne Mense du Chapitre.
1. Cinquante gros et demi-gros, tels qu'ils
étaient constitués en 1790
2. Distributions pour anniversaires, messes,
vêpres, stations à la Vierge, aux cha-
noines, vicaires perpétuels, gagistes et
officiers de l'Eglise 61 .800
3. Distributions pour anniversaires, petits
obits, fondations, office des heures,
messes et vêpres des vicaires perpé-
tuels; gages des francs-sergents, petits-
huissiers, semaines et induts 58. iOO
5. Aux chanoines capitulants, aux chapitres
généraux et particuliers 2.400
5. Gros aux chanoines de St-Jean le Rond.. 120
6. Pain du Chapitre 17.760
7. Décimes pour le Chapitre 14. 565
« pour le curé de Wissous 28
A reporter 201 .363
18
11
11
II
13
138
LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 17'.M).
Report
201.363
13
8
8. Honoraires et gages à aucuns des cha-
noines, aux oilîciers de la Justice du
Chapitre, aux officiers de l'Eglise, aux
9. Dépenses extraordinaires, gratifications,
frais de procédure, administration, frais
de musique extraordinaire et toutes au-
tres dépenses
8.000
15.000
40.000
105
1
715
119
10
5
3
10
2.691
o
6
55
700
150
744
1.731
214
12
200
700
234
5
15
27
370
16
34
10
253
12
5
12
5
13
15
5
8
8
18
13
13
10
13
3
8
10
14
5
5
17 ■
6
9
10
9
10
8
10
4
4
8
10. Réparations tant des maisons de Paris
11. Redevances :
A l'abbé de St- Victor
Aux chapelains de l'ancienne commu-
Au chapelain de l'Annonciation ou deN.-D.
du Beau-Treillis, à St-Jean en-Grève..
Au chapelain de N.-D. du Treillis à St-
Jacques-de-la-Boucherie
A différents chapelains à Notre-Dame...
Au collège d'Harcourt
A la confrérie de St-Augustin
Supplément de gros au curé d Aubergen-
ville
Pour portion congrue au curé de Larchant.
Au même pour desserte d'une messe
chaque dimanche et fête
Pour partie de gros au curé de Mézières.
Id. d'Epône
Id. de Sucy
Au même pour messe de la Vierge le
premier samedi du mois
Au curé de Vauréal, pour augmentation
de sa portion congrue
Au curé de Villiers-le-Sec pour sa por-
tion congrue
Au curé de Wissous pour partie de son
Aux deux curés de St-Jean le Rond
Au guet de Paris pour entretien
A la sacristie des messes et pour fonda-
tions Dupuis. Baudouin. Leroy
Au prieuré de St-Martin des Champs. . . .
Au Sr de la Nièce du Plis
Aux écoles de la fondation de M. Le
Masson
Aux écoles de la fondation de M. d'Eau-
bonne
Au séminaire de St-Magloire
273.063
13
7
ADMINISTRATION FINANCIERE,
139
12.
13.
14.
1
1.
2 .
3.
4 .
5 .
6.
8
9
1
2
3
i
Report
Aux religieuses de St- A ut oi m- «les Chi mips
A l'hôpital Ste-Catherine
273.063
6
1
25
76
20
269
S'il
10
1
15.000
1 . 000
2.400
13
5
10
7
15
13
5
7
3
9
9
Id. st-( lervais
A la Commanderie de St-Jean-en-1'Ile de
Coi'beil
A l'hôpital St-Julien-le-Pauvre
Au sous-chantre de l'église de Paris en
argent et blé.
Au vicaire perpétuel de St-Denis de la
Au vicaire perpétuel de St-Martin des
Maîtrise des en l'a ut s de chœur : nourriture
et entretien de douze enfants, maîtres de
latin, de musique et autres; leur nour-
riture et logement, gages et nourriture
îles domestiques; toutes dépenses com-
munes de ménage
Rentes et pensions à d'anciens serviteurs
et officiers
Rente à M. Couet pour sa prébende
"ut m. des dépenses de l'ancienne Mense.. .
Article 2. — Mense de St-Germain
l'Auxerrois.
3 demi-gros
292.415
1.200
4. d no
110.000
9.946
6.350
17.000
29 925
1.020
2
15
12
17
9
5
4
Revenus à M. Delon.
I distributions
Décimes
Fondations pour acquit de messes , gros,
redevances, aumônes, honoraires d offi-
ciers, gages des portiers et autres dé-
penses ordinaires
Réparations et dépenses extraordinaires.
Rentes perpétuelles
Rentes viagères
Cens et rentes seigneuriales dues à L'Ar-
chevêché sur différentes maisons en
Censive dudit Archevêché
1S0. 050
800
24. 125
1.200
26.125
13
4
Article 3. — Office des Matines et
Fondation Payen.
Un gros sur Douvres
Gages et frais d'administration
1
i
140
LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
4.
5.
7 .
1.
2.
3.
4.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Report
Rentes perpétuelles pour la fondation de
Rentes sur les maisons canoniales de
MM. Couet et de Périgny
Prébende éteinte de M. Couet
Total
26.125
40
8.326
2.400
36.891
156
274
4.400
252
00
00
Article 4.
Chapelle St-Denis-St-Georges.
Honoraires de quatre messes par se-
maine
Décimes •
Distributions aux bénéliciers qui ne pos-
sèdent pas de bénéfices-prêtres et aux
gagistes
Frais d'administration
Total
5.082
195
528
2.200
252
506
20
00
4
16
00
10
Article 5.
Chapelle des Paresseux.
Honoraires de cinq messes par semaine. .
Décimes. .
Distributions, ut suprà
Frais d'administration
Rentes de la fondation Delaître
Redevances à la fabrique de St-Pierre
des Arcis
Total
3.7U2
2
4
200
2.800
10.500
3.000
2.000
00
18
10
9
Article 6. — La Fabrique.
Redevance aux chanoines de St-Denoît. ..
Id. aux chapelains de l'ancienne
communauté
Id. à dill'érents chapelains de
N'utre-Dame :
Entretien de la chapelle d'Harcourt et
messe quotidienne
Pour acquit de différentes fondations, ho-
noraires de messes, honoraires du sa-
cristain, distributions aux officiers et
gagistes
Gages des officiers et serviteurs de l'-E-
Pour entretien et fournitures annuels
d'objets nécessaires à l'église et frais
d'administration
Dépenses extraordinaires. .
A reporter
18.506
18
y
ADMINISTRATION FINANCIÈRE.
141
Report
9. Réparations et entretien de l'église tant
intérieurement qu'extérieurement (an-
in '■(• commune)
10. Dépenses de la chefcerie
11. Hontes perpétuelles..,
12. Emprunt fait en avril de 1789 de 100.000
fr. à 5 °/0 pour s'acquitter des dépenses
extraordinaires pour réparations faites
à l'église depuis plusieurs années, à
savoir : 1° restauration des tableaux,
qui a coûté plus de 30.000 fr.; 2° la
réparation faite à l'orgue : 50.000 fr.;
3° celle faite extérieurement aux gale-
ries des tours, montant à plus de
40.000 fr., dont il reste dû une forte
partie (1)
Total
Article 7.
Administration de deux maisons canoniales,
frais et dépenses
Récapitulation des Dépenses.
Article Ier. — Ancienne Mense
Article 2. — Mense de St-Germain
Article 3. — Office des Matines et fondation
Payen
Article 4. — Chapelle St-Denis-St-Georges. .
Article 5. — Chapelle des Paresseux
Article 6. — La Fabrique
Article 7. — Maison canoniale
Total général des dépenses....
18.506
10.000
'. . HOU
5.000
38.307
8.326
292.415
180.050
36.891
5.082
3.702
38.307
8.326
564.'
2
13
18
18
9
(1) crr. Concl. capit. 'lu 20 avril 1189. On statua sur un emprunt de 100.000 livres
pour le compte de la Fabrique, en plusieurs parties, à constitution de rentes aux condi-
tions les moins onéreuses et une simple promesse de passer contrat portant jouissance
en laveur des prêteurs à partir du l«r mai prochain, lesquelles promesses' de passer
contrat M. le Doyen et M. le Chambrier sont chargés priés de signer au nom du Cha-
pitre; — pour faciliter à la Fabrique le paiement des arrérages des rentes, il sera versé
annuellement par la caisse de la Recette générale dans celle de lad. Fabrique une
somme de 5.000 livres par forme d'avance, sous la condition expresse que la Fabrique
restituera à la Recette générale les sommes qui lui auront été pour ce avancées.
142 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
IV
Le Chapitre, comme fondateur de la première école de Paris,
qui se tint, dit l'histoire, au Cloître Notre-Dame, avant d'émigrer
au delà du Petit-Pont, avait gardé une place importante dans
l'Université en la personne de son Chancelier, qui était en même
temps de droit Chancelier de l'Université de Paris. Nous ne
parlerons pas ici de ses attributions, droits et privilèges; ces
détails concernent plutôt l'histoire de l'Université1.
La juridiction du Chantre sur les Petites Ecoles intéresse da-
vantage notre sujet. Le Chantre de l'Eglise de Paris, qui, en
1790, était M. du Bois-Basset, avait la juridiction la plus éten-
due sur les Petites Ecoles de la ville, faubourgs et banlieue
de Paris. Il nommait les maîtres et maîtresses, surveillait les
études, inspectait les classes, délivrait les lettres d'autorisation,
enfin il connaissait de toutes les causes concernant ce qu'on
appelle aujourd'hui l'Instruction primaire.
Chaque jeudi, à trois heures, il tenait audience en l'auditoire
du Chapitre et les causes, qui ressortissaient à sa barre, étaient
jugées par un tribunal ainsi composé :
Juge : M. du Bois-Basset, chantre;
Promoteur : M. Jean-Pierre Simon, maître es arts;
Greffier : M. Henri-Charles Ingret.
Le synode de M. le Chantre se tenait le premier jeudi de mai,
ordinairement dans la chapelle haute de l'Archevêché, en la
Chambre de l'Oiïicialité ou à la chapelle Saint-Nicolas. Tous les
maîtres et maîtresses, relevant de la Chantrerie, étaient tenus
d'y assister, de répondre à l'appel de leurs noms et d'y renou-
veler leurs serments2; un ecclésiastique leur adressait un dis-
1. Nous avons parlé déjà des démêlés du Chancelier avec l'Université et de l'ap-
pui que le Chapitre lui assura dans cette circonstance. Cfr. suprà, p. 17.
"2. Ceux et celles, qui ne pouvaient venir au Synode, étaient dans l'obligation de
se présenter par-devant M. le Chantre dans une des six premières audiences qui
suivaient.
LE CHAPITRE ET L'INSTRUCTION l'i BLIQI K. 143
cours de circonstance et M. le Chantre promulguait les décisions
concernant l'administration des Petites Écoles.
En 1789, M. <lu Bois-Basset donna connaissance au synode
d'un règlement fort intéressant au sujet du choix des maîtres
et maîtresses, des adjoints et de la résidence. Nous le reprodui-
sons ici; il indique assez bien l'étendue des pouvoirs de M. le
Chantre :
1° « Les Maîtres et Maîtresses n'admettront pour les aider
dans leurs classes que des précepteurs, submoniteurs et submo-
nitrices par nous approuvés et autorisés; »
2° « Tout précepteur, submoniteur et submonitrice, désirant être
employé en ladite qualité produira à M. le Promoteur des té-
moignages authentiques de bonne conduite et subira par devant
lui un examen sur sa capacité. Ce ne sera qu'après ces préala-
bles rigoureusement remplis, que le greffier expédiera de notre
consentement à chacun un certificat, sans lequel aucun maître
et maîtresse ne pourra et ne devra le recevoir; »
3° « Les précepteurs, submoniteurs et submonitrices actuelle-
ment employés dans les écoles de la Chantrerie, donneront in-
cessamment à M. le Promoteur leurs noms et ceux des Maîtres et
Maîtresses, qui les emploient, pour être inscrits sur un registre
à ce destiné. S'ils quittent une école, pour passer dans une
autref ils se présenteront par devant M. le Promoteur à l'effet
d'obtenir, si faire se doit, notre agrément; »
\" « Les Maîtres, Maîtresses et Permissionnaires, qui, voulant
se retirer, traiteront sans nous en avoir prévenu des fonds et
des effets de leurs écoles, n'auront pour ce fait aucune influence
dans le choix de la personne qui les secondera; — leurs traités
seront nuls et il ne leur sera tenu compte que des effets classi-
ques d'après l'estimation du greffier de la juridiction, sans préju-
dice néanmoins du prix des meubles, qui seraient cédés et qui
sont indépendants de la classe ; »
5° « Les Maîtres et Maîtresses, obligés par des circonstances
particulières de se placer sur un quartier autre que le leur, en
avertiront M. le Promoteur ainsi que le Maître ou la Maîtresse
du quartier, sur lequel ils iront demeurer; après l'expiration du
144 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
temps qui leur sera accordé, ils rentreront dans leur quartier,
sinon ils paieront l'indemnité, portée parles Statuts; il en sera
de même des Permissionnaires en quittant la maison désignée
dans leurs Lettres ; »
6° « Les Maîtres et Maîtresses, qui changeront de maison sans
sortir de leur quartier, en instruiront M. le Promoteur, en lui
remettant le nom de la rue et le numéro de la maison où ils
demeureront; »
7° Enfin les Maîtres, Maîtresses et Permissionnaires ne per-
mettront et ne souffriront, sous quelque prétexte que ce soit,
qu'il soit fait chez eux ou en maison empruntée, par les écoliers
ou pensionnaires, aucune représentation publique de tragédie
ou autre genre de théâtre; ni aucune assemblée de danse, ou
autres exercices de ce genre, à peine de cent livres d'amende et
même de destitution de leur Maîtrise ou Permission, comme
aussi ceux et celles, qui contre la défense des Statuts distribue-
ront et imprimeront des programmes sur les sciences, qu'ils
annonceront enseigner, encourront l'amende et la peine, qui,
suivant l'exigence des cas, sera par nous prononcée. * »
Le Chantre avait encore à sa disposition une partie des fonds
provenant du legs de M. Delaître, ancien maître de la chambre
aux deniers, augmentés de la donation de M. de Noailles, ar-
chevêque de Paris. M. Delaître avait établi M. Dorsanne, cha-
noine et chantre de Paris, légataire* universel de tous ses biens
« pour être employés à établir des écoles où les enfants fussent
enseignés gratuitement ». Le 9 septembre 1719, M. Dorsanne
offrit à M. de Noailles une somme de 20.000 livres à prendre sur
ce legs « pour en faire emploi en achat de rente sur l'arche-
vêché de Paris à distribuer en forme et manière que désirerait
l'archevêque ». Il fut conclu alors que cette fondation serait
allouée aux écoles de Saint-Cloud, Créteil, Maisons, Ozoir-la-
Ferrière, paroisses dépendant du domaine de l'archevêché; et,
pour témoigner sa satisfaction et améliorer le sort des maîtres
et maîtresses d'école, l'archevêque ajouta 5.000 livres sur sa
l.Arch. Nat., Zn- 3149.
LE CHAPITRE ET L1NSTRUCTI0N PUBUQUE. n:;
bourse personnelle. Cette somme de 25.000 livres rapporta jus-
qu'en 1740 un revenu de 1.000 livres qui était partagé entre
les quatre écoles : Créteil, ayant maître et maîtresse, recevait
double part, à savoir 400 livres. Selon la volonté du testateur,
le Chantre avait seul qualité pour, sur ses quittances, toucher
le paiement des rentes. Le capital de 25.000 livres, placé par
M. deVintimilleen 1740, à un taux plus avantageux, rapporta par
la suite 1.237 livres; c'était un excédent de237 livres qui fut laissé
à la libre disposition du Chantre. Sur cette somme, celui-ci allouait
.'57 livres 10 s. au greffier de la Chantrerie et le surplus servait à
aider quelques étudiants pauvres. Le dernier, qui profita de cet
avantage, fut le Sr Chamelot, clerc minoré du diocèse de Paris,
tils du Sr Chamelot, fondé de pouvoirs des Maîtres et Maîtresses
d'école de ces mêmes paroisses.
Trois autres chanoines, en vertu de leur dignité, jouissaient
de plusieurs privilèges universitaires. M. le Doyen nommait au
collège des Dix-Huit et au collège de Montagu, dont le Cha-
pitre était supérieur majeur; le 12 février 1790, le Prieur des
Chartreux, avec le consentement de son Ordre, lui céda même
son droit de nomination à quelques places de ce dernier collège *.
M. le Pénitencier était visiteur du collège de Daimville '-', et
M. le Chancelier disposait de deux bourses aux Irlandais, l'une
dite de Poitiers, l'autre dite de Fagan3. Les Chanoines visiteurs
de 1* Hôtel-Dieu désignaient le candidat à la fondation créée par
M™ la Baronne du Tour et ils présidaient avec les autres adminis-
trateurs de cette même fondation au tirage au sort des bourses
établies au collège de Navarre.
Le Chapitre, comme tel, était supérieur majeur du collège de
Montagu, dont toutes les bourses étaient àla nomination de M. le
Doyen, et du collège Fortet. Bien que, depuis 1764, ce dernier était
uni à celui de Louis-le-Grand, le Chapitre en conserva cependant
la supériorité, dont il exerçait tous les droits. Ceux-ci consistaient
surtout dans la nomination aux bourses et dans l'apurement
1. Cfr. Concl. capit.
1. Uni, ainsi que celui des Dix-Huit, au collège Louis-le-Grand.
:!. Ofr. Concl. capit., année 1784.
QHAP1TRE DE SOTRE-DAME DE l'A 10
146 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
des comptes, opérations qui se faisaient en séance capitulaire.
Le Chapitre avait à sa disposition dix-sept bourses au collège
Fortet, qui serépartissaient de la manière suivante : 1° quatre bour-
ses de la fondation Groisier, dont deux pour les parents du fonda-
teur, deux pour des enfants de la paroisse de Burgheat, près
Vichy, diocèse de Clermont ; — 2° une bourse de la fondation
Grémiot, prévôt de l'église de Castres; l'autre bourse était à la
présentation de l'ainé de la famille Grémiot, dont le choix devait
être cependant approuvé par le Chapitre ; — 3° douze bourses de
la fondation Fortet, dont six pour les enfants de la famille du fon-
dateur ou, à leur défaut, pour des enfants de la ville d'Aurillac, et
six autres pour des enfants de Paris '.
Au chapitre général de la Chandeleur, tenu le 4 février 1788,
on communiqua aux chanoines l'expédition d'une conclusion des
administrateurs du collège Louis le-Grand du 20 décembre 1787
et confirmée par arrêt du Parlement en date du 7 janvier
suivant, qui ordonnait que deux bourses du collège Fortet reste-
raient vacantes ad tempus. Le Chapitre s'émut de cette décision
et chargea MM. de Malaret et Mazéas d'examiner l'affaire.
Les pourparlers durèrent longtemps; cependant, quelques jours
avant la rentrée scolaire, au chapitre du 11 septembre 1789, les
deux chanoines rendirent compte de leurs négociations. Ils ont,
dirent-ils, « réitéré leurs démarches en dernier lieu auprès de
M. l'abbé Tandeau, l'un des administrateurs, et ils lui avaient
demandé, par une lettre en date du premier de ce mois, le réta-
blissement de ces deux bourses, et qu'en cas que le rétablissement
en fût impossible, ils lui avaient observé qu'ils croyaient qu'il
serait à propos d'établir un surnuméraire parent du fondateur, que
par ce moyen l'intention du fondateur serait remplie autant qu'elle
pourrait l'être, sans que les revenus du collège fussent trop gre-
vés; à quoi mondit S1' de Malaret a ajouté : qu'en conséquence
d'une délibération du Bureau d'administration du collèo-e de Louis-
1. Los curés d'Aurillac et de Brugheat, en Auvergne, devaient annoncer trois
fois au prune de la messe les vacances des bourses de Fortet attribuées à leurs pa-
roisses respectives. Cfr. Concl. capit., 13 juillet 1789 et 19 août 1790.
LE CHAPITRE ET L'INSTRUCTION PUBLIQ1 E. 147
le-Grand en date du 3 de ce mois., M. l'abbé Tandeau lui avait
répondu que la situation du collège de Fortet ne permettait pas
le rétablissement actuel des deux bourses vacantes, mais que si le
Chapitre voulait nommer un surnuméraire pour remplir la première
bourse vacante, MM. les administrateurs le recevraient dans le
collège, désirant faire tout ce qui peut être agréable au Cha-
pitre ». Et sur la proposition de M. de Malaret, les chanoines
désignèrent comme surnuméraire Benoit-Antoine Bonnefon de la
Vialle, parent de M. Fortet.
Le Chapitre s'intéressait vivement aux études et aux progrès
de ses boursiers; deux chanoines, MM. de Malaret et Mazéas,
désignés comme administrateurs du collège, étaient particulière-
ment chargés de les suivre. Ils rendaient compte au Chapitre des
observations à faire sur l'intelligence ou la conduite de tel ou tel
boursier; si l'élève avait remporté des succès, il quittait le collège
avec l'escarcelle bien garnie; selon ses aptitudes, on le poussait
dans tel carrière qui lui convenait le mieux ' ; ses notes étaient-
elles médiocres et MM. les Administrateurs ne concevaient-ils
aucune espérance, la bourse, après examen du sujet, était impi-
toyablement retirée. Ce cas d'extrême sévérité fut appliqué en
17D0; Querro, d'Aurillac, n'est pas reconnu capable le 17 août;
le lendemain, il subit un examen, dans lequel il est loin de briller;
le 19, la bourse est déclarée vacante.
A la fin de chaque année scolaire, le Chapitre prenait sur l'ex-
cédent de la caisse 2 une somme qu'il partageait entre tous les
boursiers de Forte. La conclusion capitulaire du 16 juillet 1790,
en rapportant l'état de distribution, nous donne les noms des seize
derniers élèves de Fortet :!, qui eurent part aux libéralités des
1. Le 21 juin 1790, M. de Malaret invite le Chapitre à permettre à Louis !>.'--
bois de faire son droit. Cfr. Concl. capit.
2. Le collège Louis-le-Grand avail au>si décidé postérieurement à l'union du col-
lège Fortet* qu'il sera remis par M. le Grand Maître Temporel au Receveur du
Chapitre de Notre-Dame la somme de 150 1. par chaque trimestre... à l'effet
d'être par ledit Chapitre distribuée, ainsi qu'il avisera bien être, aux boursiers
dudit collège. .. Actctl. X"l. M.
:;. Le nombre des boursiers a Fortet était exactement dix-neuf: car il faut comp-
ter la bourse de la fondation VVattin en faveur d'un enfant de la famille ou. à son
défaut, de la famille Curcluou de quelque autre village du diocèse de Noyon.
148 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
chanoines : Louis Aufauvre ' et Jean Carrière reçurent 48 1.;
Auguste Poitevin, Jean Fayet, Jean Michel, Pierre Brémont, 42 1. ;
Jean-Baptiste Boysson, Louis Grémion, Jean-Baptiste Perrin,
Jean- Antoine Boysson, Bené de Guérie, Nicolas Giraud, Etienne
Puech2, Louis Deshois, 36 1.; Jean Jacquotot et Jean Giroux de
Saint-James, 24 1.
Quand le Chapitre fut supprimé, la Nation continua à ces élèves
la rente que payaient les chanoines, et la plupart d'entre eux
purent poursuivre leurs études.
Le Chapitre avait encore la gestion de legs assez considérables,
dont les revenus servaient à entretenir de nombreuses écoles
dans la campagne ou à aider les enfants, sortis de la Maîtrise, à
compléter leurs études dans les collèges ou séminaires de Paris.
Ces fondations portaient le nom de leurs auteurs : fondation De-
laitre, fondation d'Eaubonne, fondation Le Masson, fondation de
Mondran.
En 1723, M. Delaitre, ancien maître de la chambre aux de-
niers, avait légué au Chapitre un revenu annuel de 546 1. 16 s.
10 d. « à paver aux maîtres et maîtresses d'écoles qui sont nom-
més par les sieurs du Chapitre dans leurs terres et domaines 3. »
Le Chapitre administrait cette fondation au mieux des intérêts des
écoles, mais sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit4.
Le fondateur avait cependant réglé quelques questions de dé-
tail assez intéressantes pour que nous les rapportious ici : 1" Si
les écoles qui profitaient de la fondation étaient en vacances,
soit faute d'y avoir des maîtres et maîtresses, soit que l'alloca-
1. Il était sous-diacre de Clermont et Chapelain de l'autel Saint-Philippe et Saint-
Jacques. Cfr. Concl. capit., 9 novembre 1789.
•2. Il fut remplacé à Fortet, le 1er octobre 1790, par Louis Julhe, d'Aurillac, de la
famille du fondateur.
:'.. Ce revenu était composé comme il suit : deux parties de rentes perpétuelles
à prendre l'une sur la chapelle des Paresseux, réunie à l'Ancienne Meuse, de 506 1.
10 s. 10 cl; l'autre sur l'office des Matines de 10 1. Cfr. Déclaration générale, Arch.
Xat. S. 460.
4. Le souvenir de cette fondation était conservé sur une table de marbre blanc,
placée dans la sacristie des Messes, ancienne chapelle des Paresseux. Cfr. Cwno-
sites, etc., p. 149.
LE CHAPITRE ET L'INSTRUCTION PUBLIQ1 E. 149
ti<>n fui suspendue pour cause de négligence, les appointements
devaient être payés à la Maison des Enfants Trouvés « pour
être employés en livres pour l'instruction des dits enfants ». 2° Les
( ânes auront le droit de visiter les écoles quand bon leur semblera
et pourront donner aux maîtres et maîtresses les avis qu'ils ju-
geront à propos. 3° Les enfants pauvres seront instruits gratui-
tement sur certificat du curé. 4° Les maîtres d'école seront laïques
ou simples clercs; s'ils s'engagent dans les ordres sacrés, leur
rétribution sera supprimée. 5° Ils devront s'habiller modeste-
ment et sans épée. 6° Le catéchisme sera enseigné deux fois par
semaine, les mercredi et samedi pendant la classe de l'après-
midi. 7° A la fin de l'école, on dira un De profundis et, le 24 mars
après l'office, on se réunira dans la classe où les maîtres, maî-
tresses et enfants réciteront les sept Psaumes de la Pénitence
pour le repos de l'âme du fondateur. 8° MM. les Archidiacres
sont priés de visiter les écoles et ceux du diocèse de Paris vou-
dront bien à leur retour rendre compte au Chapitre de leurs
visites. En 1790, la fondation de M. Delaître était appliquée à
neuf paroisses *, où elle servait à entretenir treize maîtres et maî-
tresses dont le total des allocations dépassait de plus de 50 1. le
montant de la fondation.
-Mais le plus généreux bienfaiteur des écoles du Chapitre fut
M. Lefèvre d'Eaubonne, chanoine de Notre-Dame, mort en mai
1764. Il laissa une rente de 8.907 1. 3 s. 5 d. abandonnée,
comme celle de M. Delaître, à la libre disposition du Chapitre 2.
Près de quarante paroisses, sans compter celles de Paris, avaient
1. Andrésy (maître : 10 1.) ; Aubergenville (maître : 301.; maîtresse, 501.); Belloy
(maître, on !.: maîtresse, 50 1.): Guercheville (maître, 50 1.); Jouy-le-Moutiers
(maître, 30 1.; maîtresse, 101.); Larchant (maître, 101.); Machau (40 l.);Méziè-
rea (maître, 76 1.; maîtresse, 50 L); Vernon (maître, 401.).
Je donne à M. Dorsanne, dit-il dans son testament, le reste de tous mes
biens sans en excepter aucuns pour être employés à l'instruction de la jeunessedes
villages et bourgs du diocèse do Paris les plus pauvres et les plus dénués de tout: pour
acheter les livres et catéchismes et les autres choses nécessaires pour les écoles : pour
payer les rétributions des maîtres et maîtresses; en fonder quelques-unes, s'il le
juge à propos, comme aussi pour faire des établissements des maîtres et maîtres-
ses; pour être distribués dans les lieux qu'il jugera a propos sans distinction de
diocèse; enfin d'employer tout ce qui reviendra de ces biens uniquement a ce qui
regarde l'instruction de la jeunesse. ■ Arch. .\W.. S. 7051-7052.
150 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
part dans cette fondation, qui servait à compléter le traitement
de quarante-quatre maîtres et maîtresses; les écoles de Paris,
du Temple à Paris, d'Issy, de Margeney, de Soisy, de Trem-
blay, auxquelles « le Chapitre portait un intérêt tout particu-
lier », étaient presque complètement entretenues par les revenus
de ce legs l. L'excédent, qui atteignait chaque année plus de
2.500 1. 2, était distribué très sagement aux maîtres nécessiteux
ou était employé à constituer une retraite convenable aux vétérans
de l'instruction.
Contrairement aux désirs de M. Delaitre, que d'ailleurs il
respecta scrupuleusement, le Chapitre aimait à mettre un prêtre
à la tète des écoles, et pour encourager les ecclésiastiques à
accepter une aussi noble mission, il leur accordait volontiers un
supplément de traitement : « au maître d'école de Leudeville, qui
est prêtre et à cause de cela, une augmentation de traitement de
00 livres3 ». Les maîtres n'avaient pas non plus inutilement re-
cours au Chapitre dans les moments critiques et difficiles de la
vie : « aux maîtres et maîtresses d'école de Bagneux il est
accordé un secours de 75 livres ». Leur situation ne s'améliore
pas et, quelque temps après, le Chapitre consent à leur faire
une avance de 75 livres4. Quoi de plus touchant que sa charité
à l'égard du nommé François Michel! Le malheureux jeune
homme, âgé de dix-sept ans, originaire de la paroisse de Ma-
chau dont le Chapitre était seigneur, était orphelin de père et
de mère et manchot de la main gauche. Dès son jeune âge , il
fut recueilli à la Pitié, devint enfant de chœur à la Salpètrière,
et, comme il montrait quelques aptitudes pour l'enseignement,
1. Les autres paroisses, qui, en 1790, avaient part dans la fondation d'Eau-
bonne, étaient : Andrésy, Aubergenville, Bagneux, Blanc-Mesnil, Bonneuil. Che-
villy. Compans, Epône, Ferrières, Fresne-les-Rungis, Guercheville, Jouy-le-Mous-
tiers, la Xorville, Larchant, Leudevide, Macb.au, Mézières, Morcourt, Mory,
Moussy-le-Neuf, Noizeau, Orly. Kosoy, Rungis, Suey, Vauréal. Vernon, Villaroche
et Réau, Villiers-le Sec, Wissous, toutes situées dans les domaines du Chapitre.
Six paroisses étrangères étaient aussi secouru* is : fgny, Séry, Sève, Tury, Yerle-
grand, Vaucresson.
2. Exactement de 2.566 I. 18 s. 5 cl. en 1790.
3. Cfr. Concl. capt. du 4 avril 1789.
1. Cfr. Concl. capit. du 7 mai 1789.
LE CHAPITRE ET L'INSTRUCTION PUBLIQUE. I.ii
on la fit revenir à la Pitié pour rattacher au nouvel établis-
sement institué pour former des maîtres d'école. Pour tout
émolument, il était nourri et vêtu; aussi lui était-il impos-
sible d'acheter les livres nécessaires à sa nouvelle fonction. Il
s'adressa au Chapitre et Messieurs votèrent 48 1. à prendre
but l'excédent de la fondation de M. d'Eaubonne pour le munir
de livres, tels que le catéchisme, l'explication des Épitres et
Evangiles, etc. '. La même fondation, qui servait à encourager
les débuts de François Michel, contribuait aussi à récompenser
les longs services : « Lecture faite d'une lettre du Sr Curé
d'Andrésy, par laquelle il expose à Messieurs que le nommé
Germain Gros, maître d'école de sa paroisse, a rempli depuis
plus de quarante-six ans les fonctions de ladite place avec la plus
grande exactitude et toujours sans reproche, mais que, son âge
et ses infirmités le mettant hors d'état de continuer ses fonc-
tions, il supplie Messieurs de prendre en considération ses ser-
vices passés et sa situation actuelle; Messieurs, après en avoir
délibéré, ont accordé audit Germain Gros une somme de 50 livres,
qui lui sera payée annuellement par le Sr Barbie sur les fonds
dont la libre disposition a été donnée au Chapitre par M. d'Eau-
bonne et ce à commencer du premier de ce mois2. »
Les écoles de la paroisse de Chevilly étaient entretenues,
depuis 17G4, par les revenus d'un legs, fait au Chapitre :! pour
cet objet, par M. Le Masson, secrétaire du Roi. Les deux maî-
1. Cfr. Concf . capit , du 10 juin 1789.
•„'. Cfr. Concl. capit., du 8 janvier 1790.
3. Ce legs ne parvint qu'indirectement au Chapitre de Notre-Dame. M. Le .Mas-
son légua à M. de Barcos, chanoine, ?ijl 1. de rentes, au principal de 3.000 I. et
lui laissa le droit de substituer à tous ses droits et legs « telles personnes de Mes-
sieurs ses confrères ou quelque autre ecclésiastique de vertu et probité qui
voudraient bien s'en charger et, au cas que ledit Sr de Barcos ou ceux qui
seraient substitués, vinssent à décéder sans en avoir substitué un autre en leur
lieu et place, ledit Sr Le Masson a substitué en leur lieu et place MM. les Doyen,
chanoines et Chapitre de l'Église de Paris et leur a donné par le testament
présentement extrait tous les mêmes pouvoirs de nominations, institutions, desti-
tutions et substitutions qu'il avait donnés au Sr abbé de Barcos. » Cfr. An h. Nat.
S. 7048-7030. Extrait du testament et pièces relatives à l'administration de la fonda-
tion après la suppression du Chapitre. M. de Barcos mourut au mois de fé-
vrier 1764, sans avoir substitué quelqu'un; le Chapitre entra donc de plein droit
dans la gestion de la fondation.
152 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
tressas1, qui donnaient l'instruction aux jeunes filles, recevaient
pour elles deux 350 1., plus le logement et un jardin. Le maître
d'école recevait à lui seul la même somme et était logé : il devait
être prêtre et exercer en même temps les fonctions de vicaire
du curé de Chevilly. En 1790, ce vicaire instituteur avertit le
Chapitre que, vu l'exiguïté de son traitement, il ne pouvait con-
tinuer ses fonctions. Pour sauvegarder les intentions du fon-
dateur, qui avait institué le vicariat de Chevilly, à l'effet de
procurer aussi une seconde messe à la paroisse à cause des
hameaux de la Saussaye et de la Rue, le Chapitre consentit à
lui verser, sur la fondation d'Eaubonne, un supplément annuel
de 200 livres.
Un inspecteur de la Maîtrise, M. de Mondran, s'était inté-
ressé à l'avenir des enfants de chœur. « Constatant, dit-il au
Chapitre en 1782, que les bourses au collège Louis-le-Grand,
mises à la disposition du Chapitre, étaient le plus souvent attri-
but es aux jeunes gens des familles des fondateurs ou des villes
désignées par eux, » il voyait avec regret ses chers enfants de
chœur privés de secours si utiles. Il voulut assurer l'avenir de
l'enfant qui chaque année devait sortir de la Maîtrise, et pour
cela, il constitua une rente de 300 1. au principal de 10.000 1.
qui servirait à payer la pension jusqu'à la fin du quinquen-
nium « dans tel collège et ensuite dans tel séminaire qu'il plaira
au Chapitre ». L'offre, faite aux chanoines de gérer le capital
et d'en appliquer les fruits à l'enfant qu'ils désigneraient, fut
acceptée avec reconnaissance. Pendant huit ans, les revenus de
la fondation de M. de Mondran furent employés en gratifica-
tions et en pensions; Marie-Ambroise Pottier fut le dernier qui
devait profiter des bienfaits du généreux chanoine; le 8 septem-
bre 1790, après les vêpres, il quitta la maîtrise, emportant une
somme de 200 1. et l'assurance d'une pension annuelle de 450 1.
pour ses deux années de philosophie 2.
1. Elles étaient Sœurs de l'Instruction Chrétienne de Nevers. Ibid.
2. i IV. Concl. capit. Il succéda à Saint-Denis, à qui le Chapitre avait accordé
en 1787 un secours annuel de 150 1. par année pendant trois ans qui devaient
expirer le 1er octobre 1790. Depuis 1783, les revenus de la fondation n'avaient pas
LE CHAPITRE ET L'ASSISTANCE PUBLIQUE. 133
IV
Fondateur de l'Hôtel-Dieu, comme il l'avait été des premières
écoles, le clergé de Notre-Dame n'avait pas aussi bien conservé
dans l'Assistance publique la place importante qu'il y occupa
longtemps.
L'administration de l'Hôtel-Dieu appartenait autrefois tout
entière au Chapitre de Notre-Dame, tant pour le spirituel que
pour le temporel; mais, en 1505, la direction temporelle fut com-
mise, par arrêt du Parlement, à des administrateurs laïques.
En 1790, le Chapitre était seul supérieur spirituel de l' Hôtel-
Dieu; il y exerçait sa juridiction par trois députés, qu'il nom-
mait an chapitre général de la Saint- Jean, et qu'on appelait
MM. les Visiteurs. Les derniers furent MM. de Montagu, des
Fieux et Chevreuil.
L'Hùtel-Dieu était desservi au spirituel par vingt- quatre
ecclésiastiques, dont huit pour le chœur, treize pour les salles,
un confesseur pour les étrangers et les domestiques, et un sa-
cristain. Le premier de ces ecclésiastiques était appelé Maître
de T Hôtel-Dieu, et était, ainsi que tous ses confrères, sous la
juridiction immédiate du Chapitre. C'est lui qui les nommait,
les installait au chœur de Notre-Dame et dans la chapelle de
l'Hôtel-Dieu et les convoquait à son Synode annuel.
Les religieuses reconnaissaient aussi le Chapitre comme supé-
rieur et faisaient profession entre les mains du Doyen. Les actes,
signés des professes, étaient conservés dans les Conclusions
capitidaires au même titre que les Lettres de canonicat.
« Je, sœur N , voue et promets à Dieu, à la Bienheureuse
Vierge Marie, au glorieux saint Jean-Baptiste, à notre Bien-
heureux Père saint Augustin et à vous, mes Très Révérends
Pères, Pauvreté, Chasteté, Obéissance et Service aux pauvres ma-
dû être complètement utilisés, puisque l'annuité accordée à Saint-Denis est aug-
mentée de 100 lianes et i|iie. en 1789, il alloua à un autre enfant de chœur, de
L'Étang, une somme de 300 1. réalisée « sur les économies faites sur les revenus ■■.
loi LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
lades tous les jours de ma vie en l'Hostel-Dieu de Paris ou ail-
leurs, si par vous il m'est enjoint, gardant la règle de saint
Augustin, accommodée à notre Saint Estât par les Statuts et
Constitutions faites de l'autorité de vous, Messieurs les Révérends
Doyen et Chapitre de l'Église de Paris, supérieurs de cette
maison. »
« Témoin mon seing manuel cy-mis. »
« Ainsy soit-ii à toute éternité. »
Les religieuses de l' Hôtel-Dieu pénétraient dans le Cloître à
la mort du Doyen. La veille de l'enterrement, toutes, en habit de
chœur, venaient dans la chambre du défunt, accompagnées d'un
chanoine-visiteur. Celui-ci commençait le De Profanais que les
religieuses continuaient, puis il disait l'oraison et jetait avec elles
de l'eau bénite sur le corps. Les religieuses allaient ensuite à
Notre-Dame faire leurs prières devant la chapelle de la Sainte-
Vierge, pendant que la Mère Prieure, la Sous-Prieure et deux
autres Sœurs restaient dans la chambre du défunt pour procéder
à l'ensevelissement.
Le Chapitre se montrait toujours fort généreux à l'égard des
pauvres et des institutions charitables : nous avons vu dans les
pages précédentes les nombreux secours qu'il accordait aux
maîtres d'école en détresse; il aimait à montrer qu'on ne s'a-
dressait à lui jamais en vain. En 1788, la requête venait du
Roi lui-même : désirant alors multiplier les hôpitaux dans Paris,
il lit appel à la générosité des grands corps ecclésiastiques et
laïques pour couvrir la souscription. Le Chapitre, pour sa part,
vota 30.000 livres!
« J'ai mis sous les yeux du Roi, écrivit à cette occasion le
baron de Breteuil à M. de Montagu, la lettre que vous m'avez
fait l'honneur de m'écrire et par laquelle vous m'informez que,
sur le prospectus relatif aux hôpitaux, votre Compagnie vient
de souscrire pour 30.000 livres. Sa Majesté m'a chargé de vous
témoigner qu'elle a vu avec une véritable satisfaction ce nouveau
LE CHAPITRE ET L'ASSISTANCE PUBLIQUE. 155
témoignage du zèle du Chapitre et de son empressement pour
tout ee qui peut intéresser le bien publie. »
C'était journellement que des demandes de secours tombaient
sur le Bureau du Chapitre. L'année qui précéda l'ouverture des
États généraux, fut des plus malheureuses. L'été de L788,
toute la campagne des environs de Paris fut ravagée par la grêle :
le Chapitre remit G. 000 livres entre les mains du Sr Trumeau, re-
ceveur du diocèse, pour secourir les cultivateurs les plus éprouves.
A son tour, le rigoureux hiver, qui signala les débuts de 1789,
multiplia les misères et les aumônes. La liste est longue des
paroisses secourues alors par la charité des chanoines : Mézières,
180 1. ; Larchant, 400 1. ; Yoinsles, 150 1. ; Yillaroche, 72 1. ; Epiais,
00 1.; Damart, 72 1. ; Yilleneuve-Lahuré, 30 1. ; Sucy, 3C0 1. ;
Fresne, 72 1. ; Grand-Paroisse, 150 1. ; Chevilly, 120 1. ; Com-
pans, 60 1.; Touquin, 60 1. ; Blancmesnil, 60 1. ; Brétigny, 96 1.;
Rosov, 200 livres de riz cuit « et non autrement » à distribuer
par le fermier; L'Hay, 120 1. ; Corbereuse, 72 1. ; Rosoy, 600 1. ;
Brégy, 72 1. ; la Ghapelle-Iger, 72 1. ; les sommes furent distri-
buées, par le soin des curés, dans les quatre premiers mois
de 1789 '.
Le Chapitre permettait aussi aux sinistrés d'avoir recours à
la charité publique, et il établissait à cet effet des troncs qu'il
plaçait dans le bas de la nef de Notre-Dame, non loin des béni-
tiers2. Les derniers, qui usèrent de cette gracieuseté du Cha-
pitre, furent des incendiés de la paroisse Saint-Eustache, que le
feu avait réduits à la dernière misère.
Longtemps le Chapitre avait distribué des rations de pain aux
portes du Cloître la veille des grandes fêtes; vers 1765, il ne
crut pas devoir continuer cet usage, mais chaque année il versa
au Grand Bureau des Pauvres de l'Eglise de Paris la somme
de 882 livres 3.
1. Durant le même hiver, le Chapitre lit aussi allumer de grands feux dans le
Cloître et sur le Parvis.
2. Une gravure delà Bibliothèque nationale représente la nef de Notre-Dame avec
plusieurs de ces troncs. Cabinet des Estampes, Topographie. Notre-Dame, t. IL
3. Cfr. Déclaration générale des biens du Chapitre.
CHAPITRE CINQUIÈME
LE CHAPITRE ET LES ETATS GENERAUX DE 1789
I. Le Chapitre et la Convocation des États généraux. Travaux de
l'Archiviste. Querelle entre la Ville et le Chàtelet. Le Règlement du 24 janvier.
Rédaction des cahiers. Les chanoines aux bailliages de province. Protestation
du 20 avril. Animosités contre le Chapitre. — II. Les Assemblées électorales
de Paris. Ouverture de l'Assemblée intra muros. État des esprits. Chanoines
électeurs. Protestation contre la vice-présidence attribuée au curé de Sainte-
Marguerite. Adresse au Roi. Rôle donné à plusieurs chanoines. Assemblée
électorale extra muros. — III. Les États généraux. Les Quarante Heures à
Notre-Dame. Les 14 et 15 juillet. Offrande patriotique du Chapitre. Délégation
de M. Boucher d'Argis. Correspondances des autres Chapitres du Royaume. Le
1 août. Bénédiction des drapeaux. L'Assemblée nationale occupe une partie
du Cloître. Envoi de l'argenterie à la Monnaie. Suppression de la musique à
Notre-Dame.
« Si Ton veut m'en croire, disait un visionnaire de Paris pen-
dant la terreur de l'invasion anglaise, en 1413, j'ai vule roi d'An-
gleterre en cfrand ormieil au haut des tours de Notre-Dame; il
excommuniait notre sire le roi de France; et le roi, entouré de
gens en noir, était assis humblement sur une pierre dans le par-
vis '. » Les événements, qui vont se précipiter dans l'espace de
dix-huit mois, auraient pu aussi, en 1790, suggérer à quelque ima-
gination impressionnable une vision analogue. Plus d'un rapport
existe pour le clergé de l'Eglise de Paris, entre la terreur de L \ L.'!
et le bouleversement de la lin du xvmc siècle : aux deux époques,
la Révolution dans Paris, celle des Bourguignons et celle des Ter-
roristes; un roi incapable, Charles VI fou et Louis XVI trop
1. Michelet, Histoire de France, t. V. p. 293.
138 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
faible; les plus belles pièces du Trésor portées à la Monnaie; en
1413, le cloître envahi de soldats ; en 1790, de parleurs et d'émeu-
tiers; jadis un serment antipatriotique, sacrilège aujourd'hui. La
Révolution, pour dominer Paris, va s'asseoir aussi sur les tours
de Notre-Dame; devant elle, la Royauté qu'elle humilie « entou-
rée de gens en noir », qui portent son deuil, parce qu'ils vont
partager sa ruine. La nouvelle \Tision n'aurait pu être que plus
sinistre!
Désormais le Chapitre de Paris, qu'aucune agitation n'avait
trouble depuis les querelles du Jansénisme, sera continuellement
aux prises avec ses ennemis, qui ne cesseront plus leurs attaques.
Simples escarmouches, d'abord, on discutera l'autorité de ses
Archives; on restreindra ses prérogatives et sa représentation;
on le taquinera sur des questions de préséances. Puis la lutte
deviendra plus vive : nous entendrons déclamer contre les
richesses de son église, discuter le titre de ses propriétés, jeter la
suspicion sur ses intentions, mettre en doute l'utilité de ses ser-
vices et la nécessité de son existence. Dans les pages précédentes,
nous avons étudié la vie du Chapitre de Paris telle qu'elle se
manifestait vers 17'JO. Est-ce vrai que les siècles accumulés ne
lui avaient rien ôté de sa vigueur? A l'époque de la Révolution,
comme tant d'autres corps politiques et ecclésiastiques, pour qui
le relâchement et l'inutilité étaient des causes de dégénérescence,
lui n'était pas déjà un cadavre, qui demandait à être enterré! Le
zèle, la piété, la régularité de tous ses membres, l'exactitude à
remplir les devoirs de leur ministère, la charge de la prière
publique remplie nuit et jour, une discipline fraternelle mais rigou-
reuse, un amour de la bonne entente, qui ne dégénérait pas en
faiblesse, étaient pour lui des principes de vie, qui pouvaient
éloigner encore de longtemps les premiers symptômes de la mort.
Aussi le décret, qui le supprimera, fera-t-il l'effet du couperet de
la guillotine, qui abat une noble tète, blanchie mais encore bien
vivante !
LA CONVOCATION DES ÉTATS GÉNÉRAUX. 139
I
Le 23 septembre 1788, parut l'édit du Roi Louis XVI, qui con-
voquait les États du royaume dans la ville de Versailles pour le
printemps de Tannée suivante. Cette nouvelle dut être favo-
rablement accueillie par le Chapitre de Paris, dont plusieurs
membres avaient pris part aux Assemblées provinciales et aux
Assemblées des notables, qui avaient réclamé cette convocation
avec tant de chaleur.
Le Chapitre avait déjà pensé à sauvegarder ses intérêts et à
maintenir ses prérogatives, en vue des futures assemblées. S'ap-
puvant sur un arrêt, émanant du Conseil de Sa Majesté, en date
du ."> juillet précédent, qui invitait « les savants et personnes ins-
truites du Rovaume à adresser à M. le garde des sceaux tous les
renseignements et mémoires sur les objets contenus au présent
arrêt », il demanda à son archiviste, M. Pavillet, dans la conclu-
sion de 10 septembre, de faire « aux archives toutes les recherches
relatives aux Assemblées des Etats généraux • ». Celui-ci se mit
immédiatement à l'œuvre et, six jours après, de nombreux docu-
ments, recueillis d'abord sur des fiches, furent mis en ordre et
1. Cette décision fut prise au reçu de la lettre suivante, adressée par M. de
Flandre de Brunville à M. de Champigny, agent des affaires, le ? septembre 1788.
« Monsieur,
« .le m'occupe de quelques recherches relativement aux États généraux. Doux de
MM. les conseillers au Chàtelet, M. de la Lourecv et M. Duval, s'occupent aussi du
même objet -l'ai imaginé que dans les Archives du Chapitre de Notre-Dame, il
pourrai) se trouver des renseignements qu'il serait intéressant de connaître sur la
tenue d'anciens États généraux. Comme je crois. Monsieur, que vous êtes. chargé
des Archives du Chapitre, je me proposais d'avoir l'honneur de vous prier de
tmuver bon que j'y lisse quelques recherches sur des objets que je désire éclair-
c'ir; mais n'en ayant pas la possibilité dans ce moment-ci, n'y a-t-il pas d'indiscré-
tion, Monsieur, à vous demander de vouloir bien agréer que MM. de laLourecy el
Duval s'occupent à faire dans vos Archives les recherches qui leur seront néces-
s, aux jours que vous leur indiquerez. Je regrette infiniment que mes affaires
ne me permettent pas dans ce moment-ci de faire moi-même ce travail. J'aurais saisi
avec grand empressement cette occasion d'avoir l'honneur de vous voir et de vous
renouveler les assurances du sincère et respectueux attachement avec lequel j'ai
l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Signé:
DE li INDRE DE Blil'NVILl.E. »
~<
160 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
rédigés ensuite dans un cahier de 16 pages in-folio, qu'il déposa
entre les mains de M. de Champigny, l'agent des affaires '.
Le travail de Pavillet, qui ne fut guère utile au Chapitre, devint
quelques mois plus tard une arme de guerre entre deux puis-
sances rivales : l'Hôtel de Ville et le Châtelet. Il n'entre pas
dans notre sujet de raconter au long les détails de cette polémique :
on les trouvera dans le remarquable ouvrage de M. Chassin :
Les Électeurs et les Cahiers de Paris en 1189 2, auquel nous
renvoyons nos lecteurs. Le Chapitre y fut mêlé, pour ainsi dire
sans le vouloir; il nous suffira de décrire ici rapidement la part
qu'il eut dans cette affaire : premier engagement avant de plus
sérieuses rencontres.
L'Hôtel de Ville formulait ainsi ses prétentions : « Le Prévôt
des marchands a seul le droit, à l'exclusion du Prévôt de Paris,
de convoquer la Commune, composée indistinctement de la totalité
des citovens de Paris et de sa juridiction pour ce qui concerne la
convocation des Etats; qu'il est même défendu au Prévôt de Paris
de s'entremettre aucunement par le fait desdits Etats en ce qui
concerne la ville et les faubourgs 3 ». De son côté, le Prévôt de
Paris soutenait les droits du Châtelet avec autant d'énergie. A la
fin de janvier 1789, précisément à l'époque où parut le Règlement,
concernant les assemblées électorales, la lutte était au plus aigu.
Le Chapitre jusqu'alors n'y prenait part que comme spectateur,
môme quand les avocats de l'Hôtel de Ville vinrent chercher, dans
les substructions du chœur de Notre-Dame, des preuves à l'appui
de leurs prétentions. Celle qu'ils y trouvèrent était assez faible '.
Les avocats du Châtelet cherchèrent des armes dans la rédaction
de Pavillet; ils y recueillirent un document, dont l'importance va
fixer la fortune des belligérants après avoir excité encore plus leur
acharnement.
1. Les documents, relevés par Pavillet, se rapportent aux années 1 184, 1560, 1561,
1576, 1588, 1614, 1651. Arch. Xat., L. 540, n° 97.
•2. T. I. La Convocation </<■ Paris aux derniers Etais généraux. Paris, 1888.
3. Arch. Nat., L. 541, n° 15. Imprimé.
4. Ils argumentèrent longuement sur l'inscription d'une pierre trouvée en 1711
dans les fondations du chœur de Notre-Dame. Cfr. Curiosités de l'Église de Pu ris.
p. 43 et 41.
LA CONVOCATION DES ÉTATS GÉNERMJX. 161
C'était une délibération capitulaire du lu décembre 1483, qui
mettait ii néant les droits contestables du Prévôt dos marchands
et faisait conclure pour le Châtelet1.
Le Chapitre fut donc mêlé aux débats juridiques et archéolo-
giques, et, dans la chaleur de la discussion, il reçut plus d'un ho-
rion de la part des avocats de la ville : « En matière politique,
disait un de ceux-ci, M. Ethis de Corny, c'est dans les Archives
du Louvre, dans les greffes, qu'il faut chercher des titres dignes
de la confiance des publicistes. On ne peut pas mettre sur la môme
ligne les papiers recueillis dans les Chapitres et Monastères. Pour
constater authentiquement une convocation faite ou à faire des
habitants de la capitale par le Prévôt de Paris, de quelle utilité
peut être un acte qui ne concerne même pas le Chapitre? »
Les chanoines parurent s'émouvoir de tout ce bruit fait autour
de leurs archives. M. de Champigny demanda des éclaircisse-
ments à Pavillet et eut avec lui de fréquents entretiens2. Pavil-
let défendit pied à pied l'authenticité des documents, qu'il avait
exhumés de la poussière de ses cartons; il donna un précis histo-
rique au sujet de la pièce de 1483; il étudia et annota en marge les
plaidoiries des avocats. M. de Corny avait osé dire en citant le
fameux Dumoulin : « Certe monachorum ad confîngendum sibi
titulosvetustos, quibusnunquamferecarent ! » — «Cette sortie n'est
1. « Hoclie Magister Christophorus de Carmont, locuin tenons civilis Praepositi
Parisiensis, comparait in Capituloet in praesentia It. Patris Doinini Episcopi ac
Decani ■■! Capituli ibidem assistentium, et exposuit quod nuper mandatum fuerat
per dominum nostrum Regem Domino Pramosito Parisiensi per litteras patentes
Bubsigillo régis confeetas ut ipso haberet convocareet congregare clerum, nobiles et
cornmunem populum Diœcesis et Praepositurae Parisiensis ad eligendum de quolibet
statu duos hommes qui haberent comparera Aurelianensis in congregatione trium
statu um. • Arch. Nat., L. 541, n« •-!". p. 18.
2. N'ons avons trouvé, dans les cartons 510 et 541 de la série L aux Archiva Na-
tionales, plusieurs billets de M. de Champigny à Pavillet concernant cette polé-
mique. — 17 janvier 1789. « M. Pavillet est prié défaire faire pour M. de Champi-
gny une copie de ce qui s'est passé au sujet de la convocation aux États généraux
Ayant été obligé de remettre sa copie en mon coffre, il désire trouver cette copie
faite lundi soir ou mardi. •• — Le -1 janvier. M. de Champigny demande a M. Pa-
villet la copie qu'il n'a pas encore et . île venir causer un petit moment avec lui »
— En avril, cette note .tait encore rédigée : « si .M. l'Archiviste trouve quelque
chose pour les États de 1560, 1576, 1588 et 1611. qui soil relatif à la prétention de
la Commune de Paris, je le prie d'en taire mention dans son rapport. ■ Arch. Xat.,
L. 510, n° 108.
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS. 11
102 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
pas honnête, réplique l'archiviste indigné ; Dumoulin n'était rien
moins que connaisseur en titres. Il ignorait sans doute, et peu de
personnes en sont instruites, que les Pastoraux et Cartulaires
méritent d'autant plus de confiance que ce sont des copies faites
sur les originaux dans les xn% xuic et xive siècles. M. le Procureur
du Roi et de la Ville n'avait qu'à se présenter aux Archives du
Chapitre de Paris, il aurait jugé par lui-même '. » une autre
attaque contre l'authenticité des archives mérite de la part de Pa-
villet cette réplique : « M. de Corny ne connaît pas les registres
des Conclusions du Chapitre ! »
Le Roi donna raison au Chàtelet. Le Chapitre, ou plutôt Pavil-
let, triomphait! Celui-ci transcrivait ainsi, sur le dossier de
l'affaire, le bulletin de sa victoire : « Ce serait peut-être ici le lieu
de s'étonner qu'un magistrat, qui ne les a pas vus les originaux ,
qui n'en a pas demandé la communication, que le Chapitre lui
aurait accordée avec plaisir, ait employé les armes frivoles du sar-
casme et de l'ironie dans ses réquisitoires, auxquels il a donné la
plus grande publicité ; mais le Chapitre se fait un honneur de
garder le silence. Ces pièces ont établi d'une manière victorieuse
le droit d'une compagnie respectable ; enfin elles ont décidé le Roi
et son Conseil à prononcer en faveur du Chàtelet. Le Chapitre est
fondé à croire qu'elles ne méritent pas moins de confiance pour
établir d'autres faits aussi importants, quoique étrangers à la
question jugée. » Enfin, comme monument de son triomphe,
Pavillet plaçait dans ses Archives la brochure de M. Du val fils,
conseiller au Chàtelet, que celui-ci lui offrit et dans laquelle, fort
du document de 1483, il établissait la dénonciation qui devait
emporter la décision royale 2.
Pendant ces discussions, qui se prolongèrent jusqu'en avril
1789, le Roi avait promulgué différents règlements au sujet de la
convocation des Chambres électorales. Celui du 24 janvier est
1. Arch. Nat., L. 541, n° 15, p. -11.
2. Arch. Nat.} L.541, n' 21. L'opuscule, conservé aux archives du Chapitre, por-
tait cette suscription : « Donné par M. l'uval fils, conseiller au Chàtelet, auteur de
la Dénonciation, sur laquelle cet arrêt a été pris. Signé : Pavillet. »
LA CONVOCATION DES ETATS GÉNÉRAUX. 163
justement célèbre par les innovations qu'il introduisit dans la
représentation des électeurs et surtout par la tempête do protes-
tations qu'il allait soulever par toute la France '. Deux points
intéressaient le Chapitre : la rédaction des cahiers de doléances
et le nombre des délégués à envoyer aux Chambres ecclésias-
tiques.
Comme la plupart des bailliages de province, où les chanoines
de Paris avaient le droit de se faire représenter, devaient tenir
leurs assemblées dans la seconde quinzaine de mars, le Chapitre
n'apporta aucun retard à la rédaction de ses cahiers. Le 26 fé-
vrier, il chargea M. l'archidiacre de Brie et MM. Chevreuil,
Brémontetde Bonneval, conjointement avec M. le Chambrier et
M. l'Agent des affaires, de « dresser un Mémoire contenant les
instructions et observations qui seront données aux fondés de
procurations pour les faire valoir dans lesdites assemblées lors
de la rédaction des cahiers de doléances, plaintes et remon-
trances qui doivent être portées aux États généraux, pour le dit
Mémoire être présenté incessamment, lu et approuvé au Chapitre ».
En huit jours, les six commissaires achevèrent leur travail, qui
fut communiqué au Chapitre et approuvé de lui le 4 mars. Bien
que le cahier du Chapitre soit déjà publié dans plusieurs ouvrages,
nous croyons devoir le transcrire ici : cela nous parait nécessaire
à l'intégrité de ce travail sur le Chapitre et les États géné-
raux .
1. « Il faut avouer que nous sommes bien avancés en principes, écrivait alors
un pamphlétaire. Tout devient pour nous un sujet de contestation el de protes-
tation. LesNobles protestent, les Parlements protestent, les Chapitres protestent. ■
Bibl. NatMLe »» 90 A.
164 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
CAHIERS
DU CHAPITRE DE l'ÉGLISE DE PARIS, POUR SERVIR d'iNSTR UCTIONS
A SES DÉPUTÉS AUX ASSEMBLEES DES TROIS ÉTATS, QUI DOIVENT
PRÉCÉDER LA TENUE DES ETATS GÉNÉRAUX FIXÉS PAR LE ROI
AU 27 AVRIL 1789.
PAR RAPPORT A LA RELIGION
1 ' Conservation du culte public. — Nous entendons con-
server dans son intégrité le précieux dépôt de la Religion, qui
nous est spécialement confié en qualité de ses Ministres, et re-
jeter tout ce qui pourrait y porter atteinte, ainsi qu'à la solen-
nité et à la décence du culte public, qui doit être exclusivement
réservé dans toute l'étendue de ce royaume à la religion catholique,
apostolique et romaine.
2° Conciles provinciaux. — Nous supplions le Roi très hum-
blement d'accorder à l'Eglise de France la tenue des conciles
provinciaux à l'effet de rétablir et d'entretenir dans toute sa vi-
gueur la discipline ecclésiastique, de manière que la convocation
desdits conciles puisse se faire sans longs délais, sur la demande
et selon les besoins de chaque métropole.
3° Maintien du droit public ecclésiastique. — Nous sup-
plions pareillement Sa Majesté de maintenir l'exécution de toutes
les lois et ordonnances reçues dans le royaume, qui en forment
le droit public ecclésiastique et canonique, et que les rois, ses au-
gustes prédécesseurs, ont marqué du sceau de leur autorité.
4° Progrès de l'irréligion et du vice, causé par la licence
de la Presse. — Pénétrés d'une douleur profonde à la vue du dé-
périssement affreux de la Religion et des mœurs dans tout le
royaume, et surtout dans cette capitale, nous adressons à Sa Ma-
jesté les plus vives et les plus humbles représentations sur la
cause funeste et trop connue du renversement déplorable de tous
les principes. Il provient évidemment de la multitude scanda-
leuse des ouvrages où règne l'esprit du libertinage, de l'incré-
dulité et de l'indépendance, où l'on attaque avec une égale audace
cahiers du chapitre. 165
la foi, la pudeur, la raison, le trône, l'autel ; livres impies et cor-
rupteurs, répandus de toutes parts avec la profusion et la licence
les plus révoltantes, auxquels on ne saurait opposer trop promp-
tement les digues les plus fortes.
5" Rétablissement de l'éducation publique. — Les maux,
dont nous sommes les témoins et qui menacent encore plus les
générations futures, nous portent à demander avec instance à Sa
Majesté de prendre des mesures efficaces pour rendre à l'édu-
cation publique l'éclat et l'utilité dont elle est déchue : plusieurs
de ses principaux établissements n'existent plus; ses sources les
plus fécondes se sont presque taries de nos jours et n'ont été
remplacées dans la plupart des villes, où elles procuraient tant
d'avantages à la Religion et aux Lettres, que par des institutions
obscures, privées, faibles, éphémères et suspectes1.
6 Protection en faveur des ordres religieux. — Nous osons
solliciter de la bonté et de la piété du Roi une protection particulière
pour les ordres religieux de l'un et de l'autre sexe, qui subsistent
dans le royaume. Sous les heureux auspices de sa faveur et de
son autorité, nous espérons voir fleurir et se vivifier de plus en
plus ces saints Instituts, utiles à la Religion, au bien de l'Etat,
aux familles indigentes, à la subsistance surtout des pauvres de
la campagne.
PAR RAPPORT A LA CONSTITUTION
1° Éloignera ent de tout ce qui altérerait la Monarchie. —
Le gouvernement monarchique étant la constitution inébranlable
de la Nation, la plus propre à sa tranquillité intérieure et à sa
sûreté au dehors, la plus convenable à l'étendue de ses provinces,
1. Pour mettre dans tout leur jour les sentiments du Chapitre sur les grandes
questions religieuses, politiques et financières, qui passionnaient alors l'opinion
publique, nous ajoutons ici en note les additions et modifications, apportées au
Cahier des délégués, dans la Conclusion capitulaire du 20 avril suivant. Elles ont
été votées sur une motion de M. de lîonneval, un des rédacteurs du Cahier primitif
it k plus ardent défenseur des droits et privilèges capitulaires. Addition au n°5
de la 1" section : « Les archevêques et évéques ne sauraient trop être maintenus
dans le droit de supériorité et île surwillance dans les collèges, et nous nous fai-
sons un devoir de demander qui' M*' l'archevêque de Paris n'en soit pas privé sur
celui de Louis-le-Grand. »
166 LE CHAPITRE DE. NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
la plus conforme au caractère de ses peuples, qui dans tous les
temps se sont distingués par leur amour et leur attachement
pour leurs souverains, le Chapitre de l'Eglise de Paris ne pourra
jamais se prêter à rien de ce qui tendrait à altérer la forme de ce
gouvernement; il y est inviolablement attaché par les devoirs
les plus sacrés de l'obéissance, par les liens du serment et de la
fidélité, par l'amour et le respect pour ses maîtres, par le bon-
heur de leur être soumis.
2° Opinion par ordre et non par tête. — Le Chapitre de
l'Église de Paris réclame la conservation de l'opinion par ordres
dans les délibérations des États généraux, comme conforme aux
antiques usages de cette Monarchie, comme étant la seule
vraiment constitutionnelle, la sauvegarde la plus sûre de l'auto-
rité royale, de la dignité de la couronne et de l'ordre public ; elle
est rigoureusement conforme à la justice en ce que le parfait équi-
libre quelle établit entre les ordres, leur ôte tout moyen de pré-
valoir les uns sur les autres, que la lenteur même qu'elle entraîne
dans les délibérations, prévient les inconvénients qui résulteraient
des résolutions souvent peu réfléchies, auxquelles exposerait l'o-
pinion par tête, et qu'elle écarte enfin les différents moyens de sé-
duction ou de surprise, qui peuvent facilement se glisser dans les
grandes assemblées si souvent agitées et tumultueuses.
3° Précautions pour une représentation suffisante de
l'ordre épiscopal. — Nous regardons comme entièrement con-
forme aux principes religieux et constitutionnels du Corps Ecclé-
siastique que, dans les États généraux, le premier ordre du
clergé ait une représentation qui réponde à l'autorité épiscopale
et à léminence de son caractère, sans dépouiller cependant le
second ordre du clergé de sa représentation propre et nécessaire
par ses députés. Xous regardons en conséquence comme digne
de la justice de Sa Majesté de convoquer auxdits États plusieurs
évèques de chaque métropole, si la représentation suffisante du
premier ordre du clergé ne pouvait être assurée autrement.
4° Conservation des propriétés (observations particu-
lières sur un arrêt du conseil du 5 septembre 1785). — Xous
supplions Sa Majesté de maintenir les propriétés de tous les or-
CAHIERS DU CHAPITRE. 167
dres, de tous les corps, de tous et chacun des particuliers, dans
leur intégrité, telles en semblable état qu'elles ont été jusqu'à
nos jours; de prendre en considération les entraves mises de-
puis trois ans à celles des ecclésiastiques par un arrêt du Con-
seil que l'Administration des domaines a obtenu, et qui oblige
les ecclésiastiques à passer à l'enchère, en présence du subdé-
legué de l'Intendant, les premiers baux des nouvelles construc-
tions ou reconstructions1.
5° Libre exercice des différents tribunaux. — Il sera
fait «à Sa Majesté de très humbles supplications de maintenir
les différents tribunaux ecclésiastiques et civils, souverains et
subalternes, dans le libre cours et exercice de leurs pouvoirs et
juridictions, trop souvent interrompus par des commissions,
évocations ou attributions particulières, comme aussi d'abréger
les longueurs des procédures et d'en diminuer les frais.
6° Réformations relatives aux abus et à la législa-
tion. — Sa Majesté sera pareillement très humblement suppliée
d'accueillir favorablement les plaintes et doléances qui lui se-
ront adressées par les gens des trois ordres de son royaume,
pour le redressement des griefs qui lui seront exposés et de
1. Modification du n° 4 de la IIe section. > Nous supplions Sa Majesté de main-
tenir les propriétés de tous les ordres, de tous les corps, de tous et chacun des
particuliers, dans leur intégrité, telles et en semblable état qu'elles ont été jus-
qu'à nos jours: de révoquer le privilège exorbitant dont jouit l'ordre de Malte
de prescrire contre tous les propriétaires, soit laïcs, soit ecclésiastiques, sans qu'on
puisse lui opposer une possession, même centenaire, la réciprocité paraissant fon-
dée sur les principes de la justice; de prendre en considération les entraves mises
aux propriétés des gens de main morte par le décret de nouvel acquêt, que le do-
maine répète contre eux, lors des reconstructions qu'ils sont nécessités de faire en
tout ou en partie et des échanges que le bien public et l'avantage réciproque des
parties échangeantes exigent quelquefois, même entre gens de main morte,
comme aussi par un arrêt du Conseil que l'administration des Domaines aobtenu
depuis trois ans et qui oblige les Ecclésiastiques à passer à l'enchère, en présence
du subdélégué de l'Intendant, les premiers baux des nouvelles constructions ou
reconstructions. L'éditduRoi du mois de septembre 1786, concernant les embellis-
sements de Taris, porte la plus grande atteinte aux droits de propriété. Le corps
de ville est dispensé par cet édii de payer aux seigneurs dans la directe desquels
sont assis les édifices qui doivent être détruits pour les embellissements de la
Ville, les droits de lods et ventes et d'indemnité. Le chapitre de l'Église de Paris
a particulièrement à se plaindre des dispositions de cet édit, ainsi que de l'arbi-
traire qui règne dans la taxation de droits de voirie, auxquels on donne tous les
jours une nouvelle extension. »
168 LE CHAPITRE DE NOTEE-DAME DE PARIS EN 1790.
même d'accorder les changements dans les différentes parties
de la législation, que les temps et les circonstances auraient pu
rendre nécessaires et dont la demande pourrait lui être formée.
PAR RAPPORT A L ADMINISTRATION
Article unique. — Nous demandons que Sa Majesté fasse
connaître aux Représentants de la Nation, assemblée en
États généraux, la véritable situation de ses finances, l'état
fidèle de la dette publique et du déficit actuel, à l'effet de prendre
les mesures nécessaires pour assurer la dette publique, combler
le déficit et établir l'équilibre entre la dépense et la recette par
tous les moyens que pourront fournir un bon système d'admi-
nistration dans les finances, de perception des impôts, de re-
tranchement, d'économie et de distribution dans les dépenses,
et une parfaite exactitude dans la comptabilité. Au moyen de
l'ordre stable, qui sera établi dans toutes les parties de l'admi-
nistration, sans lequel tous les efforts de la Nation seraient vains
et inutiles, nous nous porterons avec le plus grand zèle à tous
ceux qui peuvent dépendre de nous pour assurer par des con-
tributions volontaires, justes, raisonnables et proportionnelles,
la gloire et la prospérité de l'Etat, l'honneur et la splendeur de
la couronne et la satisfaction personnelle de Sa Majesté, dont
le bonheur sera toujours le vœu le plus ardent de ses peuples.
Tels sont nos intentions et nos vœux. Nous chargeons notre
député à l'assemblée du Bailliage de de les faire valoir lors
de la rédaction des Cahiers de la Chambre ecclésiastique dudit
Bailliage, afin de servir d'instruction à ceux de ses membres qui
seront députés aux États généraux. Nous laissons d'ailleurs à
notre dit député la faculté de requérir ce que, en outre du con-
tenu cy-dessus, il jugera suivant ses lumières et sa conscience
être bon, utile et nécessaire pour la gloire de la Religion, les
véritables intérêts de la Nation, l'honneur de l'Ordre ecclésias-
tique, le service du Roi et la prospérité publique.
La seconde formalité à remplir par le Chapitre, selon la te-
LES BAILLIAGES DE PROVINCE. 169
ncur du Règlement du 24 janvier, était, après la rédaction des
Cahiers, la nomination des électeurs aux bailliages de province.
Les assignations, que Pavillet a toutes conservées l, commen-
cèrent à pleuvoir sur le Bureau du Chapitre vers la mi-février
et ne cessèrent d'arriver jusqu'à la fin du mois. On en compte
vingt-sept rien que pour l'Assemblée de Paris extra muros.
Les délégués étaient nommés au fur et à mesure que les assi-
gnations parvenaient au Chapitre.
La première élection, celle de M. de Champigny au bail-
liage de Melun, eut lieu le 26 février 1789. « Sur le rapport
fait par M. le Chambrier de ce qui s'est passé à la Chambre,
tenue mardi dernier, dit la Conclusion de ce même jour, au
sujet du choix et de la nomination à faire des représentants
aux assemblées générales des trois Etats, dans l'étendue des-
quels le Chapitre possède des seigneuries et fiefs, et sur le
compte rendu des assignations, données au Chapitre par onze
exploits des 18, 20 et 21 de ce même mois, à l'effet de se
trouver par procureur-fondé et de son ordre à l'Assemblée
générale des trois Etats du Bailliage de Melun, qui doit être
tenue le 5 mars prochain, en exécution des Lettres du Roi
données à Versailles le 24 janvier dernier, pour la convoca-
tion des Etats Généraux en ladite ville de Versailles, du Rè-
glement y annexé et des ordonnances des baillis de Melun et
Moret, rendues en conséquence desdites lettres les 13 et 10
février présent mois : lecture faite de plusieurs articles dudit
règlement concernant lesdites Assemblées, ainsi que desdites
assignations et d'un projet de procuration à passer en consé-
quence par le Chapitre, lequel projet par procuration aurait été
dressé d'après l'avis de ladite Chambre, Messieurs, après en
avoir délibéré, ont approuvé ledit projet de procuration et en
procédant de vive voix et en la manière accoutumée au choix
de leur représentant au susdit bailliage de Melun comme sei-
gneurs de la ville de Rosoy-cn-Brie, des paroisses de Voinsles,
Machau, Vernon et Grand-Paroisse, et des fiefs de Grand'Fon-
1 Nous on avons compté cinquante-sept, conservées aux Archives Xalionales,
L. 541,
170 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARTS EN 1790.
taine, paroisse de Touquin, de Blandureau, paroisse de Voinsles,
du Plessis-Mallet, paroisse de la Chapelle-Iger, de Marangis,
paroisse de Vernon, de Villaroche et Viercy, paroisse de Réau,
le tout situé dans l'étendue dudit bailliage de Melun, ont chargé-
prié M. Jean Bochart de Champigny, chanoine et agent des
affaires, de les représenter ès-dites qualités à la susdite Assemblée
générale dudit bailliage de Melun, et, pour lui passer procura-
tion à cet effet, conformément au susdit projet, parole sera in-
cessamment donnée au notaire *. »
Successivement, et dans la même forme, le Chapitre nomma
ses délégués aux autres bailliages les 26 février et 4 et 11 mars :
M. de Bulté fut nommé électeur au bailliage principal de Senlis
pour le fief de Saint-Germain, paroisse de Bernes; M. Joseph
Croiset, curé de la paroisse du faubourg de Bretagne à Péronnc,
au bailliage secondaire de Montdidier et au bailliage principal de
Péronne, pour les seigneuries d'Ayencourt et d'Outrebois;
M. Radix, au bailliage principal de Mantes, pour les seigneu-
ries dAubergenville, Nézée, Aulnée, Epône et Mézières; M. d<;
Tilly-Blaru, au bailliage principal de Nemours, pour la seigneurie
de Larchant; M. le Prieur de Saint-Jacques 2, au bailliage
principal de Provins, pour la seigneurie de Grand'Paroisse;
M. de Corbonage, au bailliage principal de Dourdan, pour les
seigneuries de Corbereuse; M. J.-B. du Voisin, vicaire général
de Laon, au bailliage principal du Vermandois, pour la sei-
gneurie de Viry-Noureuil ; M. Lambert, chanoine de Saint-Jean-
en-Vallée, au bailliage de Chartres; enfin M. Brémont, dans la
Conclusion du 20 avril, fut désigné par ses confrères pour re-
présenter le Chapitre à l'Assemblée électorale de Paris extra
muros, pour les seigneuries d'Andrésy, dAuteuil en partie, de
Bagneux, de Belloy, de Bourg-la-Reine, de Chevilly, de Com-
pans, de Damart, d'Epiais en partie, de Jouy-le-Moutiers, de
L'Hay, de Mitry en partie, de Mons-sur-Orge et Ablons, de
Mory, d'Orly et Rungis, de Grignon en partie, de Sucy-en-Brie,
1. Cfr. Conclusion capitulaire du 26 février.
2. Dans sa séance du 4 mars, le Chapitre avait désigne comme électeur au
bailliage de Provins, M. Brémont, qui ne put sans doute remplir son mandat.
LES BAILLIAGES DE PROVINCE. . 171
de Vitry en partie, de "YVissous, de Fontenay-aux-Roses, de
Gentilly en partie, d'Herblay, et pour les fiefs du Puits d'Aulny,
de la Folie-Regnault, du Mandé, des Métairies, paroisse de
Mesnil-en-France, de la Tillière à Souilly, Bégault, paroisse
de Villiers-le-Bel, de la Mo-tte à Lisy, de la Barre et de Che-
vrignv, paroisse de Senlisse, de la Yillctte-Saint-Laurent K
La manière, dont le Chapitre fut assigné pour comparaître
par délégués à l'Assemblée de Paris intra muros suscita quel-
ques réclamations de sa part. Le Prévôt de Paris n'avait adressé
aux chanoines que deux assignations pour les six fiefs situés
dans la ville. M. de Champigny, agent des affaires, écrivit à
M. de Flandre de Brunville pour protester contre l'illégalité de
ce procédé, et, dès le 10 avril, ce dernier répondit : « C'est effec-
tivement par erreur qu'on a suivi la même forme pour les ecclé-
siastiques possédant fiefs dans Paris que pour les nobles non
ecclésiastiques y possédant également des fiefs. Cette erreur
sera rectifiée demain et j'aurai soin de faire des assignations
particulières pour chaque fief, que possèdent Messieurs du
Chapitre de Paris, suivant la note que vous avez pris la peine
de m'envoyer 2. » En conséquence, le Chàtelet annula les deux
assignations qu'il avait expédiées les 17 et 18 avril et en fit re-
mettre dix nouvelles pour les liefs de Lorval à Chaillot, des
Mazures à la Villette, de Montmoyen, de Saint-Germain, de la
Barre du Chapitre, de l'Ile-Saint-Louis, du Cens-Commun, des
Arcis, de la Voierie de Fontenay et de Tiron :!.
Les Cahiers manuscrits dûment authentiqués, ainsi qu'une
procuration notariée, furent remis à chacun des délégués : ils
étaient chargés de « les faire valoir lors de la rédaction des Ca-
hiers de la Chambre ecclésiastique de leur Bailliage, afin de
1. Le 20 avril, le Chapitre n'avait pas encore été assigne pour les seigneuries el
fiefs de Fontenay-aux-Roses, de Gentilly, d'Herblay, de la Motte, de la Barre el
de Chevrigny, et de la Villette-Saint-Laurent. Concl. ca/At.
-,'. Arc h. Nat., L. 540.
3. Dans la séance capitulaire du 1 mars, M. le Chancelier demanda aux cha-
noines d'autoriser le secrétaire du Chapitre •• à lui délivrer un certificat portant
qu'en sa dite qualité de Chancelier, il est seigneur haut-justicier en partie de la
paroisse de Conflans-Sainte-Honorine ••. à l'effet de se faire assigner comme tel à
l'Assemblée du Bailliage.
172 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
servir d'instructions à ceux de ses membres qui seront députés
aux Etats généraux ». Pour les objets qui n'étaient pas con-
tenus dans ces Cahiers, on s'en rapportait à leur conscience
et à leurs lumières.
Le mois de mars vit partir les délégués aux bailliages de pro-
vince; au moment de leur départ, le Chapitre décida qu'ils tou-
cheraient, bien qu'absents, les distributions des offices de jour.
Nous ne les suivrons pas dans les Assemblées électorales, où
leur rôle fut assez effacé ' ; ils adressèrent au Chapitre des rap-
ports sur la manière dont ils remplissaient le mandat qui leur
avait été confié 2 et ils revinrent à Paris, en général peu édifiés
1. Cependant les Cahiers du Chapitre de Paris furent bien accueillis dans la plu-
part des bailliages, comme on en peut juger par cette lettre de M. Lambert, fondé
de pouvoirs du Chapitre au bailliage de Chartres : « Monsieur, comme je vous l'ai
marqué, le Clergé s'est assemblé le jeudy 29 (mars): on a lu, relu, vérifflé le cahier
des commissaires. Cette séance, à laquelle je n'ai pu me trouver, a dure depuis
neuf heures jusques à quatre heures. Le lendemain, par continuation, la Chambre
a redemandé une nouvelle lecture; elle a satisfait l'Assemblée et moi-même en par-
ticulier en voyant que vos conclusions étaient inscrites au Cahier du clergé en plus
que majeure partie... J'ai seu de notre secrétaire, en me remettant vos conclusions,
qu'elles avaient beaucoup servi aux commissaires, nommés pour la rédaction de
notre Cahier, ce qui a confirmé la lecture que j'avais entendue. Signé : Lambert. »
Arch. .Xat., L. 541, n° :!.
2. Lettre de M. de Bulté, délégué au bailliage de Senlis, à M. Camiaille, cham-
brier de l'Église de Paris.
" Monsieur et cher confrère, j'ai l'honneur de vous faire passer ci-joint le jour-
nal de- l'Assemblée du Bailliage de Senlis. où j'ai été' député par le Chapitre de
l'Église de Paris, afin que vous daigniez l'en instruire si vous le jugez à propos.
« L'Assemblée, qui devait s'ouvrir le lia dix heures du matin, n'a été ouverte
qu'à cinq heures. Ce retard a été causé par un arrêt du Conseil, qui. en cassant
l'ordonnance du Lieutenant Général du Bailliage de Senlis. a ordonné la réduction
au quart suivant le règlement pour les gens du Tiers-État, ee dont l'ordonnance
les avait dispensés. Ouverture à cinq heures du soir, ce quia fait durer la séance jus-
qu'à minuit. A cette séance, on a prête serment de procéder fidèlement à la rédac-
tion des Cahiers et à l'élection des Députés.
« Le P2, Assemblée des trois Ordres séparément à 8 heures du matin. Le soir, à
4 heures, de même. Depuis ce jour jusqu'au 14 au matin, le temps s'est passé en
pourparlers relatifs à la réunion des Trois-Ordres pour la rédaction d $s Cahiers et
pour l'élection des E>éputçs. Cette réunion avait d'abord été consentie par la No-
blesse et le Clergé, sur l'invitation du Tiers-État. Mais ce dernier ordre, ayant mis
pour condition à cette invitation que le Clergé et la Noblesse se réduiraient à un
nombre tel que ces deux Ordres ensemble n'auraient pas plus de suffrages que le
Tiers-État seul, quoique la Noblesse y ait accédé, le Clergé a refusé une condition
aussi contraire à la lettre du Règlement et aux intérêts de son Ordre.
- En conséquence, le 14, nomination des commissaires pour la rédaction dos.
LE REGLEMENT DU M JANVIER. i7:{
des réunions auxquelles ils assistèrent, et effrayés des préten-
tions du clergé inférieur et surtout des curés '. La tempête n'al-
lait pas tarder à souiller!
L'article X du Règlement du 24 janvier, qui déterminait la
représentation directe des Chapitres aux Assemblées électorales,
était des plus attentatoires à leurs droits et à leur dignité. « En
conséquence, disait l'article, il sera tenu, dans chaque Chapitre
séculier d'hommes, une Assemblée qui se séparera en deux par-
ties, l'une desquelles, composée des chanoines, nommera un
député à raison de dix chanoines présents et au-dessous ; deux
au-dessus de dix jusqu'cà vingt, et ainsi de suite; et l'autre partie,
composée de tous les ecclésiastiques engagés dans les Ordres,
attachés par quelques fonctions au service du Chapitre, nommera
un député à raison de vingt desdits ecclésiastiques présents, et
au-dessous; deux au-dessus de vingt jusqu'à quarante, et ainsi
de suite. »
('ailiers de la part du Clergé; le 20, lecture a été faite de la rédaction des cahiers
du Clergé en un soûl. Ce cahier est bien fait.
« Le 21, après l'élection des scrutateurs, on a procédé à l'élection du député de
l'Ordre du Clergé aux États généraux. Le curé de Sergy a été élu et a obtenu
cent cinquante-neuf suffrages, sur le nombre de trois cents voix, en y comprenant
celles que donnaient les procurations. Les curés faisaient le plus grand nombre de
l'assemblée et ils avaient, presque tous, trois suffrages à donner.
« En général on crie beaucoup contre les capitaineries et les Cahiers des trois
Ordres sont fort étendus en doléances sur cette matière.
« Le 23, l'Ordre du Clergé s'assemble pour la lecture du procès-verbal de son
assemblée.
« Le 24, assemblée générale des trois Ordres pour la prestation du serment des
quatre députés;
« Le 25, je nie rendrai à Taris.
■ Je pourrais me permettre bien des réflexions sur la manière dont le tout s'est
passé à nos différentes séances. 11 me suffit de1 dire que la confusion, causée par
l'insubordination, a régné dans nos assemblées, malgré la présence du Prélat qui
nous présidait. »
Signé : Bulté de Chéry. Arch. Nat., L. 541, n -2.
1. Un mémoire sur l'Assemblée du Bailliage de Melun est rempli de détails sur
les. prétentions des curés : « A les entendre, dit-il à propos de la capitainerie de
Fontainebleau, il n'y avait qu'à faire partir sur le champ îles députés pour Ver-
sailles ;ton a tâché de les calmer et de les engager a attendre jusqu'à lundi, afin de
se concerter avec la Noblesse et le Tiers-État : ils ont bien voulu consentir, mais
en assurant bien qu'ils ne manqueraient pas de venir lundi. « Arch. Nat., L. 541,
n' 1.
174 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Deux bénéficiers valaient donc un chanoine! Le Chapitre de
Paris, dans la confusion des esprits qui précéda l'ouverture des
Assemblées électorales, avait conçu d'autres prétentions, comme
on peut en juger par la lettre suivante que M. Bochard de Cham-
pigny, agent des affaires, avait adressée aux Ministres de Sa
Majesté, antérieurement à la promulgation du Règlement : « Le
Chapitre, instruit qu'il est question d'admettre dans les As-
semblées, qui doivent se tenir pour nommer des Députés aux
États généraux, tout ecclésiastique, né dans le diocèse, engagé
dans les Ordres, et tous ceux qui y possèdent quelque titre de
bénéfice, croit devoir, vu le changement qu'on admet dans ces
sortes d'Assemblées, demander à changer son ancien usage, qui
était de ne nommer que quatre, cinq ou six Députés pour le re-
présenter à ces sortes d'Assemblées du Clergé, et que chacun
de ses membres en particulier, ainsi que tous les titulaires de
bénéfices sous sa direction, puissent assister aux dites Assem-
blées et y donner chacun leur voix pour la nomination des
Députés aux États généraux l. » Le Chapitre, dans ses préten-
tions exagérées, réclamait le droit de suffrage non seulement
pour tous ses membres, mais encore pour tous les bénéficiers de
son église; c'est donc à tort qu'on l'accusera bientôt de voir
d'un œil jaloux le bas-chœur siéger, en la personne de nombreux
députés, à la Chambre électorale.
Le Chapitre sembla d'abord dévorer l'humiliation en silence.
Depuis plus de deux mois, le Règlement royal était promulgué;
et bien qu'il ait réduit à néant, nous l'avons dit, toutes les espé-
rances du Chapitre, pas un acte, pas un seul mot de protestation
de sa part. Avant le 19 avril, on ne put trouver la moindre allu-
sion contraire au Règlement et aux griefs que l'on pouvait avoir
1. Plus tard, clans sa Protestation du 20 avril, il essaiera d'établir ses droits à
une plus nombreuse représentation sur l'étendue de ses propriétés : <• Sous le rap-
port de la propriété, y lisons-nous, on ne peut contester au Chapitre de l'Église
de Paris une place marquante dans l'ordre des propriétaires, et dès lors que l'éten-
due et les facultés de chaque bailliage ont été un des éléments qui ont déterminé
dans le Règlement le nombre des représentants aux États généraux, le Chapitre
doit se flatter que le nombre et la qualité de ses propriétés seront pareillement
un motif de lui accorder dans les Assemblées de bailliages une représentation plus
nombreuse que celle déterminée par le Règlement. »
LE RÈGLEMENT DU M JANVIER 175
contre lui, soit dans les Conclusions capitulaires, soit dans les
actes authentiques. Il est difficile d'attribuer cette sérénité à
d'autres motifs qu'à l'amour de la paix et de la bonne entente,
que le Chapitre de Paris, en dépit des dictons et des dénigrements
populaires, voulait conserver dans les graves circonstances de
l'heure présente. Xous l'avons vu se montrer si paternel à l'é-
gard de son clergé, qu'il lui semblait ne devoir rien craindre de
la prépondérance que le Règlement lui accordait; encore moins
soupçonnait-il qu'il pourrait avoir à souffrir de ses entreprises.
11 se montrait moins rassuré au sujet du corps des curés. Cer-
tains chanoines, délégués aux Assemblées des Bailliages, avaient
constaté à quelle intempérance de langage et à quels excès d'am-
bition s'étaient portés plusieurs curés. M. de Bulté avait été
scandalisé de leur manière d'agir à l'Assemblée de Senlis. « Je
pourrais me permettre bien des réflexions, écrivait-il le 21 mars
à M. Camiaille, sur la manière dont tout s'est passé à nos diffé-
rentes séances. Il me suffit de dire que la confusion causée par
l'insubordination a régné dans nos Assemblées, malgré la présence
du Prélat qui présidait. » A son retour à Paris, M. de Bulté dut
expliquer ses réticences au grand scandale de ses confrères.
M. de Champigny, à son tour, rapporte qu'au Bailliage de Melun
« les curés ont élevé la prétention de ne pas reconnaître les abbés
commendataires pour avoir le pas sur eux et cela de la manière
la moins décente et avec un bruit affreux ». C'est dans ce même
bailliage, raconte-t-il, qu'un curé « à voix de tonnerre » préten-
dait à la présidence en vertu de la puissance de son organe...
Combien bruyante et tumultueuse devait donc être l'assemblée ' !
De tels faits, racontés par ceux qui en avaient été les témoins,
n'étaient pas de nature à diminuer chez les chanoines, à l'égard
de MM. les curés, la méfiance que ne justifiait que trop un ordre
ecclésiastique très estimable et profondément dévoué, mais qui
UArch.Nat., L. 541, n°2. «Il s'est élevé une voix de tonnerre, qui, des vendredi,
avait fait beaucoup de bruit en disant qu'il parlait le premier parce qu'il avait
Ja voix li plus forte; il a encore voulu donner un échantillon de sa voix et de sa
mauvaise tête : il a prononcé un Mémoire de diffamation contre les Évêques, les
Abbés, les Prieurs et les Chanoines. >.
176 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
ne pratiqua pas alors la modération si nécessaire à ceux qui pré-
tendent au titre de réformateurs. Le silence du Chapitre de Paris
était une preuve de sa discrétion et de son amour de la paix;
mais de réservé, ce silence n'allait-il pas devenir complaisant,
presque complice? Quelques lettres de protestation, qui lui par-
vinrent des différents chapitres du Royaume, le lui firent com-
prendre. Piqué d'honneur, il va prendre la tête du mouvement,
mais jusqu'au bout il gardera une dignité et une modération,
que ne troubleront ni les excès populaires ni les mesures extrêmes
de l'Assemblée nationale.
Une lettre du Chapitre de Tours, protestant contre les clauses
du Règlement du 24 janvier, produisit une émotion toute parti-
culière : lue à la séance ordinaire du vendredi 17 avril, elle
décida les chanoines à agir. « Un curé de paroisse, y était-il
dit, un curé de paroisse de la campagne d'une lieue d'arrondis-
sement, assisté de deux chapelains, de deux ecclésiastiques dans
les ordres, portera à l'Assemblée du Bailliage le même nombre de
voix qu'une communauté entière. Et, par l'effet du même Règle-
ment, un jeune sous-diacre sans revenus, sans intérêts et sans
emploi, aura la même influence dans l'élection des députés que
le chef d'un vaste diocèse l. »
En conséquence, une Chambre sera tenue le lendemain samedi
à huit heures et demie du matin, à laquelle furent priés de se
rendre M. le Chantre, M. l'Archidiacre de Paris et MM. Bré-
mont, Radix, de Vienne et Roux de Bonneval. Une fermentation
des plus rapides s'opéra dans les esprits, particulièrement sous
l'influence de ce dernier. Son caractère ardent, son zèle infatiga-
ble , son humeur batailleuse vont faire de lui le champion du
Chapitre. Délégué à l'Assemblée du Clergé de Paris, député aux
États généraux, par dégoût démissionnaire de son siège, retiré
au Cloître Xotre-Dame, nous l'entendrons sans cesse prendre la
parole et jusqu'au bout protester. Au nom des droits de la Reli-
gion et de ses commettants le brave chanoine luttera, même au
1. Arch. -Xal., L. 543.
LE REGLEMENT DU 24 JANVIER. 177
péril de sa vie, contre la Révolution et ses principes : sa dé-
claration de guerre est datée du 18 avril 1789!
Dans la nuit du vendredi au samedi, M. de Bonne val rédige
les articles additionnels, qu'il veut faire insérer dans les Cahiers,
et dresse une Protestation des plus longues et des plus motivées
contre le Règlement du 24 janvier. A la Chambre du samedi,
19 avril, la lecture de ces différentes pièces réunit tous les suf-
frages, si bien que le soir même, à l'issue des vêpres, M. le
Chantre put rendre compte à ses confrères de la réunion du matin
et assurer qu'on était en mesure de convoquer , pour le lundi
suivant, un chapitre général à l'effet d'exécuter le règlement
royal en ce qui concernait le Chapitre de Notre-Dame. Sans re-
tard, M. le Doyen décida : « 1° que tous et chacun de Messieurs
seraient convoqués per domos pour lundi matin après l'office
que, pour cette raison, l'on avancera d'une heure; 2° que tous
les ecclésiastiques, engagés dans les Ordres sacrés et attachés
par leurs fonctions au service du Chapitre, seront, conformément
«à l'article X du Règlement, appelés également, à l'issue de l'of-
iice, audit Chapitre. »
Au jour indiqué, les chanoines et les bénéficiers se réunissaient
dans la salle capitulaire. Après lecture du Règlement royal, M. le
Doyen, s'adressant aux ecclésiastiques du bas chœur, leur fit con-
naître que, pendant la délibération du Chapitre et la nomination
de ses délégués, ils pourraient se retirer en l'église Saint-Denis
du Pas pour procéder librement aux mêmes opérations. Le Cha-
pitre ne pouvait mettre plus de solennité et de délicatesse à appli-
quer le Règlement dans son article le plus attentatoire à sa
dignité et à ses prérogatives.
Quand les bénéficiers se furent retirés, le Chapitre donna libre
coursa ses récriminations. Le Règlement royal fut vivement at-
taqué : ne troublait-il pas tout l'ordre hiérarchique, pour le main-
tien duquel l'Eglise se montre toujours, ajuste droit, si intransi-
geante ? Et qui, plus que des chanoines, devait se montrer
sensible sur la délicate question des préséances ? L'article X leur
enlevait un degré d'honneur et une prépondérance dans les votes,
au point que le Chapitre de Notre-Dame allait se trouver dans
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS. 12
178 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
l'Assemblée du clergé sur un pied bien inférieur à celui de tout
le bas-chœur de son église! Puis on revint aux faits regrettables
qui s'étaient passés clans certains bailliages et auxquels nous
avons fait allusion; les bruits qui circulaient touchant la préten-
tion des curés au droit de présider les réunions en l'absence de
l'archevêque et au détriment du Chapitre, soulevèrent des protes-
tations unanimes; M. de Bonneval fut prié de relire en séance le
Mémoire, dont il avait déjà donné connaissance à la Chambre; puis,
sous son inspiration, on précisa et corrigea quelques paragraphes
des Cahiers ; enfin on vota l'impression de la Protestation, qui
venait d'être lue, et M. le Chambrier fut chargé d'en envoyer un
exemplaire aux Ministres, aux Prélats du Royaume, aux églises
cathédrales et collégiales, à la Sorbonne, au collège de Navarre,
aux séminaires et aux personnes les plus considérables de la
France *.
Nous ne croyons pas devoir reproduire ici in extenso cette
Protestation; on la trouvera imprimée dans les Mémoires d'Auri-
beau et dans l'ouvrage de M. Chassin : Les Électeurs et les
Cahiers de Paris en 1189. Nous en donnons ici une analyse dé-
taillée et les extraits les plus intéressants 2.
Cette Protestation débute ainsi : « Inviolablement attaché aux
règles hiériarchiques qui ont fait jusqu'à présent la gloire du
Clergé de France et sans lesquelles le gouvernement de l'Eglise
ne saurait recevoir aucune direction utile, le Chapitre estime le
Règlement contraire aux principes, aux bonnes mœurs, aux lois
1. Cet envoi était accompagné de la lettre suivante : « M... Nous avons l'honneur
de vous adresser des protestations que nous avons cru devoir faire contre le Rè-
glement du 24 janvier dernier pour la convocation des États généraux. Sans doute
que vous avez reconnu et éprouvé ainsi que nous les inconvénients de ce Règle-
ment. Nous espérons que vous approuverez nos protestations et nous serons flattés
si vous leur accordez votre suffrage. Signé : Les Doyen, Chanoines et Chapitre de
Paris. » L'envoi de la Protestation fut fait de la main même de 31. de Montagu
qui l'adressa à M. le (iardf des Sceaux. M. le comte de Montmorin, 31. de Ville-
deuil. M. le comte de la Luzerne, M. le comte de Pujségur, M. Necker, M. le duc de
Nivernais. La rédaction était plus courte : •< Monseigneur, j'ai l'honneur devons
adresser un exemplaire des protostations que le Chapitre s'est cru obligé de faire
contre le Règlement. »
2. On trouve aux Archives Nationales quelques exemplaires imprimés par ordre
du Chapitre,
PROTESTATION DU CHAPITRE. 179
et à la justice distributive. » Elle est divisée en sept articles, qui
portent sur trois points principaux : le nombre disproportionné
des délégués; — la supériorité exagérée donnée au corps des
curés; — le mauvais esprit, qui doit nécessairement dominer dans
des assemblées si disparates.
1° Le premier grief du Chapitre a pour objet le mode de repré-
sentation. 11 estime d'abord que la proportion d'un délégué sur
vingt bénéfîciers est exagérée quand les chanoines n'ont droit qu'à
un représentant sur dix : « Voilà, dit-il, que les subordonnés sont
appelés au droit de suffrage dans une proportion infiniment su-
périeure à celle de la partie qui gouvernera et des différentes classes
intermédiaires. » Pourquoi, ensuite, les chanoines et bénéfîciers
absents ne pourront-ils pas se faire représenter par procureur
-quand l'universalité des curés et bénéfîciers, non attachés à quel-
que fonction, ont cette prérogative? A cette question on avait
répondu que les prébendes canoniales font un tout et que
chaque prébende n'a pas « son individualité », qui se perd dans
celle du corps pris dans son ensemble. « Le titulaire, répond le
protestataire, qui est revêtu de la prébende canoniale, ne peut sans
injustice être dépouillé du mérite de son individualité ; la pré-
bende est à lui et non au Chapitre. » Le Règlement ne donnait
nulle attention aux dignités et personnats ; ces titres, entièrement
distincts des prébendes canoniales, n'étaient pas appelés aux as-
semblées d'électeurs : les simples chapelains sont plus consi-
dérés que les doyens, archidiacres et chanceliers! Le titre de
grand propriétaire, qui appartenait au Chapitre de Taris, res-
tait complètement négligé : « Sous le rapport de la propriété,
on ne peut contester au Chapitre de l'Eglise de Paris une place
marquante dans l'ordre des propriétaires; et, dès lors que l'étendue
et les facultés de chaque bailliage ont été un des éléments qui ont
déterminé, dans le Règlement, le nombre des représentants aux
Etats généraux, le Chapitre devait se flatter que le nombre et la
quantité de ses propriétés seraient pareillement un motif de lui
accorder, dans les assemblées de bailliages, une représentation
plus nombreuse que celle déterminée par le Règlement. »
2° Le Chapitre aborde ensuite une question si délicate, qu'il
180 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
croit devoir user auparavant de précautions oratoires. Il se dé-
fend de toute animosité envers le corps des curés, auquel « il paye
le juste tribut de considération qui lui est dû et particulièrement
au corps distingué de MM. les curés de Paris à qui il est étroi-
tement attaché par le double lien d'une précieuse habitude et de
tous les sentiments qu'inspirent les vertus » ; mais il leur fait
sentir, un peu brusquement peut-être, bien qu'il ait recours au
langage de Bossuet, l'exiguïté de leur territoire et la modicité de
leur situation pécuniaire « dont le Chapitre de Paris désire l'amé-
lioration ». Les curés se sont rendus aux assemblées de bailliages
dans une telle supériorité dénombre vis-à-vis des autres classes
de bénéiîciers, qu'ils ont nécessairement prévalu par la quantité
des suffrages. Ici le langage des protestataires devient amer :
« Quelle a été la suite dune pareille composition des Chambres
ecclésiastiques? Le désordre, le tumulte, l'insurrection, les de-
mandes les plus déraisonnables, la subversion de toute discipline
et l'engagement contracté entre MM. les curés de ne choisir que
parmi eux les députés de l'ordre du clergé aux Etats généraux. »
3° Enfin le Chapitre se plaint « des menées sourdes et souter-
raines, qui ont été employées pour fomenter, dans les Cham-
bres ecclésiastiques, l'esprit de révolte et d'animosité contre les
pouvoirs légitimes de l'Eglise » ; il condamne « ces écrits incen-
diaires, séditieux, ces correspondances secrètes pour semer les
méfiances et la haine ».
La conclusion nous fait connaître, à l'honneur du Chapitre,
ses sentiments vrais sur la convocation des États généraux, et
les offres généreuses qu'il fait à la Nation pour subvenir aux
besoins de l'heure présente : « Le Chapitre de Paris sent
vivement la nécessité des États généraux, l'utilité dont ils peu-
vent être lorsqu'ils seront régulièrement constitués. Il se réunit
à tous les bons citoyens pour le désirer ; il est prêt à faire tous
les efforts et tous les sacrifices pécuniaires que peut requérir la
nécessité des affaires publiques, en contribuant volontairement
aux charges de l'État dans la juste proportion de ses biens et de
ses facultés. Mais il proteste d'avance contre toutes les inductions
qu'on pourrait en tirer contre lui, persuadé qu'un acte solennel
PROTESTATION DU CHAPITRE. 181
de son obéissance ne rendra que plus imposantes les réclamations
de la justice, contre laquelle rien ne peut prescrire et dont les
droits inaltérables reposent en sûreté sous la garde du Trône. »
Après que Me Péron et son confrère, notaires au Chàtelet, eu-
rent reçu acte de la protestation, le Chapitre procéda à la nomi-
nation de ses délégués, qui auraient à le représenter à l'Assem-
blée des électeurs de Paris intra muros. Étant composé de
cinquante et un chanoines, il avait donc à désigner, selon l'article X
du Règlement du 24 janvier, cinq électeurs.
Les vertus et la dignité de M. de Montagu lui méritèrent
l'honneur d'être élu par acclamation : le mauvais état de sa
santé l'obligea de refuser une mission dont il aurait été pro-
fondément honoré, mais que ses forces ne lui permettaient
plus de remplir1. MM. du Bois-Basset, chantre; Chevreuil,
chancelier, Lucas, de Champigny et de Bonneval, reunirent
ensuite les suffrages du Chapitre « pour et au nom dudit Cha-
pitre, comparoir à ladite assemblée générale des Trois Etats
et là représenter ledit Chapitre et concourir avec les autres
membres de l'ordre du clergé à la rédaction du Cahier de
plaintes, doléances et remontrances, qui sera rédigé conjoin-
tement ou séparément; procéder au nom dudit Chapitre con-
jointement et séparément à l'élection des députés, qui seront
envoyés aux Etats généraux, dans le nombre et proportion dé-
terminés par la lettre de Sa Majesté, et les ont chargés de pré-
senter à ladite Assemblée et mettre sur le Bureau l'acte de pro-
testation reçu aujourd'hui, le Chapitre tenant, par M0 Péron et
son confrère, notaires au Chàtelet de Paris, concernant la
forme des députations du clergé aux Assemblées préalables à
celle des Etats généraux, et requérir au nom du Chapitre acte
desdites protestations et mise sur le Bureau de ladite Protestation,
dont une expédition en forme leur sera délivrée à cet effet ; leur
donnant tous pouvoirs généraux et suffisants de proposer, remon-
trer, aviser et consentir tout ce qui peut concerner les besoins de
1. Siégeant de droit à l'Assemblée des électeurs de Paris extra muros, il se fit rem-
placer par M. de Floirac, qui y représentait déjà les Dames Religieuses d'Argen-
teui'.
182 LE CHAPITRE DE .NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
l'Etat, les réformes des abus, l'établissement d'un ordre fixe et
durable dans toutes les parties de l'Administration, la prospérité
générale du Royaume et le bien de tous et de chacun des sujets
de Sa Majesté ; le tout conformément aux instructions arrêtées
par le Chapitre et remises aux députés, promettant lesdits
sieurs capitulants d'agréer et approuver tout ce que leurs dépu-
tés cy-dessus nommés, auront fait, délibéré et signé en vertu des
présentes de la même manière que si les sieurs capitulants y
avaient assisté en personne ' ».
Le soir même de ce chapitre général, une lettre de M. de Ba-
rentin, garde des sceaux, arrivait à l'archevêché, en réponse à
certaines observations que M. de Juigné avait cru devoir lui
adresser touchant différents articles du Règlement.
Ces observations portaient sur trois points principaux : l'exclu-
sion des anciens évèques et des évèques in partibus ; — la non-
convocation des dignités capitulaires, qui possédaient un titre
séparé et personnel; — la représentation proportionnelle des cha-
noines et des chapelains. C'était une nouvelle preuve de son atta-
chement, que M. de Juigné donnait à son Chapitre, en se faisant
l'interprète officiel de ses doléances.
M. de Baiviitin. pour éluder la question des évèques, rejeta la
faute sur le Bailli de Paris; quant aux deux autres observations,
qui regardaient directement le Chapitre, il leur opposa une lin
de non-recevoir : « A l'égard des dignitaires du Chapitre, dit-il,
que leurs dignités soient distinctes ou non des prébendes, ils font
nécessairement corps avec le Chapitre et ne peuvent point pré-
tendre à être appelés individuellement. »
La réponse à la troisième observation n'était pas plus favorable :
« Je suis frappé comme vous, continue le ministre, de la singula-
rité que présente l'admission à l'Assemblée de la Prévôté dune
grande partie des ecclésiastiques du bas-chœur, à raison des
chapelles qu'ils possèdent et pour lesquelles ils ont été assignés,
tandis que le Chapitre n'aura que cinq députés à cette même
Assemblée; mais cette singularité tient à un principe général qu'il
1. Arch. Nat. L. 540.
PROTESTATION 1)1 CHAPITRE. 183
a paru essentiel de maintenir, et, lors même qu'il serait jugé
convenable d'en modifier les conséquences, ce ne pourrait jamais
être que pour l'avenir, et il est de toute impossibilité d'y rien chan-
ger actuellement. »
Les chanoines ne tardèrent pas à apprendre à leurs dépens com-
ment l'esprit populaire, dirigé par des meneurs, entendait sau-
vegarder « ce principe général » dont parle le ministre et qui
consistait à perdre le haut clergé dans l'opinion : on représenta la
Protestation du Chapitre comme un acte d'opposition contre le
clergé inférieur et la convocation des Etats généraux; des factieux
vinrent à bout, on ne sait comment, de se procurer un des exem-
plaires destinés an libraire chargé de l'impression; ils en firent
une contrefaçon, accompagnée des notes les plus outrageantes
contre la Religion, le Clergé, le Chapitre ' ; M. de Bonneval fut
insulté dans la rue; on menaça même de brûler sa maison. Pour
éviter de plus grands troubles, le Chapitre décida que la proces-
sion de la Saint-Marc, qui se fait à St-Merry, ne sortirait pas,
mais qu'elle aurait lieu dans l'église. Les craintes persistèrent, et,
pour les mêmes causes, on ne crut pas prudent d'aller, ne fût-ce
qu'à niùtel-Dieu, faire la procession fondée par Me Pierre-Alexis
Porcheron. La mesure devint bientôt générale et toutes les pro-
cessions qui devaient se faire au dehors du Cloître furent suppri-
mées, à l'exception de celles de l'Ascension, de la Fête-Dieu et de
l'Assomption2.
La Protestation ne fut pas mieux accueillie en haut lieu. M. de
Montagu en avait adressé un exemplaire à Necker, alors direc-
1. » Protestations du Chapitre, dit le pamphlétaire! Le Chapitre qui proteste, est
un Chapitre bien ridicule ou bien important! Est-ce pour régler Matines que la
Nation s'assemble? » 11 a ensuite recours à l'ironie : « La Religion, attaquée dans
son sanctuaire, parce que l'on fait peu d'attention à des chanoines! (.) Molière!
0 Roileau! 0 poème du Lutrin! Si un cure est peu de chose en le mesurant à son
territoire, qu'est-ce qu'un chanoine mesuré à sa stalle? » Il est plus méchant que
spirituel: « La noblesse et le peuple s'assemblent pour défendre leurs propriétés;
le clergé pour défondre ses larcins. » — Bibl. Xat. Le -'•'• 90 A.
~. 11 est curieux de voir comment les chanoines sont heureux de trouver dans
l'inclémence du temps un prétexte qui autorisât ces suppressions, mais ils ne le
trouvent pas suffisant et à la formule traditionnelle : « propter aeris inclemenUam *r
ils ajoutent : « cl impedimenta quœaliundè ciiascunlur ex celebiu ionecomitioruii ad
generalia comitia prœviorum •>. Concl. capit., 2:Jet 29 avril-
184 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
teur général des finances, qui avait eu connaissance aussi des
contrefaçons imprimées. Une note de la main d'un de ses secré-
taires indique le peu de sérieux avec lequel elle fut accueillie :
« 11 y a plus de huit jours que ces protestations inconsidérées ont
été imprimées avec des notes critiques, trop aigres, mais foncière-
ment justes. Faut-il répondre à cet abbé qu'on adresse une
deuxième et troisième édition ?' »
11 ne répondit pas et le silence des ministres dut apprendre au
Chapitre dans quelles dispositions on était à son égard!
En même temps qu'ils voyaient la rue interdite à leurs proces-
sions traditionnelles, les chanoines se trouvaient dans la nécessité
d'ouvrir leur église aux réunions tumultueuses du populaire.
M. le Chambrier avait reçu, le 19 avril, une lettre de MM. les Pré-
vôt des Marchands et Echevins de Paris lui demandant la nef de
Notre-Dame pour l'Assemblée électorale du Tiers Etat : « Mes-
sieurs, nous aurions eu l'honneur de vous prévenir d'avance de la
nécessité où nous sommes d'établir, dans l'église de Notre-Dame,
une assemblée du district pour la convocation du Tiers Etat de
cette ville, si la décision du Gouvernement, que nous attendions,
nous fût parvenue plus tôt. Nous espérons que l'importance de
cette destination vous engagera à consentir pour mardi prochain,
à celle de votre église pour le même objet et que vous voudrez bien
concourir, par toutes les facultés qui dépendront de vous, au
succès des mesures qu'on est obligé de prendre dès ce moment-
ci pour qu'elle soit convenablement disposée 2. »
Au risque d'aggraver encore la malveillance, dont il était
l'objet, le Chapitre ne pouvait refuser une demande à laquelle
d'autres églises de Paris avaient volontiers accédé. Le mardi
21 avril, l'office canonial serait célébré à Saint-Denis du Pas; le
Saint Sacrement, retiré du tabernacle de la chapelle de la Sainte-
Vierge, serait déposé dans celle de Saint-Denis, et MM. les Inten-
dants de la Fabrique furent priés d'intercepter toute communica-
1. Arch. Nat. Bm, 113, f° 285.
2. M. le Lieutenant civil demande à son tour, le 29 avril, la salle capitulaire pour
l'Assemblée du Tiers État de la ville et faubourgs de Paris. La requête est prise en
considération et les chanoines décident que les chapitres se tiendront dans la
bibliothèque.
LES ASSEMBLÉES ÉLECTORALES. 185
tion entre la nef, où doit se tenir l'Assemblée, et les autres parties
de l'église '.
Les opérations électorales des trois ordres étaient terminées
le 22. La nuit suivante, en sortant du chœur après Laudes, les
chanoines furent avisés par M. le Chantre que sur la demande de
M. le Lieutenant civil et de M. le Procureur du Roi au Chàtelet
qui l'avaient mandé vers les neuf heures du soir auprès de l'Ar-
chevêque, une messe solennelle du Saint-Esprit serait célébrée
le matin même au grand autel de Notre-Dame, pour l'ouverture
de l'Assemblée.
II
Le 23 avril, les Trois Ordres de la Prévôté et Vicomte
de Paris intra muros devaient donc se réunir en assemblée
électorale. Nous connaissons les démarches du Lieutenant civil
et du Procureur du Roi, qui étaient venus la veille demander
à M. de Juigné que la Religion présidât à son ouverture. Les
ferments de discorde et d'impiété, qui travaillaient les esprits,
n'avaient pas encore détruit les antiques traditions chrétiennes;
le clergé, si vilipendé qu'il ait été pendant ces dernières années,
était profondément considéré de la majeure partie de la Nation.
Pamphlets, bruits désobligeants, diatribes, n'avaient pas réussi
à enlever au Chapitre de Notre-Dame la considération que lui
méritaient les qualités de ses membres et son titre de Clergé
1. Dans les séances préparatoires aux assemblées électorales, M. Lenoir, commis-
saire honoraire au Chàtelet, avait répondu d'avance aux objections que le clergé
pourrait faire au sujet de cette destination des édifices religieux : « Reste le choix
des endroits où se tiendraient les assemblées, dit-il; mais iln'en faut point chercher
d'autres, pour toutes les convenances, que les églises mêmes. La sainteté du lieu et
le silence qu'on y doit observer, la gravite et l'importance du sujet de ces assem-
blées, auxquelles chacun s'empressera de se rendre: la dignité, le rang des per-
sonnes les plus considérables qui s'y trouveront; la présence des curés et des
corps de fabrique qui seront à la tête, tout concourra à y maintenir l'ordre, la
décence et la tranquillité. ■• Arch.Nat. Bm, 101, p. 778.
186 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
de la première Église du Royaume : regalis Ecclesia, comme
l'appelait Hugues de Saint- Victor \
Plus le Chapitre approchait de son dernier jour, plus aussi
on semblait redoubler d'égards à son endroit ; nous allons
assister à des assauts de politesse et de bons rapports entre
lui et les différents pouvoirs. Royauté, Assemblée nationale,
Municipalité, dont presque chaque fois il sera la dupe! à un
incessant échange de députations solennelles, de correspon-
dances, de harangues, toutes plus solennelles et plus aimables
les unes que les autres. L'histoire du Chapitre reflétera né-
cessairement les mœurs de cette époque, où le mélodrame se
mêle souvent à la tragédie : c'est la mode "des cérémonies reli-
gieuses et politiques, où tout le monde s'embrasse avec atten-
drissement, quitte à se battre le jour même à coups d'injures
dans les assemblées, à coups de piques dans les rues. En cette
lin d'avril, vrai germinal de patriotisme, les cœurs sont épa-
nouis plus encore que les tètes sont chaudes; l'espérance fait
oublier les querelles des jours précédents dans l'attente d'une
régénération universelle.
Le Chapitre cède à l'entraînement : il verra d'un œil presque
satisfait, le matin du 23 avril, dignités, chanoines, curés, cha-
pelains, petits bénéficiers, confondus sous les voûtes de Notre-
Dame « sans observer aucun rang ni distinction ' ». Sa mau-
vaise humeur est débordée par l'enthousiasme : il décide une
cérémonie grandiose! les deux bourdons salueront l'entrée des
électeurs à la cathédrale ; à leur sortie, toutes les cloches son-
neront en volée.
A onze heures, arrivent sur le parvis dix-huit huissiers à
cheval et dix-huit huissiers à verge. Deux voitures de la Ville trans-
portent six huissiers-audienciers et le secrétaire du Prévôt. Vient
ensuite le carrosse de M. le Prévôt des Marchands accompagné
1. Prose de la fête de saint Denis, au supplément du diocèse de Paris :
Sed illum praecipuè
Recolit assidue
Regalis Ecclesia.
i. Journal de Hardy. B. N. F. fr. 6.687.
LES ASSEMBLÉES ÉLECTORALES. 1*7
de M. le Lieutenant civil, avec valets de pied aux p >rtièr?s
rt une escorte de douze; gardes de la Prévôté. Le Greffier et
le Premier Huissier du Chàtelet précédent les voitures du Pro-
cureur du Roi et des Conseillers. Tout le cortège est entouré
des gardes de la robe courte. Au même moment, le Clergé et
la Noblesse, déjà réunis à l'Archevêché, accompagnent l'Arche-
vêque à Notre-Dame et marchent à la suite du Procureur du
Hoi. Après la Messe du Saint-Esprit, à laquelle le Chapitre
assiste en corps, les Trois Etats reviennent à l'Archevêché et
prennent séance dans la grande salle, où M. de Juigné fait
son entrée précédé de la croix archiépiscopale '.
Laissons les deux ordres, Noblesse et Tiers Etat, se retirer
dans les locaux qui leur sont destinés, et entrons dans la Chambre
du Clergé pour y relever les faits qui peuvent à quelque titre
intéresser le Chapitre.
Par acclamation, la présidence fut attribuée à M. de Juigné;
mais on évita de nommer un vice-président, qui remplacerait
l'Archevêque à qui le même honneur allait être décerné par la
Chambre du Clergé extra mur os. Petite manœuvre que nous
verrons pleinement réussir au profit de Messieurs les curés
de Paris. Nous retrouvons, au nombre des électeurs, les cinq
délégués du Chapitre : MM. du Bois-Basset, chantre; Chevreuil,
chancelier; Lucas, de Champigny et de Bonneval. Plusieurs
autres chanoines siégeaient à côté de leurs confrères à diffé-
rents titres : M. de Floirac, pour les Carmélites de la rue Saint-
Jacques et les Religieuses de la Miséricorde; M. de Dampierre,
pour les Ursulines de la rue Saint-Jacques et les Religieuses
du Saint-Sacrement, rue Saint-Louis au Marais; M. du Pinet,
pour les Carmélites de la rue Chapon et les Religieuses de la
Madeleine, rue des Fontaines; M. Pey 2 pour les Recolettcs de
1. Avant l'ouverture de la séance, la croix archiépiscopale disparut « à cause de
la présence du Lieutenant civil et du Procureur du Roi ••, dit le procès-verbal
manuscrit A. N. R1". Hardy dans son Journal donne une autre raison : » La croix
■le l'Archevêque ne peut rester dans l'Assemblée générale par le défaut de res-
pect dominant si fort aujourd'hui pour tout ce qui pourrait rappeler à la Reli-
gion ou avait quelque rapport à son culte ■ Journal de Hardy, fol. 293-96.
-!. Le chanoine honoraire, dont nous avons déjà parle
188 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1190.
•
la rue du Bac; M. des Fieux, pour la Communauté du Grand-
Saint-Chaumont ; M. de Launay, pour les Carmélites de la rue
de Grenelle; M. Patert, pour la Communauté de la Providence,
rue de l'Arbalète ; M. de Neuchèze, pour la Communauté de Sainte-
Anne et celle des Orphelines de Saint-Joseph, dites de la Pro-
vidence; M. des Plasses, pour l'Abbaye de Port-Royal.
Aux cinq voix, qui étaient données au Chapitre, il faut donc
ajouter treize autres voix, que des communautés religieuses, en
vertu de l'article 12 du Règlement du 24 janvier, avaient attri-
buées à des chanoines ; ce qui faisait un total de dix-huit voix, dont
le Chapitre pouvait disposer en toute certitude pour faire valoir
ses droits et appuver ses protestations. Comme M. de Juigné
l'avait fait justement remarquer aux Garde des Sceaux, c'était
fort peu relativement aux nombreux suffrages, dévolus aux
ecclésiastiques relevant directement du Chapitre. Celui-ci pouvait
craindre d'être mis par eux en minorité ou de n'avoir qu'un
rôle fort effacé dans les réunions qui allaient s'ouvrir.
Pouvait-il beaucoup compter sur les vicaires perpétuels, sié-
geant en vertu de leurs titres? c'était douteux. Ces "vicaires,
nommés par l'ordre qu'ils représentaient à Notre-Dame, ne te-
naient rien de la libéralité des chanoines et nous savons les
difficultés, qui s'étaient élevées, surtout ces dernières années,
entre eux et le Chapitre. Plus favorables pouvaient lui être les
délégués des quatre églises, ses filles, qui vivaient alors en
assez bonne intelligence avec leur Mère. Saint-Etienne des Grez
envoya deux électeurs, Ai. Masson, chefcier, et M. Moreau;
MM. Rossignol, Barré et Jourdain représentaient le Chapitre
du Saint-Sépulcre; M. Loyseau, celui de Saint-Benoit.
Aux simples chapelains était donnée la meilleure part. Nous
trouvons dans les différentes listes, manuscrites et imprimées,
des électeurs : MM. Bégart, chapelain de Notre-Dame, représenté
par M. Asselin; Greuzard, chapelain de St-Géraud; Asselin, de
St-Léonard; Pierre, de Ste-Madeleine; Baudouin, de St-Vincent
et de St-Barthélemy; Mazoyer, premier chapelain de St-Nicaise,
représenté par M. de la Devèze; Goût des Périmières. second
chapelain de St-Nicaise; Pey, chapelain de St-Laurent; Brachatte,
LES ASSEMBLÉES ÉLECTORALES. 189
de St-Blaise et de Ste-Catherine, représenté par M. Rovon;
Leclerc de Roye, de Ste-Euphémie; Roullier, de St-Jean et de
Ste-Madeleine ; Vie, de Ste-Catherine, représenté par M. Le-
mercier; Aumont, de St-Pierre et St-Etienne, représenté par
M. Béchet; Roch, de St-Laurent; Aufauvre, de St-Philippe et
St-Jaeques. Les chapelains ! de l'Ancienne et de la Nouvelle
Communauté envoyèrent pour les représenter « leur ancien »,
M. Michelin.
Les ecclésiastiques-bénéfîciers avaient, à des titres différents,
à exprimer de nombreux suffrages : plus du double de ceux
attribués aux chanoines. La différence des trois cent trente-
quatre autres voix appartenait aux Religieux, à la Sorbonne, aux
autres Chapitres, à Messieurs les curés et prêtres des parois-
ses.
Un fait, qui coïncida avec l'ouverture de l'Assemblée électo-
rale, contribua encore à augmenter les appréhensions des cha-
noines. Le 22 avril avait paru une liste contenant les noms des
Electeurs de la Chambre du Clergé, liste dressée et imprimée,
disait-on, sous la direction de plusieurs curés de Paris. Forts
de leur nombre et, partant, aspirant à la domination dans les
réunions, ils fortifièrent d'avance leurs prétentions en inscrivant,
immédiatement après le nom de l'Archevêque, celui de Monsieur le
curé de Ste-Marguerite, doyen des curés de Paris. Bien que
la qualification de vice-président ne fût pas annexée à son
nom, c'était cependant faire assez entendre qu'il le serait de
droit au détriment du Chantre ou du Chancelier de l'Eglise
de Paris. Le Chapitre soupçonna une surprise : « De quelle
autorité, demande-t-il dans la conclusion du 1er mai, pouvait
être cette liste? L'ordre qu'on y a observé, l'a-t-il été sans mo-
tif ou à dessein de favoriser les vues de MM. les curés, qui, dans
les Assemblées des différents bailliages, ont prétendu qu'à dé-
faut d'évèque la présidence appartenait de droit à un cure, parce
que, selon eux, les curés suivent immédiatement les évèques
dans l'ordre hiérarchique. » M. de Juigné lui-même ne contir-
1. Le procès-verbal en nomme seulement onze.
190 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
mait-il pas, dans l'Assemblée extra muros, ces espérances et
ces craintes, quand il exprimait devant elle le désir de voir la
Chambre du Clergé présidée en son absence par un curé préfé-
rablement à tout autre1.
Dans les procès-verbaux de la Chambre ecclésiastique intra
muros, nous n'avons trouvé nulle part l'expression d'un sembla-
ble désir de la part de l'archevêque; silence le plus profond sur
Y élection du vice-président ! Quoi qu'il en fût, le petit strata-
gème réussit si bien que, le 30 avril, en l'absence de M. de Juigné,
le curé de Sainte-Marguerite prit d'emblée et tout naturellement
séance dans le fauteuil du Président, sans que les délégués du
Chapitre aient élevé la moindre protestation. Ils eurent à expli-
quer leur silence dans la réunion capitulaire du 14 mai : « Ouï
le rapport de Messieurs les députés du Chapitre à l'Assemblée
des Électeurs de l'Ordre du Clergé de la ville et faubourgs de
Paris pour la nomination des députés aux Etats généraux, duquel
rapport il résulte que. indépendamment du rang donné, dans
la liste imprimée des dits Electeurs, à M. le curé de Sainte-Mar-
guerite, doyen des curés de Paris, il aurait occupé le fauteuil
de Monseigneur l'Archevêque pendant ses absences momenta-
nées, et que, s'ils n'ont pas réclamé à l'instant contre cette atteinte
aux droits et à la possession du Chapitre, c'était uniquement
pour ne pas apporter de délais aux opérations de l'Assemblée,
se réservant d'en référer au Chapitre, Messieurs, voulant pré-
venir les inductions que, par la suite, l'on pourrait tirer du si-
lence du Chapitre sur cette double atteinte portée à ses droits,
et persistant dans leur protestation en date du 20 avril der-
nier, ont protesté delà manière la plus formelle tant contre le rang
donné dans ladite liste au sieur doyen des curés de Paris avant
les Membres du Chapitre, que contre la place qu'il aurait oc-
cupée dans ladite assemblée, comme entièrement contraires à
l'ordre hiérarchique, selon lequel le Chapitre de la Métropole est
le premier corps ecclésiastique du diocèse, dont les représen-
tants sont dans la possession la plus constante d'avoir la pré-
1. Arch. Xat., B1".
LES ASSEMBLÉES ÊLECTOHALES. 191
séance dans tontes les assemblées synodales et diocésaines, et
pour passer acte de cette nouvelle protestation, en suite de
celle dudit jour 20 avril dernier, parole sera donnée à Me Pé-
ron, notaire, lequel en délivrera une expédition à MM. les
Députés. »
Cette nouvelle protestation, rédigée à peu près dans les
mêmes termes que la Conclusion capitulaire, fut déposée sur le Bu-
reau par M. du Bois-Basset le jour de la prestation du serment.
Elle eut le mémo sort que la première : on en donna acte en
bonne et due forme, et tout fut dit!
Fatigués de ces atteintes portées sans cesse à leurs prérogatives,
des fins de non recevoir qu'on opposait depuis plus de six mois
à leurs réclamations , les chanoines prirent une résolution ex-
trême. De tous côtés, à cette époque, on vantait la bonté, la
justice de Louis XVI ; tous les partis ne tarissaient pas d'é-
loges, parce que tous comptaient alors, les uns, sur sa bien-
veillance naturelle, les autres, sur sa faiblesse. Au Chapitre, sur
une motion de M. de Montagu, on décida donc de s'adresser
au roi. La Protestation, restée lettre morte pour les ministres, les
grands personnages, l'Assemblée électorale, mise sous les yeux
du roi, ne pourrait pas ne pas être prise en considération par
lui. L'Église de Notre-Dame est la première du Royaume, la
paroisse naturelle des rois; avec quelle dévotion Louis XVI,
la reine Marie-Antoinette, toute la famille royale, aimaient a y
venir prier ! On enverra donc à Versailles la protestation du
20 avril, accompagnée des cahiers et de la lettre suivante :
a Sire,
« Le Chapitre de l'Eglise de Paris ose présenter à Votre Ma-
jesté une protestation qu'il a cru devoir faire contre le Règle-
ment du 24 janvier dernier, relatif à la convocation aux États
généraux. Daignez, Sire, ne voir dans les plaintes respectueuses,
que le Chapitre se permet d'adresser au cœur juste et paternel
de Votre Majesté, d'autres sentiments que ceux de la confiance
en votre justice, du respect le plus profond et de l'amour le plus
192 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
filial pour Votre Personne sacrée ; les sentiments, qui animent
toujours le Chapitre de Paris, sont déposés dans ses instructions
à ses Députés, qu'il ose également mettre sous les yeux de
Votre Majesté. Puissent-elles, Sire, attester à tous vos sujets
que le premier corps ecclésiastique de votre bonne Ville de
Paris mettra toujours au rang de ses devoirs les plus chers l'heu-
reuse obligation de conserver, comme un dépôt sacré, les prin-
cipes inaltérables que la Religion commande et que l'intérêt de
l'État exige, ceux qui consacrent l'attachement inviolable à l'au-
torité, à Votre Majesté, ainsi que la parfaite soumission et la
respectueuse confiance qui lui sont dues. »
Cette lettre passa inaperçue dans les milliers, qui venaient
chaque jour réclamer l'appui du trône : elle resta sans réponse.
On ne peut nier que toutes ces dispositions fussent hostiles
au Chapitre; et cependant doit-on accuser la Chambre ecclésias-
tique de Paris intra muros de mauvais vouloir à son endroit ?
Nous ne le croyons pas. En dehors du cas de la vice-présidence,
accordée au curé de Sainte-Marguerite , nous ne voyons pas
quel sujet de plaintes le Chapitre aurait pu formuler contre les
actes de l'Assemblée. Si vraiment les curés comptaient y jouer
un rôle prépondérant, leur ambition n'a pas été satisfaite. Il
faut même dire que la majeure partie de ce corps si respectable
conserva toujours pour le Chapitre les sentiments les plus fra-
ternels. Aussi quand celui-ci exprime quelques mécontentements
sur les visées des curés, il ne parle que des bailliages de Pro-
vince et il en excepte formellement MM. les Curés de Paris,
« à qui il est étroitement lié, dit-il, par le double lien d'une
précieuse habitude et de tous les sentiments qu'inspire la vertu ».
De fait, le Chapitre n'eut à souffrir en rien de la prépondérance
qui leur fut accordée ; ses protestations passèrent inaperçues, c'est
vrai; mais, nous l'avons vu à propos de ses doléances adressées
au Roi, l'entraînement des affaires, la rapidité des événements,
la mobilité des esprits, chagrins hier, enthousiastes aujour-
d'hui, en sont plus la cause que le mauvais vouloir. Et d'ailleurs
LES ASSEMBLÉES ÉLECTORALES DE PAHIS. 193
qui donc alors ne protestait pas! Il nous est agréable, pour
l'honneur du Clergé de Paris, de redresser ici les dires de cer-
tains auteurs, qui ont exagéré un antagonisme, qui précéda peut-
être la réunion de la Chambre ecclésiastique, mais qui ne sy lit
nullement sentir !
Depuis l'ouverture des Assemblées, le Chapitre, de son côté,
ne laissait passer aucune occasion de donner des preuves de sa
complaisance à leur égard. Non seulement il reçut avec honneur
les Électeurs dans son église, il mit encore à leur disposition le
Goitre et même la Salle capitulaire. Le Tiers État y tint ses séances
le 29 avril, puis pensa s'installer à Saint-Denis du Pas. La
Chambre ecclésiastique occupa, à partir du 1er mai, la même
salle, et les chanoines voulurent bien tenir chapitre dans la
Bibliothèque.
Aussi, bien loin d'être tenus à l'écart, les délégués-chanoines
sont, presque à chaque séance, honorés de la confiance de leurs
collègues ou chargés de la défense de leurs intérêts. Le 26 avril,
M. de Floirac est vérificateur du scrutin et M. de Bonneval fait
partie d'une importante délégation vers les deux autres ordres ;
le 27, M. de Mondran est député au-devant du Tiers État, qui
vient offrir ses félicitations au Clergé; deux jours après, encore
M. de Bonneval et M. Besnières, officiai du diocèse, sont charo-és
de désigner le fils de famille pauvre à qui l'on offrira, de la part
du Roi, une place à l'École Militaire; le 18 mai, le même cha-
noine, en compagnie de M. Perrotin de Barmond, de M. le
curé de Saint-Séverin et du Recteur de l'Université, va féliciter
M. le Prévôt des Marchands; enfin nous comptons trois cha-
noines, au nombre des rédacteurs du Cahier des Doléances :
MM. de Launay, du Bois-Basset et de Bonneval. On put surtout
juger des bonnes dispositions de la Chambre, lors de l'élec-
tion des députés aux États généraux : sur huit sièges, qui lui
étaient attribués, elle en donna deux aux représentants directs
du Chapitre. M. de Chevreuil, chantre et chancelier de l'Éo-lise
de Paris, est élu troisième député, immédiatement après M. de
Juigné et M. de Montesquiou, désignés par acclamation. Quelle
belle revanche de la liste! L'élection de M. de Bonneval fut
CHAPITRE DE NOTRE-DAME I>E PARIS, 13
194 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
plus laborieuse; il y eut sept ballottages. Enfin au huitième tour,
il fut proclamé huitième député. Dans la séance de l'après-midi,
il exprima sa reconnaissance à AI M. les Electeurs « avec cette
mâle éloquence, qui le distingue », dit ie procès-verbal. Si vrai-
ment la Chambre ecclésiastique eût été animée des sentiments
qu'on lui prête, elle aurait dû en vouloir plus qu'à tout autre à
M. de Bonneval, et ne lui aurait pas accordé l'honneur de la
représenter aux Etats généraux.
Après M. de Alontesquiou, à qui sa qualité d'Agent général
du Clergé donna une place hors pair dans l'Assemblée ecclé-
siastique, personne n'y fut aussi en vue que AI. de Bonneval. Son
nom sort du scrutin, presque à chaque séance, pour les affaires
les plus diverses : nous le voyons sans cesse en mouvement et
sa parole ardente ne se fait jamais entendre sans soulever des
applaudissements unanimes. La délégation, députée vers le
Tiers Etat pour lui porter le vœu de l'Ordre du Clergé, « sur
la renonciation formelle à toute distinction pécuniaire et son
concours dans la juste proportion de ses revenus à l'acquittement
des charges publiques librement consenties par les Trois Or-
dres », rentrait dans la salle des séances. AI. de Alontesquiou,
qui était à sa tête, rendit compte des témoignages peu suspects
de joie et de satisfaction, qu'elle avait recueillis auprès de MM. du
Tiers Etat. Quand il eut fini, AI. de Bonneval parla à son tour :
« Je suis obligé, dit-il, de faire connaître à l'Assemblée une
circonstance que la modestie de AI. de Alontesquiou lui a fait
passer sous silence : c'est la manière distinguée dont votre dé-
puté s'est acquitté de la mission que vous lui avez confiée ».
On applaudit et Al. de Alontesquiou et AI. de Bonneval!
Un autre jour, le 18 mai, la Chambre venait de voter des re-
mercîments à AI. le Prévôt des Alarchands « pour lui témoigner
sa satisfaction de l'avoir vu, à la tête des trois Ordres de Paris,
présider l'Assemblée générale ». A ce moment, AI. de Bonneval
crut pouvoir se dire l'interprète de la Chambre ecclésiastique :
« Nous avons aussi, dit-il, des remercîments à offrir bien plus
chers aux cœurs des membres de cette Assemblée. Alais vous me
prévenez, Alessieurs, et déjà s'offre à votre pensée ce digne et
LES ASSEMBLÉES ÉLECTORALES DE PARIS. 195
vénérable pontife, dont nous avons éprouvé, durant tout le cours
de cette Assemblée, de nouveaux témoignages bien dignes de
notre reconnaissance. Cette douceur et cette bonté, qui le carac-
térisent, ce zèle religieux et patriotique, doivent nous inspirer la
plus grande confiance dans ses succès aux Etats généraux sur
tout ce qu'il proposera pour le Lieu de la Religion, le bonheur
de l'Etat, de tous les citoyens qui le composent et en parti-
culier des membres de son Clergé, qui se regardent comme
ses enfants, vu qu'il ne cesse de leur témoigner une affection
vraiment paternelle1. » Ces paroles provoquent un enthousiasme
universel; M. de Juigné y répond « de la manière la plus pathé-
tique » ; une voix demande la bénédiction de l'archevêque ; tous
les fronts s'inclinent et on le reconduit en triomphe jusque dans
ses appartements. M. de Juigné dut être reconnaissant «à son
chanoine d'avoir provoqué ces protestations d'affection et de dé-
voûment à la veille des épreuves, qui vont désormais se multi-
plier pour lui jusqu'à ce qu'elles l'obligent à se séparer de son
clergé !
L'Assemblée électorale extra mur os ouvrit ses séances le
24 avril. Le Chapitre en accueillit aussi les membres à Notre-
Dame avec le même cérémonial, qu'il avait déployé la veille
pour les Electeurs de Paris : l'Archevêque célébra la Messe
du Saint-Esprit. Trois chanoines siégeaient dans la Chambre
ecclésiastique, comme faisant partie du Chapitre : M. de Bré-
mont, son délégué, M. de Alontagu, en raison de son fief décanal
de Montreuil-sous-Bois, et M. Chevreuil, en raison de son fiet
cantoral de Conflans-Sainte-IIonorine. Le Doyen, qui avait
refuse un mandat dans l'Assemblée intra muros, se fit repré-
senter dans celle-ci par M. de Floirac. Nous y retrouvons plu-
sieurs chanoines, dont quelques-uns siégeaient aussi dans l'autre
Chambre ecclésiastique de Paris : M. de Dampierre, pour les
1. Ces paroles ne sont pas reproduites ici toiles que nous les avons lues dans
te procès-verbal de la séance Arch. Xat., BUI, 113) et que M. Chassai les a données
dans son ouvrage sur les Cahiers de Paris. Nous les avons extraites aussi fidèlement
que possible d'un galimatias, qui ne peut être attribué qu'au secrétaire copiste de
la Chambre ecclésiastique.
106 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Annonciades d'Arpajon et les Dames Ursulines de la rue Saint-
Jacques: M. Chevreuil, pour l'évêque de Limoges et pour
M. Dove, curé de Saintry ; M. de Floirac, pour les Dames Ur-
sulines d'Argenteuil; M. des Plasses, pour les Religieuses de
Port-Royal et les Ermites du Mont-Valérien ; M. d'Espinasse,
pour les Dames Ursulines de Saint-Germain-en-Laye; M. d'Es-
pagnac, pour M. le curé d'Aigremont ; M. Lucas; M. de Méro-
mont, pour M. l'abbé de Narbonne, à cause de son fief de la
Chapelle, et pour les Filles de la Croix de Brie-Comte-Robert;
M. de Malaret, pour M. le curé de Bondoufle; un ancien cha-
noine de Notre-Dame, M. Martial Melon de Pradou, comme curé
de Saint-Germain-en-Laye. Les chapelains de Notre-Dame, qui
possédaient en commun le fief de l'Hay et Chevilly, déléguèrent
un des leurs, M. Béguinot.
L'influence des curés de campagne, moins éclairés et ayant
plus de sujets de mécontentement que leurs confrères de la capi-
tale, aurait pu provoquer une vive opposition contre les cha-
noines, qui siégeaient au milieu d'eux. Beaucoup de ces curés
étaient sous la dépendance du Chapitre, quelques-uns ses tribu-
taires, beaucoup ses obligés : toutes raisons, qui auraient pu
soulever des incidents regrettables. Les réunions furent au con-
traire fort calmes; tout le monde y parut satisfait : les curés
pour avoir eu la vice-présidence pendant les fréquentes absences
de F Archevêque, président des deux Chambres; le Chapitre,
qui eut un scrutateur, M. de Floirac, et deux de ses membres
rédacteurs des Cahiers, MM. Chevreuil et de Malaret.
Détail assez piquant : deux chanoines furent un jour chargés
d'exprimer la satisfaction de MM. les curés! L'ancien évêque de
Senez, M. de Beauvais, venait d'être élu troisième député; ils
furent délégués vers lui et chargés de lui dire « qu'une des
considérations, qui lui ont mérité les suffrages de l'Assemblée,
c'est qu'il s'est toujours montré l'ami de MM. les curés, qui re-
mettaient leurs intérêts entre ses mains ». Nos deux chanoines
s'acquittèrent de bonne grâce de la commission, et, à la Cham-
bre de la Banlieue, tous, chanoines et curés, se quittèrent heu-
reux et contents ! D'autres luttes vont commencer : il ne sera
LE CIIAPITHE ET LES ÉTATS GÉNÉRAUX. 107
plus question de préséances, de représentations, de prérogatives.
Comme sainl Xiste a saint Laurent, les anciens du clergé auraient
pu dire à leurs jeûnas, confrères : Majora debentur pro fide
Chris II ce /'ta min a !
III
Suivant la coutume de son Église d'implorer la miséricorde
de Dieu dans les circonstances solennelles, le Chapitre inaugura
l'ouverture des Etats généraux par des prières publiques. « En
vain, disait l'Archevêque de Paris dans son Mandement du
24 avril, en vain le Souverain et tous les sages de la Nation
réuniraient leurs efforts pour le bonheur de la France, si Dieu
ne daigne bénir leurs travaux. Implorons donc le secours du
Ciel ; offrons-lui nos prières et nos supplications pour tous nos
concitoyens, pour notre Souverain, pour tous ceux qui sont éle-
vés en dignité et particulièrement pour ceux qui sont chargés
en ce moment des intérêts de la Patrie. » Le lundi, 4 mai, avant
la messe canoniale, à l'heure même où la célèbre procession des
Trois Ordres se déroulait dans les rues de Versailles, les prières
des Quarante Heures commençaient au maître-autel de Notre-
Dame. Elles se continuèrent pendant trois jours : le lundi, M. le
Doyen célébra la Messe du Saint-Esprit; le mardi, M. le Chantre
celle du Saint-Sacrement; le mercredi, M. l'Archidiacre de Paris
celle de la Sainte Vierge. En même temps, tout le clergé de
Notre-Dame, dignités, chanoines, ATicaires perpétuels, bcnéfîciers,
chapelains, clercs de Matines et ma chicots, furent invités à venir
adorer le Saint-Sacrement selon l'ordre inscrit sur la table dres-
sée par le Petit Distributeur. De plus, d'après la teneur du Man-
dement de M. de Juigné, le Chapitre ordonna, dans sa Conclusion
du 8 mai, que, chaque dimanche jusqu'à la tin des Etats, on chan-
terait après les Vêpres le Domine nonsecundum, \eSub tuum en
l'honneur de la Sainte Vierge, et le Domine salvum pour le Roi.
Aucun incident ne vint troubler la vie capitulaire avant le
milieu de juillet : les ollices, quoique gênés d'abord par 1 As-
198 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN" 1790.
semblée électorale du Tiers État, puis par celle du District de la
Cité, qui s'étaient établis l'une et l'autre dans la nef de Notre-
Dame, se célébraient régulièrement. Les deux processions solen-
nelles de l'Ascension et de la Fête-Dieu se firent avec la splen-
deur accoutumée; à la première, les orfèvres portèrent, selon
l'usag*e, la châsse de saint Marcel; la seconde fut présidée par
l'archevêque de Paris. Rien n'indique dans les registres capitu-
laires le trouble et la confusion, qui commençaient à régner dans
la capitale. On sent une accalmie, qui dura depuis la fin des opé-
rations électorales jusqu'au jour fameux du 14 juillet.
La nuit du 13 au 14 juillet fut particulièrement orageuse à
Notre-Dame. Nous avons dit que le District de la Cité y tenait
ses assemblées. Le soir du 13, sur l'annonce de bruits fort alar-
mants, un corps de garde est établi dans l'église; d'autres corps
de garde sont postés à Sainte-Marine, à Saint-Landri et à la
Madeleine, avec ordre de correspondre continuellement avec
celui de Notre-Dame. Plus la nuit avance, plus le trouble croît
dans l'Assemblée du District. A une heure du matin, les nou-
velles de la veille sont confirmées : un particulier vient annoncer
l'arrivée de vingt-cinq mille hommes de troupe et d'autres gens
armés par le faubourg Saint-Martin, pour attaquer les citoyens.
Le président, M. Oudet, organise tout un système de défense :
il ordonne que, dans toutes les rues étroites, les portes soient
fermées pour accabler par les fenêtres avec les carreaux des
chambres, des tuiles et de l'eau bouillante, tous les ennemis
qui passeraient par ces rues-là. Dans les rues larges, il recom-
mande de tenir les allées ouvertes, afin que, si les ennemis ve-
naient en trop grand nombre pour que les patrouilles et les corps
de garde puissent leur résister en leur faisant face, les citoyens
aient la facilité de se mettre dans les allées et percer avec leurs
piques, leurs sabres, et même des broches et des fourches, les
ennemis à pied ou à cheval, qui passeraient devant les allées,
pendant que les citoyens les accableraient par les fenêtres avec
des carreaux, des tuiles, les pots même, qu'ils auraient sous la
main dans leurs maisons, et par des coups de fusil. Heureuse-
ment pour Paris, mais malheureusement pour le tacticien Oudet
LE CHAPITRE ET LES ÉTATS GÉNÉRAUX. 199
qui perdit l'occasion de rester célèbre dans la postérité, on apprend
à cinq heures du matin que c'est une fausse alerte et que les
ennemis sont imaginaires ' !
Cependant ces bruits, ces craintes, ces discours belliqueux
impressionnèrent les chanoines pendant qu'au chœur ils chan-
taient Matines. Cette émotion augmenta encore le matin à la
nouvelle des mouvements populaires qui se produisaient dans
Paris, et à la vue d'un grand nombre de citoyens, réunis dans
l'église, armés de piques, de sabres et de fusils, pris à l'Hôtel
des Invalides. A l'issue de la grand'messe, les chanoines se réu-
nirent en chapitre extraordinaire. « Sur le rapport fait au Cha-
pitre, dit la Conclusion de ce même jour, que les divers districts
de la Capitale, qui avaient été formés pour la nomination des
députés aux Etats généraux, s'étaient assemblés chacun dans
son quartier pour aviser aux moyens d'apaiser les troubles qui
se sont élevés depuis deux jours dans Paris, et que nommément
le District de la Cité tenait son assemblée dans la nef de l'é-
glise de Notre-Dame, Messieurs, désirant concourir autant qu'il
est en eux au rétablissement de la paix, chargèrent M. le Chantre
d'assurer à l'Assemblée du District de la Cité que le Chapitre est
dans la disposition et résolution de contribuer, en ce qui dépend
de lui, à ramener le calme et la tranquillité publique. » M. du
Bois-Basset, désigné en l'absence de Monsieur le Doyen, se rendit
le jour même auprès des membres du District, et, quand il leur lit
part des bonnes intentions du Chapitre, ses paroles « furent
applaudies par tous les assistants ». On connaît les événements
qui ensanglantaient Paris, pendant qu'à Notre-Dame on échan-
geait l'expression de ces sentiments pacifiques.
Le lendemain, 15 juillet, une heureuse nouvelle vint dédom-
mager les chanoines des tristes événements de la veille et les
rassurer sur le sort d'une personne qui leur était chère à plus
d'un titre et que la calomnie commençait h perdre dans l'estime
publique. Ils apprirent dans l'après-midi que M. de Juigné se
trouvait à Paris à la tête de la députation que l'Assemblée na-
1. Arch. Nat., C. 131.
200 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700
tionale avait envoyée à l'Hôtel de Ville pour y faire part des
intentions du Roi. La joie redoubla, quand, à six heures du soir
les délégués de l'Assemblée arrivèrent à pied à Notre-Dame,
escortés d'une foule immense qui tout à l'heure avait déposé des
couronnes sur leurs têtes. L'Archevêque monte à son trône et,
entouré de ses chanoines, il entonne le Te Deiim d'actions de
grâces. C'était le moment de « l'espèce d'ivresse » dont parle
M. Thiers!
Le Chapitre était encore sous l'impression de cette journée,
quand il apprit les générosités de la Ville de Paris et de l'Arche-
vêque, pour secourir les ouvriers sans travail de la capitale.
Au «Ion de 45.000 livres, déposées au nom de la Ville sur le Bu-
reau de l'Assemblée nationale, M. de Juigné avait ajouté 20.000
livres. Le Chapitre ne pouvait rencontrer une meilleure occasion
de réaliser les promesses qu'il avait faites quelques jours aupa-
ravant au District de la Cité : il vota, pour ce même objet, une
somme de 12.000 livres. Quand le Comité des subsistances eut
connaissance de la générosité des chanoines, il ne voulut ap-
porter aucun retard à leur exprimer ses remercîments; le 22 juil-
let, il délégua son président, M. Boucher d'Argis, et deux de ses
membres, M. le curé de Saint-Etienne du Mont et M. de Farges,
pour leur porter « le vœu sincère d'une profonde reconnais-
sance ». Le lendemain, les trois délégués se rendirent au Cloitre;
à la porte, ils furent reçus par MM. Chillaud des Fieux et de
Tillv-Blaru, qui les introduisirent au Chapitre. M. Boucher d'Ar-
gis exprima « avec son éloquence naturelle et connue », dit la
Conclusion du 23 juillet, les sentiments de la Commune dans un
discours dont le texte original nous a été conservé par le Cha-
pitre lui-même :
« Messieurs,
« L'Assemblée de la Commune a recueilli de la bouche d'un de
vos membres le vœu respectable, que vous avez formé, d'un se-
cours de 12.000 livres, en faveur des ouvriers que les circons-
tances douloureuses dans lesquelles nous nous trouvons ont
LE CHAPITRE ET LES ÉTATS- GÉNÉRAUX. 201
éloignés de leurs ateliers. Le Comité des subsistances nous a
fait l'honneur de nous députer A-ers vous, Messieurs; il noua a
chargés de vous exprimer toute sa sensibilité, celle de la
Commune entière, et de vous offrir l'hommage respectueux de
la profonde reconnaissance des nombreux infortunés que vos
bienfaits vont nourrir. Nous ne craignons même pas de le dire :
la capitale, assainie de l'oisiveté tumultueuse de plusieurs mil-
liers d'hommes pressés par l'aiguillon du besoin, vous devra son
repos et chaque citoyen sa sûreté personnelle. 11 appartient à
des ministres de la Religion, qui seule peut consoler de tant de
désastres, de donner un si généreux exemple. Cet exemple sur-
tout était digne du Chapitre de l'Église de Paris, qui fut toujours
si fécond en vertus et qui le sera toujours par les modèles que
vous laisserez à vos successeurs. L'nis d'un même esprit avec
votre Chef vénérable, que vient de signaler encore cette charité
paternelle qui le caractérise, l'admiration publique ne vous en
séparera pas, et l'on vous appliquera, comme à lui, ces paroles
de l'Ecriture : Pastor pascit oves. »
Ces paroles touchèrent si profondément le Chapitre qu'il an-
nonça à la députation, par la bouche de M. le Chantre, que les
12.000 livres seraient versées le jour même, puis M. le Cham-
brier, s'approchant de M. d'Argis, se permit de lui demander
le texte de son discours, qui lui fut gracieusement remis et
resta épingle à la Conclusion de ce même jour. Enfin, avant de
se retirer, les députés déposèrent sur le bureau du Chapitre la
délibération du Comité.
Ces bons rapports, entre le Chapitre et les représentants de
Paris, eurent une nouvelle occasion de se confirmer. Le 24 juil-
let, six membres du District de la Cité vinrent demander au Cha-
pitre une messe d'actions de grâces « pour remercier Dieu de
sa protection envers cette capitale dans les troubles, qui l'ont
affligée, et une messe de Requiem pour le repos des âmes des
citoyens qui ont péri à l'occasion des mêmes troubles ». Il trans-
mit la demande à l'Archevêque, qui autorisa les deux cérémo-
nies pour le jeudi et le vendredi suivants.
202 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Avant de continuer le récit des événements qui allaient être,
pour l'Eglise de France, des signes avant-coureurs de sa ruine
prochaine, il nous faut attirer l'attention sur un sujet de grandes
consolations donné à l'Église de Paris au milieu de tant de tris-
tesses.
Nous avons dit que le Chapitre, à la suite de la Conclusion
capitulaire du 20 avril, avait fait imprimer sa Protestation contre
le Règlement du 24 janvier et l'avait répandue à profusion dans
tout le royaume. S'il ne fut pas le premier à protester, on doit
dire qu'il prit la tête du mouvement dès qu'il y fut entré. La
justesse de ses revendications, la modération des termes dans
lesquels il les formula, puis plus tard l'estime que méritaient les
deux chanoines de Paris députés aux Etats généraux, MM. Che-
vreuil et de Bonneval, aussi sa proximité de l'Assemblée natio-
nale, à une époque où la province agissait difficilement sur le
pouvoir central, tout cela contribua à faire regarder par les
autres églises la Protestation du Chapitre de Paris comme la
plus sûre d'être prise en considération par qui de droit.
Dès qu'elle eut paru, les lettres de félicitations et d'adhésion
affluèrent de tous les points du royaume ; les métropoles, comme
Lyon, Bourges, Cambrai, Auch, Albi, et les églises moins célèbres,
dont beaucoup perdues au fond de la province, s'adressèrent à
lui pour lui demander d'unir leurs protestations aux siennes et
de soutenir leurs intérêts communs. « Eloignés de la capitale,
écrivaient par exemple les chanoines de Digne, n'ayant aucun
représentant aux Etats généraux et jugeant nécessaire de porter
nos plaintes sur l'injustice commise à l'égard de notre église et
surprise à la religion du Roi, nous avons pensé que vous vou-
driez bien agir en notre nom et faire à cet égard les démarches
que vous croirez nécessaires. La position où vous vous trouvez
vous met à portée de saisir le moment favorable pour agir effi-
cacement, pour prévenir les décisions injustes que la compo-
sition de la Chambre ecclésiastique aux États généraux semble
faire craindre et pour demander que l'Ordre du Clergé soit suffi-
samment représenté dans toutes les classes de la hiérarchie '. »
1. Lettre du Chapitre de Digne, 5 juin 1789. — Arvk. Xat., L. 542.
ADHÉSIONS DES CHAPITRES DU ROYAUME. 203
L'archiviste Pavillet a conservé soigneusement toute cette
correspondance', qu'il a classée par ordre alphabétique et dont
il a fait deux relevés, malheureusement -tous deux incomplets2.
Le tableau que nous donnons ici, réunit les deux rédactions de
Pavillet, augmentées des documents postérieurs que nous avons
trouvés dans les cartons L. 542 et 543 aux Archives Nationales .
1. Cette correspondance remplit deux cartons aux Archives Nationales - L 54*
et 541.
■I. La dernière page manque à la seconde rédaction, beaucoup plus soignée et
plus complète que la première. « Ce relevé, dit Pavillet, a été fait dans le dessein
de donner un aperçu de cette correspondance et de faciliter les movens de con-
naître et de consulter sur-le-champ les pièces dont on pourrait avoi/besoin .
RELEVÉ
de la correspondance des Chapitres du Royaume avec le Chapitre
de l'Église de Paris, relativement à l'Assemblée des États gé-
néraux.
Abbeville.
Agde.
Aire-en-Artois.
Aire -en- Gasco-
gne.
Aix- en -Proven-
ce. '
Alais.
Albi.
Aleth.
Amiens.
Angers.
Chapitre de St-
"Wulfran.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Collégiale de St-
Salvi.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale et
Chapitres de
Saint-Laud et
Saint- Martin.
Collégiales de
Saint - Pierre
et Saint-Mau-
rice.
Lettre très tlatteuse qui annonce une
adhésion au Chapitre d'Amiens (16
mai 1789). Voyez Amiens. — Nou-
velle adhésion à la Protestation du
Chapitre de Paris ; pouvoirs à ses
députés et lettre de confiance (21
juin).
Voyez Béziers. Lettre et copie de Mé-
moires (1790).
Voyez Arras.
Lettre du 29 novembre 1789, deman-
dant des conseils.
Lettres du 18 mai et du 24 novembre.
Lettre très tlatteuse (12 mai). Voyez
Béziers et Saint-Omer.
Lettre très honnête (18 mai). Adhésion
à la Protestation du Chapitre de
Paris et procuration (30 mai). Se-
conde lettre très honorable (1er
juin).
Adhésion au Chapitre dAlbi.
Lettre des plus flatteuses (24 mai).
Adhésion pure et simple par acte
capitulaire à la Protestation du Cha-
pitre de Paris. Seconde lettre très
honnête (7 juin) et procuration (4
juin).
Adhésion imprimée a la Protestation
du. Chapitre de Paris (7 juin). Pro-
curation en conséquence (2 juin).
Lettre très honnête (7 juin).
Lettre circulaire avec précis, récla-
mations, protestations et significa-
tions i26 mai).
(li Ce relevé contienl aussi la correspondance, que reprirent avec le Chapitra
de Paris plusieurs Chapitres du Royaume, notammenl après la mise à la dispo-
sition île la Nation des biens «lu clergé (novembre 1789) et la motion de l'Assem-
blée nationale tendant à enlever à la religion catholique son titre de religion
d'Etat (avril 1790). Toutes les dates, .sauf indication contraire, se rapportent à
l'année 1789.
ADHÉSIONS DES CHAPITRES DU ROYAUME.
205
Deuxième envoi. Procuration ,19 juin).
Lettre très intéressante remplie de té-
moignages d'estime et d affection
(20 juin).
Angoulème.
Cathédrale.
Adhésion aux Protestations de l'église
de Rayeux ( 17 avril).
Api.
Cathédrale*.
Représentations imprimées sans let-
tre 8 mai).
Arras et tout
Remontrances et Protestations sans
l'Artois.
lettre (28 avril).
Avallon.
Collégiale de
Lettre très honnête (16 mai). Adhésion
Notre -Dame
formelle à la Protestation du Chapi-
et Saint-La-
tre de Paris.
zare.
Auch.
M. l'A pc hevê-
Lettre très llatteuse (23 mai).
(jue.
Cathédrale.
Représentations et Protestations. Let-
tre circulaire. Adhésion du Chapitre
de Lectoure, de ceux de Saint-Pierre
de Vic-Fézensac, Saint-Jean-Daptiste
deRarreau, Saint-Michel de Pesson,
Saint-Nicolas de Nogaro, Notre-
Dame de Simore, Saint-Sernin de
Sas, de l'abbé de Saramon et de
l'Abbaye de Rerdoues.
A\ ranche .
Voyez Coutances.
Délibération et réclamations contre
Aurillac.
Cathédrale.
la motion de l'évoque d'Autun (2i
octobre).
Auxerre.
Cathédrale.
Représentations au Roi et lettre cir-
culaire (20 mai).
Bayeux.
M. l'Evêque et
la Cathédrale.
Représentations au Roi sans lettre.
Bar-le-Duc.
Chapitre Noble.
Lettre très llatteuse (17 mai). Le Cha-
pitre, aprèsavoir adhéré aux Protes-
tations des Chapitres de Rarrois, de
la Lorraine et desTrois-Évêchés, se
réunit encore à eux pour adhérer
ensemble à celle du Chapitre de
Paris.
Rayonne.
Cathédrale.
Adhésion aux Protestations de Tours
(28 avril) et simple lettre (6 juin).
Beaune.
Collégiale.
Lettre de remerciements. Adhésion de
ce Chapitre à celui de la cathédrale
de Dijon (18 mai).
Beauvais.
Cathédrale.
Lettre très honnête (8 mai). Adhésion
au chapitre de Reims (25 mai).
Deuxième lettre avec le dit acte d'ad-
hésion.
Besançon.
Cathédrale.
Représentations au Roi (18 mai). Lettre
circulaire.
Béziers.
Toute la Séné-
Protestations, deux exemplaires, sans
chaussée,com-
lettre, et depuis Procuration au
posée df s évo-
Chapitre de Paris, en vertu d'acte
ques d'Agde,
de St-Pons,
capitulaire avec lettre en consé-
quence i2'i mai).
200
LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Blois.
Bordeaux.
Boulogne -sur'
Mer.
Bourg-en-Bres-
se.^
Bourges.
Bretagne.
Caen.
Cahors.
Cambrai.
C hàl on s- sur
Marne.
Chartres.
Saint-Claude.
Condom.
Coutances.
Dauphiné.
de Béziers.
de Lod èv e,
d'Àlais et des
Chapitres de
ces cathédra-
les.
Cathédrale.
Cathédrale.
Collégiale de St-
Seurin.
M. l'Évêque.
Cathédrale.
Collégiale.
Cathédrale.
Ég-lise et No-
blesse.
Collégiale du
Saint - Sépul-
cre.
Cathédrale.
Cathedra le.
Chapitre de
Saint e- Croix
et de Walin-
court.
Collégiale de
Saint-Gérv.
Clergé régulier
de Cambrai.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Clergé et No-
blesse.
Adhésion par acte capitulaire (25
avril' avec lettre en conséquence.
Lettre très honnête (10 mai).
Réclamations, sans lettre (30 mai).
Observations et doléances. Lettre cir-
culaire.
Lettre très flatteuse ,1er mai).
Réclamations. Lettre circulaire (5 juin).
Lettre très flatteuse (20 mai).
Représentations au Roi et lettre cir-
culaire.
Délibération du 17 avril.
Lettre de remerciements (25 mai).
Réclamations et Protestations 1 15 mai)
Réclamations sans lettre.
Réclamations particulières.
Réclamations et Protestations.
Délibération et lettre circulaire (26
maii.
Réclamations et Protestations. Cahier
de doléances et demandes.
Lettre très honnête (5 mai). Nouvelles
déclarations et protestations.
Union au Chapitre de Paris 21 avril
1790).
Adhésion à la Protestation du Chapi-
tre de Paris (1er juin). Procuration
et lettre.
Lettre très flatteuse (18 mai). Adhésion
au Chapitre de Tours. Mâcon et
Baveux.
Réclamations. Lettre aussi flatteuse
qu'énergique : « La Protestation du
Chapitre de Paris parait mériter un
suffrage universel. Tous les Chapi-
tres devraient se réunir pour n'en
faire qu'une avec lui » (14 mai).
Lettre imprimée (28 avril).
ADHESIONS DES CHAPITRES DU ROYM'ME.
20:
Dax.
Saint-T)i''.
Dijon.
DoI-en-Breta
gne.
Èvreux.
Saint-Félix de
Caraman.
Fréjus.
Gap.
Grasse.
Lan grès.
Laon.
Lavaur.
Lectoure.
Lille- en- Flan
dre.
Cathédrale.
M. L'Evêque.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Collégiale.
Cathédrale.
M. l'Evêque.
Cathédrale.
M. l'Evêque.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Toute la Séné-
chaussée.
Cathédrale.
C ollégiale St-
Pierre.
Réclamations. Procuration au Chapitre
de Paris. Lettre 5 décembre ,
Lettre très honnête qui accuse la ré-
ception de la Protestation du Cha-
pitre de Paris 15 juin).
Adhésion par lettre ( 30 novembre).
Réclamation ei Protestation sans lettre :
plus lettre reçue au mois de novem-
bre; plus lettre <lu '.', décembre, pro-
messe d'adhérer.
Déclaration et protestation tant de
l'ordre de l'Église que de celui de
la Noblesse, assemblés à Saint-
Brieuc. Lettre de remerciements.
Lettre de doléances 7 octobre).
Acte capitulaire (19 avril 1790), .por-
tant union au Chapitre de l'Eglise
de Paris et adhésion à toutes pro-
testations faites ou à faire.
Adhésion portant acte capitulaire et
procuration au Chapitre de Paris.
Lettre pleine de confiance et d'hon-
nêteté (26 mai .
Réclamations. Lettre contenant des
plaintes contre le traitement odieux
que ce Chapitre a éprouvé ; confiance
dans le Chapitre de Paris (28 mai).
Réclamations et protestations. Deux
lettres très ilatteuses (1er juin,.
Nouvelle lettre qui propose une pro-
curation 1,J juin .
Lettre (20 mai). Autre lettre envoyant
un exemplaire de, la Protestation du
Chapitre de son Eglise (23 mai).
Piéelamations et Protestations. Lettre
des plus Ilatteuses. qui annonce que
la Protestation du Chapitre a servi
de modèle * 25 mai). Autre lettre fort
timide pour offrir procuration au
Chapitre de Paris (23 novembre;.
Lettre très honnête (6 juin .
Lettre (mai ou juin).
Protestation sans lettre.
Cahier de doléances, avis et remon-
trances, précédé du discours de
M. l'Evêque. Lettre très honnête de
ce prélat 18 mai .
Voyez Auch.
Lettre très intéressante et très dé-
taillée sur la conduite des curés du
Béarn (3 juin). Le Chapitre fera
cause commune avec le Chapitre de
Paris.
Lettre de remerciements pleine d'é-
loges pour le Chapitre de Paris (20
mai).
208
LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Limoges.
Lyon.
Lisieux.
Lodève.
Lombez.
Cathédrale.
Luçon.
Cathédrale.
Mac on.
Cathédrale et
Chapitre No-
ble de Saint-
Pierre .
Saint-Malo.
Cathédrale.
Mariana-en
Corse.
Maubeuge.
M t-aux.
Metz.
Cathédrale.
Les Comtes de
Saint-Jean.
Cathédrale.
Chapitre.
M. l'Évêque.
Collégiale St-
Quentin.
Cathédrale.
Cathédrale.
Collège Saint-
Sauveur.
Lettre cpui accuse réception de la Pro-
testation (15 mai). Seconde lettre
et acte d'adhésion à la Prjtestation
du Chapitre de Paris (22 mai).
Lettre très honnête (22 mai).
Lettre très honorable pour le Chapi-
tre de Paris avec des détails parti-
culiers à la province de Norman-
die.
Voyez Béziers. Adhésion et lettre.
Deux lettres, l'une du o juin, l'au-
tre du 19 novembre. Cette dernière
proteste contre les décrets du 4 no-
vembre.
Adhésion à la Protestation du Chapitre
de Paris. Procuration et lettre très
honnête (1er juin).
Voyez Poitiers.
Adhésion par acte capitalaire à la
Protestation du Chapitre de Bayeux.'
Point de lettre.
Déclaration et Protestation de l'ordre
de l'Eglise. Déclaration de la no-
blesse. Déclarations des ordres de
l'Eglise et de la Noblesse de Breta-
gne. Lettre du Roi pour la convoca-
tion. Lettre du Chapitre de Saint-
Malo fort honnête et contenant des
détails relatifs à la forme pour la
Bretagne.
Lettre très intéressante et très hono-
rable pour le Chapitre de Paris dans
le genre des Instructions et pleine
de vues politiques.
Lettre de remerciements.
Adhésion par acte capitulaire à la
Protestation du Chapitre de Paris
(8 mai).
Adhésion par acte capitulaire à la Pro-
testation du Chapitre de Paris; deux
lettres des 8 et 26, mai, dont la
deuxième annonce l'Église de Paris
comme le centre commun : et un
grand nombre d'adhésions des diffé-
rents Chapitres des Trois-Evèchés.
trop volumineuses pour être en-
voyées. (Elles l'ont été depuis.)
Adhésion par acte capitulaire à la Pro-
testation du Chapitre de Paris. Lettre
fort obligeante.
ADHÉSIONS DES CHAPITRES DU ROYAUME.
209
Mirepoix.
Montpellier,
Nancy.
Nantes.
Xarbonne.
Nîmes.
Nevers.
Nu von.
Saint-Omer
Orange.
Dix-huit
pitres
Cha
ou
Gommunau
tés.
Cathédrale.
Chapitres coll
giaux réunis
et cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Primatiale.
Collégiale Saint
Paul.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Adhésions par actes capitulaires aux
actes du Chapitre de Metz (1).
Adhésion à la Protestation du Chapitre
de Paris. Procuration (15 juin cl
lettre très flatteuse (24 juin .
Lettre très honorable (5 juin). Adhé-
sion pure et simple (2 juin) à la Pro-
testation du Chapitre de Paris. Lettre
très honnête. Autre adhésion du
9 novembre.
Lettre très honnête contenant le détail
de la conduite qu'a tenue le Chapitre
et ses trois protestations particu-
lières (13 mail.
Lettre très honorable pour le Chapitre
de Paris (16 mai).
Adhésion par acte capitulaire à la Pro-
testation du Chapitre de Paris.
Lettre très honorable (19 mai). 2e en-
voi; pouvoirs par acte capitulaire
au Chapitre de Paris de consti-
tuer procureurs pour celui de Nar-
bonne. Lettre très affectueuse
(26 mail
Procuration au Chapitre de Paris et
lettre très honorable et pleine de
confiance (16 mai |.
Lettre très honorable pour le Chapitre
de Paris. On y reconnaît la supério-
rité de sa Protestation (10 mai).
Plus réclamations, procuration au
Chapitre de Paris et lettre très hono-
rable. Mémoire, observations, im-
primés et avis au peuple sur l'abo-
lition des dîmes.
Lettre d'approbation de la Protesta-
tion du Chapitre de Paris. Celui de
Nevers en a fait un article du Cahier
de doléances de cette province'
(29 mai).
Lettre très sage du 2 décembre.
Voyez Arras. Depuis, discours de
MM. les Députés du Chapitre de
Saint-Omer, imprimé : il y est fait
mention d'Alais.
Réclamations et lettre fort honnête
(1er juin).
(1) Les Are/uvcs Nationales ont conservé les lettres des onze chapitres sui-
vants : Abbay.; royale de Sainte-Glassinde, Religieuses Prêcheresses, Religieuses
fle Samt-Antoine de Padoue, Prieuré royal de la Magdelaine. Frères Prêcheurs
Abbaye de Saint-Vincent. Collégiale de Saint-Thibault, abbaye de Saint-Svm-
pnonen, Chapitre royal de Saint-Louis. Abbaye loyale de Saint-Arnoud, Ursu-
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS.
14
210
LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Orléans.
Saint-Papoul.
Paris.
Perpignan.
Poitiers.
Saint-Pol-de
Léon.
Saint-Pons.
Saint-Quentin.
Reims.
Rennes.
Cathédrale.
Cathédrale.
Chapitre de St-
Honoré.
Chapitre de Ste-
Opportune.
Sorbonne.
Cathédrale.
Cathédrale et
les collégiales
de Saint-Hi-
laire, Sainte-
Radeg onde,
Notre -Dame
la Grande,
Saint - Pierre
le Pue Hier,
Saint-Maurice
de Montaigu
et Luçon, ca-
thédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Chapitre royal.
M. l'Archevê-
que.
Cathédrale.
Cathédrale.
Adhésion à la Protestation du Chapitre
de Paris. Lettre très intéressante
où il est fait mention des bénéfices
électifs (26 juin). Adhésion. Acte ca-
pitulaire du 5 mai 1790.
Protestations. Adhésion à celle du Cha-
pitre de Paris. Lettre très honnête
(2 juin).
Lettre très ilatteuse (23 maij.
Adhésion pure et simple à la Protesta-
tion du Chapitre de Paris par acte
capitulaire. Lettre de remerciements
(27 mai).
Lettre de remerciements de M. le Bi-
bliothécaire, qui excuse le Sénieur
de son oubli (18 juin).
Lettre pleine de remerciements, de
compliments et de confiance. Elle
annonce une adhésion de tous les
Chapitres de la province et ensuite
une procuration ^10 juin).
Réclamations et lettre circulaire. Pou-
voirs du 3 décembre.
Lettre très honorable pour le Chapitre
de Paris, avec un exemplaire de la
Déclaration, pareil à celui qui a été
envoyé par Dol et Saint- Malo (27
mai). Office de procuration (30 no-
vembre).
Voyez. Béziers. Pouvoirs au Chapitre
et lettre (14 novembre).
Adhésion à la Protestation du Chapitre
de Paris (7 juin). Procuration et lettre
comme « au premier Chapitre du
Royaume » (8 juin).
Lettre très honorable et très flatteuse
pour le Chapitre de Paris (8 mai).
Réclamations et Protestation. Simple
lettre d'envoi.
Exemplaire de déclaration, pareil à
ceux qui ont été envoyés par les
églises de Dol, Saint-Malo et Saint-
Pol-de-Léon. Lettre très honnête
contenant des détails sur la forme
particulière de Bretagne (8 mai).
ADHÉSIONS DES CHAPITRES DU ROYAUME.
211
Rieux.
Riez.
La Rochelle.
Rouen.
Senez.
Senlis.
Sens.
Toul.
Toulon.
Toulouse.
Tournus.
Tours.
Troyes.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
Cathédrale.
M. l'Lvêque.
Cathédrale.
Collégiale de
Saint-Rieul.
Cathédrale.
M. l'Évêque.
Cathédrale.
Collégiale deSt-
Gengoul.
Cathédrale.
Cathédrale.
Collégiale de
Saint -Sernin.
Chapitre de St-
Philibert.
Cathédrale.
Chapitre Noble
de Saint-Mar-
tin.
Cathédrale et
Chapitres ré-
guliers des
deux sexes
commendatai-
res et béné-
ficiersdu Bail-
liage.
Lettre très honnête et très affectueuse
pour le Chapitre de Paris (14 mai).
Adhésion par lettre à la Protestation du
Chapitre de Paris (21 mai).
Représentations au Roi. Elles sont de
la plus grande vigueur. Lettre cir-
culaire.
Protestation. Lettre circulaire. Procès-
verbaux.
Lettre très affectueuse de ce Prélat
(24 mai).
Adhésion à la Protestation du Chapitre
de Paris (27 mai).
Lettre remplie de témoignages de sen-
sibilité et de vénération pour le Cha-
pitre de Paris (22 mai).
Réclamations. Lettre circulaire.
Adhésion par écrit à la Protestation du
Chapitre de Paris avec pouvoirs d'a-
gir en conséquence.
Lettre pleine de témoignage de con-
fiance et d'estime.
Adhésion par acte capitulaire à la Pro-
testation du Chapitre de Paris.
Lettre très honnête.
Lettre très énergique contre les abus
du Règlement du 2i janvier et les
intrigues des curés, qui se sont si
peu respectés. Éloges des Protes-
tations du Chapitre de Paris. Re-
présentations et lettre circulaire
(13 mai).
Représentations et Protestation. Adhé-
sion à la Protestation du Chapitre de
Paris par acte capitulaire. Procura-
tion avec les pouvoirs les plus illi-
mités. Lettre qui annonce la plus
haute confiance.
Adhésion de ce Chapitre à la Métropole
de Toulouse, exprimée dans une
lettre au Chapitre de Paris.
Adhésion à la Protestation du Chapitre
de Paris (5 juin).
Représentation à Sa Majesté. Sans
lettre.
Lettre très honorable pour le Chapitre
de Paris : elle contient des détails
historiques très bien présentés.
Réclamations et Protestation sans let-
tre. Procuration du Chapitre de la
cathédrale (24 avril 1790 .
■2i2
LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Tulle. Cathédrale. Représentations à Sa Majesté. Plus
tard, procuration. Lettre à propos de
l'imposition du quart du revenu
(3 décembre).
Valence. Cathédrale. Adhésion à la Protestation du Chapitre
de Paris.
Verdun. Cathédrale. Représentations. Lettre au Chapitre de
Paris portant que les protestations
n'ont pu convenir au Chapitre de
Verdun, parce qu'heureusement il
n'était pas dans le cas de les em-
ployer, mais que, sur tout le reste, il
adhère aux sentiments et aux plaintes
du Chapitre. Puis il donne sa procu-
ration (6 juin).
Vienne. Cathédrale. Lettre très honnête portant qu'il vient
d'écrire à son Archevêque pour le
prier d'appuyer aux Etats généraux
les demandes du Chapitre de Paris.
Procuration (4 juin) 1 .
il Le Chapitre devienne crut devoir retirer sa procuration le 15 mai 1790.
En parcourant ce tableau, on compte près de cent trente
églises métropolitaines, cathédrales, collégiales ou régulières en
communion aA*ec celle de Paris; les archevêques et évoques
de Reims, Auch, Boulogne-sur-Mer, Saint-Dié, Gap, Grasse,
Mariana-en-Corse, Toul, Senez, adressent au Chapitre leur ac-
cusé de réception dans les termes les plus flatteurs. La lettre
de ce dernier, M. Roux ou Ruffo de Bonneval, frère du chanoine
bien connu de nos lecteurs, est particulièrement intéressante.
« J'ai reçu, Messieurs, avec bien de la reconnaissance et un
entier assentiment les Protestations du Chapitre de l'Eglise de
Paris : rien n'est plus digne d'un corps ecclésiastique aussi dis-
tingué par ses lumières que par ses vertus. 11 est fâcheux sans
doute qu'une partie du clergé ait à se plaindre de l'autre, mais
on ne saurait employer plus de sagesse et de mesure contre
plus d'entreprise et de licence. J'ai vu dans le nombre de vos
représentants un nom qui doit m'intéresser à vos succès et qui
me les fera toujours partager en frère et en confrère. Signé :
Jeax-Baptiste, évêque de Senez1. »
1. Lettre du 24 mai 1780. — Arch. Xat., L. 543.
ADHÉSIONS DES CHAPITRES DU ROYAUME. 213
Un grand nombre d'Eglises donnèrent aux chanoines de Paris
une marque encore plus significative d'estime et de confiance.
Quarante-six leur adressèrent procuration authentique « pour
veiller à la conservation et à la défense de l'Eglise de N... pen-
dant la tenue des Etats généraux, leur donnant pleins pouvoirs de
constituer tous procureurs généraux et spéciaux, pour faire va-
lablement, au nom du Chapitre de N..., tout ce qu'ils pourront
et jugeront à propos de faire pour eux-mêmes, approuvant le tout
d'avance et y adhérant dès à présent ; voulant mesdits sieurs
et entendant que, pour agir valablement en leur nom, les dé-
putés ou procureurs fondés du Chapitre métropolitain de Paris
n'aient besoin que des pouvoirs qui leur seront donnés à cet
effet par Messieurs dudit Chapitre de Paris1 ».
Les procurations des quarante-six Églises ne parvinrent pas
toutes au Chapitre au printemps de 1789 : quelques-unes ne
lui furent envoyées qu'en novembre suivant, après le vote met-
tant les biens du Clergé à la disposition de la Nation, et d'au-
tres seulement en avril 1790, quand l'Assemblée nationale
aborda la question délicate de la Religion d'État. Quand M. de
Bonneval monta alors à la tribune pour arrêter les tendances
de l'Assemblée, il put parler au nom des Eglises suivantes :
— cathédrales : Agde, Aix, Albi, Aleth, Amiens, Angers, Auch,
Autun, Béziers, Saint-Claude, Dax, Saint-Dié, Digne, Dijon,
Evreux, Fréjus, Grasse, Lescar, Lodève, Lombez, Meaux, Mire-
poix, Montpellier, Narbonne, Nîmes, Noyon, Perpignan, Poitiers,
Saint-Pol-de-Léon, Saint-Pons, Toul, Toulouse, Troyes, Tulle,
Yahres, Verdun, Viviers, Uzès ; — collégiales : Saint- Vulfran
d'Abbeville, Saint-Félix de Caraman, Saint-Gilles en Langue-
doc, Saint-Paul de Narbonne, Saint-Quentin, Saint-Sernin de
Toulouse, Saint-Pierre et Saint-Chef de Vienne. Rien de beau
comme ce spectacle de l'Église de France presque entière, s'unis-
sant au Chapitre de l'Église de Paris, qui, en ces jours de deuil
i-t de tristesse, est reconnue une dernière fois comme « la pre-
mière du royaume! »
l. Modèle de procuration donné par le chapitre d'Amiens. — Arch. \a(., L. 542.
214 LE CHAPITRE DE NOTRE DAME DE PARIS EX 1790.
La saison de la récolte approchait et les fermiers du Chapitre,
suivant les clauses de leurs baux, s'apprêtaient à recueillir les
fruits des dîmes et des droits seigneuriaux qu'ils tenaient en
loyer. Mais les esprits, même dans les campagnes, étaient fort
exaltés et bien des paroisses eurent, avant l'Assemblée natio-
nale, leur « nuit du 4 août! » Depuis que la moisson était com-
mencée, les réclamations des fermiers arrivaient presque chaque
jour à Paris; ils se plaignaient des prétentions des habitants au
sujet des dîmes. Les paroisses de Fresne-les-Rungis, L'Hay,
Chevilly, Bourg-la-Reine, Orly, étaient décidées à restreindre
les droits de dîme et même à les refuser totalement. Les dé-
mêlés des habitants de Wissous, où le Chapitre avait des biens
et des droits considérables, et du fermier, le sieur Auboin, ému-
rent particulièrement les chanoines. Celui-ci leur dénonça, par
exploit du 3 août, une délibération de la paroisse de Wissous
en date du 27 juillet, portant que les habitants n'entendaient
ne plus payer, à compter de la présente année, les dîmes de
tous grains, de foin et autres qu'à raison de quatre gerbes ou
bottes par arpent, au lieu de la quantité accoutumée1.
Une telle décision pouvait effrayer le fermier à qui elle devait
causer un préjudice considérable ; il somma en conséquence le
Chapitre de déclarer, le jour même, s'il entendait que lui, Au-
boin, ramassât les quatre gerbes ou bottes au lieu de ce qui lui
revenait de droit.
Le Chapitre n'avait pas l'intention de céder, d'autant plus qu'il
voyait se généraliser, dans l'étendue de ses terres, de si injustes
prétentions : il déclara s'en tenir au bail de 1784 et rendit le
fermier responsable de la levée des dîmes.
Cette décision fut prise au matin du 5 août; les chanoines
étaient loin de se douter de ce qui s'était passé à Versailles
dans la fameuse nuit historique, qui venait de finir! Au moment
où le Chapitre revendiquait si fort ses droits, il allait apprendre
que l'Assemblée nationale avait fait en son nom à la Patrie le
sacrifice de tous ses droits féodaux! Le dimanche 16 août, à
1. Cfr. l'énumération et la quotité des dîmes de Wissous (page 124, note 2).
BÉNÉDICTION DES DRAPEAUX. 215
Tissue des vêpres, il fit chanter ù cette occasion un Te Deum
en musique1 : le chanta-t-il de bon cœur'.'
Les vacances ramenèrent un peu d'accalmie au Chapitre : la
solennité du 15 août se célébra en la manière accoutumée et le
mois de septembre vit de nouveau s'ouvrir à Notre-Dame les
prières des Quarante Heures, demandées personnellement par le
Roi. « Louis XVI, dit d'Auribeau, affecté des violents débats
de l'Assemblée et de l'agitation qui régnait à Paris et dans les
provinces, plein de confiance en la miséricorde divine, eut re-
cours aux prières publiques, selon l'usage de ses ancêtres, et les
demanda aux évêques dans une lettre touchante qui dépeignait
parfaitement la situation du royaume11. » Elles furent célébrées
à Notre-Dame les 13, 14 et 15 septembre. La bénédiction des
drapeaux de la Garde nationale attira, quelques jours plus tard,
le '27, une aflluence énorme et fut l'occasion d'une splendide céré-
monie, dont les historiens et les graveurs nous ont conservé le
souvenir. Nous la décrirons ici en reproduisant seulement le
procès-verbal inséré à la suite de la Conclusion capitulaire du
28 septembre.
« Dimanche dernier, 27 septembre, vers midi, on apporta dans
la nef de l'église de Paris les drapeaux des soixante régiments
de la Garde nationale parisienne. Mgr l'Archevêque les bénit,
1. « Sur le rapport fait par M. le Chantre que Monseigneur l'Archevêque de Paris
avait prié-chargé M. de Floirac, chanoine, de prévenirle Chapitre qu'il se proposait,
conformément au vœu de l'Assemblée nationale, de donner un Mandement pour or-
donner que le Te Deum serait chanté dans toutes les églises de son diocèse, à l'occasion
des délibérations prises dans l'Assemblée nationale le 4 de ce mois ; Messieurs, après
eu avoir délibéré, ont nommé, pour en conférer, suivant l'usage,' avec Monseigneur
^Archevêque, M. Chevreuil, chancelier, et M. «le Bonneval, chanoines, tous deux dé-
pûtes a l'Assemblée nationale, et ont arrêté, au désir du Prélat, manifesté par îiion-
ilit S' de Floirac, que le Te Deum demandé sera Chanté en musique dans l'église!
de paris dimanche prochain à Tissus îles vêpres avec le verset Senediçémus Par.
trem, etc., et l'oraison Pro gr'atiarum aclione et le verset Fiai manus êwa,etc., l'orai-
son Proregeet celle Pro Congregatione staluum Regni. » CùhcLcap., 1 1 août IÎ89.
•-'. Le Chapitre deDolen Bretagne lui reprocha cett£ cérémonie : « Toute la France;
écrivit-il au Chapitre le 7 octobre 1789, fut étonnée à la nouvelle que, la nuit du
1 août, il avait été fait au nom de toute l'Église cession et abandon de ses dîmes
et droits féodaux; qu'ensuite, pour remercier Dieu de ce que l'on venait de
dépouiller son Église et l'aire de ses ministres des esclaves et «les serfs, il avait
été chanté un Te Deum au son de tous les instruments ». Àrch. Nat., L. 542.
'■>. Me, noires, t. Ier, p. IJO.
210 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
avec les cérémonies accoutumées, à la porte du chœur, en même
temps qu'ils lui étaient présentés par les officiers de la Garde.
La cérémonie n'ayant pris fin qu'à trois heures et demie, on
sonna None à cinq heures. »
Le mois d'octobre débuta par les lugubres journées qui virent
le roi et la famille royale ramenés à Paris. L'Assemblée natio-
nale, se déclarant indissolublement unie à la personne du roi .
quitta Versailles et s'installa à Paris dans les locaux de l'Ar-
chevêque et du Chapitre. La deuxième portion du secrétariat
occupa la salle capitulaire; derrière la balustrade, appelée la
barre, on établit le bureau du Comité des finances, le reste de la
salle fut réservé au bureau de judicature, aux comités du com-
merce, de rapport et d'atîaires diverses. La grande porte dut res-
ter ouverte et les rues du Cloître furent livrées à la circulation pu-
blique, car il fut réglé que les voitures des députés entreraient par
la porte de l'Archevêché, et, après avoir contourné l'église Notre-
Dame, sortiraient par celle du Cloître. Nos chanoines sentaient
l'ogre bien près d'eux ; il ne va pas tarder à faire savoir qu'il a faim !
Dans une adresse que ses députés rédigèrent vers la fin de
septembre, l'Assemblée nationale avait lancé aux églises du
royaume cette invitation, presque comminatoire : « Que de ri-
chesses, dont un luxe de parade et de vanité a fait sa proie, vont
redevenir des moyens actifs de prospérité! Combien la sage éco-
nomie des individus peut concourir avec les plus grandes vues
pour la restauration du royaume! Que de trésors, accu-
mulés par la piété de nos pères pour le service des autels, sor-
tiront de l'obscurité pour le service de la Patrie et n'auront pas
changé leur religieuse destination! Voilà les réserves que j'ai re-
cueillies dans les temps prospères, dit la Religion sainte; je les
rapporte à la masse commune dans les temps de calamité. Ce n'é-
tait pas pour moi; un éclat emprunté n'ajoute rien à ma gran-
deur; c'était pour vous, pour l'Etat, que j'ai levé cet honorable
tribut sur la piété de vos pères ! » Cette éloquente prosopopée
fut convertie le 6 octobre en un décret, dont l'article XXI était
ainsi conçu : « L'Assemblée nationale invite les particuliers à
porter leur argenterie à l'Hùtel des Monnaies. »
OFFRANDES PATRIOTIQUES. 217
Le Chapitre de Paris était trop près de l'Assemblée pour ne |ms
entendre les applaudissements qui accompagnaient l'offrande de
chaque don patriotique. Messieurs de Sainte-Geneviùve apportent
un candélabre d'argent du poids de 248 marcs; le collège des
Irlandais, toute son argenterie ; Saint-Martin des Champs donne
tous ses biens ! Les premiers jours d'octobre, M. le Chambrier fît
part au Chapitre des désirs de l'Assemblée nationale ; les chanoines
hésitèrent, semble-t-il, à renouveler un sacrifice qu'ils avaient
déjà consenti il y avait à peine trente ans. « Messieurs, dit la
conclusion, considérant qu'en vertu d'une conclusion du 3 dé-
cembre 1759 et d'après l'invitation faite au Chapitre et aux
autres ecclésiastiques par lus lettres patentes du roi en date du
2G octobre de la môme année et réitérée par la lettre écrite au
nom de Sa Majesté aux archevêques, évêques du royaume le
14 novembre suivant, il avait été déjà envoyé mille trente marcs
d'argenterie qui n'avaient pas été remplacés par d'autre... l» En
effet, le 3 décembre de cette même année, le Chapitre avait en-
voyé à la Monnaie toute la garniture du maître-autel et le lampa-
daire offert par le chanoine Petitpied ; cependant, continue la
conclusion, désirant donner une marque de son zèle et de son amour
patriotique, le Chapitre charge M. le Chambrier etMM. les Inten-
dants de la Fabrique de voir « si, malgré l'épuisement causé par
l'envoi de 1759, il resterait quelques objets à offrir sans nuire
à la décence du culte divin ».
Les chanoines, désignés parle Chapitre, recherchèrent les ob-
1. Même générosité sous Châties VI. « Les trésoriers du roi et ses conseillers
évaluaient à plus d'un million d'éeus d'or la somme qu'on demandait pour La défense
du royaume. Comme ils ne pouvaient lever cette énorme contribution ni sur le-
villes sujettes du roi. de peur qu'elles ne suivissent l'exemple de la révolte, ni sur
la. ville de Paris, qu'ils savaient avoir été surchargée cette année, au nom du Roi,
d'exactions intolérables, ils imaginèrent un moyen qui pouvait leur être avanta-
geux, mais qui devait être peu agréable à Dieu et aux Saints. Ce Fut de prendre
les trésors et joyaux des égli ses pour p trfaire ladite si un me. il- commencèrent par
la cathédrale de Notre-Dame de Taris et se Qrent donner par le roi, avec le con-
sentement des chanoines, une croix d'or ornée de pierres précieuses et un reliquaire
d'or, contenant la très précieuse lètc de l'apôtre saint Philippe. Chron. de St~
Denys, t. V, 145, 1. XXXVIII, eh. xxii. ("est ce que Louis XI, vidant à son tour
les caves de Notre-Dame, appelait trouver de l'argent « en un pas d'àne «.Michelet.
Jlisi. de France, t. VII, p. 2i(J, en notes.
218 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
jets que l'on pourrait sacrifier, et, le 12 octobre, ils présen-
tèrent une liste, qui comprenait :
1° Un grand lampadaire d'argent composé de sept lampes et
d'un chapiteau couronné d'une gloire ;
2° Une grande croix de vermeil avec son christ ;
3° Une autre croix de vermeil sans christ;
4° Trois grands vases d'argent;
5° Deux réchauds d'argent ;
6° Une tasse de bois de Tanary, montée en argent;
7° Une absconse d'argent;
8° Quatre burettes et une cuvette d'argent;
9° Une grande et une petite boîte d'argent .
Le même jour, le Chapitre approuva ce choix, mais un sentiment
de délicatesse, et peut-être aussi un motif d'espoir, l'empêcha de
se démunir du lampadaire d'argent, sans avoir obtenu l'agrément
préalable de la municipalité. Cette superbe pièce d'orfèvrerie, en
forme de vaisseau et portant les armes de Paris, avait été pré-
sentée (à la Sainte Vierge, en 167G, au nom de la ville, par M. Le
Pelletier, alors Prévôt des Marchands, assisté de quatre échevins
et du Procureur du Roi. Elle remplaçait une ancienne lampe,
donnée par François Àliron, au lieu et place « du cierge de ville »,
qui était offert à Notre-Dame de Paris par les habitants depuis
1357 *. Bailly, en répondant à M. du Pinet, qui lui avait fait
part des intentions du Chapitre, n'éprouva pas les mêmes senti-
ments que François Miron, qui croyait « que c'est une impiété
de violer les vœux de ses ancêtres et un sacrilège de n'entretenir
pas une si sainte fondation ». Voici sa lettre, dont l'autographe
est resté épingle à la conclusion capitulaire du 12 octobre :
1. Félibien, t. III, p. 35. — L'offrande de la <• bougie de la grandeur de la ville »,
promise le 14 août 1357, à l'époque de la captivité du roi Jean, se fit régulièrement
chaque année. Elle cessa pendant 25 ou 30 ans au temps de la Ligue « à cause
des grands frais ». En 1605, François Miron la rétablit d'une manière différente en
donnant de ses deniers une lampe de 20 marcs d'argent. Les Parisiens lui votèrent
des remerciements. La ville payait chaque année 100 livres à la sacristie des Messes
pour l'huile de la lampe. Arxh. Kat. II. 3158, Comptes de Thouvenel, sacristain.
OFFRANDES PATRIOTIQUES. 210
« Monsieur,
« J'ai communiqué à l'Assemblée de la commune la lettre que
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire et la délibération prise par le
Chapitre de Notre-Dame. L'Assemblée m'a chargé de vous an-
noncer qu'elle consentirait volontiers à ce que la lampe en forme
de vaisseau, donnée par la ville, fût envoyée à la Monnaie, et, en
vous félicitant sur le patriotisme dont le Chapitre de Notre-Dame
vient de donner des preuves, je m'applaudis d'être en ce moment
l'organe de l'Assemblée.
« J'ai l'honneur d'être avec un très sincère attachement votre
très humble et très obéissant serviteur.
« Signé : Bailly. »
Le 17 octobre, le Chapitre fit porter à la Monnaie quatre cent
trente marcs, trois onces, dix deniers d'argent1 et le grand lam-
padaire fut remplacé provisoirement par une lampe allumée, dont
l'entretien resta à la charge de la ville2.
Le Chapitre dut s'imposer bientôt un autre sacrifice plus pénible
encore. Nous avons vu avec quel éclat il aimait à célébrer les céré-
monies du culte à Notre-Dame; c'est avec un soin tout particulier
qu'il veillait à l'exécution de la musique sacrée et les dépenses,
même parfois exagérées, ne l'arrêtaient pas dans les circonstances
solennelles pour que le chant, uni à la symphonie, remplit de
saintes émotions les cœurs des fidèles.
La Toussaint approchait; mais cette fête, d'ordinaire si édifiante,
s'annonçait cette année sous les plus lugubres augures. Depuis
1. « Vu le certificat de l'envoi fait hier à la Monnaie, en exécution des conclu-
sions du 3 et du 12 de ce mois, des différentes pièces d'argenterie désignées i :^
dites conclusions, lequel certificat est signé de M. Dupeiron de la Coste, directeur
do la Monnaie, et contresigné du sieur Batgras, contrôleur-contre-garde de lad.
Monnaie. Messieurs ont ordonné que led. certificat serait déposé' aux Archives du
Chapitre. » Concl. cap. du 16 octobre.
2. Plusieurs chanoines figurent dans les listes des citoyens qui déposèrent des
dons patriotiques: dans celles publiées par le Journal de Paris, nous avons relevé'
les suivants : m. chevreuil, vingt-un marcs cinq onces; M. deLaunay, sept marcs
deux onces vingt el un deniers :M. Viet de Villers, soixante-douze marcs six onces
un denier. Supplément au n° 291, p. x et suivantes.
220 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
que l'Assemblée nationale avait commencé à l'Archevêché une dis-
cussion des plus irritantes à propos des Biens ecclésiastiques
(17 octobre", le parvis, le cloître et même l'église Notre-Dame
étaient envahis d'une foule sur les intentions de laquelle on ne
pouvait pas se méprendre : si bien que le 27 octobre, sur la pro-
position de M. le Chantre, le Chapitre décida « vu les circons-
tances » de supprimer, aux fêtes de la Toussaint et des Morts,
l'allocation « pour les voix et instruments », que l'on appelait à
Notre-Dame pour les grandes solennités.
La mesure, provisoire d'abord, ne tarda pas à devenir définitive .
Le 11 décembre suivant, « M. le Chantre a exposé, lisons-nous
dans la conclusion de ce même jour, que le Chapitre, par conclu-
sion du 2 mai 1786, aurait consenti par forme d'essai à l'établis-
sement d'une classe de musique et de plain-chant en faveur des
nouveaux sujets admis dans l'église et non encore suffisamment
instruits dans ces deux arts; que ledit établissement aurait été
maintenu, toujours par forme d'essai, en vertu de délibérations
capitulaires, pendant les années 1787 et 1788, mais que, dans
la présente année, il n'était intervenu aucune conclusion à ce sujet :
qu'en conséquence il croyait devoir requérir sur cet objet les in-
tentions de la Compagnie, d'autant plus que par le fait ladite
classe ne se tenait plus depuis le 1er novembre dernier. Il a ajouté
que le Chapitre, par sa conclusion du 28 octobre dernier, avait
arrêté que les voix et instruments, appelés aux fêtes solennelles
et soldés en vertu de la conclusion du 15 novembre 1780, ne le
seraient pas cette année pour les fêtes de la Toussaint et des
Morts, sauf au Chapitre à prononcer sur ce qu'il conviendrait
faire par la suite ; qu'ainsi il serait nécessaire que le Chapitre vou-
lût bien aussi statuer sur ce point; sur quoi, des deux objets mis
en délibération. Messieurs ont arrêté, sur le premier, que la
classe de musique et de plain-chant cesserait d'être continuée;
sur le deuxième, que les voix et instruments, appelés aux solenni-
tés de l'église, ne le seraient plus dorénavant jusqu'à ce qu'il en
ait été autrement ordonné. »
Au lieu des saintes mélodies, on entendit, pour la Toussaint et
les Morts, une foule de bandits, armés de piques, conduits par le
LA FETE DE LA TOUSSAINT. 221
sinistre Jourdan Coupe-Téte, qui pérorait à la o-rand'porte de
Notre-Dame, hurler aux abords du lieu saint et jusque dans
l'église contre les ecclésiastiques qui passaient et les menacer de
mort s'ils ne voulaient pas rendre leurs biens. Ce fut un tonnerre
quand des émissaires vinrent annoncer aux furieux, massés dans
la nef de Notre-Dame, que l'Assemblce nationale venait de décré-
ter que « tous les biens du Clergé sont à la disposition de la
Nation { ! »
1. CiV. Mémoires d'Auribeau.
CHAPITRE SIXIEME
LA SUPPRESSION DU CHAPITRE DE NOTRE-DAME.
. Les Biens du Clergé mis à la disposition de la Nation. Atteintes
au y droits du Chapitre. Cérémonies à Notre-Dame. Visite du Roi et de la Reine.
Déclarations générale et partielles des Biens du Chapitre. Les chanoines et le
décret du 13 novembre 1789.— II. La Religion d'État. Déclaration du Cha-
pitre. Ses députés à l'Assemblée nationale. Protestations et Procurations des
Chapitres du Royaume.'L'émeute envahit le Cloître. —III. La suppression du
Chapitre. La Constitution civile du clergé. Nouvelle déclaration pour fixer la
pension des chanoines. Chapitre du 17 novembre. Protestations. Dire de M. de
Montdenoix. Formalités remplies par les Officiera municipaux. Dernière messe
capitulaire. Dernier chapitre. — IV. Les Inventaires. Opérations des Officiers
municipaux à Notre-Dame : orfèvrerie, ornements, mobilier. Apposition des
scellés sur la Bibliothèque. Confiscation du sceau capitulaire. Conclusion.
I
Entraînée par l'audace de ses prétentions , encouragée aussi
par la violence des mouvements populaires, qui se produisirent
à ses portes pendant les dernières séances, l'Assemblée nationale
se devait d'accélérer le plus possible la spoliation de l'Eglise
de France et la ruine de la Religion catholique. Bien que le dé-
cret du 2 novembre ne supprimât pas les chapitres, nous faisons
cependant dater de cette époque la fin de celui de Paris.
N'était-ce pas pour lui déjà l'agonie, que de se voir dépouiller
de ses immenses richesses et de ses droits si étendus, dont les
revenus lui permettaient de soutenir la majesté du culte et les
nombreuses fondations, dont il avait la charge? Un Chanoine,
une Dignité, allait devenir « un salarié »! La Constitution civile
du Clergé ne fera que consommer l'œuvre du décret du 2 no-
224 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
vembre. Voici le Chapitre de Paris arrivé à ses derniers jours :
ces pages vont raconter l'histoire de sa mort!
Deux faits, qui n'étaient que trop significatifs, vinrent lui ap-
prendre, dès les premiers jours qui suivirent la promulgation
du décret, dans quel état d'esprit on était à son égard : l'un l'at-
teignait comme propriétaire, l'autre comme justicier. C'était at-
taquer ses deux titres les plus honorables.
Les habitants de Sucy-en-Brie, objet de la part du Chapitre
d'abondantes charités durant le terrible hiver de 1789, s'étaient
montrés peu reconnaissants à l'égard de leur bienfaiteur : « 11
se répand le bruit, écrivait Hardy dans son Journal à la date du
13 janvier- 1789, que Messieurs des Doyen, Chanoines et Cha-
pitre de l'Eglise de Paris, sollicités par le curé de la paroisse de
Sucy, dont ils ont la seigneurie, de lui procurer les moyens de
soulager les habitants, pour lesquels il ne pouvait plus absolu-
ment rien faire ayant épuisé toutes ses ressources, et ces ecclé-
siastiques presque tous riches ayant borné leur générosité à en-
vover soi-disant quatre louis d'or, qui n'avaient pas été acceptés
par le curé, les habitants du voisinage aussi mécontents de ces
Messieurs qu'ils avaient lieu d'être satisfaits de la libéralité de
plusieurs autres seigneurs du canton, auraient fourragé les bois
et autres biens appartenant au Chapitre. »
La prétendue avarice des chanoines n'était qu'un prétexte : le
décret du 2 novembre en fut un autre. Quand les habitants de
cette même paroisse apprirent que les Biens ecclésiastiques
étaient à la disposition de la Nation, ils recommencèrent leurs
pillages au point que le Chapitre dut requérir auprès de Bailly
l'aide de la force armée pour faire respecter ses propriétés. Celui-
ci en référa à M. de la Faj'ette, le 13 novembre : « Le Chapitre
de l'Eglise de Paris se plaint, Monsieur le Marquis, de la dévas-
tation des bois qui lui appartiennent à Sucy-en-Brie ; il demande
que pour l'empêcher on lui accélère un détachement de la garde
de Paris; je ne sais si cela ne contrarierait pas vos dispositions
et je m'adresse à vous pour vous demander s'il est possible de
faire à Sucv ce que Ton fait à Yincennes1. Indépendamment de
1. Les dispositions prises pour les bois de Yincennes et de Boulogne étaient en
ETAT DES ESPRITS.
l'intérêt du Chapitre, il y en a un qui peut vous déterminer à
employer des forces pour arrêter ces excès. Les bois des envi-
rons de l 'a ris sont une ressource intéressante pour l'approvision-
nement de cette ville : si on les dévaste, on causera à Paris un
préjudice très considérable; ainsi, Monsieur le Marquis, si la
chose vous est possible, je crois qu'il sera fort utile, en venant
au secours du Chapitre, d'assurer les ressources de la ville de
Paris1. » La Fayette répondit deux jours après qu'il pensait
comme le Maire de Paris et qu'il allait communiquer sa lettre à
l'aide-major chargé du service de l'arrondissement de Paris, afin
qu'il prenne toutes les précautions pour arrêter ces désordres ,
« s'il peut le faire toutefois, ajoute-t-il, sans nuire au service de
la capitale 2 ».
En même temps le Chapitre voyait ses droits de justice lui être
disputés au siège même de sa plus haute juridiction à Paris. Le
vendredi 20 novembre, le Lieutenant du Bailliage de la Barre
du Chapitre, M. Cothereau, apprend par l'huissier Fauveau qu'un
particulier est tombé des tours de Notre-Dame devant la porte
principale, lieu situé dans la juridiction capitulaire. Cothereau,
usant du droit que lui confère sa fonction, donne l'ordre de faire
toul ras fort insuffisantes, caries réclamations pleuvent sur le Bureau de la Mu-
nicipalité pendant tout l'hiver suivant et les mesures restent à chaque fois ineffi-
caces.
1. Cfr. Correspondance de Bailly et de La Fayette. Bibliothèque nationale. Mss.
F. fr. n. 11697, fol. 11 recto.
i. Les relations entre le Chapitre et les habitants de Sucy devinrent moins ten-
dues, presque amicales. Quelque temps après les actes de dévastation, dont nous
parlons, le Chapitre recul communication 'l'une délibération de la municipalité de
Sucy demandant aux chanoines de se servir pour ses réunions de la salle de
l'Auditoire et de lui laisser la vérification des poids et mesures. En retour, elle
assurait Messieurs - du zèle et de la surveillance qu'ils des habitants) ue cesse-
raient d'avoir pour tout ce qui peut intéresser le Chapitre ». Cette protestation de
fidélité, qui ressemblait de bien près a un acte de contrition, fut fort bien accueil-
lie des chanoines, et ils décidèrent •• de témoigner à MM. les .Maire et Officiers
municipaux du bourg de Sucy leur satisfaction de l'intention où ils sonl de dé-
fendre imites les propriétés et de maintenir le bon ordre et la police, les assu-
rant que, dans tous les temps, ils ont cherché à donner aux habitants de Sucy
des preuves de leur affection ».A de si beaux gages de pardon, les chanoines ajou-
tèrent la permission de se servir de l'Auditoire et la cession des poids et mesures.
Concl. ca/iii. du 20 mars 1790. Orly obtint les mêmes avantages le 17 mai suivant.
Le Chapitre, par conclusion du 29 janvier 1790, avait voti la somme de 150 1. .
peur l'atelier de charité, établi à Sucy peur le soulagement des pauvres.
CHAPITRE DE SOTRE-DAME DE PARIS. 15
220 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
transporter le cadavre à l'Auditoire pour dresser procès-verbal ;
quand au même moment, le sieur Durand, président du District,
arrive avec des fusilliers et, sous prétexte que c'est un fait de
police, donne des ordres pour qu'on conduise le corps à la caserne.
« Ce que ne pouvant empêcher, dit Cotliereau dans son procès -
verbal, nous nous sommes retiré à l'effet de dresser le présent
acte sous toute protestation et pour la conservation des droits à
qui il appartiendra. »
Chaque jour les embarras se multipliaient pour le Chapitre,
chaque jour un de ses droits était menacé, un de ses privilèges
violé. Le refus de payer les dîmes, opposé aux fermiers du Cha-
pitre à l'époque de la moisson, que nous avons signalé au cha-
pitre précédent, lui suscita de nouvelles difficultés. Malgré la dé-
cision capitulaire du 5 août, qui maintenait les fermiers dans tous
leurs droits , plusieurs localités persistèrent dans leurs préten-
tions. Xous avons dit que Chevilly était du nombre. Son curé,
voyant la Saint-Martin passée, époque où il devait recevoir son
gros du fermier, adressa ses réclamations au Chapitre dans les pre-
miers jours de janvier 1790. Sa demande fut nécessairement bien
accueillie et le Chapitre donna ordre à son receveur général de
payer au curé de Chevilly, selon l'estimation du prix des halles
de Paris au jour de la Saint-Martin , les dix-neuf septiers de
grains qui lui étaient dus, les deux tiers en blé tel que de dime,
le reste en avoine [.
Au milieu de ses graves soucis , le Chapitre reçut cependant
quelques consolations, on peut même dire certains honneurs, de
ceux mêmes qui devaient le plus travailler à sa ruine et consom-
mer bientôt sa suppression.
Le 25 janvier, M. le Doyen réunit extraordinairement après
les vêpres le Chapitre, pour lui rendre compte qu'un officier de
l'État-Major de la Garde nationale de Paris était venu le prévenir
1. Concl. capit. du 18 janvier 1790. — En ce même mois, le Grenier à sel re-
fusa catégoriquement de délivrerai] Chapitre la provision de sel qu'il avait cou-
tume de donner pour les frais de l'Obit sale. Au chapitre général de la Chande-
leur, il fut décidé qu'on distribuerait a Messieurs la somme que le Chapitre
versait ordinairement au Grenier à sel pour la délivrance des quatre-vingt-seize
iiiinots.
CÉRÉMONIES A NOTRE-DAME. 227
que l'Assemblée des représentants de la Commune avait arrêté
de faire déposer à Notre-Dame les drapeaux des ci-devant Gar-
des Françaises. Le même jour, une lettre de Mulot, chanoine de
Saint- Victor et président de cette Assemblée, vint officiellem mt
prévenir les chanoines de l'intention des représentants de la Com-
mune qui avaient pensé « que les drapeaux des ci-devant Gar-
des Françaises, dont ils doivent faire hommage à la Commune,
ne pouvaient être déposés dans un lieu plus convenable que près
du sanctuaire de l'église Notre-Dame ». Par un sentiment de dé-
licatesse à l'égard de la personne royale, le Chapitre chargea
M. le Doyen d'aller trouver immédiatement M. de Saint-Priest,
ministre d'Etat au département de Paris, pour lui faire part des
intentions de la Commune et le prier de lui faire connaître les
volontés du Roi. M. de Saint-Priest répondit au Doyen que tel
était le désir de Sa Majesté; en conséquence, la cérémonie fut
fixée au lendemain.
« Le 26 janvier, dit la conclusion du 27, vers une heure de
l'après-midi, MM. les représentants de la Commune de Paris,
accompagnés d'un nombreux détachement de la Garde nationale,
ayant M. le Maire à leur tète, se sont rendus à l'église Notre-
Dame, où ils ont été reçus par MM. Radix et de Vienne, et, étant
entrés dans le chœur, les officiers de la Garde nationale sont ailes
chercher à la sacristie M. le Doyen, qu'ils ont accompagné jus-
qu'au chœur, «à l'entrée duquel il a été harangué par l'un des
membres de la Commune; après quoi, il s'est avancé, revêtu de
la chape et d'une étole rouges jusqu'au sanctuaire où étaient
rassemblés un grand nombre de Messieurs, et, s'étant placé dans
un fauteuil entre M. Bailly, maire, et M. de La Fa}'ette, com-
mandant général de la Garde nationale, M. le Maire a présenté à
l'Église de Paris au nom de la Commune les drapeaux des cy-de-
vant Gardes Françaises au nombre de soixante-six; lesquels ont
été reçus par M. le Doven pour être déposés dans le Trésor de
ladite Eglise, suivant les intentions de Sa Majesté. L'orgue a
joué pendant ladite cérémonie, qui a été précédée et suivie
du bourdonnement d'usage lorsque le corps de ville vient
à Notre-Dame. Et après la cérémonie lesdits drapeaux ont
228 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
été portés au Trésor et renfermés dans une armoire 1. »
Quelques jours après que la Commune eut fait déposer dans
le trésor de Notre-Dame les drapeaux des Gardes Françaises
comme le symbole de la victoire du peuple sur la Royauté, une
nouvelle parvint au Chapitre, qui remplit de joie tous les cœurs
et fît renaître peut-être quelques espérances : le Roi et la Reine
allaient venir à Notre-Dame! « Ce jourd'hui (10 février), vers
onze heures, M. le Grand Aumônier a fait savoir à M. le Doyen
que le Roi et la Reine allaient venir à Notre-Dame et qu'ils ne
voulaient pas de réception. M. le Doyen, ayant fait sonner sur-
le-champ la cloche du Chapitre, Messieurs se sont assemblés
aussitôt en habits de chœur d'hiver à la chapelle de la sainte
Vierge, où ils ont fait préparer deux prie-Dieu, couverts de
velours cramoisi, et poser sur un tapis de la Savonnerie deux
carreaux et deux fauteuils de même étoffe et de même couleur et
d'autres sièges pour la suite de Leurs Majestés. A onze heures
trois quarts, le Roi et la Reine, ayant à ses côtés Mgr le
Dauphin et Madame de France, sont arrivés à Notre-Dame, accom-
pagnés de Madame Elisabeth : et Messieurs, ayant M. le Doyen
à leur tête, sont allés au-devant de Leurs Majestés et les ont
conduites jusqu'à la chapelle de la Vierge, où elles ont entendu
la messe, qui a été dite par un chapelain du Roi, à la fin de
laquelle le Domine salvum a été chanté par les enfants de chœur.
Après la messe, Leurs Majestés ont été reconduites par le Cha-
pitre, aux acclamations du peuple, jusqu'à la porte de l'Eglise. »
Ce fut leur dernière visite à Notre-Dame. On dit que ce jour-
là, au pied de l'autel de la Vierge, le roi renouvela au fond de
son cœur le vœu de Louis XIII ~. Hélas! le ciel lui-même allait
1. Quand.au mois do juillet suivant, les drapeaux de l'Arquebuse de Montmartre
furent suspendus aux voûtes de Notre-Dame, un particulier réclama et demanda
pourquoi les enseignes des Gardes-Françaises avaient été déposées au Trésor plutôt
que suspendues dans l'église.
2. Cfr. Vie de M. Emery, par l'abbé Méric, p. 235. M. Tessier, originaire de
Fontaine-les-Ribouts, au diocèse de Chartres, et prêtre de Saint-Sulpice, avait
obtenu que Louis XVI renouvelât le vœu, par lequel Louis XIII avait consacré son
royaume et sa couronne à la sainte Vierge. lien parla d'abord à Madame Elisabeth.
Le roi. gagné parla reine, se rendit chez les orphelines logées sur le parvis; puis
il entra a Notre-Dame, comme par hasard, pour y entendre la messe. A ce moment
et dans le plus grand secret, le roi prononça tout bas la formule de consécration.
CÉRÉMONIES A NOTRE-DAME. 229
être impuissant à arrêter les malheurs que la France cl le trône
avaient attirés sur eux!
Deux autres cérémonies, dont Tune avait précédé la venue de
la famille royale à Notre-Dame, furent autorisées parle; Chapitre.
Le G février, il est averti que deux députés du district sont
venus demander que les citoyens dudit district viennent lundi à
onze heures dans la nef de Notre-Dame pour la prestation du
serment civique, et le lendemain le président, accompagné d'une
députation, témoignèrent aux chanoines le désir qu'une messe
lnisse fût célébrée à la cérémonie, qu'un Te Deiim y fût chanté,
et invitèrent Messieurs à y assister.
Le dimanche, 14 février, une cérémonie attira à Notre-Dame
un concours incroyable, et fut l'occasion de ces démonstrations
pathétiques si à la mode alors. Elle eut pour objet la prestation
du serment civique '.En l'absence de l'Archevêque, M. le Doyen,
à la tète du clergé, alla recevoir à la porte de l'église l'Assem-
blée nationale, conduite par son président, M. Bureau de Puzy.
Après un échange de compliments, la cérémonie commença.
M. l'abbé de Saint-Martin, aumônier général de la Garde na-
tionale parisienne, célébra la messe; quand elle fut terminée,
un membre de la Commune prononça un discours « plein d'é-
loquence, de patriotisme et de sentiments d'amour et de fidélité
pour le Monarque bienfaisant, qui mérite chaque jour de plus
en plus le titre de Restaurateur de la Liberté Française - ».
Alors M. le Maire s'avance vers l'autel, il se tourne du côté
1. Les Archives nationales possèdent une carte d'entrée pour la galerie basse de
la nef: elle était attribuéeà M. Etienne de la Rivière, représentant de laCommune
de Paris pour le district des Barnabites, B1 5. — Quelques jours avant la cérémo-
nie, Bailly, toujours très pratique, avait écrit la lettre suivante à M. de La Fayette:
« J'ai obtenu, Monsieur le Marquis, des ordres du Roi pour faire disposer l'église
Notre-Dame par les entrepreneurs des Menus pour dimanche prochain, 1 1 de ce mois,
jour auquel la Commune doit y faire chanter le Te Deum. Les étendards de la
cavalerie étant sur le point d'être bénis, ne seriez-vous pas d'avis de profiter de
cette occasion? 11 y aura par ce moyen économie de temps pour nous, économie
de dépenses pour la Ville de Paris, et la bénédiction en attendant ne pourra qu'aug-
menter l'éclat de la cérémonie du Te Deum. » Bibl. Nat. Mss. F. fr. n. 11.697.
2. Procès-verbaux de l'Assemblée nationale, 14 février 1790, p. 2. Malgré ces
belles paroles à l'adresse du roi, on murmura à Notre-Dame au sujet de l'absence
de la famille royale.
230 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
de l'Assemblée nationale, la salue avec respect et prononce à
haute voix la formule du serment civique. « Dans le même
instant, dit un compte rendu, toutes les mains ont été levées,
les drapeaux ont été inclinés, les épées balancées en l'air :
tous les spectateurs ont juré de maintenir la Constitution. Le
roulement des tambours, le son des cloches, le bruit du canon
ajoutaient encore au spectacle imposant et majestueux de ce
serment solennel. » Un rayon de soleil, illuminant subitement
l'assistance, inspira les plus dithyrambiques allusions !
Ces cérémonies trop théâtrales, où la Religion pâlissait devant
la Politique, inspirèrent aussi à un pamphlétaire un écrit pres-
que blasphématoire, tant la dérision suit de près la sainte litur-
gie. Il était intitulé : Grand' Messe solennelle célébrée en l'Église
Notre-Dame le jour de Pâques 1790. Maury chantait la messe,
assisté de Rabaut et du prince de Broglie ; l'épître devait être lue
par Cazalès et la prose était modulée par Charles Lameth sur le
Victimœ PascJiali laudes : « La mort et la vie sortent d'un combat
long et douteux; la vie Ta emporté: que le règne de la Constitu-
tion dure autant qu'il en sera besoin pour l'intérêt des constitués.
Dis-nous, Target, père de la Constitution, apôtre de la Liberté,
ce que tu as vu au sépulcre de l'aristocratie ? — J'ai vu la Liberté
sortir de cette tombe, planer dans les airs et remplir l'univers
étonné du bruit de son nom! » Mirabeau, Bergasse, Barnave, La
Fayette avaient aussi leur rôle à tenir dans cette parodie '.
En même temps que l'église Notre-Dame retentissait d'accla-
mations, de serments, de roulements de tambours et même de
décharges de fusils 2, le Chapitre s'occupait silencieusement de
se conformer aux volontés de l'Assemblée nationale au sujet
des Biens du Clergé. C'était pour lui une triste besogne qu'il
accomplit en toute conscience et exactitude, nous dirions même
avec trop d'empressement, si nous ne savions pas que toute
résistance de sa part eût été vaine.
1. Bibl. Nat. Lb^s n° 3182. s. 1. n. d.
2 Le -27 septembre 1789, jour do la bénédiction des drapeaux de la Garde natio-
ii ï>'. il y eut décharges do fusils dans l'intérieur même do l'église : manifestation
trop bruyante ot déplacée, qui déplut profondément à M. do Juigné.
DÉCLARATIONS DES BIENS DU CHAPITRE. 231
L'Assemblée nationale, dans sa séance du 13 novembre 1789,
avait indiqué comment elle entendait mettre les Biens du Clergé
;i l;i disposition de la Nation : « Tous les titulaires de bénéfices,
de ([inique nature qu'ils soient, dit le Décret porté ce même jour,
sont tenus de faire sur papier libre et sans frais, dans deux mois
pour tout délai, à compter de la publication du présent décret,
par devant les juges royaux ou officiers municipaux, une déclara-
tion détaillée de tous les biens mobiliers et immobiliers dépendant
desdits bénéfices... ainsi que de leurs revenus et de fournir dans le
même délai un état détaillé des charges, dont lesdits biens peu-
vent être grevés, lesquels déclarations et états seront par eux
affirmés véritables devant lesdits juges Ou officiers et seront pu-
bliés et affichés à la porte principale de chaque paroisse où les
biens sont situés et envoyés à l'Assemblée- nationale par lesdits
juges et officiers. » Les corps ecclésiastiques se virent en même
temps obligés d'établir, avec les mêmes formalités, une déclara-
tion générale de toutes leurs possessions.
1 >és que les chanoines de Notre-Dame eurent connaissance du
décret, ils se mirent en devoir d'y satisfaire, et, après les avis
recueillis dans le chapitre ordinaire du 7 décembre, ainsi que
dans la Chambre du 10 du même mois, M. de Champigny, agent
des alîaires, de concert avec M. Barbie, receveur général, pré-
para les déclarations que le Chapitre aurait à faire tant à Paris
que dans les paroisses de tous ses domaines.
Ce travail était considérable ; le relevé de tous les biens du
Chapitre remplit un cahier in-folio de cent trente pages. Après les
noms des chanoines et bénéficiers de l'Eglise de Paris, il com-
prend un inventaire sommaire du mobilier appartenant au Cha-
pitre; puis il donne en détail les revenus et les charges des diffé-
rentes caisses tant à Paris qu'à la campagne. Nous avons en
partie reproduit ce document dans les chapitres troisième et qua-
trième, quand nous avons étudie les biens du Chapitre et
l'administration capitulaire.
La première rédaction ' de la déclaration générale, examinée
1. Le carton S. 460 aux Archives Nationales contienl trois rédactions.
232 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
une dernière fois à la Chambre, tenue le matin du 18 janvier 1790,
fut le jour môme déposée sur le bureau du Chapitre. « Sur le
rapport fait au Chapitre, dit la conclusion du 18 janvier, de ce
qui s'est passé à la Chambre tenue aujourd'hui par continua-
tion de celle du 10 décembre dernier, en exécution de la conclu-
sion du 7 du même mois, au sujet des Déclarations tant partielles
que générales à faire par le Chapitre, pour satisfaire au décret
de l'Assemblée nationale du 13 novembre dernier et aux Lettres
patentes du Roi, expédiées sur ce Décret le 11 dudit mois de
novembre et transcrites au Parlement en vacations le 27 du
même mois, sur l'exposé fait en outre que M. l'Agent des Affaires
aurait mis les projets desdites Déclarations sous les yeux de
Messieurs composant le Comité ecclésiastique de ladite Assem-
blée, lesquels les auraient approuvées, Messieurs, lecture faite
du susdit Décret et Lettres patentes et remise faite sur le bureau
des susdits projets, ont, après en avoir délibéré et en adoptant
l'avis de la Chambre, approuvé la forme proposée desdites Dé-
clarations et ont autorisé le Sr Barbie, receveur général du
Chapitre, à la faire imprimer pour en rendre l'exécution plus
prompte et plus facile, et en outre ont chargé-prié M. le Doyen
et M. le Chambrier de signer les dites Déclarations au nom du
Chapitre. »
Les déclarations partielles se firent dans les cent cinquante-
trois paroisses, où le Chapitre possédait quelque bien, en mars
et avril. Elles furent rédigées par M. Barbie et déposées entre les
mains des officiers municipaux par les fermiers, procureurs fiscaux
ou amis du Chapitre et par eux certifiées véritables. Les Archives
Nationales (Série S, n° 46) conservent les copies informes et
authentiques de ces cent cinquante-trois Déclarations ; ces der-
nières sont rédigées sur de superbes affiches, timbrées aux armes
du Chapitre et signées d'abord, conformément à la jurisprudence
capitulaire, par le Doyen et le Chambrier, puis par le décla-
rant et aussi par un des officiers municipaux de chaque com-
mune.
L'affichage se fit sans opposition, sauf à Andrésy, où les habi-
tants protestèrent contre la banalité attribuée k trois pressoirs, à
DÉCLARATIONS DES BIENS DU CHAPITRE. 233
Larchant, où un marais fut indûment déclaré sien par le Cha-
pitre, et à Wissous où la question de la dime souleva encore
de violentes réclamations. Le procureur de cette commune refusa
d'accepter la Déclaration et adressa à ce sujet à M. Barbie une
lettre de protestation : « Aussitôt que la Déclaration des biens,
que Messieurs du Chapitre de l'Eglise de Paris possèdent dans
notre paroisse, nous a été remise, nous l'avons lue et affichée
le 11 avril à la porte de l'église à l'issue de la messe paroissiale
en présence de tous les habitants et de la Municipalité assemblés,
qui n'ont pas cru devoir signer le certificat joint à ladite Déclara-
tion, en conséquence d'une délibération du mois de juillet dernier
et de la sommation que lesdits habitants ont fait signifier à
Messieurs du Chapitre par le S1 Auboin, leur fermier, au sujet de
la dime qu'ils n'entendent payer qu'à raison de quatre gerbes
l'arpent comme ils l'ont payée l'année dernière, au lieu de huit
du cent, comme Messieurs l'annoncent dans leur Déclaration.
C'est le sujet pourquoi ils refusent de la signer. Signé : Etienne
Bailliard, procureur de la Commune ' . »
Le receveur Barbie, dont le projet de déclaration générale
avait été approuvé parle Chapitre et aussi, nous l'avons vu, placé
sous les yeux des membres du comité ecclésiastique de l'As-
f>embW nationale, avait mis la dernière main à son travail. Avec
les autres employés du Chapitre, il avait dressé, en février et
mars, un inventaire détaillé du trésor, de la sacristie, de la biblio-
thèque, de tous les services capitulaires et enfin, le 19 avril, il put
se présenter par-devant la Municipalité de Paris pour faire, au
nom du Chapitre, la déclaration générale de ses biens.
« Aujourd'hui, dix-neuf avril mil sept cent quatre-vingt-dix,
est comparu devant nous Barthélemy-Jean-Louis Le Coulteux de
la Noraye, lieutenant du Maire au département du domaine de la
Ville de Paris, M. Jean-Charles Barbie, receveur général du Cha-
pitre de l'Église de Paris, demeurantCloitre-Xotre-Dame, paroisse
Saint-Denis-Saint-Jean-Baptiste, et comme fondé de la procura-
tion spéciale à l'effet des présentes de MM. les Doyen et chanoines
1. Cfr. If détail <!<■ la dîme de Wissous, page 124, en note.
23 i LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
de l'Eglise de Paris, suivant l'acte passé devant Me Péron1, qui en
a la minute, et son confrère, notaires à Paris, le 19 avril 1700, dont
une expédition, représentée parle Sr Barbie, est demeurée annexée
à la minute des présentes, après avoir été de lui certifiée vérita-
ble, lequel mondit Sr Barbie déclare audit nom que les biens im-
mobiliers que possède le Chapitre de l'Eglise- de Paris, situés tant
dans Paris qu'à la campagne, se montent à G11.238 livres 2 sols;
savoir, 352.852 1. 5 d. pour les biens situés à Paris, et 258.415 1.
19 s. pour les biens de la campagne. Que les charges et dettes,
dont est grevé le Chapitre, se montent à 608.606 1. 4 d., tant
pour les charges réelles que pour les charges éventuelles, le tout
très au long et bien distinctement énoncé en différents tableaux,
représentés par ledit Sr Barbie :
« A l'égard du mobilier, l'énoncé en a été fait dans les deux
premières pages du tableau général, et, à l'appui de cet énoncé,
ledit Sr Barbie a remis six liasses pour être annexées au tableau
général. La première contient l'inventaire des ornements, linges,
tapis, renfermés dans le trésor, les tableaux et ustensiles servant
à l'exercice du culte divin et faisant la décoration de l'église. La
seconde est l'état de la Bibliothèque, du Secrétariat et de la Salle
capitulaire. La troisième est celui de la Maîtrise des enfants de
chœur. La quatrième est celui de la Communauté des chantres
de l'Eglise de Paris. La cinquième est celui du cabinet du rece-
veur général du Chapitre. La sixième est celui des Archives »;
« Toutes lesquelles pièces sont demeurées déposées dans le
Bureau des Archives de la Municipalité et dans un carton parti-
culier, après que sur icelles il a été fait mention de leur dépôt,
attendu que la quantité et le volume de ces pièces ne permet point
qu'elles soient annexées à la minute des présentes;
1. « Parole a été aussi donnée aud. M" Péron pour passer procuration au S' Bar-
bie, receveur général du Chapitre, à l'effet de faire à Messieurs le Maire et Officiera
Municipaux de la Ville de Paris la déclaration générale des biens mobiliers et im-
mobiliers, dettes et charges du Chapitre, et de leur remettre les déclarations par-
tielles venant au soutien de cette déclaration générale, le tout en conformité des
conclusions des 18 janvier et 5 février derniers et de faire devant Mesd. sieurs les
Maire et Officiers l'affirmation prescrit:' par le décret de l'Assemblée nationale <lu
13 novembre dernier. » Chapitre général de Pâques, 19 avril 1790.
DÉCLARATIONS DES BIENS DU CHAPITRE. 23:;
« Observe mondit Sr Barbie que, à l'appui de la Déclaration
des biens immobiliers dans la campagne, il a envoyé des affiches
particulières dans les endroits où étaient situés les biens, qu'elles
ont été mises à la principale porte de l'église, qu'elles sont au
nombre de cent cinquante-trois, comprises sous cent quatre nu-
méros, ainsi qu'il est constaté par le relevé également joint aux
autres pièces ;
« Et a mondit Sr Barbie signé la minute de la présente Décla-
ration, restée aux Archives du Bureau des Déclarations des Biens
du Clergé ;
« Laquelle Déclaration nous avons reçue au nom de la Munici-
palité, en vertu des pouvoirs qui nous ont été donnés, et avons
sommé mondit Sr Barbie de comparoir le mardi quinze juin onze
heures du matin, à l'audience de Messieurs tenant le tribunal con-
tentieux de la Municipalité pour y réitérer et affirmer la présente
Déclaration et en voir ordonner la publication. »
A cette date, Barbie, muni des pouvoirs que le Chapitre lui réi-
téra le matin même1, se présenta à l'audience, prêta serment et'
affirma « que la Déclaration contenait la vérité et qu'il n'a point
connaissance qu'il eût été fait directement ou indirectement aucune
soustraction de titres, papiers et mobilier dudit Chapitre ». La
-Municipalité ordonna que la Déclaration serait affichée à la porte
de l'Hôtel de Ville et à celle des églises de l'arrondissement où
étaient situés les biens du Chapitre2.
Tous les chanoines, bénéiîciers et chapelains de l'Église de
Paris firent aussi, en ces mêmes mois, la déclaration de leurs
bénéfices, non seulement de Paris, mais encore de ceux qu'ils pos-
sédaient en province. Comme nous l'avons fait remarquer, la plu-
part des chanoines estimèrent les revenus de leur canonicat entre
6.000 1. et 8.000 1. Peu restèrent au-dessous; quelques-uns dé-
1. ■ Le 11 juin, sue D> rapport fait par M. le Chambrier de la confection du tra-
vail du receveur général du Chapitre, relativement à la Déclaration mentionnée
èa-c inclusions des 18 janvier et 5 février dernier, Messieurs, après avoir délibéré,
ont chargé-prié MM. l'archidiacre de Brie, Lucas, Bulté el Delon d'examiner le tra-
vail et d'en référer au Chapitre. •■ — « Le 1 r- juin, l'archidiacre de Brie lit un rapport
sur le travail du receveur général; Messieurs l'ont approuvé el autorisé led. rece-
veur a remettre la Déclaration a la Municipalité de Taris. . Concl. capït.
•-.'. Arch. XaL, S. 7051-7032.
236 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
passèrent même les 8.000 1. Cet écart provient de ce que les uns
comptèrent ce qu'ils recevaient de fait ; les autres, ce qu'ils au-
raient pu recevoir, s ils eussent assisté à toutes les cérémonies et
à tous les chapitres. Nous croyons le dernier chiffre exagéré :
M. Chevreuil était dans le vrai, quand il déclara que son canonicat
lui rapportait G. 000 1. « Tune année portant l'autre depuis la fin
de 1779 ». Il avait pris une moyenne de dix ans.
Les chanoines, résidant à Paris, firent eux-mêmes leur déclara-
tion : deux seulement, MM. Chevalier et du Pinet, s'excusèrent pour
raison de santé et déléguèrent, l'un M. Bézard, receveur des cen-
sives, l'autre M. l'abbé Pontus, prêtre du diocèse de Coutances,
qui habitait chez lui. Les chanoines absents de Paris durent en-
voyer une procuration authentique à quelqu'un de leurs amis, pour,
en leur lieu et place, se présenter par devant les Officiers munici-
paux. Les chanoines de Saint-Aignan firent la Déclaration de leur
mense particulière par M. Chevalier et la communauté des cha-
pelains par son procureur, M. Béguinot '.
II
Si le Chapitre de Paris se sentait mortifié de toutes ces entre-
prises sur ses droits et ses privilèges, l'intérêt de la Pieligion
le touchait encore davantage et les coups qu'on allait lui porter
directement, lui étaient plus sensibles que ceux qu'il recevait lui-
même. Un douloureux débat, ouvert à la tribune de l'Assemblée
nationale, va lui donner l'occasion de témoigner un courage vrai-
ment apostolique, qui lui valut l'approbation de toute l'Eglise de
France, mais aussi qui déchaîna contrelui les fureurs du populaire.
« 11 a été exposé par Messieurs, dit la conclusion du 12 avril,
que le clergé de France n'était pas seulement menacé d'être dé-
pouillé de ses possessions et de l'administration de ses biens,
mais qu'il y avait encore tout lieu d'appréhender que la Religion
catholique, apostolique et romaine ne fût pas maintenue dans le
1. Les déclarations particulières des chanoines, bénéficiers, chapelains, etc., sont
aux Archives Nationales, Série S, nos loG-lGi, 7Û51-70Ô2.
LA RELIGION D'ÉTAT. 237
culte public et solennel qui lui appartient, exclusivement à toute
autre, que déjà il avait été décrété par l'Assemblée nationale
comme article constitutionnel que la loi ne reconnaîtra pins de
vœux monastiques des personnes de l'un ni de l'autre sexe; que ce-
pendant les vœux solennels de Religion, autorisés par l'Eglise uni-
verselle, sont reconnus et admis dans tous les Etats catholiques :
qu'on en était maintenant àproposerde supprimertous les titres de
bénéfices, autres que les archevêchés, évêchés et cures, et de sa-
larier tous les ministres du service divin; que toutes ces destruc-
tions entraînent nécessairement la subversion, la ruine et l'anéan-
tissement de la Religion, constamment professée et défendue par
nos pères malgré les révolutions des temps ; que, dans les conjonc-
tures où nous nous trouvons, il n'était plus permis à l'Eglise de
Paris, dénommée par nos rois la première du royaume, de se
renfermer dans le silence qu'elle a jusqu'à présent gardé; que ce
serait de sa part manquer à l'obligation où elle est de veiller au
maintien de la Religion, qu'elle professe comme la seule vraie, et
à la conservation des droits qui lui appartiennent essentiellement ;
que d'ailleurs nombre d'églises du royaume ont adressé, sans y
avoir été provoquées, pouvoirs et procurations au Chapitre de Pa-
ri-- pour défendre en leur nom les intérêts de la Religion contre les
atteintes qui leur seraient portées; que ne pas réclamer en faveur
de ces corps, inhérents à la constitution de l'Eglise et de l'État, ce
serait dans la crise actuelle unelàche prévarication; que ces objets
lui paraissaient d'une assez grande importance pour être pris en
considération; qu'en conséquence il priait la Compagnie d'en
délibérer. » Le Chapitre, ému par de tels considérants, se
tourna vers ses deux députés à l'Assemblée nationale, MM. Che-
vreuil et de Bonneval, et il les chargea d'exprimer de la manière la
plus puissante à l'Assemblée, tant au nom de l'Eglise de Paris
qu'en celui des quarante-trois églises unies à lui1, ses sentiments
1. Aux quarante-trois églises, qui passèrent procuration au Chapitre de Paris, el
que nous avons nommées page 213, il faut ajouter les cathédrales de Chartres et de
Troyes. « Sur la présentation, faite a Messieurs de la délibération capitulaire 'lu
Chapitre de Chartres, en date du 21 de <•<■ mois, ri .1.' celle du Chapitre de Troyes
• •il date du 23 il'' ce mémo mois, par lesquelles ils engagenl le Chapitre de l'Église
de Paris à les comprendre dans toul ce m1"' ^:i s igesse et sa prudence lui inspire-
238 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
d'attachement à la Religion catholique et de protester de tout leur
pouvoir contre la motion tendant à lui enlever le titre de Pveligion
d'État.
Le lendemain soir eut lieu à l'Assemblée nationale une séance
des plus orageuses : M. de Bonneval monta à la tribune, mais il
ne put se faire entendre; la discussion fut fermée sur le fond et
on alla aux voix. Tout ce qu'il put obtenir, ce fut de faire annexer
au procès-verbal de la séance le discours qu'il devait prononcer
et les conclusions capitulaires des 12 et 14 avril en témoignage du
mandat qu'il avait reçu du Chapitre de Paris et des quarante-trois
églises unies à lui.
Quand le compte rendu de la séance fut connu du Chapitre
le 14 avril au matin, celui-ci allait se réunir. A en juger par le
procès-verbal, une profonde émotion régnait dans tous les
cœurs. On expédie rapidement les affaires ordinaires. Les pen-
sées sont plus haut! Le décret, intervenu la veille, concernant
la Pieligion catholique, est lu et commenté ; il épouvante les cha-
noines à cause de ses termes, qui pourraient donner lieu à des
craintes sur le maintien de la Religion catholique comme seule
Religion d'État. Séance tenante, les chanoines rédigent une pro-
testation qu'ils ordonnent d'imprimer et de répandre k profusion.
« Le Chapitre, y est-il dit, manifeste de la manière la plus au-
thentique et la plus solennelle son inviolable attachement à cette
Religion sainte qui seule est la véritable, seule a toujours été la
Religion de la Monarchie française, dont elle a précédé dans les
Gaules l'établissement; seule doit y avoir le droit d'exercer un
culte public et solennel; seule enseigne la doctrine, prescrit le
culte, inspire les sentiments, établit les maximes de morale et de
conduite les plus intimement liés au vrai bien de l'ordre social,
dont Dieu est l'auteur, au bonheur et à la tranquillité du peuple
dont il est le protecteur et le père; seule enfin peut conduire ceux
qui la professent et l'observent au salut éternel. Tels sont les sen-
timents profondément gravés dans le cœur de tous les membres
ront de faire dans les circonstanc ;s fàcheus is où se trouve la Religion, Messieurs
ont ordonné que lesd. actes seraient déposés aux Archives du Chapitre pour en
faire tel usage qu'il conviendra. » Concl. cap., 28 avril 1790.
LA REUGIOxN D'ÉTAT. 239
qui composent le Chapitre do Paris, et il n'en est aucun qui ne fût
disposé, moyennant le secours de la grâce de Dieu, à répandre
son sang pour le maintien et la défense de cette Religion ! »
La Protestation était belle et noble ; elle fut votée par acclama-
tions; mais ses dernières lignes avaient un sens un peu trop géné-
ral. Dans la salle capitulaire, en pleine séance, une voix, celle de
M. de Montdenoix, était en désaccord avec les voixde ses confrè-
res. Il protesta contre la Protestation! Quoi qu'il en ait pu dire plus
tard, M. de Montdenoix « fut le seul de sa bande l »; lui seul,
des quarante-huit chanoines survivants en 1791, prêtera serment
à la Constitution civile du Clergé.
Cette nouvelle Protestation du Chapitre fut accueillie avec em-
pressement par tous les esprits éclairés, sages, pondérés, qui ne
s'étaient pas laissés étourdir par les déclamations quotidiennes
de la tribune. Elle était déjà arrivée à sa troisième édition et se
couvrait de signatures. Les meneurs réchauffèrent alors contre
le Chapitre toute l'animosité, qu'une première fois ils avaient
déjà excitée dans la populace à l'occasion de la Protestation de
l'année précédente. Des pierres furent lancées dans la rue Royale
contre les croisées d'une maison où, disait-on, se réunissaient
les signataires2; puis la foule se précipita chez le libraire qui
vendait cette déclaration; elle en saisit tous les exemplaires et
les transporta au parvis Xotre Dame, où elle en fit un feu de joie.
In témoin oculaire nous raconte dans une note quelques dé-
tails sur cette invasion du Cloître : « Il s'en est bien peu fallu, écrit
Pavillet sur la première page du relevé de la correspondance des
Chapitres du royaume avec celui de Paris, il s'en est bien peu fallu
1. Cfr. plus loin « le dire de M. de Montdenoix », page 249.
■-'..M. de Pancemont, curé de Saint-Sulpice, fut sérieusement menacé durant ces
jours. Onl'accusait d'avoir signé la Protestation du Chapitre. C'étail une nouvelle
preuve de l'attachement que Messieurs de Saint-Sulpice ont toujours témoigné aux
chanoines de Notre-Dame. Nous en avons trouvé une autre dans la lettre écrite
par M. le ciin; de Saint-Sulpice en 174G, pendant la vacance du siège, pour protester
contre les usurpations des droits du chapitre par le Grand-Prieur de Saint-Germain
des Prés, qui prétendait exercer alors la juridiction de vicaire capitulaire sur la
paroisse Saint-Sulpice au détriment du Chapitre. Le Grand Prieur «'tait pourtant
appuyé par Msr le Prince de Clor.nont, abbé commandataire de Saint-Germain.
Cfr. l'unci. capit., année 1710. — Abbé Jager: IIi<l<>i/v de l'Église catholique en France,
t, XIX.
240 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
que le Cloître entier ne fût incendié le 14 avril 1790 par rapport
à cette correspondance et à la nouvelle Protestation du Chapitre,
qui en était le résultat. Cinq à six mille personnes, parties du
Palais-Royal dans cette intention, averties par le brave Poissenet,
grenadier du bataillon de Sainte-Opportune, que moi, archiviste,
était leur frère d'armes et ni chanoine ni prêtre, mais père de
famille, se contentèrent de brûler la Protestation sur le Parvis
en dansant autour du feu et se retirèrent paisiblement1. »
Pavillet eut peur! la populace était donc bien menaçante et
bien osée pour pénétrer jusque dans les Archives du Chapitre!
Peu après, la police intervint; ce fut pour supprimer la Protesta-
tion et en interdire le colportage.
III
Le 20 mai, s'ouvrit à l'Assemblée nationale la discussion gé-
nérale sur la Constitution civile du Clergé ; c'était pour le Cha-
pitre l'annonce de sa suppression prochaine. Chaque jour à la tri-
bune quelque orateur tonnait contre les sinécures ecclésiastiques,
parmi lesquelles étaient toujours comptés les canonicats ; le Comité
ecclésiastique poussait de tout son pouvoir le projet de loi élaboré
dans son sein, et les propositions les plus extravagantes au sujet
des Chapitres, élueubrations decerveauxmalades, étaient prises en
considération par l'Assemblée et conservées dans ses Archives {.
Après un débat, que nous ne décrirons pas ici, le 12 juillet, la
Constitution civile du Clergé fut décrétée par l'Assemblée natio-
nale et sanctionnée par le roi le 24 août suivant.
Dans cet intervalle, plusieurs cérémonies attirèrent encore à
Xotre-Dame les foules toujours avides de spectacles religieux,
tant il était difficile, pour nous servir du mot de Mirabeau, de
décatlioliser la France !
Le 17 juin, M. le Président du district de Notre-Dame vint pré-
1. Arch. Xat.,L. 542.
SUPPRESSION Dl CHAPITRE. 2H
venir M. de Malaret ([ue MM. de la Basoche, en vertu du décrel
de V Assemblée nationale en date du 12 du même mois, allaient
venir dans la soirée à l'église cathédrale pour y déposer leurs
drapeaux. La cérémonie eut lieu à huit heures du soir; ce lut
M. de Malaret qui la présida1. A leur tour, la Municipalité de Mont-
martre et la compagnie de l'Arquebuse apportèrent les leurs, qui
furent appendus aux voûtes, malgré les réclamations de plusieurs
citoyens qui voulaient alors qu'un y mit aussi les drapeaux de la
Bastille et les enseignes des Gardes Françaises. Le 12 juillet,
les électeurs de Paris firent chanter un Te Deiim; le 23, un ser-
vice solennel fut célébré à la demande de la Municipalité, pour le
repus de l'âme de trois députés de la province, qui périrent dans
les réjouissances de la Fédération2; enfin, le 15 août, Bailly as-
sista, en sa qualité de maire de Paris, à la procession du vœu de
Louis XIII3.
Malgré ces cérémonies dans lesquelles le Chapitre occupait la
place d'honneur, malgré les échanges de bons procédés dont elles
étaient l'occasion, le Chapitre de Paris marchait rapidement à sa
ruine. La Constitution civile du Clergé, qui fut votée sur ces entre-
faites, contenait sa sentence de mort. L'article XX du titre pre-
mier prononçait la suppression immédiate de tous les Chapitres :
« Tous les titres et ollices, autres que ceux mentionnés en la pré-
sente Constitution, les dignités, canonicats, prébendes, demi-
!. Concl. capil. du 12 juillet.
•J. Le 1 1 juillet, le Chapitre lit fermer l'église Notre-Dame; les offices furent célé-
brés à Saint-Denis du Pas, et les vêpres chantées immédiatement après la messe.
Il ne prit part à la tète de la Fédération qu'en y envoyant une délégation de
ses enfants de chœur. « Considérant que les enfants ont été confiés au Chapitre
par leurs parents, à qui il en répond; que. malgré le zèle et la vigilance qu'on
doit attendre des personnes préposées à cette cérémonie, la faiblesse de la plupart
de ers enfants ne permet pas de les exposer à la fatigue d'une telle fête et aux
dangers inséparables de la foule innombrable qui s'y trouvera; considérant que
beaucoup de ces enfants n'y seraient d'aucune utilité et qu'un des grands est ma-
lade, il déroge sur ce point à unusage immémorial ci enverra quatre A>'s plus grands,
si leurs parents y consentent. »
3. Lettre de Bailly au Chapitre : « J'ai l'honneur, .Messieurs, de vous remercier
de l'attention que vous ave/ eue d'inviter la Municipalité de Paris à se trouvera
la procession solennelle, qui, suivant l'usage consacré par le vœu de Louis XIII,
doit se faire le 15 de ce mois. La Municipalité s'empressera de répondre à votre
invitation et so propose d'assister en corps à cette cérémonie religieuse. Signé :
Bailly. . l3aoû1 1790. Arch. Xat., L. 540.
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS. lli
212 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
prébendes, chapelles, chapellenies, tant des églises cathédrales
que des églises collégiales, et tous Chapitres réguliers et sécu-
liers de l'un et l'autre sexe..., sont, à compter du jour de la pu-
blication du présent décret, éteints et supprimés, sans qu'il puisse
jamais en être rétabli de semblables. »
Un décret du 24 juillet suivant vint régler la manière de
liquider la pension des ecclésiastiques, dont les fonctions
étaient supprimées par la Constitution civile. Trois articles in-
téressent particulièrement notre sujet. — Article X : « Les
dignitaires, chanoines, prébendes, semi-prébendés, pourvus de
titres supprimés auront : 1° mille livres ; 2° la moitié du surplus,
sans que le tout puisse aller au delà de 6.000 livres. » — Ar-
ticle XXII : « Pour parvenir à fixer les divers traitements,
réglés par les articles précédents, chaque titulaire dressera un
état estimatif de tous les revenus ecclésiastiques dont il jouit,
ainsi que des charges dont il est grevé : ledit état sera commu-
niqué aux Municipalités des lieux où les biens sont situés pour
être contredit ou approuvé. » — Article XXXI : « Le prix des
maisons n'entre pas dans la masse. » Enfin les décrets des 6 et
11 août ordonnèrent que les déclarations seraient faites dans le
délai d'un mois.
Le Chapitre de Paris se mit aussitôt en devoir de se conformer
aux décisions de l'Assemblée nationale. Le 26 juillet, il autorise
M. Buée, son secrétaire, à délivrer sur leur demande aux bénéfi-
ciers, clercs de Matines et machicots de l'Eglise de Paris des certifi-
cats constatant leurs fonctions et leurs revenus ; le 23 août, il or-
ganise une commission chargée d'examiner et de imiter les affaires
urgentes et « qui pourrait pourvoir au besoin des circonstances
imprévues, laquelle serait tenue de rendre compte au chapitre le
plus prochain de toutes ses opérations provisoires » ; le 13 sep-
tembre, il demande à son archiviste, M. Pavillet, de présenter à
la Municipalité, pour justifier la propriété individuelle des maisons
canoniales, sises au cloître Xotre-Dame, une charte en parchemin
du XV des calendes de juillet 911 donnée par Charles le Simple,
une bulle de Benoît MI, avant 983, date de la mort de ce pon-
tife, une charte de Lothaire et de Louis, son fils, datée de Corn-
SUPPRESSION DU CHAPITRE. 243
piègne, antérieure à 936 '; enfin, le 6 octobre, « lecture faite de
l'article XXVII «lu décret de l'Assemblée nationale des 6 et 11
août 1790, sanctionnés par le roi le 24 du même mois, rendu pour
accélérer la liquidation et le paiement du traitement du clergé ac-
tuel, Messieurs, après en avoir délibéré, désirant jouir du bénéfice
dudit article en remplissant par eux les conditions qu'il impose, ont
autorisé le Sr Barbie, receveur général, à faire en conformité a ce
vœu toutes déclarations nécessaires devant MM. de la Munici-
palité ou tous autres qu'il appartiendra et lui ont donné tout
pouvoir à cet effet ».
Le surlendemain, 8 octobre, M. Barbie se présenta devant les
commissaires-administrateurs des Biens nationaux au dépar-
tement de l'Agence générale, « lequel en exécution de l'arti-
cle XXVII du décret de l'Assemblée nationale des 6 et II août...
portant entre autres choses que les titulaires particuliers, dont
les revenus forment une mense individuelle et les membres des
corps, qui avaient une bourse particulière ou qui en partageaient
les fruits, pourront toucher directement des fermiers et débiteurs
les fermages et arrérages, échus avant le 1er janvier 1790, même
ceux représentatifs des fruits crûs en l'année 1789 et les précé-
dentes à quelque époque qu'ils soient dus, en justifiant qu'ils ont
acquitté le premier tiers de la contribution patriotique, ensemble
toutes les charges bénéficiales autres que les réparations à faire
pour l'acquit desquelles ils n'ont reçu aucunes sommes de leurs
prédécesseurs, pour quoi ils seront tenus de déclarer dans quin-
zaine, à compter du présent décret, au directoire de district,
qu'ils entendent user de la faculté, qui leur est présentement
accordée, de requérir dans le mois et d'obtenir ensuite une véri-
fication de l'acquit des obligations cy-dessus du Directoire du
département dans le ressort duquel se trouve le chef-lieu du
bénéiiee, laquelle ordonnance sera rendue sur l'avis du Directoire
1. Le Chapitre lit imprimer ces documents sous le titre de : Pièces justificatives
de la propriété individu file des maisons canoniales du Chapitre de l'Église de Paris,
au Cloître Xolre-Dame. Ils furent collationnés par les conseillers du roi, no-
taires au Chàtelel de Paris, auxquels Pavillet en fit la dictée littéralement,
qu'il certifia ensuite véritable et exactement conforme aux originaux, 13 sep-
tembre 1790.
244 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
du district, a déclaré que MM. dudit Chapitre de Notre-Dame
entendent user de la faculté accordée par le susdit article aux
membres des corps, qui avaient une bourse particulière ou qui en
partageaient les fruits, en remplissant, par mesdits Sieurs dudit
Chapitre, les conditions imposées par le même article et justifiant
de l'acquit de ces conditions. »
A l'appui de cette déclaration, les chanoines, faisant partie
du Comité nommé le 23 août, dressèrent un état sommaire des
revenus et des charges du Chapitre d'après le premier modèle,
qui avait été remis au mois d'avril précédent au Tribunal con-
tentieux de la Municipalité de Paris, mais établi cette fois en
conformité des derniers décrets.
Le total des revenus s'élevait à la somme de (J2I. 177 livres,
identique à celle portée dans la première déclaration. La diffé-
rence porta surtout sur les charges : « On croit faire observer,
dit le document, que, comme il s'agit de parvenir à la fixa-
tion du traitement tant de Messieurs composant le Chapitre que
de MM. les bénéficiers, gagistes et autres personnes, attachées à
l'Eglise et au Chapitre pour l'exercice du culte divin, il convient
distinguer les différentes natures de charges, détailler celles qui
ont été en grande partie confondues et portées en masse dans
la susdite déclaration générale, établir ce qui doit être prélevé
sur le total des revenus tant pour les objets dont le paiement doit
être continué que pour revenus payés par le Chapitre auxdits
bénéficiers, gagistes et autres personnes, et enfin déterminer
après ce prélèvement la somme qui est à diviser entre MM. du
Chapitre pour former le revenu de chacun d'eux. j » En consé-
quence, on fit figurer au chapitre des charges :
1° Les gros et redevances tant en argent qu'en grains évalués,
dus à différents chapelains, curés, communautés, bénéficiers et
autres personnes, sans y comprendre, comme il a été dit, les gros
et demi-gros des chanoines;
2° Les rentes perpétuelles et viagères, pensions congrues, re-
devances au roi et rentes seigneuriales dues à l'archevêché ;
3° Les sommes payées annuellement à la sacristie des messes
pour l'acquit des différentes fondations ;
SUPPRESSION DU CHAPITRE. 245
4° Les distributions des bénéficiers et gagistes; l'entretien de la
Maîtrise; les honoraires des officiers et serviteurs du Chapitre;
la dépense de la chefeerie;
5° Le pain du Chapitre, sans y comprendre la part qui revient
aux chanoines, attendu que de blé qu'ils ont annuellement fait par-
tie de leurs revenus;
G0 L'aumône payée annuellement au Grand Bureau de l'Eglise
de Paris.
Ces charges réunies s'élevaient à la somme de 178.834 livres.
La différence entre les revenus et les charges, c'est-à-dire
la somme nette qui devait servir de base, conformément aux
décrets précités, pour établir la pension des membres du Cha-
pitre, était donc de 442.342 livres.
Cette déclaration était le préliminaire de la suppression du
Chapitre. Les deux premières semaines de novembre furent
remplies par ces formalités ; la dernière heure approche. Elle fut
annoncée au Chapitre d'abord par une visite des officiers muni-
cipaux dans ses Archives, le 15 novembre, et, plus explicite-
ment, le 16 novembre, par une lettre adressée à M. le Doyen par la
Commission des Biens nationaux de la Municipalité de Paris.
Elle le prévenait « que M. le Maire et deux Membres de
cette administration se transporteraient, demain mercredi, à
l'église cathédrale pour procéder à l'exécution des mesures
ordonnées par les Décrets et la décision des Comités réunis
des Affaires ecclésiastiques et de l'aliénation des Biens natio-
naux de l'Assemblée nationale, qu'en conséquence il était invité
à prévenir les officiers de la sacristie et tels membres du Cha-
pitre qui voudraient assister à la susdite exécution de se trouver
à la sacristie demain mercredi 17 du courant ».
Le mercredi 17 novembre, le Chapitre se réunit et M. le
Doyen donna lecture de cette lettre : « Sur quoi, Messieurs,
après en avoir délibéré, ont chargé-prié quatre de Messieurs,
savoir: M. l'archidiacre de Paris; M. l'archidiacre de Brie;
M. Camiaille, chambrier, et M. Radix, intendant de la Fabrique,
tous chanoines, de se rendre à la sacristie lors de l'arrivée de
M. le Maire, pour le recevoir et lui remettre au nom du Cha-
246 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
pitre la déclaration suivante : « Le Chapitre de l'Eglise de Paris,
considérant que l'opération cy-dessus annoncée, comme aussi
celle commencée depuis deux jours relativement à ses Archives,
ne lui permettent pas de douter que Ton s'occupe incessamment
à son égard de l'exécution du décret de l'Assemblée nationale,
renfermé dans l'article XX du Titre premier de la Constitution
du Clergé, sanctionné par le Roi le 24 août dernier, concernant
l'extinction et la suppression des Chapitres de toutes les églises
épiscopales du Royaume et animé du juste désir qu'il a de
remplir ce qu'il doit :
« A l'Église et au Diocèse de Paris, à qui le rang éminent qu'il oc-
cupe, le rend responsable de sa conduite dans une affaire si im-
portante;
« A l'Église Gallicane, que la même affaire intéresse égale-
ment tout entière puisque partout elle doit essuyer le même
traitement ;
« A l'Église Universelle, qui ne pourra apprendre qu'avec le
plus grand étonnement l'extinction et la suppression de tous les
Chapitres des églises épiscopales d'un Royaume, connu depuis
tant de siècles sous la dénomination de très chrétien, extinction
et suppression décrétées sans le consentement et l'intervention
de l'Église et même contre l'avis des évêques et de beaucoup
d'autres tant ecclésiastiques que laïcs, membres de l'Assemblée
nationale, le Chapitre se croit par ces motifs indispensable-
ment obligé de déclarer et déclare :
« 1° Que, pénétré du plus profond respect pour tout ce qui
porte l'auguste nom du Roi, il s'abstiendra de faire aucune ré-
flexion sur le Décret dont il s'agit et sur les suites que son exé-
cution entraînera par rapport à la Religion et au culte catholique
dans ce Royaume, où il n'est aucun siège, qui n'ait son Chapitre
établi par l'Église elle-même pour acquitter journellement au
nom et en faveur de tout le peuple le tribut et le devoir
de la prière publique, pour servir d'aide et de conseil à l'évè-
que et pour les remplir à sa place lors et pendant que le siège
est vacant; qu'une telle constitution établie par l'Eglise depuis
bien des siècles ne peut être changée sans son intervention et
SUPPRESSION DU CHAPITRE. 247
son autorité si elle jugeait en avoir des motifs suffisants;
« 2° Qu'il regarde un de ses principaux devoirs, qui lui est
spécialement recommandé par la Religion sainte qu'il professe,
dr donner aux peuples l'exemple de la plus parfaite soumission
à la volonté de Dieu, dont la profonde sagesse sait du mal même
tirer sa gloire et le faire servir à l'accomplissement des <!<■>-
seins éternels de sa miséricorde sur les nations et les em-
pires; qu'eii conséquence un Décret qui, sans avoir entendu
les membres du Chapitre, sans même les avoir cites, les dépouille
d'un état, dont ils étaient en possession et autorisé par toutes
bs lois, n'éprouvera de leur part aucune résistance, et qu'ils se
borneront à répandre à cette occasion les larmes les plus amères,
lesquelles seront encore bien plus excitées par la considération des
intérêts sacrés de la Religion que par celle de leurs intérêts
propres et personnels ;
« 3° Que leur attachement inviolable à cette église si ancienne
et si respectable, qui, fondée par saint Denis et cimentée par
son sang et celui de ses compagnons, a précédé de plus de deux
siècles l'établissement de la Monarchie française dans les Gau-
les, à cette Eglise mère de toutes les autres du diocèse, dont
elle était la forme et le modèle, et dont le gouvernement lui
appartenait pendant la vacance du siège; à cette église vrai-
ment nationale, qui a toujours été celle de nos Rois, destinée
à la célébration des cérémonies religieuses, qui intéressent le
bonheur ou la gloire de la Nation; que leur attachement égale-
ment inviolable pour la personne sacrée du Roi, pour toute la
Nation Française et pour la Ville de Paris en particulier, ne
leur permettent pas de cesser, jusqu'à ce qu'une entière impos-
sibilité les y contraigne, d'acquitter, comme on le fait depuis
tant de siècles, le tribut de prières qu'ils offrent jour et nuit au
Seigneur pour la paix et la prospérité du Royaume et surtout
pour qu'il lui plaise d'y maintenir et d'y conserver à jamais la
sainte Religion de nos pères, la Religion catholique, apostolique
et romaine, hors de laquelle il n'y a pas de salut, et dont la
perte ne pourrait être compensée par les avantages temporels,
que la moderne Philosophie prétendrait en devoir résulter, fus-
248 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
sent-ils en effet aussi certains, aussi réels qu'ils sont chimériques ;
que servirait à l'homme, dit la Sagesse Eternelle, de gagner
le monde entier, s'il avait le malheur de perdre son âme, c'est-à-
dire de se perdre soi-même pour l'éternité?
« 4° Enfin qu'en cédant comme ils le font et par les motifs ci-
dessus énoncés, à la nécessité que leur imposent les circonstances
à la fois les plus étonnantes et les plus impérieuses, ils sont bien
éloignés de donner aux dites extinction et suppression un
consentement qui leur est interdit par le serment qu'ils ont
prêté au moment de leur installation, par le zèle dont ils sont
et doivent être animés, pour les droits et les intérêts de l'Eglise
catholique, par l'obligation qu'ils ont contractée de remplir avec
fidélité les pieuses intentions des fondateurs qui, sous la sauve-
garde et la protection des lois, ont disposé de leurs biens en
faveur de l'Eglise de Paris aux charges et conditions énoncées
dans les titres et contrats; par toutes les lois canoniques concer-
nant l'extinction et suppression des établissements et bénéfices
ecclésiastiques, enfin par celles mêmes de l'honneur parfaitement
d'accord en ce point avec les devoirs de la conscience.
« Tels ont toujours été et tels sont les sentiments d'un corps, qui
existe depuis tant de siècles et qui toujours inviolablement at-
taché à sa Religion, à sa Patrie, à ses Rois, a eu le bonheur
de se rendre, pendant le cours de son existence, utile à l'Eglise
et au Diocèse de Paris, à l'Eglise de France et même, dans plu-
sieurs occasions, à l'Eglise Universelle. »
Quand le secrétaire eut terminé la rédaction et la lecture de
cette Protestation, la scène, que nous avons vu se produire déjà
à la séance du 22 avril précédent, se renouvela. M. de Montde-
noix se lève et, déployant un papier, il lit une déclaration dans
laquelle il se dit opposé à la délibération capitulaire, s'élève contre
les sentiments qu'elle exprime et entend se soumettre purement et
simplement aux Décrets de l'Assemblée nationale. Le soir même,
il écrivait à M. le Doyen pour expliquer sa conduite et, les
jours suivants, il faisait paraître un document dans lequel il
développait les pensées qu'il avait exprimées au Chapitre.
SUPPRESSION DU CHAPITRE. 249
Dire de M. de Montdenoix, chanoine de CËglise de Paris, à
Messieurs ses confrères, assemblés le 17 novembre 1790 en
chapitre ordinaire '.
« Messieurs, je souffre plus que je ne peux vous l'exprimer
de la démarche que je me crois obligé de faire en ce moment.
« Est-il position au?si déchirante pour mon cœur, dont toute
la sensibilité vous est connue? Le zèle a fait prendre le change à
une respectable compagnie, qui m'est infiniment chère. 11 me
réduit ou à séparer ma cause de la sienne ou à sacrifier des
principes, que ni vous, Messieurs, ni moi ne pouvons mécon-
naître.
« L'histoire ecclésiastique nous apprend que l'Eglise de Jésus-
Christ, née à l'époque des plus grandes agitations de l'Empire
Romain, n'a pris pendant les trois premiers siècles de son âge
d'or aucun parti dans les révolutions.
« Sa conduite en ce point est conforme au précepte de l'Apô-
tre : Omnis anima potestatibus sublimioribus subdita est. Ses
ministres d'alors, jusque sous la domination de Maîtres ido-
lâtres et persécuteurs, se sont toujours montrés des anges de
paix, soumis à tous les gouvernements, que la Divine Provi-
dence s'est plu d'introduire dans les Empires.
« Sous quel prétexte pourrions-nous éluder l'obligation de
regarder comme loi de l'Etat les Décrets de l'Assemblée natio-
nale sanctionnés par le Roi? Ile! le clergé n'a-t-il pas toutes
sortes d'intérêts de donner là-dessus le bon exemple aux autres
citoyens? Les difficultés, les scrupules, que j'ai ouï former sur
la nouvelle constitution ecclésiastique, s'éclaircissent avec un
peu de bonne foi d'après une solide Distinction du savant cano-
niste, l'abbé de Fleury2.
1. Note de M. dr> Montdenoix : « Ce Dire, le même au fond qui a été mis sous
Ifs veux du Chapitre, a été retouché pour paraître sons ceux du public. • M. de
Montdenoix le mit plus tard aussi sous ceux de l'Assemblée nationale.
•J. Note de M. de Montdenoix : « Nota : Ces discours sont un précieux trésor (!<>
science ecclésiastique el de critique la plus saine, à qui la Philosophie moderne a
rendu elle-même hommage. On lit au catalogue des écrivains célèbres de
Louis XIV : « L'abbé de Fleury, auteur de la meilleure histoire que nous ayons de
250 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
« Il faut, dit-il, bien connaître ce qui est propre et essentiel
à la juridiction de l'Eglise et qu'on la distingue soigneusement
des accessoires, qu'elle a reçus soit par les concessions des
Princes soit par des conditions, qui se sont introduites insensi-
blement.
« Guidé par ces motifs et autres, dont je me propose de justi-
fier ma conduite s'il est besoin, je déclare que je ne prends point
de part aux arrêtés du Chapitre des 12 et 14 avril dernier. Je
le prie de se souvenir que je ne les ai jamais approuvés pas
plus que je n'approuve sa délibération de ce jour, laquelle m'en
a paru une suite *.
« J'embrasse néanmoins de tout cœur les bons sentiments
que ces deux actes contiennent, en particulier ceux de l'attache-
ment le plus inviolable pour la Religion, pour la foi catholique,
apostolique et romaine , pour l'Eglise gallicane, l'une des plus
illustres portions de l'Eglise universelle, et enfin pour la per-
sonne sacrée du Roi.
« Je demande au Chapitre assemblé acte de mon Dire et
qu'il soit joint à la suite de la Déclaration, que la compagnie
vient d'arrêter de présenter aujourd'hui à Monsieur le Maire de
Paris et à MM. les commissaires-députés du corps municipal.
« A l'effet de quoi, je l'ai déposé sur le Bureau de la salle
capitulaire et je l'ai signé.
« Le 17 novembre 1790.
« Signé : D'Eu de Mondenoix. »
l'Église. Ses Discours sont beaucoup au-dessus. » L'autorité de l'Assemblée natio-
nale gagnerait à en ordonner l'enseignement public dans les écoles où l'esprit sa-
cerdotal puise ses principes. »
1. « 11 n'est pas inutile d'apprendre que trente-deux chanoines seulement, qui
composaient le Congrégat, à ce que je crois, ont concouru à cette délibération.
C'esl un tiers du Chapitre absent, et l'on se doute bien qu'il y avait dans ce nombre
des absences de politiques. Pour les présents, je pourrais revendiquer aussi plus
d'une voix, que la crainte du respect humain a entraînée et que les bonnes rai-
sons ra mènera ient,'je l'espère. D'après cela, est-il bien loyal, pour discréditer mon avis,
de faire sonner si haut que je suis seul de un bande? Mais, comme j'ai écrit à
M. le Doyen, ce n'est pas à mon peu d'autorité auquel on doit s'arrêter, ce sont
mes raisons qu'il faut peser. »
SUPPRESSION DU CHAPITRE. 2Si
A peine ce chapitre venait-il de se terminer si douloureuse-
ment pour les chanoines1, qu'ils apprirent que les Officiers mu-
nicipaux2, annoncés par la lettre de la veille, arrivaient ù
Notre-Dame pour procéder à l'inventaire des effets mobiliers.
MM. Lecorgne de Launay, archidiacre de Paris, des Fiasses,
archidiacre de Brie, Camiaille, chambrier, et Radix, intendant
de la Fabrique, délégués par leurs confrères, se rendirent à la
sacristie. M. de Launay lui-même nous rendra compte de cette
première entrevue avec les exécuteurs du Chapitre : « M. le
Maire et Officiers municipaux, étant arrivés vers les onze heures
et demie, lui, archidiacre de Paris, et les trois autres commis-
saires se sont avancés jusqu'à la porte d'entrée de la ^sacristie,
1. Le 13 décembre suivant, le bas-chœur de Notre-Dame fit paraître à son tour
la déclaration suivante : « Nous soussignés, prêtres, diacres, sous-diacres, ci-devant
bénéficiers de l'Église Métropolitaine de Paris, sous 1rs titres de chanoines de Saint-
Denis du Pas, Saint-Jean le Rond, et vicaires de Saint-Aignan, de plus les musi-
ciens, clercs, de la dite église, après avoir pris connaissance d'une protestation
■ les ci-devant chanoines et Chapitre, et. en outre, d'une déclaration par eux faite
aux officiers municipaux de ladite ville lors de l'apposition des scellés sur les
effets mobiliers de ladite église, désirant autant qu'il est en nous demeurer fidèles
au serment civique, que nous avons prêté avec tous les Français, montrer de la
manière la plus solennelle notre entière soumission aux lois, décrétées par l'As-
semblée nationale, acceptées par le Roi, et spécialement à la Constitution civile du
clergé, déclarons desavouer authentiquement toutes protestations ou déclarations
d'elles ou supposées, secrètes et publiques, sous le nom du Chapitre de Paris:
reconnaissons que l'Assemblée nationale a eu le droit de décréter et le Roi de sanc-
tionner et faire exécuter comme loi obligatoire pour tout ecclésiastique-citoyen
ladite Constitution civile du clergé, dans laquelle nous n'avons rien reconnu que
de conforme aux quatre articles du clergé de France et aux libertés de l'Église
gallicane ; que nous sommes disposés à prononcer le serment exigé des fonction-
naires et pensionnaires ecclésiastiques de la Nation, sans y être portés par d'au-
tres motifs que ceux de la conscience, de la raison, de la justice et de i'amour de
la Patrie. En foi de quoi nous avons signé la présente déclaration. » Cette déclara-
tion ainsi que le dire de M. de Montdenoix eurent l'honneur d'être lus à la tri-
hune île l'Assemblée nationale. Cfr. Moniteur, 4 janvier 1791, et Procès-verbaux de
ï Assemblée nationale, novembre 1790.
•J. Cyr Jacques Vigner et Jean-Jacques Hardy, lisse présentaient à Notre-Dame
en vertu de l'article IV de l'Instruction du 19 octobre, qui comprenait une dispo-
sition particulière à l'égard de la ville de Paris : ■ Les directoires des départements
et la Municipalité de Paris, commise à cel effet par l'Assemblée nationale à dé-
faut de Directoire du département de Paris, nommeront et prendront sur les
lieux, autanl qu'il s, tu possible, les commissaires qui seront nécessaires pour
vaquer aux opérations portées dans les articles précédents et ils rendront compte
de leur exécution aux comités réunis d'aliénation des Biens nationaux et des
Affaires ecclésiastiques -. Procès-verbaux de l'Assemblée nationale.
2b2 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
où lui, archidiacre de Paris, a dit « que le Chapitre les avait
« députés pour avoir l'honneur de les recevoir : pour les assurer
« des sentiments d'attachement et de respect dont il était animé
« envers la Municipalité de Paris; pour les supplier de vouloir
« bien entendre la lecture de la Déclaration du Chapitre sur les
« extinction et suppression, dont il est prochainement menacé,
« l'insérer dans le procès-verbal qui serait dressé et en donner
« acte au Chapitre ». Sur quoi M. le Maire, après avoir entendu
avec beaucoup d'attention et d'honnêteté la lecture de la déclara-
tion, a répondu qu'il allait se retirer avec les deux Officiers mu-
nicipaux pour délibérer sur la demande du Chapitre. Il des-
cendit quelques minutes après du Trésor, où ils s'étaient retirés,
et dit aux députés qu'ils ne pouvaient ni ne devaient recevoir
cette déclaration, ni l'insérer dans leur procès-verbal, ni en don-
ner acte au Chapitre, qui était le maître, s'il le jugeait à propos,
de l'adresser à l'Assemblée nationale '. »
Malgré cette fin de nou-recevoir, Bailly, de l'aveu môme de
M. de Launay, avait écouté volontiers les chanoines et, avant
de procéder effectivement à l'inventaire, il voulut bien faire part
des désirs du Chapitre et demander de nouveaux ordres au Co-
mité ecclésiastique. Le lendemain, Vigner lui adressait la lettre
suivante :
« Messieurs,
« Je vous prie de décider si, en ce moment où je procède
comme officier municipal et commissaire à l'administration des
Biens nationaux à l'inventaire et apposition de scellés sur les
effets mobiliers de l'Eglise cathédrale de Paris, je dois annoncer
à MM. les chanoines que l'olfice canonial ne doit plus avoir lieu,
ou si au contraire ils doivent continuer jusqu'au 1er janvier 171)1.
« Dans le premier cas il y aurait un bien grand nombre d'effets
à renfermer sous les scellés, attendu que l'olfice canonial exige
plus d'ornements et de reliques. Dans le second, je crois ces
Messieurs disposés à réclamer beaucoup d'effets comme néces-
1. Concl. capit. du 19 novembre. Arch. Xat., LL. -23-24'-.
SUPPRESSION DU CHAPITRE. 253
saires au culte, ce qui ne présenterait aucun inconvénient attendu
qu'ils seront tous exactement relatés et décrits dans l'inventaire.
Signé : Vigner '. »
Le Comité ne fit pas attendre sa réponse; il envoya à la Mu-
nicipalité la minute même de la délibération, à laquelle le secré-
taire Le Breton ajouta cette note : « Pour plus grande instruc-
tion, on envoie à Messieurs les administrateurs l'avis contenu
dans cet écrit que le temps ne permet pas de mettre au net. »
L'ordre était formel, et l'empressement que mit le Comité à le
communiquer indiquait qu'il exigeait une exécution immédiate et
entière.
« Le Comité ecclésiastique, sur la consultation de Mrs de la
Municipalité de Paris relativement à la demande du ci-devant Cha-
pitre de Notre-Dame après s'être fait représenter... (ici sont trans-
crits les Décrets de V Assemblée nationale , est d'avis : 1° que
M" les Officiers municipaux de la ville de Paris ne doivent laisser
dans l'église métropolitaine que les ornements, Arases sacrés et
autres objets, nécessaires au service de la paroisse cathédrale;
2° que les chanoines étant supprimés, ils n'ont plus le droit de
faire l'oflice canonial par eux-mêmes et qu'il doit être fait par
les vicaires qu'aura choisis l'évêque métropolitain de Paris '-. »
La réponse était parvenue à la Municipalité le soir du 19 no-
vembre : dès le lendemain, samedi 20 novembre, son procureur-
svndic en fit donner notification à qui de droit par l'huissier
Uothery. Celui-ci se présenta d'abord à l'archevêché, où il fut
reçu à la porte par le suisse Joguier, dit Fribourg. « Avons
requis, porté l'exploit, et en tant que de besoin sommé mondit
sieur de Juigné de convoquer le Chapitre de Xotre-Dame pour
lundi, 22 du présent mois, dix heures du matin, en la salle capi-
1. Arch. Nat., I» XIX /6, w 556.
-„'. \ igner fit prendre uni' copie de la réponse, dont il renvoya la minute 1'' même
jour au Comité. Li> manuscrit il'' la Bibliothèque nationale, qui nous a conservé
tous ers détails, renferme une autre lettre analogue à celle que oous avons donnée
dans !'■ texte, mais qui n'esl pas datée. > L'office canonial de L'Église Métropoli-
taine 'If Paris, ainsi qui' de tous les autres chapitres 'lu Royaume, 'l"it cesser a
l'instant en vertu de l'article 24 du Titre premier du décret du 12 juillet sur la
Constitution civile du clergé, qui supprime du jour de la publication tous l< - cha-
pitres, dignités et prébendes et autres titres qui les composent... -
254 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
tulaire dudit Chapitre où Messieurs les Officiers municipaux se
rendront à l'effet de lui donner lecture des articles desdits dé-
crets , lui déclarons que, faute par lui de satisfaire à la re-
quête cy-dessus, il sera par Messieurs les Officiers municipaux
procédé sans autre réquisition à l'exécution pleine et entière
desdits décrets. » Le suisse, accoutumé sans doute, depuis le
départ de M. de Juigné, à de telles visites, répondit que « Mon-
sieur l'Évèque de Paris n'est point actuellement dans son
palais épiscopal, ni à Paris, qu'à sa connaissance, il est à
Chambéry en Savoie, qu'il n'a pas d'autre réponse à faire », et,
fidèle à la consigne qui lui était donnée pour pareille occurrence,
Fribourg refusa de signer.
Malgré les menaces de passer outre « sans autre réquisition »,
la Municipalité avait remis à l'huissier deux autres commande-
ments. Le premier était à l'adresse des grands vicaires et rédigé
à peu près dans les mêmes termes que celui déposé chez l'ar-
chevêque. Ce fut M. du Bois-Basset qui le reçut : facile à lui de
répondre à l'agent ministériel « qu'il n'est point en son pouvoir
de convoquer MM. les chanoines de Notre-Dame, qu'en consé-
quence la présente notification ne doit pas le concerner ». Piothery,
en désespoir de cause, s'adressa là où il aurait dû aller d'abord;
de l'archevêché il se rendit au Cloitre et se fit introduire auprès
de M. de Montagu, doyen. Celui-ci, usant du droit que lui confé-
rait sa dignité, promit « qu'il assemblerait lundi prochain à
l'heure accoutumée le Chapitre de Notre-Dame dans la salle ca-
pitulaire où il s'assemble ordinairement ». Cette fois, Rothery
put se retirer satisfait!
Le dimanche, 21 novembre, le Chapitre célébra les offices
comme à l'ordinaire. Le lundi 22, après la Messe des défunts,
qui se disait trois fois la semaine, on chanta au chœur la messe
capitulaire, la dernière que le Chapitre ait célébrée! C'était
celle de sainte Cécile, vierge et martyre. Les chanoines ne
manquèrent pas de trouver dans la liturgie l'expression de
la tristesse et des douloureux sentiments qui remplissaient
leurs âmes : « Me expectaverunt peccatores ut perderent me,
entonna le chantre à l'introït; omnis consummationis vidi
SUPPRESSION DU CHAPITRE. 253
fiiic/n ! » L'épitre, le graduel, la communion, exprimaient les
mêmes sentiments de crainte, annonçaient le triomphe des im-
pies, et, si les chanoines prévoyaient déjà les persécutions qui
les attendaient, la dispersion, le schisme, le serment sacrilège,
avec quelle opportunité ils répétèrent , entre les deux alléluias,
les paroles de la jeune vierge, qui demandait à Dieu de conserver
son cœur pur et sans tache : « Fiat cor meum immaculatum ut
non confundar! » L7/e missa est fut le dernier adieu; à ce mo-
ment la cloche capitulaire se faisait entendre : elle sonnait le glas !
Il est dix heures du matin ; les chanoines sont réunis dans la
salle capitulaire où ils vont entendre prononcer leur sentence de
mort. Bientôt arrivent Gabriel Maugis et Cyr Jacques Yigner, offi-
ciers municipaux, qui rappellent aux chanoines qu'ils se présen-
tent au milieu d'eux sur la réquisition du procureur syndic de la
commune de Paris en exécution de sommations, faites à sa
requête à M. l'évêque de Paris, à MM. les vicaires généraux et
à M. le Doyen du Chapitre. Puis après lecture des articles 27,
28 et 29 du Titre I de la Constitution civile du Clergé et de
l'Instruction donnée par le Comité d'aliénation des Biens natio-
naux et Affaires ecclésiastiques du 19 octobre dernier : « Nous
les avons requis et même sommés, dit le procès-verbal, de nous
déclarer s'ils entendent exécuter réquisition et sommation que
nous n'avons pu faire à M. de Juigné cy-devant archevêque de
Paris et maintenant évèque de Paris. » A cette question qui obli-
geait le Chapitre à s'exécuter lui-même, M. le Doyen se lève; il
connaît les sentiments de ses collègues, maintes fois exprimés dans
les conclusions capitulaircs; les officiers municipaux dans leurpro-
• ès-vcrbal nous ont conservé sa réponse, pleine de fermeté et de
calme, mais que l'on sent remplie de larmes et de regrets :
« Messieurs, le Chapitre, prévoyant, par les précédentes opéra-
tions relatives aux Archives et à la sacristie; celle qui s'effectue
aujourd'hui, a arrêté une déclaration de ses sentiments, laquelle
a été lue par quatre députés à M. le Maire et à Messieurs les
< officiers municipaux, qui l'accompagnaient, à leur entrée à la
sacristie. Les sentiments du Chapitre sont toujours les mêmes
et il me charge, Messieurs, d'avoir l'honneur de vous déclarer
256 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
qu'il y persiste, sans discontinuer d'acquitter le tribut de la
prière publique la nuit et le jour et les fondations, dont il est
chargé, suivant ses usages, jusqu'à ce qu'une entière impossibi-
lité le contraigne à renoncer à un service et à des fonctions qui
faisaient toute sa gloire et toute sa consolation. » A ces paroles
qui indiquaient assez que le Chapitre ne céderait qu'à la force,
Maugis répondit que le décret est une obligation auquel le Cha-
pitre ne pourra se soustraire.
Malgré un refus aussi catégorique, les chanoines veulent
essayer un dernier moyen : ils demandent à se retirer dans la
Bibliothèque1 pour conférer entre eux, ce qui leur fut immédiate-
ment accordé. Dans cet entretien intime, bien des avis furent sans
doute proposés pour éviter une suppression immédiate ; on résolut
en définitive d'essayer de gagner du temps. Le culte pouvait-il
immédiatement cesser à Notre-Dame ? Une telle mesure semblait
impossible aux chanoines puisque le nouveau clergé n'était pas
encore constitué. Arriverait-on même à recruter des prêtres
assez osés pour prendre possession du chœur de Notre-Dame?
Ce qu'il importait avant tout, c'était d'obtenir de tempori-
ser jusqu'à une nouvelle organisation, qui n'aboutirait peut-
être jamais. Sur ce, le Chapitre rentra en séance. M. le Doyen
demanda « qu'on voulût bien autoriser les chanoines à con-
tinuer leurs offices dans le même ordre, la même forme, les
mêmes usages que par le passé jusqu'à l'organisation défini-
tive. »
Mais une telle concession n'était pas au pouvoir des Officiers
municipaux; le Maire peut-être pourrait décider le cas. Maugis
propose, comme preuve de bon vouloir, d'aller le trouver à la
Sainte-Chapelle, où il exécute à l'égard de son Chapitre les
décrets de l'Assemblée nationale; mais Bailly est déjà parti et
quand Maugis et Vigner reviennent au Chapitre, ils se voient dans
la nécessité de remplir leur mission. « Nous sommes obligés,
1. Ce qui ferait supposer que ce dernier chapitre ne se tint pas dans la salle
capitulaire, mais dans la « chambre » qui était contiguèàla Bibliothèque. Les diffé-
rentes destinations que reçut depuis un an la salle capitulaire ne la rendaient
plus praticable pour la réunion des chanoines.
SUPPRESSION DU CHAPITRE. i->~
disent-ils, de nous renfermer strictement dans les instructions qui
nous sont données et de nous tenir à la lettre du Comité ecclé-
siastique du 18 de ce mois, portant expressément que l'office
canonial de l'église métropolitaine doit cesser à l'instant. Nous
ne pouvons donc nous dispenser de vous requérir de cesser des
ce moment de faire l'office canonial et de nous déclarer si vous
entendez vous soumettre. » Nous l'avons vu, le Chapitre avait
résolu d'employer tous les moyens légaux dans sa résistance,
d'éviter la violence et de garder une dignité qui n'excluait pas la
fermeté : « C'est avec les plus grands regrets, dit en consé-
quence M. le Doyen, les larmes dans les yeux, que nous nous
soumettons. » C'en était fait du Chapitre!
Le siège du Doven était surmonté d'un superbe crucifix en
bronze, fixé sur un tableau, et qui était alors déposé dans la Biblio-
thèque. D'un vœu unamine, il fut offert à M. le Doyen « comme
une preuve de l'attachement et de la reconnaissance du Chapitre »
et, comme le temps faisait défaut pour rédiger une conclusion à ce
sujet, M. Radix, intendant de la fabrique, fut chargé de faire le
nécessaire *.
Mais la moitié seulement de la triste besogne, dont la Munici-
palité était chargée, était faite. La Constitution civile, qui suppri-
mait l'ancien clergé, en organisait un nouveau, et il y avait tout
intérêt, pour ne pas effaroucher les fidèles, que celui-ci succédât
sans interruption à l'autre. Les sieurs Yigner et M au gis, en
quittant la salle capitulaire, gagnèrent l'archevêché. Ils recom-
mençaient, mais à rebours, le tour qu'avait fait Rothery le ven-
dredi précédent. M. de Floirac venait de rentrer chez lui en com-
pagnie de MM. Chevreuil, du Bois-Basset et de Dampierre, comme
1. M. Radix essaya de remplir les intentions du Chapitre le 1 décembre sui-
vant : « Je soussigné demande à Messieurs de la Municipalité de Taris a /■tir auto-
risé par une délibération de leur part à retirer un christ monté en bronze et lai-
saut tableau, lequel était exposé en la salir d'assemblée du Chapitre et lequel en
ayant été retiré esl maintenant en dépôt à la Bibliothèque dudil Chapitre. Le motif
de cette demande est que le vœu presque général des membres capitulants du Cha-
pitre ('tait, si on eût eu lé temps de faire sur ce une délibération et conclusion, d'en
faire hommage et présent à M. de Montagu, doyen et chef du Chapitre, comme
une preuve d'attachement et de reconnaissance. Ce samedi l décembre 1790. Signé:
(Unix. » Nous ignorons si le vœu des chanoines a été accompli.
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE l'AKIS. 17
2o8 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
lui chanoines en même temps que vicaires généraux. Il introduisit
dans son appartement les deux Officiers municipaux, qui le som-
mèrent, ainsi que ses collègues, de procéder à la nomination
immédiate de seize vicaires épiscopaux, « à l'effet, dirent-ils, de
pouvoir faire incessamment l'office paroissial dans l'église Xotre-
Dame ».
Cette démarche était des plus irrégulières : les vicaires épis-
copaux, en vertu même de la Constitution civile, devaient être
nommés par l'évêque et nullement par des ecclésiastiques dont
celle-ci avait aboli et ne reconnaissait plus le titre. Les vicaires
généraux le firent très bien sentir dans leur réponse : « Nous ne
sommes autorisés, reprirent-ils, ni par nos lettres de grands
vicaires, ni par les décrets de l'Assemblée nationale à substituer
même provisoirement le nouveau clergé, dont il s'agit, à celui
de l'Église de Paris » ; et devant cet inflexible refus, dans lequel
on sentait une pointe d'ironie, Vigner et Maugis quittèrent
l'archevêché et retournèrent à Notre-Dame continuer l'inven-
taire.
Malgré les instantes prières du Chapitre, malgré même le bon
vouloir des Officiers municipaux, qui semblaient d'avis de laisser
les chanoines continuer leurs offices jusqu'au 1er janvier 1791,
l'office canonial cessa définitivement à Xotre-Dame le 22 novembre
au moment des vêpres 1 ; le procès-verbal d'inventaire, dressé le
lendemain 23, se termine ainsi : « Attendu la dissolution du Cha-
pitre de Paris, avons fermé la porte de la salle capitulaire ainsi
que les grilles du chœur de ladite église et en avons remis les
clefs en les mains de mondit S1 Mortier, qui s'en est également
chargé pour les représenter à la première réquisition de la Muni-
cipalité ».
1. Los chanoines continueront cependant à célébrer des messes basses, puisque,
dans le procès-verbal du 30 novembre, on lit : ■< lesquels (ornements sont restes
pour la célébration des messes basses dans les armoires de ladite sacristie ■■.
LES INVENTAIRES. 259
IV
Nous n'avons pas voulu interrompre le récit de la suppression
du Chapitre pour rapporter ici les détails d'une opération, qui se
pratiquait en même temps à Notre-Dame, conformément à l'Ins-
truction du 19 octobre précédent. Cette Instruction, qui émanait de
l'Assemblée nationale et que l'on peut regarder comme les articles
organiques de la Constitution civile du Clergé, ordonnait à la Mu-
nicipalité de Paris de dresser l'inventaire de tous les objets mobi-
liers appartenant au Chapitre et de les mettre sous scellés. M. le
Doyen fut avisé par une lettre de la Commission de l'Administra-
tion des Biens Nationaux de la Municipalité de Paris, en date du
16 novembre, que dès le lendemain les Officiers municipaux se
présenteraient à cet effet à la sacristie de Notre-Dame. Nous avons
raconté plus haut cette première entrevue de ces derniers avec les
chanoines délégués pour les recevoir; les pourparlers, qui se pro-
longèrent ce premier jour jusqu'à près de deux heures du soir, ne
permirent pas de commencer l'inventaire. Il nous faut donc reve-
nir au jeudi 18 novembre, pour suivre les détails de cette opéra-
tion, douloureuse pour les chanoines qui voyaient en elle la con-
sommation de leur suppression, mais fort intéressante pour nous
puisqu'elle va nous faire connaître les richesses du trésor, accumu-
lées par les siècles et pillées demain par la Révolution '.
« Le jeudy dix-huitième jour du mois de novembre neuf heures
du matin, jour et heures indiqués par la clôture du procès-verbal
du jour d'hier, nous, Officiers municipaux soussignés, avons
procédé à la continuation des description et inventaire des effets
mobiliers dépendant du Chapitre de Notre-Dame à nous représentés
1. Le manuscrit delà Bibliothèque nationale (nouv. acq. fr.,w 2796 . auquel nous
empruntons tous les détails qui suivent, renferme deux parties : la première nous
a conservé les minutes mêmes dressées par les Officiers municipaux; la seconde
n'est qu'une copie de la première. Les passages îles procès-verbaux et de l'inven-
taire, reproduits ici, sont de préférence conformes aux minutes.
260 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
par M. Mortier [ en sade qualité, en présence de M. Radix, assisté
de MM. Gabriel François Doyen, professeur de l'Académie de
Peinture pour cette partie, Jean Marin Masson, Md orfèvre jouallier
et de MM. Sereau et Le Roy, huissiers commissaires-priseurs,
(en marge : et du Sr Faron dénommé et qualifié dans le procès-
verbal d'hier 2), le tout de la manière et ainsi qu'il suit :
Premièrement : Une absconce de cuivre argenté3:
Item : un liras de saint Siméon d'argent doré garni de dix pierres fausses
et de deux gravées4; un bras de saint Biaise5 d'argent et bordures dorés,
garnis de soixante pierres fausses dont deux saphirs; un bras de saint
André0 en argent garni de très mauvaises pierres fausses et cassées: un
buste de saint Denis en argent doré à quatre pieds de biche : un buste de
saint Genoux" avec sa mitre en argent doré; un bu^te d'une des compagnes
de sainte Ursule8 en argent peint et garni de quantité de pierres très com-
munes: le tout pesant ensemble, compris les matières étrangères, cent
vingt-un marcs;
Item : un buste de saint Philippe 9 avec ses deux anges d'argent. doré mon-
tés sur quatre pilliers ; sur le buste est un collier d'or et émaillé garni de
dix-sept grosses perles fines baroques, quatre gros rubis balets baroques
et percés, quatre saphirs baroques percées, au bas du collier, un très gros
saphir ,0 cabochon, trois rubis balets et trois coqs de perle dont deux cas-
sées. Au-dessous est une médaille d'or " émaillé garnie de vingt-deux perles
1. M. Mortier, prêtre-trésorier du Chapitre, avait prêté la veille, Rntre les mains
de Bailly, serment ■ qu'il n'a détourné, vu, sçù, ni fait détourner aucun des effets
de la de église ».
2. Sous-chef du Bureau de la liquidation de l'administration des Biens natio-
naux.
:!. Lanterne servant au chœur pour lire les leçons à Matines.
I. Donné par Philippe-Auguste en 1198.
5. Cette relique fut donnée à l'église de Paris par le cardinal Pierre de Capoue,
en 1278.
6. Don de Philippe-Auguste en 1220.
7. Il y a ici une erreur, il faut lire saint Gendoux ou Gendulphe. Ce buste ne
renfermait que le chef du saint, dont le corps était conserve dans une châsse sous
l'autel de saint Denis.
v. M. de Montjoie indique une partie du chef de sainte Ursule elle-même.
9. Le Doyen de Sainte-Sophie de Constantinople et celui des chanoines réguliers
de Panechrante en tirent présent à Geoffroy de Méry, connétable de Constanti-
nople. Cette relique ayant été envoyée en France fut mise en la possession des
chanoines de Saint-Sernin de Toulouse, qui l'envoyèrent à Jean duc de Berry. Ce
Prince en lit présent à l'église de Paris en 1 106. La chasse fut fondue sous Charles IX
et plus tard refaite aux frais du Chapitre.
1". Ce saphir passait pour valoir 15.000 1. Curiosités, p. 268.
II. Ce médaillon servait jadis de fermoir ou de pectoral à la chape du Grand
Chantre. Ibid.
LES INVENTAIRES. 231
rondes, dont deux cassées, deux saphirs mauvais, un rubis d'< nient et trois
mauvais rubis balets; au bas du pillier du milieu une grande hyacinthe
cabochon, le tout pesant ensemble avec les matières étrangères environ
deux cent trente-trois marcs ;
Item : trois baguettes d'ébène servant le vendredy saint pour l'adoration
de la Croix;
Item : un bâton cantoral en argent doré et figure de Vierge en haut et
une grande pierre peinte en rouge ' ; un bâton de vermeil pour la croix d'or,
six bâtons garnis d'argent moitié dorés moitié blancs, servant aux dais du
saint Sacrement et pesant les huit bâtons compris le bois environ cent deux
marcs, et la lanterne du bâton cantoral environ cinq marcs;
Item : un bénitier d'argent doré avec son goupillon, deux burettes de ver-
meil avec un grand bassin et cuvette, deux autres ditto avec bassin et
cuvette, un bénitier d'argent doré avec goupillon et bassin de même et
deux boëtes d'argent pour le saint Crème et deux cuillères d'argent dont une
â manche d'ébène, pesant ensemble avec les matières étrangères environ
quarante-un marcs;
Item : une petite Boète d'or pour les ablutions 2 pesant un marc deux
gros; item .une Boëte de vermeil doré cizelé avec son couvercle pour mettre
les pains pesant un marc sept onces ;
Item : un grand bénitier de cuivre argenté avec ses ornements en argent
d'environ quatorze pouces de haut, cizelé, ayant aux deux côtés deux car-
touches dont l'un représente la Samaritaine et l'autre le Baptême de Notre-
Seigneur et aux deux autres côtés deux anges;
Item : un grand calice d'or avec sa patène pesant dix marcs une once et
un demi gros 3 ;
Item: neuf calices tant grands que petits de vermeil avec leurs patènes;
trois calices d'argent avec leurs patènes, le tout pesant ensemble soixante-
quatorze marcs;
Item : une branche de cuivre d'or moulu pour exposer la vraie croix, de
la hauteur de vingt-un pouces ;
Item : un couteau antique â manche d'ivoire sur lequel manche sont ins-
crites ces paroles : « Hic cutellus fuit Fulcheri Debnolo per quem Widp
dédit arcas Dragonis (onzième siècle) archidiaconi ecclesiaj Sanctae Maria-
ante eadem4 ecclesiam sitas pro anniversario matris sua?. » Plus un petit
morceau de bois titre d'Epône 5.
1. Autour de ee bâton on lisait : « Toile baculum in manu tua et vade (Lib.
Regum IIH, cap. nu). In virga enim percutiet te, et Baculum suum levabit super
te. (Isaiae 10.) > Ce bâton fut donné en 14Ui> par Germain Paillart, grand chantre et
plus tard évèque de Luçon.
2. Elle servait à cet usage le jour de Noël et le Jeudi Saint.
3. Donné par M. Petitpied, sous-chantre, en 1<'>'*7. Ce calice servait le dimanche
à la grand'Messe quand elle était chantée par un chanoine. Les religieux de Saint-
VictoB prétendaient avoir le droit de s'en servir quand ils venaient faire leur
semaine au chœur de Notre-Dame.
1. Pour « eamdem ».
Sx Ce petit morceau de bois est le témoignage d'une réparation que deux serfs,
202 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Item : un grand canon d'autel garni en argent avec Lavabo et le In prin-
cipio, le tout enrichi de miniatures, le canon représentant difTérentes
figures de la Bible, le tout ayant une glace et bordé autour d'une lame d'ar-
gent cizelé 1 ;
Item : trois crosses anciennes de cuivre doré2;
Item : un petit coffret de cuivre doré dont quatre animaux servent de
pied renfermant deux chefs des compagnes de sainte Ursule avouée par
l'inventaire et la déclaration faite par le chapitre être de vermeil doré et
vérification faite par M. Masson, ledit coffret est de cuivre doré;
Item : une petite coquille d'argent servant à faire l'eau bénite, pesant
cinq onces;
Item : un collectaire relié en velours rouge écrit à la main, la couverture
semée de fleurs de lys et agraphée; un grand collectaire de fêtes annuelles
en argent doré cizelé et ornemens, le dedans en velain et miniatures3;
un livre d'évangile, un autre d'épitre garni en argent doré cizelé à figures
en dedans en velain et miniatures, deux livres d'évangiles garnis d'argent
servant journellement ;, un petit collectaire de cuivre et garni de médail-
lons en argent et ornements.
« Et attendu qu'il est deux heures sonnées avons remis à de-
main dix neuf, neuf heures du matin, pour procéder à la continua-
tion de la présente description et ont tous les comparans signé
avec nous commissaires [en marge : le présent procès-verbal dans
de l'Église île Paris, demeurant à Epône, firent en plein Chapitre entre les mains
du Doyen Foulques pour s'être mis sans l'agrément «lu Chapitre en possession de
biens qu'avaient gagnés leurs père et mère. Une inscription gravée rappelait ce
fait.
1. Offert en 1739 par M. Vivant, grand chantre.
2. Ces crosses furent trouvées en 1699 dans les tombes supprimées du sanctuaire
de Notre-Dame. Elles appartenaient respectivement à Etienne II, dit Tempier, l'exé-
cuteur testamentaire de saint Louis, mort en 1270; à Denis Dumoulin, mort en 1447
et la troisième à un évêque dont le tombeau n'indiquait aucun nom et qui était
situé « au coin postérieur de l'autel du eùte de l'épitre ». Cfr. Procès-verbal dans
Les Curiosités de l'Église de Paris, p. 352 et sq. et même ouvrage, p. 287 et 288.
3. Ces deux livres sont écrits sur velin et sont ornés d'un grand nombre de
tableaux, vignettes et miniatures. Le livre des Évangiles est de vermeil, ayant, d'un
côté, dans le milieu, un christ sur le calvaire, et aux quatre coins les quatre Évan-
gélistes, et de l'autre côté, dans le milieu. Notre-Seigneur montant au ciel : sur le
dos du livre sont ciselés différents attributs des ornements de l'Église. Le livre
d'Épitrés est aussi de vermeil, ayant d'un côté, dans le milieu, la naissance de la
Vierge, et de l'autre côté le couronnement de la Vierge, et aux quatre coins de
chaque côté les quatre Pères de l'Église. Sur le dos sont les attributs de la sainte
Vierge. Ces deux livres sont d'une beauté et d'une ciselure admirable. Ils ont été
faits l'année 1756. Ibid.
4. Ces livres, fort beaux aussi, furent donnés à Notre-Dame par Michel Judde,
prêtre habitué de l'Église de Paris en 1763.
LES INVENTAIRES. 263
lequel il y a quatre mots rayés nuls ainsi que quatre, lignes', le d'
S'' Mortier, demeurant gardien des effets cy-dessus décrits pour
les représenter quand et à qui il appartiendra. Signé : Vigner,
Mortier, Radix, Doyen, Serreau H1' P1, Masson, illisible) H'P1', Le
Roy Hr P1, Genest H' P1 et Hardy. »
« Et le vendredy dix-neuvième jour de novembre neuf heures du
matin, jour et heure indiqués par la clôture de la séance d'hier
pour la continuation de la description et inventaire des effets mo-
biliers appartenant à l'Eglise cathédrale de Paris, nous, officiers
municipaux dénommés dans les verbaux des précédentes séan-
ces et soussignés, assistés de Mr Faron, pareillement cy-devant
dénommé et qualifié , nous sommes transportés en la pièce d°
la trésorerie sise en la Sacristie de la de église cathédrale, où étant
arrivés avons trouvés MM. Radix, chanoine, intendant de la fabri-
que de la de Eglise, et Mortier, prêtre trésorier de la d" fabrique,
ainsi que MM. les huissiers priseurs soussignés, Mr Doyen, peintre
de l'Académie Royale de peinture, M. deMouchy, sculpteur du
Roy, et M. Masson orfèvre jouallier tous trois nommés par la Mu-
nicipalité pour procéder conjointement avec nous aux opérations cy-
après, et attendu que les effets précédemment décrits ont été lais-
sés «à la garde de M. d' S' Mortier sans apposition de scellés, nous
avons de suite procédé à la continuation de la d'! description sans
faire le recollement des dls objets précédemment décrits. En consé-
quence le db Sr Mortier nous a (à) l'instant représenté les objets
<■ y-après détaillés...
« Item : un grand ciboire d'argent et son couvercle doré en dedans et
chargé d'ornements en vermeil doré, le pied composé d'un groupe de trois
enfants, surmonté d'une couronne avec une croix vermeil, pesant vingt
marcs deux onces ' ;
« Item : quatre chandeliers daeolythes de cuivre doré et deux autres
de cuivre argenté.
« Item : la châsse de saint Marcel2 en vermeil doré, le frontispice et la
1. Ce ciboire servait au chœur les jours de communion générale.
î. Cette châsse était certainement la pièce la plus belle et la plus célèbre du tré-
sor; on sait quelle place elle occupait surtout dans les processions à Sainte-Gene-
viève. Elle avait été laite en 1262, grâce à un legs du chanoine Raymond de Clermont.
Jusqu'en 1699, elle était placée sur une estrade au-dessus du maitre-autel. M. «le
Noailles lit construire, derrière l'autel des Fériés, une riche arcade où elle était
conservée et exposée.
264 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1700.
crête ainsi que la frise en or. trois grosses topazes de Bohême, deux gros
saphirs et garnie d'une grande quantité de pierres de différente nature,
telles que mauvais saphirs, émeraudes, pierres gravées, onix, cornalines,
agathes, topasse de Bohême, amétises, petites et grosses perles, rubis, gre-
nats, cristaux, pierres peintes, lapis vermeil, etc., vingt figures de diffé-
rents saints ainsi que plusieurs sujets analogues à la vie de saint Marcel.
(En marge : Ladite châsse représentant en petit le modèle exact de l'Église
de Notre-Dame *), le tout pesant avec les corps étrangers quatre cent quatre-
vingt-dix-huit marcs environ :
Item : la châsse de la sainte Vierge d'argent doré avec une lanterne
couronnée et ornée de différentes figures pesant avec les corps étrangers
cent vingt-six marcs :
Item : la châsse de saint Cùme avec son clocher et plusieurs reliefs en
argent doré, le tout pesant avec les corps étrangers cent quatorze marcs en-
viron :
Item : la châsse de saint Damien avec son clocher et différents bas-reliefs,
le tout en argent doré, pesant avec les corps étrangers environ cent douze
marcs:
Item : la chasse de saint Lucain2 en vermeil doré, obélisques aux quatre
coins, le tout pesant avec les corps étrangers cent quatorze marcs;
Item : deux châsses d'argent blanc de saint Babolein et de saint Maur3.
garnies de quatre glasses chacune, cizelées de différens attributs en relief:
un petit reliquaire d'argent de saint Vincent de Paule 4, le tout pesant en-
semble compris les corps étrangers cinquante six marcs;
Item : une châsse de bronze doré d'or moulu servant à renfermer la
tunique de saint Germain, évêque de Paris, cette châsse est décorée de
pilastres et architecture et en haut d'une gloire de chérubin5;
Item : une grande croix à philligrame d'or, le bas de la croix représen-
1. Cette note est erronée; la châsse de saint .Marcel n'avait de similitude avec
l'église Notre-Dame que le style architectural, comme l'indiquent d'une façon
péremptoire les représentations gravées de la châsse.
2. Cette châsse renfermait plusieurs reliques dont la liste nous est donnée dans
un document fort ancien annexé à un document signale dans le Cartulaire de
M. Guérard. Ceux qui les regardaient par curiosité, y est-il dit, perdaient la vue. En
1503. Guillaume Briçonnet, chanoine de Notre-Dame et plus tard évêque de Meaux, y
ajouta de nouvelles reliques et lit refaire la chasse à ses frais à l'occasion de son
Jubilé: cette châsse était en mande vénération à Notre-Dame.
3. Martyrisé à Loigny-la-Bataille entre Chartres et Orléans, La châsse datait de
1666. Aux grandes processions, elle était portée entre celles de sainte Geneviève et
de saint Marcel.
4. Offert au Chapitre en 1787 par les chanoines de Saint-Etienne des Grez en recon-
naissance d'une remise de 1.500 fr. sur une dette de 3.500, pour leur permettre
d'acheter l'orgue de Saint-Nicolas du Chardonnet qui était à vendre.
Cette relique consistait en un doigt de saint Vincent de Paul, donnée au Chapitre
par le supérieur général de la Mission en 1730.
5. Cette châsse fut faite, en 1703, aux frais de M. Jean-Louis Chevalier, chanoine,
par le fameux Philippe Caffîéri.
LF.S INVENTAIRES. 265
tant un vase d'argent doré, garni de quatre gros saphirs très communs et
percés de seize autres plus petits, ensuite deux morceaux de prime éme
raude et différentes pierres très communes, telles que mauvaises émerau-
des, saphirs, grenats, amestistes gravées et autres pierres peintes, etc., le
tout pesant avec les corps étrangers vingt six marcs environ { ;
Item : une grande croix d'argent doré dite Danseau 2 garnie d'un christ
et dix-huit grosses pierres cabochons tant grenats, vermeils, rubis balets,
quatre grosses émeraudes et neuf gros saphirs, ainsi que différentes petites
pierres, perles et autres, le tout pesant avec les corps étrangers dix-huit
marcs ;
Item : une croix dite Croix de Noailles de procession avec, ses ornements
et son bâton d'argent vermeil pesant trente-cinq marcs environ3;
Item : une croix d'ébène chargée d'un christ et trois fleurons et la pomme
d'argent pesant avec son bâton environ vingt-neuf marcs ;
Item : une croix de vermeil doré ayant un pied quarré soutenu par huit
houles cizelées aux armes des Noailles, pesant vingt-neuf marcs environ ;
Item : une croix de vermeil ; renfermant de la vraie croix avec différentes
plaques émaillées; une autre croix à pied d'argent avec son christ pour
mettre sur les cercueils, une autre petite croix de vermeil avec son christ
dont l'écriture manque, deux petites figures sur le côté, le pied en cuivre
doré, le tout pesant ensemble avec les corps étrangers environ trente-un
marcs;
Item : une croix 5 de bronze doré d'or moulu, de la hauteur de trois pieds,
huit pouces et demi, sur laquelle est attaché un christ en couleur de bronze
étant dans la grande sacristie ;
Item : quarante-huit chandeliers de cuivre argenté, de vingt pouces de
haut servant aux enterrements, six chandeliers de cuivre argenté avec la
croix à pieds triangulaires, six autres chandeliers et la croix decuivredoré
d'or moulu, six autres chandeliers de cuivre doré pour la sainte Vierge;
Item : quatre encensoires dont deux en argent et les deux autres en cuivre
1. Certains ornements de cette croix avaient été, dit-on, travaillés par saint Eloi.
Sur la partie postérieure de cette croix était attachée une médaille de saint Michel,
d'or émaillé, don du duc de Berry en 110(3.
2. Ou plutôt d'Anseau. Cet Anseau, ancien chanoine de Paris, était devenu prêtre
et chantre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Il envoya cette croix à l'église de Pans
en 1109 du temps de l'évêque Galon. Elle renfermait un morceau considérable de la
Croix de X. -Seigneur; l'évêque el lé Chapitre de Paris allèrent au-devant d'elle un
vendredi 30 juillet 1109, jusqu'à Fontenay-aux-Roses, d'où ils la portèrent dans
l'église de Saint-Cloud. Elle y resta en dépôt jusqu'au dimanche suivant qu'elle fut
apportée à Paris. Telle est l'origine delà fête de la Susception de la Vraie Croix
encore célébrée aujourd'hui dans le diocèse de Paris le !•* dimanche d'août.
3. Cette croix servait pour les obits el les enterrements. Ibid., p. 300.
1. Dite Croix de Chambly. Pierre de Chambly, chanoine, en tit présent à l'église
on 1327. L'archevêque la présentait à baiser au Roi, à la Reine et aux entants de
France, lorsqu'ils venaient à Notre-Dame. Curiosités, p. 296.
5. hou de M. du Pinet, chanoine.
206 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EX 1790.
argenté, les chaînes de ces derniers en argent, le tout pesant environ trente
trois mares;
Item : une grande figure de la Vierge ' vermeil doré donné par Elisabeth
de Bavière femme de Charles Six, la couronne en or enrichi de pierres fines
tant mauvaises qu'emeraudes tenant dans la main droite l'enfant Jésus et de
la gauche un reliquaire, le tout pesant environ quatre-vingts marcs;
Item : une petite figure de la Vierge aussi de vermeil ayant un christal a
à la mamelle et tenant Notre-Seigneur, une autre figure représentant saint
Louis3 portant une couronne ancienne, garnie de mauvaises pierres faus-
ses en argent vermeil; les deux figures pesant ensemble environ cinquante-
six marcs et demi;
Item : une autre figure représentant saint Jean-Baptiste 4 et son mouton
en vermeil doré et sur son pied de même, tenant un reliquaire aussi de ver-
meil dore pesant vingt-six marcs et demi;
Item : un petit livre de velain en velours rouge contenant le serment
fait par les Roys entre les mains de l'Evêque de Paris s ;
Item : la lanterne, le pavillon et. ciboire de vermeil étant au-dessus du
grand autel, savoir le pavillon de la suspension avec sa couronne de ver-
meil doré annoncé par l'Inventaire du poid de soixante-neuf marcs sept
onces. La lanterne de vermeil où est enfermé le ciboire au-dessous du pa-
villon annoncé du poid de vingt-sept marcs quatre onces, le ciboire qui est
dans la lanterne annoncé du poids de cinq marcs deux onces;
Item : deux médailles d'or de Louis treize et deux autres de Louis qua-
torze pesant deux marcs, trois onces, deux gros;
Item : quatre médailles d'argent pesant deux marcs trois onces un gros;
Item : deux autres petites médailles en or pesant six gros, vingt-quatre
grains 6;
Item : dix-neuf autres médailles de différentes grandeurs, en argent, pe-
sant ensemble quatre marcs deux onces un gros et demi;
Item : treize médailles de bronze;
1. Cette statue, fort honorée à Paris, ('tait portée en procession le jour de la Ré-
duction de Paris et le jour de l'Assomption. Elle fut donnée, non pas par lsabeau de
Bavière, mais par Charles VI, en action de grâces de la naissance du Dauphin.
Inventaire de 1416. On l'exposait deux fois par an sur le maître-autel.
2. Sous ce cristal ('tait conservé, d'après l'inventaire de 13-13, quelques gouttes
du lait de la très Sainte Vierge.
3. Cette statue de saint Louis fut offerte au Chapitre par M. du Pinet, chanoine.
le 4 août lTT'.i. La conclusion capitulai re de ce même jour donne la description dé-
taillée de ce beau reliquaire. Dans la couronne étaient renfermés: un peu de la
couronne d'épines, de l'éponge, un morceau de la robe de Notre-Seigneur et une
pierre de son tombeau. Curiosités, p. 270.
4. Ce reliquaire renfermait un doigt de saint Jean-Baptiste qui fut donné à l'É-
glise de Paris par le Pape Adrien V, ancien chanoine de Notre-Dame. Le reliquaire
de vermeil était un présent du doyen J.-B. de Contes qui le lit faire en 1661. Curio-
sités, p. 269.
5. Ce livre contenait le serment prêté par Charles VIII, le 5 juillet 14S4, entre les
mains de Louis de Beaumont, évèque de Paris, devant les portes de réglisc.
6. Ces huit médailles, semblables à celles qui furent posées en 1699 dans les ton-
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OSTENSOIR
Offert à l'Église Notre-Dame par M. le chanoine De la Porte en 1708.
(Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Topographie. Seine. T. II.)
LES INVENTAIRES. 267
Item : une navette d'argent blanc avec sa cuillière et chaîne; deux paix
<le vermeil dont le milieu d'une est en or représentant la passion, l'autre en
argent doré, toutes deux enrichies de pierres baroques et mauvaises pierres
de couleur tant fines que fausses; deux autres paix en vermeil, le tout pesant
environ dix-huit marcs;
Item : un plat ovale d'albâtre de quinze pouces de long sur onze de large
dont le fond duquel est sculpté en bas relief ' ;
Item : un grand tableau d'or de saintSébastien donné par Jean duc de Berri
en mil quatre cent treize, de deux pieds neuf pouces de haut sur un pied
neuf pouces de large dont les reliques sont couvertes d'un treillage de cui-
vre doré, garni ledit tableau de différentes pierres tant fines que fausses
comme perles, saphirs, grenats, rubis, et pierres peintes pesant le tout en-
semble compris les matières étrangères environ quatre-vingt-sept marcs
quatre onces 2 ;
Nota : Au milieu du tableau est un reliquaire couvert d'unchristal soutenu
par deux petits anges, parmi les pierres sont trois gros saphirs d'orient
quarrés avec douze grosses perles rondes qui composent la couronne ayant
aussi quatre-vingt-huit autres rubis balets et cent vingt-six perles ;
Item : un reliquaire de saint Cerbonnay de vermeil doré fait en piramide
accompagné de deux apôtres au haut duquel est la croix de Notre-Seigneur,
un autre reliquaire de saint Rigobert :< aussi en vermeil doré fait en façon
d'Eglise où il y a deux anges qui portent des reliques, un autre reliquaire
d'or à pieds d'argent doré contenant une clavicule de saint Louis garni de
différentes pierres de couleur comme aiuetistes, saphirs, émeraudes, tant
fines que fausses, un autre reliquaire d'un doigt de saint Nicolas en vermeil
doré; un autre petit reliquaire de saint Médard aussi en vermeil doré,
le tout pesant avec les corps étrangers quatre-vingt-seize marcs quatre
onces;
Item : un grand soleil d'argent vermeil doré cizelé, servant à porter le
.Saint-Sacrement, de cinq pieds de haut orné de quatre grandes figures sur
un socle en forme de table avec une grande gloire chargée autour de rayons
et de têtes de chérubins devant et derrière, le tout pesant avec les corps
étrangers environ deux cent quatre-vingt-dix marcs '*;
déments du maître-autel de Notre-Dame étaient un don de Louis XIV et se rap-
portaient au vœu de Louis XIII el à sa réalisation.
1. Ce bas-relief représentait la Nativité de Nôtre-Seigneur.
i. Depuis 1111, ce tableau était exposé et porté en procession le joui' de la Tous-
saint. On le portait aussi pour l'anniversaire de la Réduction de Paris.
3. Offert en 1362 par le chapitre de Reims à celui de Paris.
■1. Cette superbe pièce d'orfèvrerie fut donnée au Chapitre par M. de la Porte,
chanoine, en 1708. Dans son tableau représentant ce dernier (lisant la messe au
maître-autel de Notre-Dame, Jouvenet a placé cet ostensoir sur l'autel. On en trouve
une reproduction gravée au Cabinet des Estampes. En 1788, le duc de Lesparre le
lit redorer et enrichir; comme gage de reconnaissance, le Chapitre lui permit de
suivre le Saint-Sacrement, le jour de la Fête-Dieu, jusqu'au pied du maître-autel.
.t'ir. cour/, capit.
268 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Led. soleil garni d"une croix, de six gros brillants blancs, recoupés pesant
environ neuf à dix grains pièce.
Item : un petit soleil d'argent ' cizelé avec les rayons dorés avec diffé-
rentes tètes de chérubins pesant environ trente-sept marcs;
Item : trois vases2 pour les saintes huiles d'argent doré, une aiguière aussi
d'argent doré, une baguette de même 3, un petit tombeau d'argent blanc, le
tout pesant environ quarante marcs;
Item : un vase de croix de bronze doré ayant trois tètes d'anges, trois
grands vases d'étain lin à deux anses aux armes du Chapitre.
« Et attendu qu'il est deux heures sonnées, nous avons remis
pour la continuation de la description du mobilier de la d°
église la prochaine séance à demain samedy vingtième de ce mois
neuf heures du matin; quant aux objets décrits dans la présente
séance et dans les précédentes, ils ont été laissés à la garde de
mon d' S' Mortier, qui s'est chargé de les représenter quand
et à qui il appartiendra, les ayant renfermés en notre présence
dans les différentes armoires de la dc trésorerie dont les clefs
sont restées entre ses mains et ont tous les du comparans signé
avec nous le présent procès verbal dans lequel sont quarante-un
mots rayés nuls. Signé : Mouchy, Masson, Mortier, Le Roy,
Vigner, Genest, Léman, Hardy, Radix, Dunel.
« Et le samedy vingtième jour de novembre neuf heures du
matin, jour et heure indiqués pour la clôture de la séance du jour
(1 hier pour la continuation des description et inventaire des effets
mobiliers appartenants à l'église cathédrale de Paris, nous offi-
ciers municipaux dénommés dans les verbaux des précédentes
séances et soussignés, assistés de Mr Faron pareillement ci-de-
vant dénommé et qualifié, nous sommes transportés en la pièce
de trésorerie sise en la sacristie de la de église cathédrale, où
étant arrivés, avons trouvé MM. Radix, Mortier, Doyen, Mou-
chv et les huissiers priseurs soussignés tous ci-devant dénommés
et qualifiés dans le verbal de la séance du jour d'hier, et attendu
que les effets précédemment décrits ont été laissés à la garde de
1. Fait on 1718 par Germain, orfèvre <lu Roi.
2. Ces vases dataient delà fin du xv siècle.
3. Cette baguette servait probablement au spé.
LLS INVENTAIRES. 20)
mon dl Sr Mortier sans apposition de scellés, nous avons de suitte
procédé à la continuation de la d" description sans faire le recol-
lement des dts objets précédemment décrits. En conséquence le
dl Sr Mortier nous a à l'instant représenté les objets cy-après
détaillés :
« Item : un petit vase d'argent à pieds ronds avee une croix au-dessus
servant à mettre les saintes Huiles; une croix d'argent à pieds quarrés de
deux pieds quatre pouces de haut enrichie de deux petits anges attachés
sur le pied, de quatre parties de rayons dans les quatre angles de la croix,
le tout pesant ensemble treize marcs. »
Ornemens dans les armoires de la trésorerie.
« Item : un ornement appelé Guébrillant. consistant en quatre chappes,
une chasuble, deux tuniques, deux étoles, trois manipules, une chappe de
spé, un voile de calice, un voile du plat, un coussin, une bourse; la palle
i-st de satin brodé or et soie, le voile du calice de satin blanc chargé aux
quatre coins de grosses broderies d'or enrichies de perles et bouillons d'or
semés de fleurs en broderies de soie au naturel, une croix rayonnée de
broderie d'or avec une (sic) cartouche au milieu bordée de perles fines dans
lesquelles est notre Seigneur en croix avec les deux figures de la Vierge
et de saint Jean et la Magdelaine; le tout en broderies d'or et de soie, bordé
de dentelles d'or et d'argent; le fond du voile du plat est un tissu d'argent
brodé en bosses d'or bordé autour d'un molet d'or, le tout doublé de satin
cramoisi et taffetas rouge, le coussin garni de ses houppes d'or, le tapis
de l'évangile brodé aux deux côtés de molets d'or et aux deux bouts de cré-
pines aussi d'or, les armes du maréchal de Guébrillant étant à un des bouts,
ledit tapis doublé de toille rouge, lequel ornement sert pour le jour de
pasques ' ;
« Item : un ornement de satin blanc brodé en fleurs d'or et de soie de
différentes couleurs avec orfroy à tableaux encadré dans de grands
galons d'or larges de deux doigts et ouvragés, ledit ornement composé de
quatre grandes chappes, de la chappe et du soc du spé, d'une chasuble.
de deux tuniques avec leurs étoles et manipules, d'un voile de calice fond
moire d'argent brodé en or avec une face faite en petits points représen-
tant notre Seigneur, d'une bourse, deux tapis d'épitre et évangile ainsi qu'il
est plus amplement détaillé dans l'inventaire de la sacristie du Trésor f° 120.
Cet ornement sert le jour de la présentation de la Vierge;
« Item : l'ornement de Noailles, dont le fond est de satin blanc, composé
de quatre grandes chappes, de la chappe et du soc du spé, d'une chasuble,
deux tuniques, étoles, manipules, un voile de calice, un voile de plat, un
coussin, une bourse, une palle et un tapis d'évangile; le tout ainsi qu'il est
1. U fut donné au Chapitre parle maréchal de Guesbriant en l'année 1635. Avant
le don de l'ornement, dit de la Ville, il servait aus^i le jour de l'Assomption.
270 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
plus au long- détaillé au dit inventaire f° 121 ; le dit ornement servant le
jour de la Conception et de saint Jean-Baptiste '.
<< Item : un ornement appelé de la Ville de drap d'or à bouquets de soie
nuancée avec grands galons d'or, franges d'or, avec des cordelières, com-
posé de quatre grandes chappes, de deux chappes de spé, deux chasubles,
deux tuniques avec leurs étoles et manipules, les glands des tuniques déta-
chés, six autres tuniques pour les induites (sic), deux voiles, une bourse
avec sa palle. un coussin garni de glands d'or, deux tapis d'épitre et d'é-
vangile garnis de molets et franges d'or; une étole pastorale, un tapis de
banque brodé avec larges galons d'or et écussons de la ville en broderies
d'or ainsi qu'il est plus au long détaillé f° 126; le dit ornement donné par
la ville de Paris en 1765 à l'occasion de la Bénédiction de la cloche, nom-
mée Thibaut et servant le jour de la Somption (sic);
« Item : l'ornement de Vintimille2 dont le fond est une étoffe de Lyon
canelée blanche à grands bouquets d'or; le dit ornement composé de quatre
chappes, de la chappe et soc du spé, d'une chasuble, deux tuniques avec
leurs glands détachés, deux étoles, trois manipules, six autres tuniques
avec leurs glands détachés, deux tapis d'épîtres et d'évangiles, un voile de
calice, un voile de plat, une bourse avec sa palle et le coussin pour l'évan-
gile, ainsi qu'il est plus au long détaillé f° 122 du dit inventaire, le dit
ornement servant le jour des Boys et de l'Ascension.
« Item : l'ornement appelé de la Porte3 consistant en quatre grandes
chappes. chappe et soc du spé, une chasuble, deux tuniques avec leurs
glands, deux étoles, trois manipules, un voile de calice, un voile de plat,
la bourse avec sa palle et le coussin pour l'évangile, le tout d'une riche
étoffe or et argent à grandes Heurs ainsi qu'il est plus détaillé page 124 du
dit inventaire; le dit ornement servant le jour de la Conceptiou et de la
Circoncision;
« Item : un ornement appelé les feuilles de chêne... le tout de damas
blanc semé de branches et feuillages de chêne en broderie d'or et de soie,
le dit ornement servant le jour de la Présentation et Visitation, de sainte
Geneviève, plus détaillé f° 126 du dit inventaire;
« Item : l'ornement de saint Germain... le tout de damas de Gênnes (sic)
blanc à grand ramage... servant les dimanches après la Pentecôte;
« Item : l'ornement de semi-doubles... le tout de damas blanc à orFroy
de velours eizelé rouge et vert, bordé d'un galon d'or... ;
« Item : l'ornement de Beata... de satin broché de différentes couleurs
en petits bouquets et galons d'or... servant les samedis pour l'office de la
Vierge ;
« Item : l'ornement des simples et fériés, le tout de damas blanc à orfroy
de satin aussi blanc à petits bouquets. »
1. Cet ornement fut confectionné à Saint-Cyr sous la direction de M. le Maréchal
de Noailles, en 17o5.
2. M. de Vintimille, archevêque de Paris, l'offrit au Chapitre, la veille de l'A*-
:• >mpti< n 1738.
3. Du nom du chanoine qui le donna en l?1 6.
LES INVENTAIRES. 271
Ornemens rouges.
« Item : l'ornement de la Pentecolte de velours rouge, broderie d'or';
« Item : l'ornement appelé Du Refuge* servant pour la felte Dieu, ledit
ornement de velours rouge cramoisi semé de Heurs et broderies d'or;
« Item : un ornement ancien à tableaux servant les jours de saint
Etienne et de l'octave de la fette-Dieu, le lout de drap d'or de Milan velouté
rouge, les orfroys en personnages de broderies d'or, les étoles et manipules
garnis au bas de franges d'or et soie rouge;
« Item : l'ornement appelé de saint Pierre... de velours rouge cramoisi
semé de grands fleurons en broderies d'or... servant le jour de la Saint-
Pierre ;
« Item : un ornement neuf à fleurs de lys d'or... de velours rouge avec
des fleurs de lys formant les orfroys aux chappes, chasubles et tuniques et
garni de galons, franges et molets en or; à la chappe du spé il y a un écus-
son en broderie d'or; cet ornement a été donné à l'église en l'année 1774 et
sert les fettes d'apôtres et les fettes de croix de notre Seigneur;
« Item : un ornement de velours cramoisi servant l'octave de la fette
Dieu et aux saints Inocents à orfroy de drap d'or avec épis de bled et grap-
pes de raisin nuancés... ledit ornement composé de huit grandes chappes,
une chappe et soc du spé, une chasuble, deux tuniques, deux étoles, trois
manipules, deux tapis et un coussin garnis de quatre glands d'or pour
l'épitre et évangile, un voile de plat, une bourse et sa palle, quatre petites
(happes servants aux enfants de chœur. Cet ornement a été donné par le
Roy à l'église de Paris le trente mars 1768;
>< Item : un ornement des apôtres... de velours cramoisi brodé en or et
servant aux fettes d'apôtre ;
« Item : un autre ornement de saint Germain... de damas cramoisi à
grands ramages avec orfroy de drap d'or... servant les dimanches après la
Pentecotte;
« Item : un autre ornement des semis doubles... le tout de damas cra-
moisi avec orfroy de velours cizelé cramoisi et jaune bordé d'un galon d'or;
« Item : un autre ornement des fériés de damas cramoisi avec orfroys de
même étoffe sur lesquels il y a des tulipes parsemées et brodées en soie de
différentes couleurs avec galon d'or... ledit ornement donné par M. de Gon-
tault doyen de l'Église de Paris en 1728 et servant aux fériés en rouge;
Item : un ornement du jeudy saint de drap d'or à fleurs veloutées rouges
frisées d'argent... ;
« Item : un ornement de la Trinité composé d'une grande chasuble, deux
grandes tuniques fort anciennes sur lesquelles sont brodés ces mots (année
888). deux étoles et trois manipules garnis au bas de franges d'or et de soie
rouge, le tout de velours cramoisi.
1. Cet ornement, d'après M. deMontjoie, aurait été donné à L'église de Paris en
1500. En 17H», il subit une réparation importante; les perles dont il était couvert
furent enlevées et remplacées par de la broderie. Curiosités de l'Église de Paris,
p. 302.
;.'. M. du Refuge, chanoine, l'avait offert en 1512.
272 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1790.
Ornemens verts.
« Item : l'ornement de saint Marcel pour les petits solennels... de velours
vert semé dans la totalité de fleurons en broderies d'or... servant les jours
de saint Marcel, saint Germain et saint Martin ;
« Item : l'ornement des doubles... le tout de velours vert plein avec
fleurs et galons d'or...
« Item : l'ornement des semis-doubles... d'une étoffe dont le fond est
vert brodé d'un galon d'or;
« Item : l'ornement des fériés... le tout de damas vert avec orfroy de
satin à bouquets et broderies d'argent et soie bordé d'un galon d'or. »
Ornemens violets.
« Item : l'ornement appelé Isabeau de Bavière... le tout de velours vio-
let, brodé en totalité de bouquets d'or et d'argent, les orfroys à tableaux et
écussons aux armes de France. Cet ornement a été donné par la reine
Isabeau de Bavière en 1*20 ' et sert le jour de Noël à la grande messe et à
vespres le jour;
« Item : l'ornement du Roy de velours violet avec orfroys de drap d'or
galons et franges d'or et écussons de France en broderie d'or... le voile de
calice est garni d'un large point d'Espagne... ledit ornement servant le
jour de saint Louis, le premier dimanche de l'avant et le dimanche de la
Quinquagésime ;
« Item : l'ornement de damas violet neuf, fait en 1769 à orfroys de drap
d'or... le tout garni de galons d'or, entredeux velouté et franges d'or et
suivant le jour de la Septuagésime ;
« Item : l'ornement des doubles mineurs... le tout de» damas violet avec
orfroy de toille d'argent, broderie, lizeré et galons d'or;
« Item : l'ornement des semis doubles... le tout de damas violet avec
orfroy de velours cizelé et moire d'argent bordé d'un galon d'or;
« Item : l'ornement des simples et fériés... le tout de damas violet à
orfroy d'une dauphine fond violet avec des grandes fleurs de différentes
couleurs • Cet ornement a été donné par M. de Gontault, doyen en 1732. *
Ornemens cendrés.
« Item : l'ornement des dimanches de carême... le tout de damas à fleurs
garnies de galons, franges, molets... ;
« Item : l'ornement des fériés de carême composé de trois grandes
chappes. de la chappe et du soc du spé, d'une chasuble, deux transverses
et l'oraire avec étoles et manipules, un coussin... le tout de damas cendré
clair avec fleurs brodées en argent et bordé d'un petit passepoile d'or...;
« Item : l'ornement noir à orfroys de satin, servant pour la passion.... le
toutde damas noir à ramages, les orfrois de satin des indes brun à fleurs
d'or, d'argent et de soie...
1. En accomplissement d'un vœu, qu'elle avait l'ait à Dieu et à la Sainte Vierge,
pour le rétablissement <\>- la santé «lu roi Charles VI.
LES INVENTAIRES.
Ornemens jaunes.
- sainte Anges e, saint Michel ?'' " * ga'°nS ^^ — <s
Ornemens noirs.
de France... «^^^^J^ZZ^ 'e .ont an, armes
7.e,s et écussons fc3E f^T^J^J )&%? «-* *«««
donné en Tannée 1774 et sert nnn, IY1 , , ° °"™ment a été
ments de chanoine ensuite noTl'l f ^U'S <,Ui"Ze' '°US les e"te'™-
■ it- .■ rornem;n ;e Ri? : j: uurIedte0 :dcrfmo,'aison des morts^
de Moire d'argent des deux c^gJo'n dW^, iLT T "" °rfr05'S
Richelieu en broderies d'or f2 8"UI",K et a«» <"™es de
« Item : l'oruem eût de velolr S ï- SerTai" PM"' ,,0bil ie MeMeu;
noines...; e'°U,S C'Zele se™" P°<" les ohits des cha-
« Item : l'ornement de velours à nniloc
« /!«. : 1 ornement de dama" P ^ P°UF ^ Petits obitsî
" /*em : l'ornement des Méreaux I» f«„« i i
satio, colonnes et petits bou^d'aigeu, 1 "maS "°"' * °rf™S de
Chapes détachées, savoir :
En rouge.
et :li 'dt^t^Ltet^rï a :,eu"s bnchées ^ * ^°«
deux velouté six chaDe, ° tZ ? ^ ™ "gmt- Z»>°™ d'or, entre-
le fond est de dama hl n^reV r o'e0U': e" j"^ de '^"«éque dont
rose et hououets d'argent hrodé7r:ah:ndc;.'S " ""e ** ^ de
i^-'^rj^ï zgeer:° ;,ne !,e,i,e brod- - -•
vêque. » a fête el mx ""oidniers de M. larche-
« Et attendu qu'il a été vaqué à ce que dessus jusqu'à „.ois
heure* sonnées, nous avons remis pour .a' continuation de la de
puon du surplus des effets mobiliers du Chapitre de 1 l
cathédrale la prochaine séance à hindy vingt de Jème jour de ce
mois (en marge : une heure après n.idv et avons I.J.. ■ , .
objets décrits dans la présent séance^ ,a™ \ 7d. " M»
- qui s'en est charge eomme gardien par noL à cet efff, cent
1- Donné par Richelieu lui-même en 1642.
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS
18
274 LE CHAPITRE DE KOTRE-DAME DE PARIS EN 1789.
titué pour les représenter ainsi que ceux décrits dans les verbaux
des précédentes séances quand et à qui il appartiendra et ont tous
les dits comparants signé avec nous le présent procès-verbal... »
« Et le lundy vingt-deuxième jour de novembre une heure après
midy ', jour et heure indiqués par la clôture de la séance de samcd y
dernier pour la continuation des descriptions et inventaire des
effets mobiliers appartenants à l'Eglise de Paris, nous Officiers
Municipaux dénommés dans les verbaux des précédentes séances
et soussignés , assistés de Mr Faron pareillement cy-devant
dénommé et qualifié, nous sommes transportés en la pièce de tré-
sorerie sise en la sacristie de la de église cathédrale et conduit
par le dl Sr Mortier dans une pièce au-dessus de la trésorerie avons
trouvé MM. Radix, Doyen, Mouchy,tous cy-devant dénommés
et qualifiés dans les verbaux des précédentes séances, et Messieurs
les huissiers commissaires priseurs et attendu que les effets pré-
cédemment décrits ont été laissés à la garde de mondc Sr Mortier
sans apposition de scellés, nous avons de suite procédé à la con-
tinuation de la dc description sans faire le recollement des d** objets
précédemment décrits, en conséquence le d' S' Mortier nous a à
l'instant représenté les objets cy-après détaillés :
Suite des chappes détachées.
En blanc.
« Item : une chape dont le fond est de damas blanc, savoir deux à grands
bouquets d'or et fleurs de soie, les six autres à petits bouquets soie et or avec
orfroy de drap galons et franges d'or pour servir aux huit aumôniers de
l'archevêque; ces chappes ont été données par le Roy en 1768 et servent
pour les aumôniers de l'archevêque quand il office;
« Item : une autre chape a fond tissu d'argent brodé en or avec galons
et broderie d'or, donnée par le cardinal de Xoailles en 1728, servant aux
différentes fettes de l'année;
« Item : une autre chape de satin avec une mosaïque en petites fleurs
d'or et orfrois de Moire d'argent brodé en or représentant le chef de saint
Louis dans le dos de la chape... ;
« Item : une autre chape blanche d'un côté et rouge de l'autre de taffetas
garni d'une frange et d'un petit galon d'or système;
« Item : deux autres chapes de satin blanc à bouquets détachés de diffé-
1. La matinée fut occupée par la séance capitulaire et les démarches auprès des
vicaire- généraux, dont nous avons parlé plus liant.
LES INVENTAIRES. 27a
rentes couleurs avec orfrois de damas à Heurs brodées et galons en or
servant pour différentes fettes de vierge;
« Item : quatre chapes d'un satin gris de lin, lizéré, bouquets, orfrois de
satin blanc, bordées d'un galon d'or. »
Voiles détachés pour la vraie croix.
« Item : un voile rouge et blanc brodé à deux envers de M. de Beau-
mont donné par M. de Montjoie ;
« Item : un autre voile de satin rouge bordé tout autour en bouillons
d'or, au milieu une croix brodée en or et dentelles aussi en or et doublé de
taffetas cramoisi;
« Item : un voile de velours cramoisi servant à mettre sous la vraie
croix en procession, bordé autour d'un molet d'or et doublé de taffetas
rose;
« Item : un autre voile de moire d'argent en fleurs brochées bordées
d'un molet d'or doublé de taffetas rose. »
Tuniques en rouge pour les induits (sic).
« Item : six tuniques de velours cramoisi à orfrois de même couleur
à grandes fleurs et galons d'or, destinées à servir les fettes solennelles;
« Item : quatre autres tuniques de velours cramoisi, broderies et galons
d'or garnies de leurs cordons et glands en or et soie cramoisie. »
Tuniques en blanc pour id.
«< Item : six tuniques brodées en or sur un fond d'argent pour les orfrois,
le fond est une étoffe sergé à fleurs d'or et soie de diflerentes couleurs; la
broderie desdites tuniques vient des langes du duc de Bourgogne, père de
Louis quinze, qui les a données à l'Eglise de Paris * ;
« Item : deux autres tuniques brodées aussi sur un fond de drap d'argent
pour les orfrois, le fond est d'une étoffe d'argent sablé, la broderie pro-
vient aussi des mêmes langes... ;
« Item : six autres tuniques de satin fond blanc avec des bouquets, bro-
deries et galons d'or. »
Tuniques en vert pour id.
« Item : deux tuniques de velours vert bordées et brodées en or: les
orfrois d'une espèce de damas à fond blanc rayé et fleurs d'or. »
Tuniques rouges des porte-dais.
« Item : dix-huit tuniques de damas cramoisi à orfrois de velours cizelé,
1 « A Versailles, le 30novembre 1753. Le Roy ayant bien voulu. Monsieur, accor-
der au Chapitre de Paris les langes qui ont été envoyées par le Pape pour Mon-
seigneur le duc de Bourgogne, vous voudrez bien, s'il vous plaît, les faire remettre
au Chapitre de Notre-Dame. Signé: Saint-Florentin. » Ces langes étaienl «le bro-
deries or et argent sur fond de toile d'argent ei bleu, et de drap d'écarlate; elles
étaient enrichies de broderies d'or, d'un petit tableau de broderie de soie repré-
sentant le baptême «le Notre-Seigneur el des armes de France entourées d'un
double rang de branches «le laurier. Cfr. Concl. capit.
276 LE CHAPITRE DE .NOTRE-DAME DE PARIS EN 1789.
fond et galons d'or. Elles servent le jour de la fette du Saint-Sacrement. »
Tuniques des enfans de chœur.
En rouge.
« Item : onze tuniques de velours cramoisi à orfrois de moire, broderies
et galons d'or ; »
Autres en blanc.
« Item : onze tuniques de damas avec orfrois de point de tapisserie de
différentes couleurs bordés d'un passe-poil d'or. »
Chasubles détachées servant pour les basses messes.
« Item : deux vieilles chasubles avec leurs plages pour la cérémonie des
saintes huiles le jour du jeudy saint, l'une d'une ancienne étoffe couleur d'or,
rouge et blanche, garnie d'un galon et d'une broderie en or, faites en 1200,
l'autre de drap d'or, orfrois de figures en broderie d'or, faite en 1400 ;
« Item : une belle chasuble destinée pour servir au chœur le jour de
Pâques, brodée en or sur un fond de drap d'argent pour l'orfroy : ladite
broderie provient aussi des langes du duc de Bourgogne;
« Item : deux chasubles de satin en rose à Heurs d'argent à orfrois
de brocard d'or, fond cramoisi orné et brodé d'un galon d'or;
« Item : deux autres chasubles à orfroy de drap d'or et fleurs nuancées,
le fond de satin couleur de feu, bordée d'un galon d'or, données pour la
fette de la Pentecotte de 1762, par M. de Montjoie, plus deux voiles neufs
de damas cramoisi avec une dentelle d'or, une bourse d'étoffe d'or en soie ;
« Item : une autre chasuble d'un fond tissu d'argent, brodée en totalité
en or, donnée par M. le cardinal de Noailles en 1728;
« Item : une chasuble de moire d'argent brochée d'or et de fleurs de
différentes couleurs croisées et brodées de galons d'or;
« Item : deux autres chasubles de brocard d'or et d'argent à fond blanc
avec des grandes fleurs de différentes couleurs croisées et brodées;
« Item : une autre chasuble, espèce de moire en or et argent sur un fond
jaune avec le voile pareil;
« Item : une chasuble d'une étoffe de drap d'or, fond rouge, galonnée et
bordée d'une dentelle d'or et d'argent avec le voile, la bourse et la palle;
« Item : une chasuble de moire blanche en soie..., donnée par M. l'abbé
Defriges, chanoine, en 1760;
« Item : une autre chasuble de moire rouge en soie..., donnée par M. De-
friges la même année;
« Item : une chasuble à deux envers de taffetas rouge d'un côté, blanc
de l'autre, brodée en or et soie..., donnée par M. Baudouin, chanoine, en
1769;
« Item : une chasuble de moire, aussi à deux envers, vert d'un côté et
violet de l'autre..., donnée par mondit Sr Desfriges en 1760; »
(Suit la description de différentes cliasubles.)
LES INVENTAIRES. 277
Tapis de Banque :
En rouge.
a Item : un tapis de velours cramoisi, galons, broderies, écussons et
chiffre du Roy en or, donné par le Roy en 1760;
« Item : un autre tapis de velours cramoisi ayant, sur le devant, un écus-
son de M. de Vintimille, garni de point d'Espagne et broderies d'or, donné
par ce dernier en 1738;
« Item : un autre tapis aussi de velours cramoisi brodé en or et argent,
la broderie provenant des langes du grand duc de Bourgogne ;
« Item : un autre tapis de tapisserie à petits points de roses à l'aiguille
bordé d'un molet et franges vertes, donné par M. Le Gendre, chanoine, en
1720...
En blanc.
« Item : un tapis de satin blanc brodé en or en totalité parsemé de lys
d'or, au milieu les armes du pape Innocent XI et celles du duc de Bour-
gogne.... »
Tapis en rouge et en vert pour couvrir les tables des châsses.
« Item : un tapis de damas cramoisi garni de molets et franges d'or, un
autre de damas vert bordé autour de franges d'or; un autre de camelot
gaufré; un autre grand de même camelot; un autre de velours ponceau
brodé en argent avec trois figures en broderies d'or et de soie ; deux petits
tapis ou voile de drap d'or de la Chine, représentant des oiseaux en argent
et soie. »
Tapis et housses de chaises pour la Semaine Sainte.
« Item : un grand tapis de drap noir; un autre de tapisserie travaillé en
petits points d'or et de soie, représentant Xotre-Seigneur dans le tombeau,
quatre housses de drap noir; un grand tapis représentant la Cène en per-
sonnages de petits points or et soie, bordé en or et argent sur un fond de
velours cramoisi; un autre de velours rouge brodé en petits points d'or
et de soie représentant des pèlerins... »
Draps mortuaires ou poêle.
« Item : un poêle ou drap mortuaire, fond de velours noir, avec une croix de
moire d'argent brodée d'hermines, galons et écussons aux armes de France
et broderies d'or, donné par le Roy en 1760; un autre avec une croix de
moire d'argent entourée d'un galon et aux armes du Chapitre. »
Garniture de la chaire.
« Item : un rideau de velours cizelé blanc, un autre de damas violet à
galons d'argent faux; la garniture complète de la chaire en huit pièces de
velours noir garni d'un galon et franges d'argent et de dix écussons aux
armes de France en broderies d'or, donné par le Roy en 1760. »
Bannières.
« Item : une bannière sur le fond de laquelle sont appliquées trois figures
en or nué, dont l'une représente la sainte Vierge tenant l'enfant Jésus dans
ses bras, ayant sur sa tête une couronne d'étoiles enrichie de perles fines
et de diamants; l'autre saint Denis portant son crâne dans ses mains et la
278 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1769.
troisième saint Etienne portant un livre et une pierre. Ces deux dernières
figures, entourées d'une couronne de perles fines, franges, broderies et ga-
lons d'or.
« Item : une autre petite bannière de damas blanc à bordure de moire
verte, chargée au milieu d'une Assomption de la Vierge avec croissans,
couronnée par deux anges, le tout en broderie d'or, d'argent et soie, garnie
de tous les côtés de drap d'or découpé, franges, molets, houppes et cordons
d'or et de soie.
« Item : un autre tapis de satin blanc à Heurs et broderies d'or et de soie,
un petit bord d'or: un autre tapis aussi de satin avec branches, fleurs et oi-
seaux des Indes.
« Item : un beau tapis de banque bordé, autour, d'un large galon d'or avec
écusson de la Ville en broderies d'or faisant partie de l'ornement donné par
la Ville, a
En violet.
« Item : un autre tapis de banque bordé, autour, d'un large galon d'or avec
écusson et chiffre du Roy, le tout en broderie d'or et faisant partie de l'or-
nement donné par S. M... »
En vert.
« Item : un tapis de banque de velours vert garni d'un large galon d'or
en festons avec écusson et chiffre du Roy en broderies... »
En noir.
« Item : un tapis de banque de velours noir bordé d'un galon d'argent,
de deux écussons et quatre chiffres du Roy. brodé d'or, faisant partie de
l'ornement noir de Louis XVI ; un autre tapis faisant partie de l'ornement
de velours noir de Louis XV..., un autre dépendant de l'ornement de Ri-
chelieu..., chargé de six grandes armoiries de Richelieu en broderies et d'ar-
gent; un autre tapis de velours noir bordé, autour, d'un large galon d'argent
servant pour les obits. »
Devants d'autel en noir.
« Item : le devant d'autel de l'ornement de Louis XIV de velours noir
avec une croix, brodé dans le milieu, fleurs de lys, écusson de France,
brodé en or; celui de l'ornement de Louis XV en velours noir avec croix
brodée; celui de Richelieu de même velours avec croix de moire d'argent,
brodé, galons et écusson de Richelieu en argent.
Tapis d'aigle.
En noir.
« Item : le tapis d'aigle de l'ornement de Louis XIV aux écussons du Roy;
celui de l'ornement de Louis XV aussi de velours ayant deux écussons
brodés en or aux armes du Roy; celui de l'ornement de Richelieu... »
Tapis en blanc et en rouge pour porter les châsses en procession.
h Item : quatre tapis fonds satin blanc, fleurs de lys en broderies d'or
LES INVENTAIRES. 270
avec armes du pape Innocent XI et du Roy, deux autres fond drap écarlatte,
bordure et broderie d'or... »
(Suit la description des étoles pastorales et des glands.)
Dais.
h Item : la garniture du grand dais servant à porter le Saint-Sacrement
en procession le jour de la grande Fctte-Dieu, consistant en quatre pentes
dont le fond est de velours cramoisi avec quantité de figures et personnages
brodés en or nué et enrichis de perles fines, représentant divers sujets, les
des pentes encadrées dans une bordure relevée de broderies d'or : les pen-
tes intérieures de satin cramoisi enrichies de fleurons, broderies, anges,
galons et franges d'or; une autre pente de velours cramoisi représentant
divers sujets brodés en or, galons, franges et autres ornements en or; une
autre pente représentant le même sujet avec les mêmes ornements à laquelle
est attachée une dentelle d'Angleterre, le tout donné par M. de Grandmont
de l'Espar en 1783; une housse de velours cramoisi brodée en or avec galons
et franges d'or servant à couvrir la planche qui porte le grand soleil sous
le dais.
« Item : un petit dais pour le jour de l'octave de la Fette-Dieu. composé
de quatre pentes de velours cramoisi, bordé, autour, d'un point d"Espagne;
grand écusson aux armes du Roy en broderies d'or et garni dune frange
d'or, une housse de velours cramoisi enrichie et garnie d'un galon, fleurs
de lys et franges d'or... ;
« Item : un autre dais de velours ponceau brodé en argent avec frange
d'argent servant pour le reposoir du jeudy saint; une petite housse de ve-
lours avec un champ de tleurs en or pour le petit soleil. »
Plumes ou panaches du grand dais.
« Item : six panaches en plumes et six aigrettes fines et naturelles: six
pommes de velours galonné en or servant aux trois dais : des petites plu-
mes couvertes de velours et brodées en or; vingt bricolles de velours d'U-
trecht pour les porte-dais. »
Gomme les Officiers municipaux allaient quitter la sacristie,
M. du Pinet y arrivait. En 1779, il avait fait présent au Chapitre
d'une statue en vermeil de saint Louis du poids de vingt-quatre
marcs, qui avait été inventoriée le 19. M. du Pinet présenta aux
Ofliciers municipaux une copie de la Conclusion capitulaire du
4 août 1779, sur laquelle il appuyait sa demande que, en cas de
vente, la statue lui fût remise; il ajouta cependant qu'il désirait
encore plus qu'elle fût conservée dans le Trésor pour être exposée
à la vénération des fidèles.
L'inventaire se poursuivit jusqu'à la lin du mois : le 23, on in-
ventoria les aubes, amicts, tapis de pied, coussins, pupitres, bran-
280
LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1789.
cards pour les châsses ; le 24, tout le matériel de l'église, puis
les livres de chant, missels, lectionnaires l ; le 25, le chœur, les
chapelles, les tambours, les grilles extérieures; le 25, la sacristie
des messes; le 26, les cloches 2, l'horloge, le buffet des orgues ;
le 30, la maîtrise, où MM. Delon et de Mondran reçurent les Of-
1. L'inventaire fut, ce jour-là, interrompu quelque temps : « En procédant à la
d" description sont comparus par-devant nous MM. Antoine- Joseph Santerre
et Gabriel-Antoine-Nicolas Audet, tous deux électeurs du département et ville de
Paris, lesquels nous ont dit qu'ils étaient envoyés par M' le président de l'Assem-
blée électorale et par tous les membres composant le cinquième Bureau de la
d" assemblée, à l'effet de demander à M. l'abbé Mortier les clefs de la salle capitu-
laire du cy-devant Chapitre de Paris pour tenir leur séances dans la de salle. Sur la
représentation de mon d1 S' Mortier, que, vu la dissolution du Chapitre de Notre-
Dame, les clefs de la d" salir capitulaire étaient maintenant, quoiqu'entre ses mains
à la disposition de MM. les officiers municipaux, nous susdits, officiers, ne voulant
porter aucun retard aux opérations confiées à MM. les électeurs, avons sur la réqui-
sition des me- dM S" Santerre et Audet remis entre leurs mains la clef de la d" salle
capitulaire, lesquels s'en sont chargés pour les remettre à la fin de chacune de leurs
séances entre les mains des huissiers nommés par l'Assemblée électorale. Au moyen
de la remise des d'"* clefs, nous déchargeons de la garde d'icelles mon dit
S1 Mortier. »
2. État des bourdons et cloches 'le l'Églisede Paris avec leurs poids et dimensions.
NOMS DES CLOCHES.
DATE DE LEIT.
FONTE.
Emmanuel, dit le gros
bourdon
Marie. 2e bourdon ....
Gabriel
Guillaume
Henriette
Jean
Claude
Nicolas
Françoise
Agathe, petite cloche .
Catherine .
Madeleine.
Barbe. . .
Anne . . .
TOUR MERIDIONALE
29 avril 1680.
1er octobre 14'
8 pieds 0 lignes
7 p. 5 pouces
TOUR SEPTENTRIONALE
Août 1641.
Juillet 1770.
Avril lTiii.
27 octobre 1769.
1714.
17 mai 1714.
Juillet 1770.
5 p.
5 p.
4 p.
3 p.
3 p.
3 p.
10 p. 3 1
3 !.. 5 I
i p.
10 p.
6 p.
1 p.
H p.
6 I.
9 1.
1 1.
PETIT CLOCHER
Tondues sous
Henri II.
2 p.
\ 1 p.
I l P-
f * P"
2 ]>. 1 1.
11 p. 6 1.
!» p. 2 1.
7 p. 1 1.
8 pouces
7 p. 6 1.
1 P
3 1.
9 1.
4 p.
3 p. 6 1.
3 p
P
8 I.
p. 6 1.
2 p.
1 p. 0 1.
i p. .-; i.
1 I). 3 1.
32.000 livres
26.000 —
10.500
7 . 2C0
4.185
3.127
2.000
1 .520
1.20O
50
3.050 —
4.030 —
300 —
190 —
l.a cloche du Chapitre n'ayant aucune inscription, on n'a pu connaître son ancienneté
elle a 1 pied «J pouces 6 lignes de diamètre.
Lue petite cloche servant d'avertissement pour la grande sonnerie: 45 à 50 livres.
LES INVENTAIRES. 281
liciers municipaux, puis la communauté des chantres, le cabinet
du receveur général, le bureau delà recette, la salle d'assemblée
dite la Chambre, enfin la bibliothèque.
M. de Malaret, dernier intendant de la bibliothèque, assista a
toutes les opérations qui s'y pratiquèrent avec la dernière ri-
gueur. « Nous étant assurés, dit le procès-verbal, des diffé-
rentes portes, croisées, ouvertures et jours donnant dans les
différents lieux de la de bibliothèque par les fermetures des che-
minées, clous apposés sur les croisées pour en empêcher l'ou-
verture par le nommé Charles Levasseur, compagnon serrurier,
demeurant chez le Sr Garnier, serrurier du dl Chapitre, rue
S'-Pierre aux Bœufs, par nous mandé à cet effet, nous nous som-
mes, les scellés préalablement apposés en dedans avec le cachet
de la Municipalité, dont l'empreinte cy-contre, sur la serrure d'une
porte donnant dans la salle du secrétariat, retirés des ds lieux
par la porte où nous étions entrés, avons nous-mêmes fermé la d'
porte avec le cachet cy-dessus, dans les deux extrémités et le
milieu d'une bande de fil gris et de suite pour la conservation des
dits scellés avons fait fermer par le même compagnon serrurier
une porte battante pleine de bois de chêne et sur la d" porte et l'un
des montants avons fait mettre deux pitons longs et forts dans les-
quels nous avons fait passer un cadenas l, d'une moyenne gros-
seur, avons nous-mêmes fermé le d1 cadenas, en avons retiré la
clé, laquelle est restée entre nos mains, le tout pour éviter des
frais de garde de scellés et en outre pour nous conformer entière-
ment à la délibération du Comité. »
« Comme nous étions sur le point de nous retirer, continue le
procès-verbal, le Sr abbé Buée, en sa qualité de secrétaire du d'
Chapitre, nous a sur notre réquisition remis toutes les minutes
des Conclusions capitulaires de la présente année, lesquelles nous
avons emportées pour être déposées dans les Bureaux des Biens
nationaux ecclésiastiques ; quant aux minutes des Conclusions
1. « J'ai reçut de mesieur du Bureau de la quidatioo la somme de trois livre pour
avoir fourni unquadenal et 2 tirions el avoir ouvert plusieurs tiroir au eidevent
Chapitre de Paris, dont quitance a Paris les 13 x1" 1790. Signé ■■ Garniek : ■ B. .Y.
ms. cité.
282 LE CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS EN 1780.
antérieures à la présente année, le d( Sr Buée nous a dit qu'elles
étaient déposées dans les archives dud' Chapitre et à l'instant il
nous a encore été remis par le d' Sr Buée, le grand et le petit
sceau du dl Chapitre, desquels nous nous sommes chargés poul-
ies déposer où de droit. »
Cette fois, la ruine est consommée ! Les chanoines n'ont plus
de titres, leurs biens sont à la disposition de la Nation, le chœur
et la salle capitulaire sont fermés, les archives sous scellés, le
registre de leurs délibérations et le sceau, qui authentiquait leurs
actes, confisqués! Ainsi finit ce corps illustre, plus que millé-
naire, qui présida à la naissance de toutes les grandes institu-
tions de la France, plus ancien que la monarchie, plus fort que
toutes les révolutions, excepté celle qui devait l'emporter !
C'est avec regret que nous nous séparons de ces vieux cha-
noines, que nous avions pour ainsi dire ressuscites, avec qui nous
vivions depuis longtemps. Nous les voyions dans leur cloître,
dans la salle capitulaire, au chœur de leur chère église de Notre-
Dame ; puis protester contre les atteintes portées à leurs privilèges,
se débattre contre les décrets de l'Assemblée nationale. Une
seconde fois pour eux, c'est encore la suppression, l'exil, la mort,
dans laquelle maintenant ils nous semblent rentrer!
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES PRINCIPAUX NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX
CITÉS DANS CET OUVRAGE
Abbeville, 20'i, 213.
Ablon, 96, 123, 170.
Adélaïde (Madame), 6.
Agde, 204, 132.
Agen, 4, 2S, 29, 30.
Agoult (d')> doyen, 13.
Adrien V, pape, 266.
Aignan (Saint), chanoines de, 7, 11, 12, 19, 22,
27, 30, 31, 39, 42, 63, 68, 70, 102, 236; —
vicaires de, 39, ^0, 41, 'i2, 88, 251; — église
de, 40, 'il, UU, 68; — chapelain de, 39, 'i2.
Aire-en-Artois, 204.
Aire-en-Gascogne, 20'i.
Aix, 4, 204, 213.
Alais, 204.
Albi, 20?i, 213.
Alelh, 20?i, 213.
Allainville, 126.
Amand (Saint-), prieuré de, 30.
Amiens, 204, 213.
Andilly, 7.
Andrésy, 21, 96, 97, 126,132, 149, 150, 151, 170,
232.
Angers, 29, 30, 56, 204, 213.
Anglais (rue des), Uti, 117.
Angoulôme, 205.
Anjciu-Saint-Honoré (rue d'), 67.
Anne (chapelle Sainte-), 'il, 45, 46, 'i7.
An seau, 265.
Ansoine, 56.
Antes-aux-Millions (dime des), 122.
Antoine-dés Champs (Saint-), 1:9.
Appentis (liefdes), 122.
Apt, 205.
Arbalète (rue de 1'), 188.
Arcis (fief des), 171.
Arcis (rue des), 119.
Arcueil, 45, 46, 126.
Argent (d'), vicaire général, 93.
Armagnac, 29.
Arras, 205.
Arras (rue d'), 105, 119.
Artois (comte d'), 6, 112.
Athis, 122.
Assy, 34, 35, 38, 29.
Authon-en-Vendômois, 29.
Allainville, 22, 121, 126.
Attiret, chapelain, 44.
Aubergenville, 96, 132, 133, 138. 149, 150, 170.
Aubonne, 34.
Auch, 29, 205, 212, 213.
Audibert de la Villasse, chapelain, 44,
Augustins (Grands-), 113.
Auluay, 125.
Auluée, 170.
Aulny, 121.
Aumont, chapelain, 45.
Aunet, 120.
Aurillac, 146, 147, 148, 205.
Auteuil, 121, 123, 170.
Authier (du), chanoine, 4, 6, 19, 30. 68, 99.
Autichamp (Beaumont d'), chanoine, 'i. 6, 29',
62,63, 67, 71, 108.
Auton, 121.
Autun, 5, 6, 104, 105, 213.
Auxerre, 230.
Avallon, 53, 205.
Avranches. 3(1. 205.
Ayencourt, 96, 121, 132.
Babylone (de), 70.
Bagneux, 18, 96, 97, 121, 133, 150.
28 i
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Bailly. maire de Paris. 218. 210. 225. 227. 229,
241, 202. 256, 260.
Balagnier. 28.
Balbàtre. organiste. 51.
Ballainvilliers, 125. 126.
Barbie, receveur général du Chapitre, 2. 55.
61. 117, 134. 151. 231, 232. 233, 234, 235. 243.
Barcos de), chanoine. 151.
Barillerie (rue de la), 93.
Bar le-Duc, 205.
Barnave. 230.
Barre-du-Bec (rue de la . 119.
Barre du Chapitre (la), ferme. 119: — fief. 119.
122, 171.
Barres (rue des), 118.
Barthélémy (Saint), église, 51,93; — chapelle,
42, 45.
Barihélemy-des-Buissons (Saint;, prieuré. '.». 29,
Barthes, 31.
Basles (Saint), 29.
Bataille (de), fief, 121.
Baudouin, chanoine. 276.
Baune, 29.
Baudran, enfant de chn-ur. 53.
Bayeux. 4. 205.
Baronne, 205.
Bazas. 28.
Béat (Saint-), fief, 122.
Beauce, 4, 121, 122, 125, 126.
Beaulii-u (de), abbaye, 30.
Beaumont (Louis de), évêque de Paris, 266.
Beaumont (Christophe de), archevêque de Pa-
ris, 7, 16, 104, 108.
Beaumont (de), chanoine, 4, 6, 28, 30, 67.
Beaune, 205.
Beauvais (de . évêque de Senez, 8, 196.
Beauvais, 205.
Bégart, chapelain, 45.
Bégault. fief, 125, 171.
Béguinot, chapelain, 43, 45, 236.
Belleville, 52, 119.
Bellevue, 46.
Belloy, 21. 96, 121, 132, 149, 170.
Benoit Vil, pape, 243.
Benoît-le-Bestourné (Saint-), église, 40, 93. 99,
100, 117. 188.
Benoit sur Loire (Saint-), abbaye, 121.
Bergerac, 4.
Bergier, chanoine, 4, 6, 8, 21, 24. 30.
Bernay, 123.
Bernes, 21, 22, 124, 170.
Berthod, vicaire perpétuel, 34.
Berlin, chapelain, 57.
Besançon, 29, 205.
Beuvron (de Harcourt de), doyen, 13.
Bézard, receveur des censives. 128. 134, 235.
Béziers, 6, 11, 29, 34, 205, 213.
Biutinaye (de la), chanoine, 4, 30, 67, 103.
Blanc-Mesnil, 125, 133, 150, 155.
Blandureau, 126, 170.
Blois, 4, 28, 30, 206.
Blomons (de), fief, 122.
Boffrand, architecte, 66.
Bois-Basset (du), chanoine, 4, 6, 7, 15, 28. 71,
108, 132, 142, 181, 187, 191, 193, 254, 258.
Bois l'É\èque, 126.
Bois-Valois, 126.
Boin(de), évêque d'UzèS, 12.
Bon (rue Saint-), 119.
Bondjufle, 196.
Bonneau (de), fief, 122.
Bonneuil, 125, 133, 150.
Bonneval (Roux de), chanoine, 4, 6, 8, 28, 29,
70, 71, 98, 99, 108, 163, 165, 176, 177, 178,
181, 187, 193, 194, 202, 212, 214, 236.
Bons-Enfants (des), canton, 122.
Bon-Puits (rue du), 119.
Bordeaux, 30, 206.
Borie (de la), chapelain, 46.
Bose, chapelain, 44.
Boucher d'Argis, 200.
Boucherat, enfant de chœur, 53.
Bouillancy, 126.
Boulogne-sur-Mer, 206, 212.
Boulogne sur-Seine, 121, 133.
Bourbon (abbé de), 110.
Bourbon-l'Archambault, 24, 55.
Bourg-en-Bresse, 206.
Bourg-l'Abbé, 117.
Bourg-la-Rcine, 96, 121, 170, 214.
Bourg Sainte -Marie, 29.
Bourges, 29, 206.
Bourgogne (duc de), 275, 276, 277.
Brégy, 126, 155.
Brémont, chanoine, 4, 9, 10, 21, 29, 67, 99, 132,
163, 170, 176, 195.
Bretagne, 4, 9, 206.
Breteuil (baron de), 10, 64, 154.
Brétigny, 155.
Bréval (de), fief, 96, 22.
Briçonnet, évèquc de Meaux, 264.
Brie ; province, 4, 6, 122, 123, 124, 125, 126:
— archidiaconé, 13, 16, 133, 163, 235, 246,
251.
Brie-Comte -Robert, 196.
Broglie (prince de), 230.
Brunville (de Flandre de), 159.
Bùcherie (rue de la), 91.
Buée, secrétaire du Chapitre, 34, 48, 56, 57,
72, 242, 231, 282.
Buée, vicaire perpétuel, 35, 36.
Buisson (du), fief, 122.
Buissons (les), hameau de Chevilly, 45.
Bulté (Chéry de), chanoine, 4, 19, 37, 170, 172.
173, 175, 225.
Burgheat, 145.
TABLE ALPHA IiLTK il L.
2H3
Bussy-Saint-Georges, 126.
Cachan. 126.
Caen, 206.
Caffk-ri, sculpteur, 86, 264.
Cagny (de), chapelain, '16.
Cahors, 4, 206.
Cambrai, 28, 38, 67, 206.
Camiaille, chanoine, 4, 18, 19, 29, 68, 78, 127,
172, 175. 2'i6, 251.
Camus, avocat, 8.
Canettes (rue des), 43.
Capoue (Pierre de), cardinal, 260.
Caraman (Saint-Félix de . 2(i7. 213.
Cardinal-Lemoine (du), canton, 122.
Cases [Saint- Saturnin de), 30.
Castres, 146.
Catherine-de-la-Millière (Sainte-), prieuré, 31.
Catherine (Sainte-;, hôpital, 139.
Gaule (de), greffier, 95.
Caumont (Marquise de), 131,
Cazalès, 230.
Ceilhes, 29.
I elle la), 122, m.
Celle, rivière, 124.
Cens-Commun (du', fief, 119, 171.
Cens-Gauthier, fief, 119.
Ceruelle, 126.
Chaillot, 126,171.
Chailly, fief, 122.
Chàlons-sur Marne, 27, 206.
Chambéry, 254.
Chambly, chapelain, 45.
Cbampigny de , chanoine, 5, 18. 19, 29.62, 70,
127, 132, 159, 160, 161, 169, 170, 171, 174, 181,
187, 231.
Champigny-sur-Marne, 29.
Chanoinesse (rue), 61, 70.
Chantres (rue des1, 69.
Chapelle (Sainte- , 42, 51, 256.
Chapelle-Yger (la), 123, 133, 155, 170.
Chapelle-la Reine vla), 122.
Chapelle-St-Denis (la), 65.
Chappe. greffier, 39.
Charetterie la , 125.
Charles VI, 266. 272.
Charles MM. 266.
Charles 1\,260.
Charles duc d'Orléans\ 27.
Charles le Simple, 243.
Charolais, 4.
Charonne, 119.
Charonne (rue de), 53.
Charpentier, organiste, 31.
Chartres, 5, 29, 30, 31, 170, 172, 206. 237, 238,
264.
Chartreux (couvent des), 55, 145.
Cluiteaudun, 5.
Châlelet-de-Villaroche (le), 121.
Cliatenay, 79.
Chatillon, 121.
Chaulnay, 31.
Chaulny. 124.
Chaumonl (Saint-), 119.
Chavigny (de , chapelain, 45.
<:henne\ières, 17, 29, 122. 124, 125, 133.
Cheron Saint-), abbaye, 29.
Chevalier Jean Louis), chanoine, 264.
Chevalier, chanoine de Saint-Aignan, 7, 11, 30,
68, 99, 236.
Chevillard, chapelain, 47.
Chevilly. 43.96,121, 122, 133, 150, 151, 152. 155.
170, 196, 214, 226.
Chevreuil, chanoine, 4, 6. 16, 17, 18, 29, 108,
153, 163, 181, 187, 193, 195, 196, 202, 214, 219,
258.
Chevreuse. 119. 125.
Che^igny, 125, 171.
Chevrilly, 119.
Chillaud des Fieux ^de\ chanoine, 4, 7, 15, 18,
28, 103, 188, 200.
Chilly, 124.
Chintre delà), fief, 124.
Chollets des , église, 45; collège, 97.
Christophe rue Saint-), 118.
Cicé, 122.
Claroy (de), fief, 121.
Claye, 132.
Clément, chapelain, 44.
Clermont Raymond, duc de), 263.
Clermont comte de;, 131, 235.
Clermont. 146, 148.
Clichy, li3.
Cliquot, facteur d'orgues, 51.
Cloître rue du), 67.
Clopine iue , 119.
Clouet, chapelain, 46.
Cloud (Saint- , 144, 265.
Cocatrix rue , 43. 117, 119.
Cochelin. chapelain, 47.
Cocheret. 122.
Cochon, chapelain, 45.
Cochu de la Grange, chanoine, 5, 10, 11, SO,
67.
Coglombier du Rivage, chapelain, 44.
Coin-des-Morls. 124.
Colbert, ministre. 64.
Colbert, arche\èque de Rouen, 58.
Colin, chapelain, 45.
Collimée, 29.
Colombe rue de la), 42, 61, 66.
Compiègne, 243.
Compans. 96. 125, 133, 152, 155, 170.
Comporte, fiel', 123.
Condé, 126.
286
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Coudom, 206.
Conflans-Sainte Honorine, 17, 29, 171,195.
Contes (de.:, doyen, 266.
Coquilles (des), fief, 119.
Corbereuse, 96, 121, 131, 132, 133, 135.
Couche (de la), dime, 122.
Couet, chanoine honoraire, 12, 69, 116, 139,
140; — maison, 117, 140.
• Cougis, 124.
Couperain fils, organiste, 51.
Couperain père, organiste, 51.
Courcelles (de), port, 122.
Courcier, chapelain, 45.
Couronne des-Prés (la), fief, 122.
Cours (de), chanoine, 4, 31, 67, 103.
Coutances. 4. 5, 206,236.
Crespin, chapelain, 47.
Créteil, 126,144,145.
Croffy, 96.
Croisier, 146.
Croix-de Broquier (Sainte), prieuré, 30.
Croix-de-la Bretonnerie (Sainte), 38.
Croix-Taron (la), 125.
Croulavoine (de), fief, 121.
Croulebarbe. moulin, 117.
Crosne (de), marché, 118.
Cugnac (de), 11.
Daimville (collège), 145.
Damart, 96. 121, 133, 135, 170.
Dampierre (de;, chanoine. 4, 6,7,21, 31,67,92,
187, 195, 258.
Dax, 207, 213.
Débats (des), dime, 122.
Delaitre, l'40, 14i, 148, 149, 150.
Delon, chanoine, 5, 6, 7, 18, 31, 3'j, 55, 67, 70,
108, 116, 132, 134, 139, 235, 280.
Desfriges, chanoine, 276.
Denis-de-la-Charlre (Saint), 34, 38, 88, 139.
Denis-du-Pas (Saint), 7, 15, 25, 34, 39, 41, 49,
63, 69, 70, 72, 81, 83, 88, 90, 91, 92, 94, 99,
126,177,184, 188, 193, 241.
Denis (Saint), abbaye, 55.
Denis (rue Saint), 118, 146.
Denis (Faubourg Saint-), 119.
Desmarets, professeur, 56.
Despeignes, payeur, 53.
Desprez, organiste, 51.
Digne. 213.
Dijon, 207, 213.
Dix-huit (Collège des), 145.
Dol, 30, 207, 215.
Dôle, 53.
Dons, rivière, 121.
Dorsaune, chanoine, 140, 144, 149.
Douët d'Arq, bailly, 95.
Doullens, 29.
Doury, 128.
Douville, chapelain,- 47.
Duchesne, chanoine deSaint-Aignan, 7, 31, 68,
70, 71.
Duclos, vicaire de l'Archevêque, 103.
Dugué (Guilleminot), maître de musique, 11,
47,55, 56, 87, 112.
Dumesnil, chapelain, 52.
Dumoulin (Denis), évèque de Paris, 262.
Duperrier, chapelain, 46.
Durand, chapelain, 47.
Durand, garçon du Trésor, 50.
Duravel, 30.
Duval, 159, 1£3.
Eaubonne, 138, 148, 149, 151, 152.
École (carrefour et quai de 1'), 118.
Écouen, 126.
Écoutes (rue des), 44.
Éloi (Saint-), vicairie, 86, 88, 103.
Égasse, professeur, 56.
Embrun, 46.
Enfer (rue d'), 61,66, 117, 119.
Enfer-Saint-Landry (rue d), 119.
Épiais, 14, 46, 47, 96, 122, 132, 135, 170.
Epinay-sur-Orge, 135.
Épine (de 1), fief, 119, 122.
Épône, 44, 45, 96, 122, 132, 133, 138, 152, 170,
261, 262.
Espagnac (d'), chanoine, 4, 6, 30, 67.
Espagnac, 3.
Espinasse (Sincholle d'), chanoine, 7, 17, 18, 30,
99, 196.
Étampes, 27, 29.
Ethis de Corny, 161, 162.
Etienne (Saint-), chapelle, 44,46.
Etienne de Garlande, 11, 68.
Étienne-des-Grez (Saint-), 91, 93, 99, 100, 101,
188, 264.
Étienne-du-Mont (Saint-), 199.
Eudes de Sully, 50.
Eustache (Saint-), paroisse, 155.
Évreux, 4, 207, 213.
Fage (de la), chanoine, 4, 6, 7, 30, 67, 84, 86.
Falaise (la), 122.
Fargo s, 46.
Fargcville, 112.
Farjonel (de), chanoine, 13.
Fauve, 29.
Fauveau, sonneur, 50, 96, 223.
Favières, 126.
Fauvel, chapelain, 47.
Fayette (de la), 224, 227, 229, 403.
Fénelon (de), 12.
Ferey, avocat, 71.
Ferrières, 126, 130.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
287
Ferronnerie (rue de la], 118.
Feuillants, religieux, 121.
Fèves rue aux), UT.
FintraiUYs, 28.
Fleury [de , 250.
Fleury, 12, 29.
Floirac (de), chanoine, 4. 6, 7, 30, 02, 67, 103,
125, 181, 187, 214, 257.
Fulie-Uegnault, fief, 119, 171.
Fontaine-les-Ribouts, 228.
Fontaines rue des;, 187.
Fonlenay la voirie de . fief, 119, 171.
Fontenay aux-Roses. 44.96, 122. 130. 171, 205.
l'ontenay-les-Louvres. 124.
Fonlenelle, fief, 96, 121.
Fortet, collège, 19, 145, 116, 147.
Fosse (de la), vicaire perpétuel, 34, 35, 36, 38.
Fossés-Saint-Germain (rue des). 118.
Fouarre (rue du;, 40.
Foulques, doyen, 262.
Foulon, abbé. 71.
Four rue du), 117.
Franche-Comté, 4.
François 1". 98. 103.
Francomille, 121.
Fréchon, chapelain, 46.
Fréjus, 207, 213.
Frémy de), abbaye, 28.
Fresnaye (de la), vicaire perpétuel, 34, 35, 36,
38, 70.
Fresne, 125, 126, 133, 150, 155,214.
Frelel d'Hauterive, chapelain, 47.
Froide Fontaine, 126.
Froment, professeur, 56.
Gagnac, 30.
Galande. lief, 124.
Galaude (rue), 40, 117, 118. II».
Galard, évêque du Puy, 11.
Galon, évéque de Paris, 265.
Gap, 212. 217.
Garenne (de la), dime, 122.
Garlande (de), fief, 39, 121.
Gatignon, chanoine, 'i. 18, 31. 68, 7<>, 99.
Câlinais, 119. 122, 124, 125, 126.
Gaudin, chanoine, 84.
Gaudron, 58.
Geneviève (Sainte-), abbaye, 69, 91. 93, 96, 123,
217.
Gentilly, 45, 126, 171.
Geoffroy de Méry, 280.
Germain (Saint-), fief, 124, 170, 171.
Germarn-des-Prés (Saint-), abbaye, 90. io'.i, 238.
Germaib-en-Laye (Saint-), 12, 97.
Germain l'Auxerrois (Saint-1, 5, 7. 12, 21, 22, 26,
31, 54, 35, 36, 37. 38, 39, 'il. 93, 1 16, 1 1S. 124,
135, 137, 141.
Gervais (Saint-), église, 51.
Gerson, 16.
Géry, 18.
Gesvres (rue de), 118.
Gilbert, évoque de Paris, 11.
Gilbert, sonneur, 49.
Giraudet, chapelain, 45.
Giroux, enfant de chœur, 53.
Glatigny, 97.
Gond y (de), archevêque de Paris, 91.
Gonesse, 46.
Gontault (de), doyen, 13, 271.
Gossiome, chapelain, 47.
Gouenxic, chapelain, 44.
GoussainviUe, 124, 125, 133.
Goût des Périmières, chapelain, 46.
Grand'Fontaine, 123, 169.
Grand'Paroisse, 47, 122, 128, 133, 155, 169, 170.
GrandRue, 119.
Grands Augustins, religieux, 91.
Grange-Trianon (de la), chanoine, 84.
Grasse, 207, 212, 213.
Grémiot, 146.
Grenelle-Saint-Germain (rue). 07.
Grésil, vicaire perpétuel, 34.
Gressy, 125.
Grestain, 30.
Greuzard, chapelain, 45.
Grève (place de), 117.
Grignon, 123, 170.
Griguy, 123.
Grisy, 43.
Grive (de la), abbé, 65.
Guercheville, 123, 133, 149, 150.
Guérie (de), enfant de chœur, 53.
Guérin (Louis-Pierre), enfant de chœur, 53,
60.
Guérin Jean), enfant de chœur, 53.
Guesbriant (maréchal de), 269.
Guichard, machicot. 10, 48.
Guyaucourt, 125, 133.
Hanquelin, cuisinier, 69.
Harcourt (de), chapelle, 40, 50, 140.
Harcourt (de), collège, 138.
Harpe krue de la), 117.
Haute-Maison la), lief, 124.
Hay (F), 43, 79, 121, 122, 133. 155, 170, 190, 214.
Henry Ier, 93
Henry II, 98, 109.
llêne, enfant de chœur, 53.
llerblay. <m>. |22, 133, 171.
Hermines (rue des), 119.
Hilaire (Saint- . de Chartres. 5.
Hilarion de Duravel (Saint). 30.
Hippoljte de Vivouin (Saint-), 30.
Ilonnecourt, 29.
TABLE ALPHABETIQUE.
Honoré (Saint-), église, 7, 99.
Hulteau, chapelain, V>.
Igny, 150.
Ile-de-France, 122, 123, 12'i. 125, 126.
Ile-Notre-Dame, fief, 171.
Ile- Saint-Louis (rue de Y), 65.
Isle-Bouchard, 10.
Innocents (des), cimetière et marché, 11. 118,
277.
Invalides (des), hôtel, 55, 199.
Irlandais (collège des), 145, 217.
Isabeau de Bavière, 266.
Issy, 150.
Itieville, 96, 119, 122.
Ivry-surSeine, 21, 30, 45, 126.
James de Beuvron (Saint), 30.
Jacques (rue Saint-), 91, 9b. 118, 119, 187.
Jacques (rue du Faubourg-Sainl- , 93, 117.
Jacques (Saint-), chapelle, 44, 47.
Jacques de la Boucherie (Saint), 138.
Jacques du Haut-Pas (Saint-). 117.
Jauberles, 29.
Jian-Bapiiste-d'Arc Saint-), 30.
Jean-de-Beauvais (rue Saint- , ii7.
Jean le Bond (Saint), 19. 33, 39, 'il, 63, 66, 68,
73, 81, 83, 88, 99, 137, 138, 189, 251.
Jean-en-Grève (Saint-,, 138.
Jean de Jérusalem Ordre de Saint-), 96.
Jean cimetière Saint-), 4^.
Jean, duc de Bern, 86, 89, 260, 265.
Jean-Pain-Mollet rue), 119.
Jean-Tison (rue), 118.
Joaillerie (rue de la), 148.
Josas (Achidiaconé de), 13, 15.
Jouvence (de), fief, 125.
Jouy-le Moutiers, 133, 149, 150, 176.
Judde, prêtre, 262.
Juigné (de), archevêque de Paris, 7, 6, 3), 38,
85, 103, 104, 105, 106, 107, 123, 182, 185, 187,
1*8, 190, 193, 195, 199,230, 23'4, 235.
Juigné (marquis de), 105.
Juiverie (rue de la., 93, 118.
Julien-Ie-Pauvre Saint-), 44, 123, 139, 230, 234,
235.
Juvardeil, 29.
La Colley, chape'ain, 46.
Lagny, 96, 121, 126.
Lair de Bf auvais, chapelain, 47.
Lallemant, enfant de chœur, 59.
Lameth(de,, 230.
Landry (Saint), église, 198.
Langres, 11, 105, 209.
Langoui t, 29.
Lanterne (rue de la), 119.
Laon, 170, 207.
Larchant, 47, 96, 122, 132, 133, 138, 149, 150,
155, 170, 233.
La Réole, 29.
Larsonnier, vicaire de Saint-Aignan, 40, 42.
Launay (Lecorgne de), 4, 15, 17, 19, 21, 28, 62,
188, 193, 219, 251, 252.
Laurent (Saint-), paroisse, 19, 93.
Laurent (faubourg Saint-), 117.
Laurent-de-Villiers-Landon (Saint-), 31.
Lavaur, 207.
Le Bault, grand distributeur, 49.
Le Blanc, chanoine, 4, 18, 29, 71.
Le Bouillier, 13.
Le Court, chapelain, 47.
Le Corgu, chapelain, 47.
Lectoure, 11,105.207.
Legendre, chanoine, 277.
Le Masson, 138, 148, 151.
Le Moine (Jean), chanoine, 84, 116.
Le Moine (Louis), chanoine, 6, 7, 31, 67.
Lemousin, chapelain, 46.
Léon (Pays de), 210, 213.
Léon X, pape, 103.
Le Pelletier, chapelain, 45.
Le Rèche, enfant de chœur, 53.
Le Roux, chapelain, 47.
Le Roux, vicaire perpétuel, 37, 38.
Le Roy, sous-agent des affaires, 68, 127, 128.
Lerré, 30.
Lervaud, prieuré, 30.
Lescar, 207, 213.
Lesparre, 30.
Lesparre (de Grammont de), 267, 279.
Leude ville, 125, 133, 150.
Leysaire (de), archevêque d'Embrun, 46.
Lierru, 29.
Lieu-Croissant, 30.
Ligneu (du), dîme, 122.
Lille, 207.
Limoges, 30, 196, 208.
Limours, 46.
Lisieux, 29, 208.
Lisieux (collège de), 67.
Lisy, 124, 171.
Livry (marquis de), 96.
Lodeve, 29, 208, 213.
Loigny-la-Balaille, 264.
Lombards (séminaire des), 93.
Lombez, 105.
Luroux, abbaye, 30.
Lorval, fief, 171.
Lostanges (de), chanoine, 4, 31, 67.
Louis-le-Gros, 110.
Louis IX, 262, 266.
Louis XI, 217.
Louis XII, 27, 28.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
239
Louis XIII, 10, 98, 228, 241. 266, 267.
Louis XIV, 50, 64, 86, 98, 228, 266, 272, 278.
Louis XV. 57, 86, 109. 110, 272, 275, 2"8.
Louis XVI, 24, 110. 111, 112, 157, 159, 315.
Louis XVII, 112.
Louis-le -flrand, collège, 112. 146. 147, 165.
Louis en-l'lle (Saint-), paroisse, 119.
Louvres, 83, 124.
Loyseau, chefcier. 49.
Lucas, chanoine. 4, 5. 9, 15. 18, 19, SI, 60, m
132. 181, 187, 196. 235.
Lucker de), chanoine, 6.
Luperce d'Eauze (Saint-), 29.
Luiseite, fief, 121.
Luzarches, 121.
Luzerne (La), évèque, 11.
Lyon, 4, 105, 208.
Machaul, 96, 1?4, 133. 149, 150, 159.
Machecourt. 122.
Mùcon.6. 11, 208.
Macy, 125.
Madeleine-en-la-Cité Sainte), église, 45, 93,
198.
Madeleine de la Ville-l'ÉvCque (Sainte-), église,
92, 133.
Magloire (Saint-), vicairie, 88, 103.
Maison-Rouge vla), fief, 122.
Maisons. I'i4.
Malaret (de), chanoine, 4, 15, 18, 19, 28, 67,
146, 147, 196, 2 il. 287.
Mandé (du), iief, 119, 171.
Mans (Le), 46.
Mantes, 170.
Marais (Moi in du), chanoine, 4, 5, 7, 24, 28, 29,
68, 132.
Marais, ruelle, 30.
Marangis, 122, 127, 170.
Maicel (Saint-), chapitre, 34, 38,39, 45,88, 93,
99, 138.
Marcel (faubourg Saint-), 117.
Marcel (Saint-), séminaire, 42.
Marché aux Poires, 46.
Marché-Palu (rue du\ 93, 118.
Margency. 150.
Margère, 29.
Marguerite (Sainte), paroisse, 51, 119.
Mariana-en-Orse, 208.
Marine (Sainte- . église, 198.
Marine (rue Sainte), 119, 168.
Marine cul-de-sac Sainte-), 129.
Marivaux (rue des), lis. 119.
Marly-te-Roi, 124.
Marmoàzeta (rue des). 53, 61. 66,67. 68. 118.
Marsac (de), abbé, 71.
Marseille, 4.
Martin,- rcvesliaire, 49, 57.
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS.
Martin (Saint-), fief, 122.
Martin (rue srnt- , 119, 198.
Martin de Betincourt (Saint). 121.
Martin de Cazouls (Saint). 34.
Martin-des-Champs (Saint), prieuré. 34, 37, 38,
88, 93, 138. 139. 217.
Martin-du-Tarlre (Saint), 121.
Masle des Roches (le), chanoine, 77.
Massillon, rue, 57, 61.
Maubeuge. 2C8.
Maur-des-Fossés (Saint). 38, 39.
Mauregard. 122.
Maule, 122.
Maurepas (de). 110.
Maury, 230.
Mazéas, chanoine, 4. 9. 19. 31, 99. 103. 146.
Mazures (des), fief, 121. 172.
Meaux, 30, 208, 213, 263.
Mégisserie (quai de la) : 118.
Melon de I'radou, chanoine,- 4, 5, 10, 12, 99,
196.
Melun, 169. 170. 173.
Mendes, 29.
Méneslriers (rue des). 119.
Merle, chapelain. 44.
Méroniont (de), chanoine, 4, 7, 17. 21. 31. 49,
67. 196.
Merry (Saint), égli-e, 7. 93, 94, 99,100, 183, 188.
Mesnil-Amelot (le), 79, 124.
Mesuil-en-France (le;. 171.
Mesnil-Saint-Denis (le), 124.
Métairies (des), Iief, 124, 171.
Metz, 105, 208.
Meudon, 55.
Mézières. 96. 122. 133. 149, 150, 155. 170.
Michel (rue Saint-). 119.
Michelin, chapelain, 45.
Miradoux, 28.
Miramionnes (quai des), 53.
Mirepoix, 209. 213.
Mirodon, évi'que de Babylone. 70.
Mitry (de). Iief. 124. 125. 270.
Moistac, 67.
Moi^\-Cramoyet. 124.
MaugM, officier municipal, 255. 256. 2)7. 25s.
Moncivry, iief. 119, 122.
Mondée. 29.
Mondonville, 1 25.
Mondran (de , chanoine. 4, 6, 30. 34,52. 55. 67.
si. I.S. 152. 193. 280.
Mons-sur-Orge. 96. 122. 126. 170.
Montasu [de), doyen, 2, 4. 10. 13. 18, 28.53. 70,
104. 108, 110, 131. 132. 153, 178, L8S, 191.
195, 257.
Montaigu (collège de), 145, 254.
Mau tauban. 4. 31.
Montdenoix [d'Eu de), chanoine, 5, H. 31. 09.
70. 339. 24S. 249. 251.
19
200
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Montdidier. 121, 133. 170.
Montereau. 47, 124.
Montesquiou (de), abbé. 193, 194.
MoDtjoie (de), chanoine, 83, 260, 271, 215,
276.
Montmartre, abbaye, 93.
Montmartre (faubourg), 118.
Montmartre (municipalité de). 22s. 241.
Monlmoyen (fief de), 171.
Montpellier, 209. 213.
Montreuil-sous-Bois, 14, 96. 123.
Mont-Saint Mathurin, fief, 122.
Morangles, 124.
Morcourt, 150.
Moreau, évéque de Màcon, 11.
Moret. 124, 169.
Morigny, 29.
Mortellerie (rue de la). 118.
Mortemer, 30.
Mory. 124. 125. 132. 133. 150. 170.
.Mortier, trésorier, 40, 49, 72, 260, 263. 2^8. 269.
280.
Motte (de la), fief. 121. 171.
Motte-aux-Bir.etles (de la), fief, 124.
Motte-aux-Papelards (de la), fief. 119.
Moulin-Piquet. 44.
Moussy-le-Neuf. 123. 133, 150.
Moutiers-en-Bresse, 29.
Muret (du), dîme, 122.
Mulot, 227.
Murs (rue des), 119.
Naillac, prieuré, 30.
Nancy, 209.
Nantes, 209.
Naples, 110.
Narbonne, 6, 209, 213.
Navarre (collège de), 145, 178.
Necker, 183, 178.
Nemours, 170.
Nesle-la-Gilberte, 123.
Neuchèze (de), chanoine, 4, 30, 67, 69, 103,
188.
Neuve-Notre-Dame (rue), 25, 66, 91, 83.
Nevers, 209.
Nézée, 170.
Nicaise (Saint-), fief, 122.
Nicolaï (de), 12.
Nicolas-du-Chardonnet (Saint), 101, 264.
Nîmes, 209, 213.
Noailles (de), cardinal, 54. 87, 94, 104, 107, 116,
144, 253, 265, 269, 274, 276.
Noailles (de , marécha', 270.
Noiseau, 133, 150.
Noisy-sous-Yigneux, 123.
Nor\ilie (la), 125, 133, 150.
Noire-Daine, fief, 124.
Notre-Dame-d'Amborie, 31.
Notre Dame de la Prée, 29.
Notre-Dame des Appâts, 29.
Notre-Dame des Champs, 193.
Noyon, 108, 147,209, 213.
Oigny, 28.
Oisery, 126.
Opportune (Sainte-), église, 99.
Orange, 209.
Orléans, 14, 101,210, 214.
Orléans (duc d'), 112, 130.'
Orly, 68, 96, 123, 150,170.214, 235.
Ouen (Saint-), prieuré, 30.
Ours (rue aux), 118.
Outre bois, 29,96, 127.
Oyant (Saint), 29.
Oysserie, 45.
Ozoir-la-Ferriè'e, 144.
Taillart, chanoine , 261.
Paimpont, 29.
Paucemont (de), 239.
Pantin, 119.
Papin, chanoine, 4, 17, 18, 29, 67.
Paray, 123.
Parcheminé rie (rue de la), 119.
Pardon (Saint), 29.
Passy, 44, 126.
Patert. chanoine, 4, 7, 30, 188.
Paul (Saint-), église, 93.
Paiilou (du), dîme, 122.
Pavillet, archiviste, 117, 159, 160,162, 21:3, 240.
242, 243.
Payen, chanoine, 116.
Pécy, 123, 126.
Pelleterie (rue de la), 118.
Périgny (de), chanoine, 68, 116.
Périgny (de), maison, 68, 69, 117, 140.
Périgueux, 4.
Perpignan, 7, 30, 210, 213.
Perpignan (rue), 118. 119.
Persang, 124.
retite-Fcime (de la), fief, 121.
Petites Ecuries du Boi (rue), 119.
Petitpied, chanoine, 87, 261.
Pe lit-Port (rue du), 91, 119.
Petit-Savigny, fief, 124.
Petits-Carreaux (rue des), 56.
I'eutat, enfant de ch«*ur, 53.
Pey, chanoine honoraire, 5, 12-, 187.
Pey, chanoine, 4, 5, 7, 10, 19, 2t, 31, Ç.9.
Pey, chapelain, 5.
Philippe-Auguste, 260.
Philippe de Belloy, fief, 121.
Philippe de France, 110.
Picardie, 124, 128. •
TAULE ALPHABÉTIQUE.
291
Picot, chapelain, 41.
Pierre, chapelain, 47.
Pierrc-aux-Bœufs (Saint-), église, 93. 118.
Pierre-des-Arcis (Saint-), église, 118.
Pierre d'Aulrebois (Saint-), abbaye, 30.
Pillon (de), fief, 121.
Pinet (du), chanoine, 4, 9, 18, 24, 29, 63, 187,
218, 236, 246, 265, 279.
Pingret, chapelain. 45.
Pirot (de), nef, 46.
Pissotte (de la), fief, 06.
Planche-Mibray (rue), 118.
Plasses (des), chanoines, 5, 6, 15, 18. 19, 2-J,
188, 251.
Plâtre rue du), 40.
Mestia-Maltre-Heary, '2S-
Plessis-Mallet, 123, 170.
Poissonnière (rue), 119.
Poitevin, chapelain, 44.
Poitiers, 210, 213.
Pol-de-Mons (saint . 29.
Pont-aux-Changes, 93, 118, 119.
Pont-Audemer, 30.
Port-Arnauld, 123.
Pont-d Eteau, 123.
Pont Neuf, 119.
Pont-Rouge, 61, 67, 65, 06, fii, 117, 118, 119.
Porte de la ... rhanoine, 267, 270.
Porte delà ville (de la), dime, 122.
Port-Saint-Landry (rue du), 119.
Port-Villiers. 124.
Potlier (Ambroise), enfant de chœur. 52. 152.
Petlier (Gabriel), enfant de chœur, 52.
Poulies rue des), 118.
Pouzauges, 30.
Précy, 162.
Pressaigny-l'Orgueille-'x, 29.
Pré\ôl, clerc de Matines, 47.
Pringot, chapelain, 70.
Provence (comte de . 6.
Prunay-sous-Ablis. 31.
Puits-d' Aulny, 171.
Puy Le), 12, 29.
Quentin, chapelain, 42.
Querro, 147.
Quincampoix (rue), 125.
Quimper, 4, 29.
Radix, chanoine, 6, 18, 62, 68, 176, 227, 251,
257. 260", 263, 268, 274.
Raguier, chanoine, 84.
Reclesne (de), chanoine, 4, 6. 24, 30, 87.
Refuge (du), chanoine, 27.
Reims, 9, 210, 267.
Remireniont (Dame de Souâtre, comtesse de),
105.
Rémy de Blanzy (Saint ), 45.
Rennes, 4, 6. 67, 210.
Renodon, lief, 124.
Riballier, chanoine, 4, 5, 10, 17, 31. 71.
Richelieu, 273, 278.
Rieux, 211.
Riez, 211.
Rivière, chanoine, 5, 7, 18, 29, 61, 67, 99, 107,
108, 132, 212.
Roche (Moulin de la), 12 1.
Rochefoucauld (de la), arcliev.'que de Rouen,
105.
Rochelle (la), 211.
Rodez, 29, 30.
Rohan (de), cardinal, 105.
Roissy, 122. 124, 126.
Romain de Carmaux (Saint), fief, 121.
Romans (Demoiselle de), 110.
Rosoy-en Brie, 96, 123, 125, 150, 155, 169.
Rouen, 4, 24, 29, 30, 58, 105, 211.
Roussier, chapelain, 44.
Roussigny, fief. 122.
Roussy, fief, 121.
Roy, chapelain, 46.
Rubrette la), 122.
Rungis, 123, 125, 133, 150, 170.
Saclay, 133.
Saillembien (cul-de-suc), 119.
Salpêlrière (la), 150.
Savy. 46.
Saint-Claude, 206, 213.
Saint-Cyr. 270.
Saint Dié, 213.
Saint-Exupéry (de), doyen, 13.
Saint-Farre (de), 34, 38.
Saint Malo, 29, 208.
Saint-Martin de), abbé, 229.
Saint-Omer, 209.
Saint-Oyant, 29.
Saint-Papoul. 210.
Saint-Pons, 210, 213.
Saint-Quentin, 210, 213.
Saint-Saturnin de Cases. 30.
Saint-Sauveur de l'Etoile, 2s.
Sceaux, 121.
Séez, 29.
Segrave (de), enfant de chœ ir. 53.
Séjan, organiste, 51.
Séjourné, chapelain, 46.
Senez,8, 196, 211, 212.
S.nicourt, 96, 124, 131.
Sentis, 105, 111, 112, 170, 172, 175, 211.
Senlisse, 119, 125, 171.
Sens, 9, 29, 132. 211.
Sépulcre Saint ), église. 93, 99, 100, 18$.
Serpes, 124.
292
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Séry, 150.
Sève, 150.
Séverin (Saint-), église, 117.
Séverin (Saint-), rue, 119.
Soignolles, 126, 133.
Soissons, 29. 30, 42, 53.
Soisy-sous-Éliolles, 122, 150.
Solaire (de), fief. 43.
Sorbonne (la), 178, 189.
Sordun, 125.
Souilly-la-Tillière, 125, 126, 132, 171.
Sucy-en-Brie, 21, 96, 123, 124, 130, 132, 133,
138, 150, 155, 170, 224, 235.
Sulpice (Saint), église et compagnie, 228.
Tandeau, abbé, 71, 146.
Tarbes, 28.
Temple faubourg du), 30, 119.
Terrain (le). 9. 55, 66, 70.
Tessier, prêtre de Saint-Sulpiee, 228.
Thiais. 125.
Thomas, chapelaire, 44.
Thomas d'Épernon (Saint-), prieuré, 30.
Thorigny (rue de), 105.
Thouvenel, sacristain, 49.
Thouvenet, chapelain, 46.
Tillières, 171.
Tilly-Blaru (de), chanoine, 5, 6, 19, 24, 29, 66.
70, 71, 170, 200.
Tiron (de), fief, 119.
Tixanderie (rue de la), 119.
Torcy, 126.
Tonal, 126.
Touarcé, 29.
Toul, 29, 211, 212, 213.
Toulon, 4, 211.
Toulouse, 4, 6, 7, 30, 67, 211, 213, 260.
Touquin. 96, 123, 155, 170.
Tour (baronne du), 145.
Tournus, 211.
Tours, 5, 12, 176, 211.
Tulle, 4, 31.
Traversière, rue, 119.
Tremblay, 14, 79, 122, 124, 125, 126, 150.
Trois-Cannettes (rue des), 119.
Trois-Pierres (des), fief, 124.
Trop-va-qui-dure (rue), 118.
Troyes, 29, 211, 213, 238.
Tudert (de), doyen, 13.
Tulle, 211,213.
Ursins (des), chapelle, 45, 46.
Uzès, 12, 213.
Vabres, 28, 213.
Valances, 132.
Val-de-Grâce, 139.
Valence, 212.
Valemon, 13.
Vallée (de la), dime, 122.
Vareilles (de), chapelain, 44.
Varennes, 126.
Varet, enfant de chœur, 53, 55.
Varin, chapelain, 47.
Varlet, chapelain, 42.
Vaucresson, 150.
Vaudoué, 126, 133.
Vauréal, 131, 138, 150.
Velannes, fief, 96.
Verdun, 29, 212, 213.
Verlegrand, 150.
Vernon, 2u, 29, 96, 124, 133, 149, 150, 169,
170.
Verrerie (rue de la), 119.
Versailles, 53, 111, 159, 169, 173, 191, 215,
216.
Versailles (rue de), 119.
Vésins (de), prieuré, 30.
Vialle (Bonnefon de la), 147.
Viarmes, 121.
Vichy, 146.
Vieille-Draperie (rue de la), 93.
Vieille Monnaie (rue de la), 118.
Vienne, 212.
Vienne (de), chanoine, 5, 18, 31, 70, 133, 176,
227.
Viercy, 124, 132, 170.
Yierzon, 28.
Viet, chanoine, 4, 30, 67, 129.
Viet de Villers, chanoine, 30, 63, 219.
Vieux-Château (du), fief, 124.
Yieuville (de la), abbaye, 3U.
Viez, chapelain, 47.
Vigner, officier municipal, 77, 251, 255, 263
266, 268.
Villame, fief, 122.
Villaroche, 96, 124, 132, 150, 155, 170.
Villechasson, fief, 122.
Villejuif, 119, 125. Ii6.
Villeneuve, fief, 96, 122.
Villeneuve-li-Henri, 12 i.
Villeneuve-la-IIuré, 155.
\ illeneuve-le-Roi, 123.
Viliequiers (duc de), 14.
Yilleron, 126, 133.
Villeroy, 124.
Villers-les-Rigauli, 124.
Villette-Saini-Laurent (la), 9o, 119, 124, 171.
Villiers, chapelain, 46.
Villiers, fief, 122.
Villiers-le-Bel, 79, 126, 171.
Yilliers-le-Sec, 46, 121, 125, 133, 138, 150.
Yilliers-sur-Marne, 126.
\ ilmilan, fief, 124.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Vintimille (de), archevêque de Pari?, 5, 7, 83
104, 116, 144, 270, 271.
Yiry-Noureuil, 21, 96, 124, 131, 133, 170.
Vitry-sur Seine, 96, 123, 125, 126, 170.
\ ivanl, chanoine, 262.
Viviers, 213.
Wissous, H, !>U, 96, 124, 131, 133, 13'
170, 214, 233.
Woillemont, maître de musique, 56.
Yot, chapelain, 45.
293
138, 150,
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos.
CHAPITRE PREMIER
LES DERNIERS CHANOINES DE l'ÉGLISE DE PARIS
. Les Chanoines. Leur nombre. Détails sur leur origine. Dignités qu'ils
occupaient clans l'État, la Magistrature, l'Église. Comment ils sont entrés au
Chapitre de Notre-Dame. Les célébrités du Chapitre. Chanoines de Saint-
Aignan. — II. Dignités et Charges. Doyen, Chantre et Sous-Chantre,
Archidiacres, Chancelier, Pénitencier, Répartition des charges. — III. Les
revenus d'un chanoine. La Prébende. Le Régaleraient des gros. Distri-
butions manuelles. Pain capitulaire. Prolits extraordinaires : vente des
maisons canoniales,' funérailles, cire, VObit salé. Autres bénéfices ecclésias-
tiques possédés par les chanoines
CHAPITRE SECOND
LE CLERGÉ DEPENDANT DU CHAPITRE
I. Les Vicaires perpétuels. Leur origine. Leurs revenus. Réclamations
des Vicaires perpétuels. Projet de leur suppression. Martyre de M. Assy. —
II. Les Bénéiiciers. Les vicaires de Saint-Aignan. Chanoines de Saint-
Jean le Rond et de Saint-Denis du Pas. Vicaires de Sainte-Catherine. Chape-
lains. Ancienne et nouvelle communauté. Clers de Matines et Machicots. La
classe de musique. Personnel laïque. —III. La Maîtrise. Les enfants de
chœur. Leur costume. Attentions paternelles du Chapitre. Les maîtres de
musique, de latin, d'écriture. Visite à la Maîtrise. Une journée à la .Maîtrise.
Formation religieuse des enfants. — IV. Le Cloître. Description générale.
Différents modes de mutations. Les immunités du Cloître. Améliorations
matérielles apportées dans la seconde moitié du xvni0 siècle. Les portes du
Cloître. Les maisons canoniales et bénéficiâtes. La Communauté. Le Ter-
rain. Le Chapitre. Saint-Denis du Las :
29G TABLE DES MATIERES.
CHAPITRE TROISIÈME
LE CHAPITRE
I. Le Chapitre. Les deux éléments des décisions capitulaires : la tradition
et la délibération. Chapitres ordinaires : une séance; la salle capitulaire; la
Chambre. Chapitres extraordinaires à la Porte-Rougè, au Revestiaire. Con-
vocations. Chapitres généraux. Le Synode. — II. Le chœur de Notre-
Dame. Magnificence des cérémonies. Description du chœur. Les stalles.
L'habit canonial. La messe de l'Assomption en 17îSi). Les tours de semaine.
Cycle liturgique. — III. Juridiction du Chapitre. Juridiction tempo-
porelle : la barre, les justices seigneuriales, officiers de justice, droit de
Commiltimus. Juridiction spirituelle : exemption de la juridiction épisco-
pale: exercice de la juridiction capitulaire sur les chanoines, les habitants
du Cloître, le clergé des églises sujettes. Juridiction quasi spirituelle : nomi-
nation aux bénéfices. — IV. Rapports du Chapitre avec l'archevêque,
le diocèse, le roi, la famille royale, les grands personnages, la ville 75
CHAPITRE QUATRIÈME
l'administration capitulai me
I. Biens du Chapitre. Les départements de l'administration capitulaire:
l'ancienne .Meuse: la Meuse de Saint-Germain l'Auxerrois; l'office des Mati-
nes; les chapelles Saint-Denis et Saint-Georges et des Paresseux; la Fa-
brique. Biens à Paris : maisons et fiefs. Biens à la campagne : seigneu-
ries, fiefs, domaines, fermes, bois, dîmes et terres. Administration de ces
biens par l'Agent des affaires, le Chambrier, l'Architecte. Droits seigneu-
riaux. — II. Administration financière. Receveur général et receveur
des censives. Distinction des caisses. Comptes du Chapitre en 1780. — III.
Le Chapitre et l'Instruction publique. Le Chancelier, le Chantre
et les Petites Écoles; droits du Doyen et du Pénitencier; fondation Delai-
tre. d'Eaubonne, de Masson et de Mondran. — IV. Le Chapitre et l'As-
sistance publique. L'Hôtel-Dieu. Souscription pour les hôpitaux de Paris.
Secours aux pauvres. Troncs 115
CHAPITRE CINQUIÈME
LE CHAPITRE ET LES ÉTATS GENERAUX DE 1789
I. Le Chapitre et la Convocation des États généraux. Travaux de
l'Archiviste. Querelle entre la Ville et le Chàtelet. Le Règlement du -24 jan-
vier. Rédaction des Cahiers. Les chanoines aux bailliages de province. Pro-
testation du 20 avril. Animosités contre le Chapitre. — II. Les Assem-
blées électorales de Paris. Ouverture de l'Assemblée intra mvros. État
des esprits. Chanoines électeurs. Protestation contre la vice-présidence attri-
bu Se au cure de Sainte-Marguerite. Adresse au roi. Rôle donné à plusieurs
TABLE DES MATIÈRES. 297
chanoines. Assemblée électorale extra mur os. - III. Les États géné-
raux. Les Quarante Heures à Notre-Dame. Les 14 et 15 juillet. Offrande
patriotique du Chapitre. Délégation de M. Boucher d'Argis. Correspon-
dances des autres Chapitres du Royaume. Le 1 août. Bénédiction des dra-
peaux. L'Assemblée nationale occupe une partie du Cloître. Envoi de l'argen-
terie à la Monnaie. Suppression de la musique à Notre-Dame 157
CHAPITRE SIXIÈME
LA SUPPRESSION DU CHAPITRE DE XOTRE-DAME
I. Les Biens du clergé mis à la disposition de la Nation. Atteintes
aux droits du Chapitre. Cérémonies à Notre-Dame. Visite du Roi et de la
Reine. Déclarations générales et partielles des Biens du Chapitre. Les cha-
noines et le décret du 13 novembre 1780. — II. La Religion d'État. Dé-
claration du Chapitre. Ses députés à l'Assemblée nationale. Protestations
et Procurations des Chapitres du Royaume. L'émeute envahit le Cloître. —
III. La suppression du Chapitre. La Constitution civile du Cierge.
Nouvelle déclaration pour fixer la pension des chanoines. Chapitre du 17 no-
vembre. Protestations. Dire de M. de Montdenoix. Dernier chapitre. —
IV. Les Inventaires. Opérations des Officiers municipaux à Notre-Dame :
orfèvrerie, ornements, mobilier. Apposition des scellés sur la Bibliothèque.
Confiscation du sceau capitulai re. Conclusion 223
Taule alphabétique 283
CHAPITRE DE NOTRE-DAME DE PARIS. 20
313
■4 ** £\ ~
La Bibliothèque
Université d'Ottawa
Échéance
The Library
University of Ottawa
Date due
0053211-01-7 CE
19 0 4
B X 4629 . P 3 N 6 5 5
PIEURETt JOSEPH.
CHfiPITRE DE NOTRE
D P D E
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C^ PX 4629
-P3N655 1Ç04
COO MEURET» JOSE CHAPTTPF D
ACC# 1A08Î92